Plus que jamais d’actualité…

 

La Pensée de Mgr. Lefebvre

 

Le coup de maître de Satan

Nous savons par la Genèse et mieux encore par Notre Seigneur lui-même que Satan est le père du mensonge. Au verset 44, chap. 8, de l'Evangile de Saint-Jean, Notre Seigneur apostrophe les Juifs en leur disant: Le Diable est votre père et vous voulez accomplir ses désirs. Depuis toujours il est homicide et il demeure hors de la Vérité, puisqu'il n'y a pas de Vérité en lui, sa parole est mensongère parce que de sa nature il ment, il est en effet menteur et père du mensonge...

Satan est homicide dans les persécutions sanglantes, père du mensonge dans les hérésies, dans toutes les fausses philosophies et dans les paroles équivoques qui sont à la base des révolutions, des guerres mondiales, des guerres civiles.

Il ne cesse d'attaquer Notre Seigneur dans son corps mystique: l'Eglise. Il a au cours de l'Histoire employé tous les moyens dont l'un des derniers et de plus terribles a été l'apostasie officielle des sociétés civiles. Le laïcisme des Etats a été, et est toujours un immense scandale pour les âmes des citoyens. Et c'est par ce biais qu'il a réussi peu à peu à laïciser et à faire perdre la foi à de nombreux membres de l'Eglise, à tel point que ces faux principes de séparation de l'Eglise et de l'Etat, de liberté des religions, d'athéisme politique, de l'authorité tirant son origine des individus ont fini par envahir les séminaires, les presbytères, les évêchés et même le Concile Vatican II.

Pour ce faire Satan a inventé des mots clés qui ont permis aux erreurs modernes et modernistes de pénétrer dans le Concile: la liberté s'est introduitee par la Liberté religieuse ou Liberté des religions; l'égalité par la Collégialité qui introduit les principes de l'égalitarisme démocratique dans l'Eglise, et enfin la fraternité par l'Eucuménisme qui embarasse toutes les hérésies, les erreurs et tend la main à tous les ennemis de l'Eglise.

Le coup de maître de Satan sera donc de diffuser les principes révolutionaires introduit dans l'Eglise par l'autorité de l'Eglise elle-même, mettant cette autorité dans une situation d'incohérence et de contradiction permanente; tant que cette équivoque ne sera pas dissipée, les désastres se mutliplieront dans l'Eglise. La liturgie devenant équivoque, le sacerdoce le devient aussi, le catéchisme 'étant devenu également, la Foi qui ne peut se maintenir que dans la Vérité se dissipe. La hiérarchie de l'Eglise elle-même vit dans une équivoque permanente entre l'autorité personelle reçue par le sacrement de l'Ordre et la Mission de Pierre ou de l'Evêque et les principes démocratiques.

Il faut reconnaître que le tour a été bien joué et le mensonge de Satan merveilleusement utilisé. L'Eglise va se détruire elle-même par voie d'obéissance. L'Eglise va se convertir au monde hérétique, juif, païen, par obéissance a moyen d'une Liturgie équivoque, d'un catéchisme ambigu et fait d'ommissions et d'institutions nouvelles basées sur des principes démocratiques.

Les ordres, contrordres, circulaires, constitutions, mandements seront si bien manipulés, si bien orchestrés, soutenus par la toute-puissance des moyens de communications sociale, par ce qui reste des mouvements d'A.C. (Action Catholique) devenus tous marxisants, que tous les braves fidèles, les bons prêtres répéteront, le coeur brisé mais consentant, il faut obéir! A qui, à quoi? On ne sait au juste: le Saint-Siège, le Concile, les Commissions, les Conférences épiscopales? On s'y perd come dans les livres liturgiques, les ordos diocésains, l'inextricables fouillis des catéchismes, des prières du temps présent, etc. Il faut obéir, quitte à devenir protestant, marxiste, athée, boudhiste, indifférentiste, peu importe, il faut obéir à travers les reniements des prêtres, l'absentéisme des évêques, sauf pour condamner ceux qui veulent garder la Foi, à travers le mariage des consacrés à Dieu, la communion des divorcés, l'intercommunion avec les héréiques, etc., il faut obéir. Les séminaires se vident, se vendent, ainsi que les noviciats, les maisons religieuses, les écoles; on pille les trésors de l'Eglise, les prêtres se sécularisent et se profanent dans leur tenue, dans leur langage, dans leur âme!... il faut obéir. Rome, les Conférences épiscopales, le synode presbytéral le veulent. C'est ce que tous les échos des Eglises, des journaux, des revues répètent: aggiornamento, ouverture au monde. Malheur à celui qui ne se consent pas. Il a droit à être piétiné, calomnié, privé de tout ce qui lui permettait de vivre. C'est un hérétique, c'est un schismatique, qu'il meure c'est tout ce qu'il mérite.

Satan a vraiment réussi un coup de maître: il réussi à faire condamner ceux qui gardent la foi catholique par ceux-là mêmes que devraient la défendre et la propager.

Il est temps de retrouver le sens commun de la foi, de retrouver la véritable obéissance à la vraie Eglise cachée sous ce faux masque de l'équivoque et du mensonge. La vraie eglise, le vrai Saint-Siège, le Successeur de Pierre, les Evêques en ce qu'ils se soumettent à la Tradition de lÈglise, ne nous demandent pas et ne peuvent nous demander de devenir protestants, marxistes ou communistes. Or on pourrait croire, à lire certain documents, certaines constitutions, certains circulaires, certains catéchismes, qu'on nous sollicite à abandonner la vraie Foi au nom du Concile, de Rome, etc.

Nous devons refuser de devenir protestants, de perdre la Foi, d'apostasier comme l'a fait la société politique après les erreurs répandues par Satan dans la Révolution de 1789. Nous refusions d'apostasier serait-ce au nom du Concile, de Rome, des Conférences épiscopales.

