ALETHEIA
Lettre d’informations religieuses
“La vérité vous
rendra libres” (Jean, 8, 32)
Ve année - n° 66
28 novembre 2004
Rédacteur : Yves Chiron
Un nouveau livre de Jean Madiran
Jean Madiran interpelle
les évêques de France
Le titre – La trahison des commissaires –
rappelle la célèbre Trahison des clercs de Julien Benda. Le mot
“ commissaires ” peut sembler renvoyer aux systèmes idéologiques
totalitaires et à leur “ police de la pensée ”, mais il peut aussi être pris à la lettre, au
sens étymologique : “ personne chargée d’une mission publique ou
privée ”. En effet, c’est la Commission doctrinale de la Conférence des
évêques de France que Jean Madiran interpelle.
Cette Commission
doctrinale est de création récente dans l’histoire de l’Eglise de France. Elle
est une des formes qu’a prises l’exercice collégial du ministère épiscopal.
Jean Madiran fait remarquer d’emblée : “ L’institution récente de
commissaires doctrinaux dans l’Eglise de France n’avait pas pour but, en tout
cas elle n’eut pas pour effet de rectifier les erreurs et de corriger les
dérives ”.
Jean Madiran en fournit une démonstration, d’une
acuité sans pareille, en examinant, l’une après l’autre, les trois
interventions de la Commission doctrinale au cours des quatre premières années
du XXIe siècle : le communiqué qui a approuvé la nouvelle traduction de la
Bible publiée aux éditions Bayard (août 2001), la note doctrinale sur le film La
Passion de Mel Gibson (mars 2004) et celle qui a critiqué et approuvé à la
fois l’émission télévisée L’origine du christianisme (mars 2004).
Ce que la Commission doctrinale enseigne ou valide
officiellement par ces déclarations est une “ nouvelle religion ”
estime Jean Madiran. Une religion chrétienne qui ne se veut plus “ une
vérité révélée par Dieu à son Eglise ” (p. 10).
La Bible éditée chez Bayard, par ses traductions
nouvelles et par ses annotations critiques, a répandu dans un très vaste public
des “ extravagances hypercritiques et négationnistes ”, notamment
celle qui distingue entre le “ Jésus de l’histoire ” et le
“ Jésus de la foi” .
Jean Madiran, qui est le contraire d’un esprit
manichéen, reconnaît que deux évêques ont, plusieurs mois après le communiqué
de la Commission, jugé très sévèrement cette Bible : Mgr Guillaume, évêque
de Saint-Dié, dans un article paru au début de l’année 2002[1], et
Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon, dans un message pastoral à ses diocésains.
“ La Bible Bayard est une œuvre littéraire, elle n’est pas une Bible
chrétienne, encore moins catholique ” a dit le premier, “ Non, cette
Bible n’est pas celle de l’Eglise ! ” a déclaré le second.
Mais ces deux interventions, isolées, ne furent
suivies, remarque Madiran, d’ “ aucune mise au point
rectificatrice ”. La Bible Bayard continue à être diffusée avec
l’affirmation que son appareil hypercritique et négationniste “ permet
d’inscrire cette traduction dans la tradition vivante de la foi
catholique ” (termes employés par la Commission doctrinale).
La note doctrinale sur les émissions de Prieur et
Mordillat consacrées à L’origine du christianisme est tout aussi
terrible pour les chrétiens. Elle disserte sur le “ conflit d’interprétations ”
(lecture juive/lecture chrétienne) et affirme : “ Que l’une ait
raison n’entraîne pas que l’autre ait tort ”.
Jean Madiran s’indigne de cet abandon :
“ [La Commission] abandonne le public au milieu des “difficultés“ qu’elle
lui a retransmises. Elle ne donne aucun repère, allant jusqu’à recommander “ces
émissions“… ”.
À force de “ questionnement ”, on se demande
s’il y a encore des certitudes chez ceux qui ont rédigé cette Note doctrinale.
