La chape

 

La chape, vêtement liturgique, est avant tout un vêtement d'usage, ce qui explique les divers noms qu'on lui a donnés. Le vieux nom de " pluvial " qu'on lui donnait jadis explique bien sa destination primitive : le pluvial servait à garantir contre la pluie, c'était un " pardessus ".

La poenula, manteau d'extérieur, portée principalement lors des processions, était cousue sur le devant, mais une transformation se fit bientôt : on pratiqua une ouverture qui monta jusqu'à la poitrine, puis jusqu'au col, une bande d'étoffe demeurant pour retenir les deux bords. La bande d'étoffe, la " patte ", subsiste encore sur certaines chapes mais munie d'agrafes. Telle est l'origine de la chape ou pluvial, manteau de pluie semi-circulaire et toujours accompagnée d'un capuchon. Lorsque la barrette fut en usage, le capuchon perdit sa raison d'être comme couvre-chef. Il fut rapetissé ou remplacé par un morceau d'étoffe de forme pointue ou circulaire, orné de franges.

Tandis que tous les ornements de la messe sont bénits, la chape ne l'est pas; elle n'est pas remise solennellement au cours d'une ordination et n'a reçu aucune signification symbolique. De soi, elle peut être portée par tous les clercs.

Les cardinaux portent toujours la chape fermée par devant, selon l'antique usage.

!.'évêque et le prêtre célébrant portent la chape dans toutes les fonctions solennelles qui ne requièrent pas la chasuble, c'est-à-dire hors de la messe. La rubrique du missel dit ceci

" Le prêtre se sert du pluvial dans les processions et dans les bénédictions qui se font à l'autel, aux offices solennels des laudes et des vêpres, en assistant l'évêque à la messe pontificale et en faisant l'absoute après la messe des morts. "

La chape admet, comme la chasuble, toutes les couleurs liturgiques ; celle du pape cependant n'est jamais que blanche ou rouge, en souvenir de l'ancienne discipline qui s'observe encore en Orient, et qui n'admet que ces deux couleurs.

Parce que la chape est un manteau de solennité, et qu'on attache au manteau une idée de grandeur, on voit dans la chape un signe de la glorieuse immortalité qui exclut les larmes; de fait, on ne porte jamais le manipule avec elle.

Le nom de " chapelle " fut donné au sanctuaire des rois de France où était gardée la chape (ou manteau) de saint Martin, que l'on portait autrefois en guise d'étendard dans les grands combats. Par extension, le nom fut donné à tous les lieux saints qui ne sont pas des églises.

Différents motifs ornent principalement la chasuble et se retrouvent sur la chape, le dais, l'antependium. Nous allons successivement les examiner, tout en précisant que la liste proposée n'est pas exhaustive.

On distingue d'abord les décors objets, principalement la croix, puis les instruments de la Passion comme le coq

évoquant le reniement de saint Pierre, le bassin et son aiguière rappelant le lavement des mains de Pilate, la colonne de la flagellation, la couronne d'épines, le roseau comme sceptre, les clous allant généralement par trois, le marteau, les dés et la tunique sans couture, la lance du centurion, le phylactère ou écriteau portant la triple inscription, l'éponge du soldat, les tenailles et l'échelle dont on se servit pour dépendre Notre-Seigneur.

On trouve aussi souvent le calice et l'hostie, le triangle avec les lettres hébraïques, le cœur de Jésus, celui de Marie ou les cœurs unis de Jésus et de Marie, l'ancre de marine (c£ He 6, 18-19), surtout sur les ornements verts, symbolisant l'espérance chrétienne, parfois accompagnée de la croix pour la foi et d'un cœur pour la charité.

Il existe également des décors végétaux

• L'épi de blé symbolisant le pain et donc l'eucharistie ;

• la grappe de raisin symbolisant le vin et donc le précieux sang;

• la vigne, avec la treille, les feuilles, les grains de raisin et les pampres, représentant l'Eucharistie ou encore l'Église ;

• les fleurs, chacune exprimant une vertu ou l'effet d'un sacrement : pensées, violettes, chrysanthèmes, roseaux, feuilles de chêne, etc.

Assez rarement sur les chasubles mais plus fréquemment sur les dais, on trouve les tables de la Loi et l'arche d'alliance (parfois associés au pélican et à l'agneau pascal).

Viennent ensuite les blasons

* A S2 pour Alpha et Oméga, le principe et la fin

(Ap 1, 8) ;

I H S pour Jesus Hominum Salvator (Jésus Sauveur des hommes), le H étant parfois surmonté d'une croix (Mt 1, 21) ; J M J pour Jésus Marie Joseph (Le 2, 48) ;

• N D D L pour Notre Dame de Lourdes;

• N D M C pour Notre Dame du Mont-Carmel (3 R 18, 19) ;

• O S H pour O Salutaris Hostia, les premiers mots de l'hymne au Saint-Sacrement;

:x X P, qui sont les deux premières lettres de Christos ;

• parfois les armoiries de la famille ayant offert la chasuble à la paroisse, plus rarement les armoiries d'un prélat ou d'une ville.

Certaines invocations des litanies de la très sainte Vierge Marie sont représentées comme: vase d'or; porte du Ciel; tour de David; etc.

Sur certains motifs, du texte peut aussi se rencontrer comme : O salutaris hostia ; Ecce panis angelorum, etc.

Il faut noter encore les décors animaliers

* L'agneau pascal, soit couché sur une croix, soit couché sur le livre de l'ancien Testament duquel pendent sept rubans terminés par sept sceaux ; soit debout avec un nimbe crucifère autour de la tête et un étendard frappé d'une croix, ou encore portant la devise Ecce Agnus Dei (cf. Jn 4, 29).

• Le pélican mystique, debout, les ailes déployées avec sur le devant des oisillons. Il se perce le côté, selon la légende, pour nourrir sa progéniture de ses entrailles.

• La colombe, de face ou de profil, posée ou envolée, tenant dans son bec un rameau d'olivier, telle la colombe qui revint vers l'arche de Noé lors du déluge, ou se désaltérant dans un calice pour personnifier le Saint-Esprit.

Le cerf (rarement) agenouillé devant l'eucharistie comme lors du miracle de saint Hubert ou se désaltérant dans une source selon le symbolisme du baptême.

* Le poisson, ictus en grec, ce qui signifie : Iesos Christos, Theou Uios, Soter, soit " Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur " (Jn 21, 9).

Parfois le décor représente un personnage : soit le Christ couronné d'épines, soit le Sacré-Coeur, soit la très sainte Vierge Marie, soit les douze apôtres.