Nous demeurons attachés par-dessus tout à tous les Conciles dogmatiques qui ont défini pour l'éternité notre Foi. Tout catholique digne de ce nom doit refuser tout relativisme, toute évolution de sa foi en ce sens que ce qui a été défini solennellement autrefois par les Conciles ne serait plus valables aujourd'hui et pourrait être modifié par un autre Concile, à plus forte raison s'il n'est que pastoral.

La confusion, l'imprécision, les modifications des documents sur la Liturgie, la précipitation dans l'application, manifestent à l'évidence qu'il ne s'agit pas d,une réforme inspirée par l'Esprit-Saint. Cette manière de faire est tellement contraire aux habitudes romaines agissant toujours "cum consilio et sapientia". Il est impossible que l'Esprit-Saint ait inspiré la définition de la Messe selon l'article VII de la Constitution, et encore plus inouï qu'on ait éprouvé la nécessité de la corriger ensuite, ce qui est un aveu de malfaçon dans la plus importante réalité de l'Eglise: le Saint Sacrifice de la Messe.

La présence des protestants pour la réforme liturgique de la Messe, il faut l'avouer, pose un dilemme auquel il paraît difficile d'échapper. Ou leur présence signifiait qu'ils étaient invités à réadjuster leur culte aux dogmes de la Sainte Messe, ou qu'on leur demandait ce qui dans la Messe catholique leur déplaisait, afin qu'on évitât de laisser subsister une expression dogmatique qu'ils ne pouvaient admettre. Il est évident que c'est cette seconde solution qui a été adoptée, chose inconcevable et certainement pas inspirée par l'Espprit-Saint.

Quand on sait que cette conception de la "Messe normative" est celle du P`re Bugnini et qu'il l'a imposée tant au Synode, qu'à la Commission de Liturgie, on peut penser qu'il y a Rome et Rome, la Rome éternelle dans sa Foi, ses dogmes, sa conception du Sacrifice de la Messe et la Rome temporelle influencée par les idées du monde moderne, influence à laquelle n'a pas échappé le Concile lui-même - qui, à dessein et par la grâce de l'Esprit-Saint, s'est voulu seulement pastoral.

Saint Thomas se demande dans la question de la correction fraternelle s'il convient qu'elle s'exerce parfois vis-à-vis des Supérieurs. Avec toutes les distinctions utiles. L'Ange de l'Ecole répond que cela doit se faire quand il s'agit de la Foi.

Or qui peut en toute conscience dire qu'aujourd'hui la Foi des fidèles et de toutes l'Eglise n'est pas ménacée gravement dans la Liturgie, dans l'enseignement du catéchisme et dans les institutions de l'Eglise?

Qu'on lise et relise saint François de Sales, saint Bellarmin, saint Pierre Cansius et Bossuet, et l'on retrouvera avec étonnement qu'ils avaient à lutter contre les mêmes errements. Mais cette fois le drame extraordinaire est que ces défigurations de la Tradition nous viennent de Rome et des Conférences épiscopales; si donc l'on veut garder sa Foi, force nous est bien d'admettre que quelque chose se passe dans l'administration romaine qui est anormal. Nous devons certes tenir à l'infaillibilité de l'Eglise et du Successeur de Pierre, nous devons aussi admettre la situation tragique dans laquelle se trouve notre Foi catholique par les orientations et documents qui nous viennent de l'Eglise, la conclusion retourne à ce que nous disions au début: Satan règne par l'équivoque et l'incohérence qui sont ses moyens de combats et qui trompent les hommes de peu de Foi.

Cette équivoque doit être levée courageusement afin de préparer le jour que la Providence choisira pour la lever officiellement par le Successeur de Pierre.

Qu'on ne nous dise pas rebelles, ou orgeilleux car ce n'est pas nous qui jugeons mais c'est Pierre lui-même qui comme Successeur de Pierre condamne ce qu'il encourage par ailleurs, c'est la Rome éternelle qui condamne la Rome temporelle. Nous préférons obéir à l'éternelle.

Nous pensons en toutes conscience que la législation mise en acte depuis le Concileest pour le moins douteuse et qu'en conséquence nous en appelons an Canon 23 qui traite de ce cas et nous demande de nous en tenir à la loi ancienne.

Ce sont là des paroles qui paraîtront à certains outrageuses de l'autorité. Elles sont au contraire les seules qui protègent l'autorité et qui la reconnaissent vraiment, car l'autorité ne peut être que pour le Vrai et le Bien et non pour l'erreur et le vice.

 

Le 13 octobre en l'anniversaire des apparitions

de Fatima - 1974.

Que Marie daigne bénir ces lignes et leur faire porter des fruits de Vérité et de Sainteté.

 

+ Marcel LEFEBVRE.

 

 

 

"... DÉSOBÉISSANCE APPARENTE,

MAIS OBÉISSANCE RÉELLE..."

 

Homélie de S.E. Mgr. Lefebvre

 

Poitiers - 2 septembre 1977

 

Cher Monsieur l'Abbé, vous avez la joie aujourd’hui de célébrer la Sainte Messe au milieu des vôtres, entouré de votre famille, de vos amis, et c'est avec une grande satisfaction qu'aujourd'hui, nous nous trouvons auprès de vous, pour vous dire aussi toute notre joie et tous nos voeux pour votre apostolat futur, pour le bien que vous ferez aux âmes.

Nous prierons, en ce jour, spécialement saint Pie X, notre saint patron, que nous fêtons aujourd'hui et qui a été présent à toutes vos études, à toute votre formation. Nous lui demanderons de vous donner un coeur d'apôtre, un coeur de saint prêtre comme le sien. Et puisque nous sommes ici tout près de la cité de saint Hilaire, de sainte Radegonde et du grand cardinal Pie, eh bien! nous demanderons à tous ces protecteurs de la cité de Poitiers de vous venir en aide afin que vous suiviez leur exemple, que vous gardiez, comme eux l'ont fait dans les temps difficiles, la Foi catholique.