On nous dira que la Commission doctrinale n’est pas l’expression unique et
univoque de l’épiscopat français et l’on mettra en contrepoint les deux
déclarations épiscopales citées plus haut. Mais ce que Madiran appelle
“ l’unité de façade ” est maintenu. Il y a parfois des réactions
individuelles, il y a aussi des corrections subreptices[2], mais
il n’y point de rétractation ou de clarification officielles.
Au-delà du texte de ces trois documents officiels de
la Commission doctrinale de l’épiscopat français, Jean Madiran pointe avec une
acribie sans pareille cette nouvelle religion qui s’est répandue et se
répand : “ Du rang de vérité révélée, enseignée au nom de Dieu avec
une rigueur dogmatique impliquant des exigences morales inébranlables, la
religion catholique en France, dans ses expressions officielles, est en train
de glisser à celui de mythe fondateur d’une idéologie humanitaire accompagnant
souplement la diversité évolutive des consciences individuelles. ”
Ce nouveau livre de Jean Madiran est “ une
réclamation qui s’adresse principalement à la hiérarchie catholique ”.
Sera-t-elle entendue ? Le livre sera-t-il même lu par ceux à qui il
s’adresse en premier ? Depuis longtemps déjà, il y a, dans l’épiscopat, un
mépris, intellectuel et spirituel, à l’égard de Jean Madiran[3].
“ Mépris intellectuel ” parce qu’ils ne perçoivent pas que cette voix
est celle d’un “ beau défenseur de la foi ” (l’expression fut
employée par saint Pie X à propos d’un autre laïc français, il y a quelque cent
ans). “ Mépris spirituel ” parce qu’ils ne s’imaginent pas que cette
voix est d’abord animée par un grand amour de l’Eglise qui se soucie de la foi
des petits, des humbles.
Mises au point sur Fatima (suite)
Grâce à l’obligeance d’un
“ webmaster ” bienveillant, un site électronique Aletheia est
en “ construction ” : Aletheia sera ainsi disponible sur
la “ toile ” dès le jour de sa parution en version papier. On y
trouvera aussi, en archives, tous les numéros anciens, depuis le n° 1, paru en
juillet 2000, et qui avait eu comme origine, déjà, une controverse sur Fatima.
Vient de paraître
Jean Madiran
La nouvelle religion…………………………………. 4
Le communiqué sur la Bible Bayard……………….. 15
La Note sur les origines du christianisme…………… 27
La Note contre le film sur la Passion du Christ……….47
Une suite sans fin…………….……………………….53
Un livre de 68 pages aux éditions Consep - 10 ¤
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Bon de commande
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Commande …..exemplaire (s) de La Trahison des commissaires.
Port gratuit pour les lecteurs d’Aletheia. Paiement à la commande, à l'ordre de :
Association Nivoit
5, rue du Berry
36250 Niherne
[1] L’article parut dans le n° 1 de la revue Kephas, janvier-mars 2002, revue publiée avec les “ encouragements ” du cardinal Ratzinger.
[2] J. Madiran rappelle (p. 60-62) l’affaire du Nouvel missel du dimanche où, de 1970 à 1976, figura un “ rappel de la foi ” qui niait le caractère sacrificiel de toute messe. À partir de l’édition de 1976, ce “ rappel ” fut subrepticement retiré de ce même missel des dimanches.
[3] “ Comme des chiens. Voilà comme ils nous traitent ” écrivait Madiran, il y a quarante ans déjà ( ” Les Chiens ”, Itinéraires, janv. 1965, n° 89). La réponse de l’épiscopat, si l’on peut dire, fut la “ Mise en garde ” de juin 1966 contre Itinéraires et d’autres publications de la “ minorité [qui] conteste, au nom d’une fidélité au passé, les principes du renouveau entrepris ” (l’expression est celle qu’employait le Conseil permanent de l’épiscopat français dans sa mise en garde).