Vous auriez pu convoiter une vie heureuse, peut-être facile et aisée, dans le monde, puisque vous aviez déjà préparé des études de médicine. Vous auriez pu, par conséquent, convoiter une autre voie que celle que vous aviez choisie. Mais non, vous avez eu le courage, même à cette époque, de venir demander la formation sacerdotale à Ecône. Et pourquoi Ecône? Parce que vous y avez trouvé la Tradition, vous y avez trouvé ce qui correspondait à votre Foi. Ce fut pour vous un acte de courage qui vous honore.

Et c'est pourquoi je voudrais en quelques mots répondre aux accusations qui ont été faites ces derniers jours dans les journaux locaux par la publication de la lettre de Mgr. Rozier évêque de Poitiers. Oh! Non point pour faire de la polémique. Je m'en garde bien, je n'ai pas l'habitude de répondre à ces lettres et préfère garder le silence. Cependant, il me semble qu’il est bon de vous justifier car vous êtes mis en cause également dans cette lettre ainsi que moi-même. Pourquoi cela ? Non pas à cause de nos personnes, mais à cause du choix que nous avons fait. Nous sommes incriminés parce que nous avons choisi soi-disant la voie de la désobéissance. Je pense que nous pouvons dire, en vérité, que si nous avons choisi la voie de la désobéissance apparente, nous avons choisi la voie de l'obéissance réelle.

Alors je pense que ceux qui nous accusent ont choisi peut-être la voie de l'obéissance apparente mais de la désobéissance réelle. Car ceux qui suivent la voie nouvelle, ceux qui suivent les nouveautés, ceux qui s'attachent à des principes nouveaux, contraires à ceux qui nous ont été enseignés dans notre catéchisme, contraires à ceux qui nous ont été enseignés par la Tradition, par tous les Papes, par tous les Conciles, ceux-là ont choisi la voie de la désobéissance réelle.

Car on ne peut pas dire que l'on obéit aujourd'hui à l'autorité en désobéissant à toute la Tradition. Ce qui précisément est le signe de notre obéissance c'est de suivre la Tradition, c'est cela qui est le signe de notre obéissance, "Jesus Christus heri, hodie et in saecula", "Jésus-Christ hier, aujourd'hui et dans tous les siècles".

On ne peut pas séparer Notre Seigneur Jésus-christ. On ne peut pas dire qu'on obéit à Jésus-Christ d'aujourd'hui et qu'on n'obéit pas à Jésus-Christ d'hier, parce qu'alors on n'obéit pas à Jésus-Christ de demain. Ceci est très important.C'est pourquoi nous ne pouvons pas dire, nous, nous désobéissons au Pape d'aujourd'hui et que, par le fait même, nous désobéissons aussi à ceux d'hier. Nous obéissons à ceux d'hier, par conséquent nous obéissons à ceux de demain. Car il n'est pas possible que les Papes n'enseignent pas la même chose, il n'est pas possible que les Papes se dédisent, que les Papes se contredisent.

Et c'est pourquoi nous sommes persuadés qu'en étant fidèles à tous les Papes d'hier, à tous les Conciles d'hier, nous sommes fidèles au Pape d'aujourd'hui, au Concile d'aujourd'hui et au Concile de demain et au Pape de demain. Encore une fois: "Jesus Christus heri, hodie et in saecula". "Jésus-Christ hier, aujourd'hui et dans tous les siècles".

Et si aujourd'hui par un mystère de la Providence, un mystère qui, pour nous, est insondable, incompréhensible, nous sommes dans une apparente désobéissance, réellement nous ne sommes pas dans la désobéissance, nous sommes dans l'obéissance.

Pourquoi sommes-nous dans l'obéissance? Parce que nous croyons à notre catéchisme, parce que nous avons toujours le même Credo, le même décalogue, la même Messe, les mêmes sacrements, la mêmes prière: le Pater d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Voilà pourquoi nous sommes dans l'obéissance et non pas dans la désobéissance.

Par contre si nous étudions ce qui est enseigné aujourd'hui, dans la nouvelle religion, nous nous apercevons qu'ils n'ont plus la même Foi, le même Credo, le même décalogue, la même Messe, les mêmes Sacrements, ils n'ont même plus le même Notre Père. Il suffit d'ouvrir les catéchismes d'aujourd'hui pour s'en rendre compte, il suffit de lire les discours qui sont prononcés à notre époque, pour nous rendre compte que ceux qui nous accusent d'être dans la désobéissance ce sont eux qui ne suivent pas les Papes, ce sont eux qui ne suivent pas les Conciles, ce sont eux qui sont dans la désobéissance. Car on n'a pas le droit de changer notre Credo, de dire qu'aujourd'hui les Anges n'existent pas, de changer la notion du péché originel, de dire que la Sainte Vierge n'est plus toujours vierge, et ainsi de suite.

On n'a pas le droit de remplacer le Décalogue par les Droits de l'home, or aujourd’hui on ne parle plus que des Droits de l'homme, et on ne lui parle pas de ses devoirs qui sont le Décalogue. Nous n'avons pas encore vu que dans nos catéchismes nous devions remplacer le Décalogue par les Droits de l'homme!... Et ceci est très grave. Les commandements de Dieu sont attaqués, toutes les lois qui concernent la famille ne sont plus défendues, et ainsi de suite.

La Très Sainte Messe, par exemple, qui est le résumé de notre Foi, qui est précisément notre catéchisme vivant, la Très Sainte Messe est dénaturée, elle est devenue équivoque, ambiguë. Les protestants peuvent la dire, les catholiques peuvent la dire.

A ce propos, je n'ai jamais dit, et je n'ai jamais suivi ceux qui ont dit que toutes les Messes nouvelles sont des Messes invalides. Je n'ai jamais dit une chose comme celle-là, mais je crois qu'il est en effet très dangereux de s'habituer à suivre la Messe nouvelle parce qu'elle ne représente plus notre catéchisme de toujours, parce qu'il y a des notions qui sont devenues protestantes et qui ont été introduites dans la nouvelle Messe.

Tous les Sacrements ont été d'une certaine manière dénaturés, sont devenus comme une initiation à une collectivité religieuse. Ce n'est pas cela les Sacrements. Les Sacrements nous donnent la grâce et font disparaître en nous nos péchés et nous donnent la vie divine, la vie surnaturelle. Nous ne sommes pas seulement dans une collectivité religieuse purement naturelle, purement humaine.

C'est pourquoi nous sommes attachés à la Sainte Messe. Et nous sommes attachés à la Sainte Messe parce qu'elle le catéchisme vivant. Ce n'est pas seulement un catéchisme qui est inscrit et imprimé sur des pages qui peuvent disparaître, sur de pages qui ne donne pas la vie en réalité. Notre Messe est le catéchisme vivant, c'est notre Credo vivant. Le Credo n'est pas autre chose que l'histoire, je dirai, que le chant en quelque sorte de la rédemption de nos âmes par Notre seigneur Jésus-Christ. Nous chantons les louanges de Dieu, les louanges de Notre Seigneur, notre Rédempteur, notre Sauveur qui s,est fait homme pour verser son sang pour nous et a donné ainsi naissance à son Eglise, au sacerdoce, afin que la Rédemption se continue, que nos âmes soient lavées dans le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ par le Baptême, par tous les Sacrements et qu'ainsi nous ayons participation à la nature de Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, à sa nature divine par l'intermédiaire de sa nature humaine et que nous soyons admis dans la famille de la Très Sainte Trinité pour l'éternité.

Voilà notre vie chrétienne, voilà notre Credo. Si la Messe n'est plus la continuation de la Croix de Notre Seigneur, du signe de sa Rédemption, n'est plus la réalité de sa Rédemption, ce n'est plus notre Credo. Si la Messe n'est plus qu'un repas, une eucharistie, un partage, si l'on peut s'asseoir autour d'une table et prononcer simplement les paroles de la consécration au milieu du repas, ce n'est plus notre Sacrifice de la Messe. Et si ce n'est plus le Saint Sacrifice de la Messe, ce n'est plus la Rédemption de Notre Seigneur Jésus-Christ qui s'accomplit.

Nous avons besoin de la Rédemption de Notre Seigneur, nous avons besoin du Sang de Notre seigneur. Nous ne pouvons pas vivre sans le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est venu sur terre pour nous donner son Sang, pour nous communiquer sa Vie. Nous sommes créés pour cela, et notre Sainte Messe nous donne le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Son Sacrifice continue réellement, Notre Seigneur est réellement présent dans son Corps, dans son Sang, dans son Ame et sa Divinité.

C'est pour cela qu'Il a créé le sacerdoce et pour cela qu'il y a de nouveaux prêtres. Et c'est pour cela que nous voulons faire des prêtres qui continueront la Rédemption de Notre seigneur Jésus-christ. Toute la grandeur, la sublimité du sacerdoce, la beauté du prêtre est de célébrer la Sainte Messe, prononcer les paroles de la consécration, faire descendre Notre Seigneur jésus-Christ sur l'autel, continuer son sacrifice de la croix, répandre son Sang sur les âmes par le Baptême, par l'Eucharistie, par le Sacrement de Pénitence. Oh! La beauté, la grandeur du sacerdoce, une grandeur dont nous ne sommes pas dignes! Dont aucun home n'est digne. Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu faire cela. Quelle grandeur! Quelle sublimité!

Et c'est cela qu'on compris nos jeunes prêtres, Soyez sûrs qu'ils l'ont compris. Ils ont aimé la sainte Messe pendant tout leur séminaire. Ils en ont pénétré le Mystère. Ils n'en pénétreront jamais le mystère d'une manière parfaite, m:eme si Dieu nous donne une longue vie ici-bas. Mais ils aiment leur Messe et je pense qu'ils ont compris et qu'ils comprendront toujours mieux que la messe est le soleil de leur vie, la raison d'être de leur vie sacerdotale pour donner Notre Seigneur Jésus-Christ aux âmes et non pas simplement pour rompre un pain de l'amitié dans lequel Notre Seigneur Jésus-Christ ne se trouve plus. Et donc la grâce n'existe plus dans des Messes qui seraient purement une Eucharistie, purement signification et symbole d'une espèce de charité humaine entre nous.

Voilà pourquoi nous sommes attaché à la Sainte Messe. Et la sainte Messe est l'expression du Décalogue. Qu'est-ce que le Décalogue sinon l'amour de Dieu et l'amour du prochain. Qu'est-ce qui r.alise le mieux l'amour de Dieu et l'amour du prochain que la Sainte Sacrifice de la Messe? Dieu reçoit toute gloire par Notre Seigneur Jésus-Christ et par son Sacrifice. Il ne peut pas y avoir d'acte de charité plus grand pour les hommes que le Sacrifice de Notre Seigneur. Y a-t-il un acte plus grand de charité que de donner sa vie pour ceux que l'on aime? Dit Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même.

Par conséquent se réalise dans le Sacrifice de la Messe, le Décalogue: le plus grand acte d'amour que Dieu puisse avoir de la part d'un homme, et le plus grand acte d'amour que nous puissions avoir de la part de Dieu pour nous. Voilà ce qu'est le Décalogue, c'est notre catéchisme vivant. Le Saint Sacrifice de la Messe est là qui continue le Sacrifice de la Croix. Les Sacrements ne sont que le rayonnement du Sacrement de l'Eucharistie. Tous les sacrements, en quelque sorte, sont comme des satellites du Sacrement de l'Eucharistie. Depuis le baptême jusqu'à l'Extrême Onction en passant par tous les autres Sacrements, ils ne sont que le rayonnement de l'Eucharistie, parce que toute grâce vient de Jésus-Christ qui est présent dans la Sainte Eucharistie.

Or le sacrement et le sacrifice sont intimement unis dans la Messe. On ne peut pas séparer le sacrifice du sacrement. Le catéchisme du Concile de Trente explique cela magnifique ment. Il y a deux grandes réalités dans le Sacrifice de la Messe: le sacrifice et le sacrement, le sacrement dépendant du sacrifice, fruit du sacrifice.

C'est cela toute notre sainte religion et c'est pourquoi nous sommes attaché à la Sainte Messe. Vous comprendrez maintenant, mieux peut-être que vous ne l'avez compris jusqu'ici, pourquoi nous défendons cette Messe, la réalité du Sacrifice de la Messe. Elle est la vie de l'Eglise et la raison d'être de l'Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et c'est la raison d'être de notre existence de nous unir à Notre Seigneur Jésus-Christ dans le Sacrifice de la Messe. Alors si on veut dénaturer notre Messe, nous arracher en quelque sorte notre Sacrifice de la Messe, nous poussons des cris! Nous sommes déchirés et ne voulons pas qu'on nous sépare du Saint Sacrifice de la Messe.

Voilà pourquoi nous maintenons fermement notre Sacrifice de la Messe. Et nous sommes persuadés que notre Saint Père le Pape ne là pas défendu et qu’on ne pourra jamais défendre de célébrer le Saint Sacrifice de la Messe de toujours. D'ailleurs le Pape saint Pie V a dit d'une manière solennelle, définitive, que quoi qu'il arrive dans le futur, on ne pourrait jamais empêcher un prêtre de célébrer ce Sacrifice de la Messe et que toutes les excommunications, toutes les suspenses, toutes les peines qui pourraient advenir à un prêtre parce qu'il célèbre ce Saint Sacrifice seraient nulle de plein droit. Pour l'avenir: "in futuro, in perpetuum".

Par conséquent nous avons la conscience tranquille quoi qu'il nous arrive. Si nous pouvons être dans l'apparence de la désobéissance, nous sommes dans la réalité de l'obéissance. Voilà notre situation. Et il est bon que nous la disions, que nous l'expliquions parce que c'est nous qui continuons l'Eglise. Ce sont ceux qui dénaturent le sacrifice de la Messe, les Sacrements, nos prières, qui mettent les droits de l'homme à la place du Décalogue, qui transforme notre Credo, ce sont ceux-là qui sont dans la réalité de la désobéissance. Or c’est ce qui est fait par les nouveaux catéchismes d'aujourd’hui. C'est pourquoi nous ressentons une peine profonde à ne pas être en parfaite communion avec les auteurs de ces réformes... et nous le regrettons infiniment! Je voudrais à l'instant me rendre chez Mgr. Rozier pour lui dire que je suis en parfaite communion avec lui. Mais il m'est impossible, si Mgr. Rozier condamne cette Messe que nous disons, de pouvoir être en communion avec lui car cette Messe est celle de l'Eglise. Et ceux qui refusent cette Messe ne sont plus en communion avec l'Eglise de toujours.

Il est inconcevable que des évêques, des prêtres, qui ont été ordonnés pour cette Messe et dans cette Messe, qui l'ont célébrée pendant peut-être vingt ans, trente ans de leur vie sacerdotale, poursuivent maintenant celle-ci avec une haine implacable, nous chassent des églises, nous obligent à dire des Messes ici, en plein air, alors qu'elles sont faites pour être dites précisément dans ces églises construites pour dire ces Messes. Et n'est-ce pas Mgr. Rozier lui-même qui a dit à l'un d'entre vous que si nous étions des hérétiques et des schismatiques il nous donnerait des églises pour célébrer nos Messes? C'est une chose invraisemblable. Et par conséquent, si nous n'étions plus en communion avec l'Eglise, mais des hérétiques ou schismatiques, Mgr. Rozier nous donnerait des églises. C'est donc que nous sommes en communion avec l'Eglise, c'est évident. Voilà une contradiction dans leur attitude qui les condamne. Ils savent parfaitement que nous sommes dans la vérité lorsqu'on continue ce qui s'est fait pendant deux mille ans. Ce n'est pas possible.

Encore une fois, il nous faut répéter cette parole, et la répéter toujours: "Jésus Christus heri, hodie et in saecula". Si je suis avec Jésus-Christ d'hier, je suis avec Jésus-Christ d'aujourd'hui et je suis avec Jésus-Christ de demain. Je ne puis pas être avec Jésus-Christ d'hier sans être avec Celui de demain. Et c'est parce que notre Foi est celle du passé qu'elle est aussi celle de l'avenir. Voilà ce qu'il faut toujours croire, voilà ce qu'il faut maintenir à tout prix et ce sans quoi nous ne pouvons pas être sauvés.

Demandons-le aujourd'hui d'une manière particulière pour ces chers prêtres, pour ce cher Monsieur l'Abbé, aux saints protecteurs du Poitou: en particulier saint Hilaire, sainte Radegonde qui a tant aimé la Croix - c'est elle qui a amené ici, sur cette terre de France, la première relique de la vraie Croix; elle aimait la Croix et avait une grande dévotion pour le Sacrifice de la Messe - et enfin le Cardinal Pie qui a été un défenseur admirable de la Foi catholique au cours du dernier siècle. Demandons à ces protecteurs du Poitou de nous donner la grâce de combattre sans haine, sans rancoeur.

Ne soyons jamais de ceux qui cherchent à polémiquer, à désunir, à faire du tort au prochain. Aimons-les de tout notre coeur, mais maintenons notre Foi. Maintenons à tout prix la Foi en la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Demandons-le à la Très Sainte Vierge Marie. Elle ne peut pas ne pas avoir eu la Foi parfaite dans la divinité de son Divin Fils. Elle L'a aimé de tout son coeur, Elle a été présente au Saint sacrifice de la Croix. Demandons-Lui la Foi qu'Elle avait. Au nom du Père...

 

Essai de synthèse des erreurs en cours à l'intérieur de l'Eglise depuis le Concile Vatican II

 

Après les douze années de période postconciliaire, il est plus aisé de réaliser un essai de synthèse des graves erreurs qui déjà au Concile et depuis le Concile infestent L'Eglise et conditionnent l'attitude de ceux qui ont les plus grandes responsabilités dans l'Eglise, à tel point que pour un bon nombre d'entre eux on peut légitimement se demander s'ils ont encore leur juridiction.

Il me semble que l'on peut raisonnablement et objectivement penser que les auteurs de cette mutation apparue dans l'Eglise avec le Concile Vatican II ont recherché avec vigueur ce changement ayant comme objectif un nouvel humanisme, come le voulaient déjà les pélagiens, comme l'ont fait les auteurs de la Renaissance.

Ces personnes, déjà avant le Concile, cardinaux Montini, Béa, Frings, Liénart, etc., ont estimé devoir rechercher une voie nouvelle pour universaliser l'Eglise, pour la rendre acceptable au monde moderne tel qu'il est avec ses fausses philosophies, ses fausses religions, ses faux principes politiques et sociaux.

Ils ont préféré laisser dans l'ombre la voie de la Foi, trop intolérante pour l'erreur et le vice, trop à l'avantage de l'Eglise catholique romaine et en conséquence trop exigeante, obligeant à un combat et une vigilance continuels plaçant l'Eglise et le "monde" dans un état d'hostilité perpétuelle.

Cette voie nouvelle ne pouvait être qu'une renaissance d'un humanisme accueillant à tout ce qui est ou aparraît humainement bon et acceptable dans l'erreur et le vice. Dans cette optique pourrait se réaliser une union universelle de toutes les cultures, idéologies sous l'égide de l'Eglise.

On imagine immédiatement ce que représente comme éloignement de la Foi un pareil dessein: il faut estomper le péché originel, abandonner l'idée que seule l'Eglise catholique est la Vérité et la possède, qu'elle est la seule voie de salut; qu'aucun acte n'est méritoire sans l'union avec Notre seigneur.

La Vérité ne sera plus le critère de l'Unité, mais un "fonds commun de sentiment religieux", de pacifisme, de liberté, de reconnaissance des droits de l'homme...

On ne saurait trop insister pour montrer comment ce nouvel humanisme n'est que l'aboutissement de celui de la Renaissance; après plusieurs siècles de naturalisme et spécialement depuis le XVIIIe siècle les philosophes subjectivistes et athées, refusant le péché originel et en conséquence la nécessité de la Rédemption et de l'Incarnation, ont nié la divinité de Notre Seigneur, rejoignant beaucoup de sectes protestantes.

Le libéralisme catholique ou soi-disant catholique, a agi à la manière du "cheval de Troie" pour faire pénétrer ces faux principes à l'intéieur de l'Eglise. Ils ont voulu "marier l'Eglise et la Révolution". Ces efforts ont fait leur chemin et, aidés par les sociétés secrètes et les gouvernements laïques et démocratiques, les membres les plus éminents de l'Eglise ont été contaminés: théologiens, évêques, cardinaux, séminaires, universités ont peu à peu été attirés par ces idées universalistes, opposées fondamentalement à la Foi catholique.

Pour la réalisation de cet universalisme, il faut supprimer ce qui est spécifique à la Foi catholique, qui sòppose nécessairement à ce "fonds commun" permettant l'union universelle.

Le moyen préconisé est "oecuménisme".

Oecuménisme permettra à tous les groupes humains importants, représentant une religion ou une idéologie, d'enter en contact avec l'Eglise et de manifester à l'Eglise les conditions qu'ils estiment devoir exiger de l'Eglise pour une union universelle.

Les obstacles majeurs sont ceux qui affirment et expriment la Vérité de l’Eglise, son unité, l'absolue nécessité de l'unité dans la Foi catholique, que l'Eglise est l'unique voie de salut, qu'elle possède l'unique Sacerdoce du christ, qu'elle proclame la nécessité Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ.

En conséquence :

-         il faut modifier la Liturgie

-         il faut modifier le Sacerdoce et la Hiérarchie;

-         il faut modifier l'enseignement du catéchisme, la conception de la Foi catholique, d'où le changement du magistère dans les universités, séminaires, écoles, etc.

-         il faut modifier la Bible et constituer une Bible "oecuménique";

-         il faut supprimer les Etats catholiques et accepter le "droit commun";

-         il faut atténuer la rigueur morale en remplaçant la loi morale par la conscience.

 

Le principe qui aidera à réduire les obstacles sera celui de la philosophie subjective, car la philosophie de l'être, la philosophie scolastique oblige l'intelligence à se soumettre à une réalité extérieure, à Dieu, à ses lois, comme la foi catholique exige l'adhésion de l'intelligence aux vérités révélées, au credo, au Décalogue, aux institutions divines.

La philosophie subjective laisse la Vérité et la morale à la créativité et à l'initiative personnelle de chaque individu. Nul ne peut être contraint d'adhérer à la Vérité et de suivre la loi.

Cette conception de la Vérité et de la loi morale rend les réalités relatives aux personnes, aux sociétés, aux époques. Elle est à la base des Droits de l'homme.

On ne peut remarquer cette conception dans les documents officiels de l'Eglise et des Episcopats.

La conception de cette foi subjective, conforme à la doctrine moderniste, se retrouve dans la plupart des nouveaux catéchismes, dans les documents de catéchèse, dans la nouvelle ecclésiologie, Eglise vivante soumise à l'Esprit qui l'adapte aux conditions modernes. Le Pentecôtisme en est une manifestation.

Taizé abonde dans cette manière de concevoir la religion.

L'Esprit se manifeste dans chaque individu d’une manière différente.

Les réformes qui ont été imposées à l'Eglise depuis le Concile ont été réalisées dans cet esprit nouveau: la recherche, créativité, le pluralisme, la diversité; esprit qui s'oppose radicalement à la vraie conception de la Vérité et de la Foi, de telle sorte que seule cette conception sera combattue et considérée comme inadmissible.

Car il est évident que la Vérité est intolérante pour l'erreur, que la vertu ne tolère le vice, que la loi ne tolère pas la licence. Il faut faire un choix.

C'est de cette manière qu'il faut juger toutes les réformes accomplies au nom du Concile et à juste titre au nom du Concile, car le Concile a ouvert des horizons jusqu'alors interdits par l'Eglise:

- admission des principes d'un faux humanisme;

- liberté de culture, de religion, de conscience;

- respect, quand ce n'est pas admission de l'erreur au même titre que la vérité.

La levée des excommunications concernant l'erreur et l’immoralité publiques est un encouragement dont les conséquences sont incalculables.

Il faudrait étudier chaque réforme en particulier pour déceler l'application de ces faux principes dans le concret.

L'une des plus graves et des plus caractéristiques est le changement d'attitude du Saint-Siège vis-à-vis de la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ. La modification des textes liturgiques de la fête du christ-Roi est significative. L'encouragement à la laïcité de la Société civile en est une conséquence immédiate.

 

Ecône - 20 juin 1977

+ Marcel LEFEBVRE

 

 

ENUMERATION DES FAITS

 

Enumération des faits qui, pris séparément, peuvent paraître insignifiants, mais qui, vus à la lumière du nouvel humanisme, prennent une signification stupéfiante.

 

- Visite à l'ONU et appui apporté à cette organisation maçonnique ennemie de tout ce qui est catholique.

- Visite à la salle des cultes de l'ONU, véritable temple maçonnique.

- Abandon de la tiare, signe de pouvoir du pontificat.

- Refus de la condamnation du communisme au Concile.

- Présence gênante des observateurs de toutes religions aux séances du Concile.

- Nomination des quatre modérateurs.

- Intervention d'une femme au Concile.

- Voyage en Israël. Contact avec le Grand Rabbin.

- Embarassements d'Athënagoras avec levée d'excommunication. Athënagoras a eu un enterrement maçonnique.

- Intervention contre le "Coetus internationalis Patrum" mais soutien aux cardinaux libéraux.

- Remise de l'anneau papal à Ramsey, à Saint-Paul-hors-les-murs. Ramsey, laïc, maçon et hérétique. Bénédiction donnée avec le Pape à toute l'Eglise présente: cardinaux, évêques, clergé, etc.

- Visite à Bogota pour soutenir les revendications des "camperinos" et indiectement des "guérillos".

- Visite aux Philippines pour arriver à Hong Kong où un discours pro-communiste devait être prononcé, mais a été interdit par le gouverneur de Hong Kong.

- Décret pour les mariages mixtes, sans exigence pour le baptême catholique des enfants.

- Nomination d'une commission pour la pilule, avec attente de deux années pour décider!

- Décret sur l'hospitalité eucharistique permettant à des protestants de recevoir l'Eucharistie.

- Secrétariat pour l'unité avec des déclarations philo-luthériennes.

- Secrétariat pour les non-chrétiens.

- Suppression des fêtes d'obligation.

- Suppression du jeûne eucharistique.

- Suppression de l'abstinence.

- Autorisation des Messes du samedi pour le dimanche.

- Autorisation pour l'incinération.

- Concélébration de pasteurs anglicans au Vatican.

- Bénédiction des Pentecôtistes dansant et hurlant à Saint-Pierre.

- Baisements des pieds de l'orthodoxie.

- Remise aux Musulmans du drapeau de Lépante.

- Remise du chef de saint Jacques aux Orthodoxes.

 

Et toutes les grandes réformes:

- Réforme liturgique.

- Réforme des séminaires.

- Démocratisation des institutions :

synode des évêques à Rome;

conférences épiscopales sans délimitation précise de pouvoir;

conseils presbytéraux diocésains.

- Réforme de la Curie romaine et spécialement du Saint-Office. Centralisation.

- Réforme de la nomination des évêques.

- Révision et modernisation de toutes les Constitutions des sociétés religieuses.

- Démission obligatoire des évêques à 75 ans.

- Eviction pour le Conclave des cardinaux de 80 ans.

 

Ecône face à la persécution

 

A tous ceux qui s'interrogent sur notre oeuvre, sur le séminaire d'Ecône, sur notre attitude dans la persécution que nous subissons de la part des évêques, et maintenant de Rome, nous leur demandons de répondre à ces questions très simples pour des fidèles de l'Eglise catholique: Pourquoi l'Eglise? Pourquoi le sacerdoce, le Saint Sacrifice de la Messe, les Sacrements?

Si leur réponse est conforme à la doctrine de l'Eglise telle qu'elle a toujours été enseignée, ils auront la réponse au pourquoi d'Ecône.

C'est la première réponse essentielle et fondamentale.

Un deuxième problème vient immédiatement à la pensée : Comment est-il concevable que la hiérarchie actuelle puisse contredire cette doctrine?

La première réponse est donnée par la Foi catholique, le deuxième est donné par l'histoire religieuse des derniers siècles qui ont subi l'influence du protestantisme.

Le protestantisme par ses théories libérales a suscité dans tous les domaines une révolution totale contre la chrétienté conçue selon les principes de la saine philosophie et de la Foi catholique.

Les théories résumées dans les trois mots de "Liberté, Egalité, Fraternité" conçus contre l'autorité de Dieu et contre toute autorité, ont amené la ruine de la société civile catholique, la ruine de l'économie organisée, et peu à peu la laïcisation des Etats avec toutes les conséquences immorales, ennemies de la loi de Dieu et de l'Eglise.

Or ces mythes sanguinaires du libéralisme ont toujours séduits des catholiques sentimentaux et dont la foi était peu éclairée. Les philosophes libérales, les organisations révolutionnaires ont eu aussi une forte puissance d'attraction sur les milieux intellectuels et populaires déchristianisés.

Cette atmosphère libérale exerça aussi une influence croissante dans l'Eglise par les universités, les faux théologiens, les organismes catholiques, et se répandit dans les séminaires, le clergé et les évêques, jusque dans les milieux ecclésiastiques romains. Que l'on songe simplement au Sillon, puis à Emmanuel Mounier, à Maritain, enfin à Teilhard de Chardin.

Le libéralisme poursuit avec acharnement un mariage impossible entre la Vérité et l'Erreur, la Vertu et le Vice, la Lumière et les Ténèbres, entre l'Eglise catholique et le monde avec tous ses dérèglements. Les Papes l'ont bien compris jusqu'à Jean XXIII et si l'un ou l'autre ont parfois cédé aux pressions des libéraux comme Léon XIII et Pie XI, ils l'ont vite regretté et leurs successeurs ont essayé de réparer les torts commis.

Or il est évident que le Concile Vatican II a permis des idées libérales d'avoir droit de cité dans l'Eglise. Les idées de liberté, de primauté de la conscience, de fraternisation avec l'erreur par oecuménisme, la liberté religieuse, la laïcisation des Etats, peuvent trouver appui dans l'orientation générale du Concile.

Qu'on lise le journal du Concile est d'ailleurs une preuve évidente de cette influence libérale. - L'oecuménisme est le leitmotiv des réformes.

Or le propre des libéraux est d'affirmer la thèse et d'agir selon l'hypothèse sans plus se souvenir des principes affirmés, d'où ce double visage orthodoxe et hétérodoxe. Ainsi dans la pratique, les libéraux n'ont pas d'ennemis à gauche, mais luttent avec acharnement contre les tenants de l'orthodoxie, contre ceux qui agissent conformément aux principes catholiques.

Et ceci nous explique pourquoi Ecône et tous les vrais catholiques sont durement persécutés par la Rome occupée par les libéraux.

 

- Puisque nous évoquons Rome, comment concilier la propagation et la mise en pratique des erreurs libérales par Rome et l'infaillibilité de l'Eglise et du Pape?

 

Ce sera là un sujet de thèse pour les futurs docteurs en théologie. Il faudrait bien trouver une solution et déjà certains ont essayé d'en donner, mais je dirais volontiers qu'elle nous importe peu quand il s'agit de juger des faits ou des écrits. La malice des actes ou des affirmations contraires à la Foi ne se jugent pas par rapport à l'infaillibilité. Quand quelqu’un écrit que "la liberté religieuse demande que les groupes religieux ne soient pas empêchés de manifester librement l'efficacité singulière de leur doctrine pour organiser la société et vivifier toute l'activité humaine", je suis obligé de conclure que cette personne professe l'indifférentisme religieux condamné par la doctrine et le magistère de l'Eglise. Or c'est là un exemple et des moindres de ce que professe Vatican II. On pourrait citer des pages entières de textes imbus des erreurs libérales.

 

- Devant cette propagation des erreurs libérales par les organismes officiels du Saint-Siège et, ce qui est dans la logique du libéralisme même catholique, devant la persécution violente des fidèles orthodoxes, que faire ?

 

Maintenir la Foi catholique et les institutions divines ou traditionnelles pour la conversation et la propagation de la Foi catholique et de la vie divine dans les âmes: Familles catholiques, écoles catholiques, paroisses catholiques, séminaires catholiques, facultés catholiques, en attendant que Rome soit délivrée des libéraux qui l'occupent.

Vivre de la Foi surnaturelle dans la prière, dans le Saint Sacrifice de la Messe, les Sacrements, la prière constante, une confiance indéfectible en Notre Seigneur et la Vierge Marie.

Prêcher la Foi, c'est-à-dire Notre Seigneur Jésus-Christ, dans toutes les occasions, spécialement par des exercices spirituels.

 

- Que fera le séminaire d'Ecône et sa Fraternité?

 

Ils continueront et continuent, car l'Eglise libérale et moderniste qui occupe la véritable Eglise bâillonnée n'a aucun droit à être obéie, bien plus on droit lui désobéir, ses ordres et ses orientations n'étant pas ceux de l'Eglise catholique. Ils détruisent l'Eglise. Nous ne pouvons pas collaborer à la destruction de l'Eglise, nous ne voulons pas devenir protestants.

 

- Que feront les prêtres d'Ecône plus tard?

 

Ils multiplieront les séminaires pour la conversation et la multiplication du sacerdoce catholique, car c'est là le but principal de la Fraternité Saint Pie X.

Puis ils se feront missionnaires dans des prieurés où, groupés à trois ou quatre, ils prieront ensemble, ils rayonneront sur une région pour prêcher Notre Seigneur Jésus-Christ et porter les Sacrements, spécialement le Saint Sacrifice de la Messe.

Ils soutiendront spirituellement les Écoles vraiment catholiques.

Dans le prieuré, une maison d'exercices spirituels leur permettra de sanctifier les fidèles de tout âge et de toute catégorie. Les religieuses et les frères les aideront dans cet apostolat.

Ainsi ils referont la chrétienté, établie sur une Foi vivante et agissante.

C'est là un programme enthousiasmant pour tout prêtre digne de ce nom: recréer la chrétienté autour et par l'autel du Sacrifice. C'est par là que se résolvent tous les problèmes familiaux, sociaux et politiques.

Pour la gloire de Dieu, de Notre seigneur Jésus-Christ et de l'Esprit-Saint, pour l'honneur de l'Eglise catholique, pour l'honneur du Successeur de Pierre, pour le salut des âmes, nous supplions les prêtres qui ont conscience de la gravité de la crise que subit l'Eglise, de se joindre à nous pour sauver le sacerdoce catholique, la Foi catholique et pour le salut des âmes.

Maintenir la Foi et les institutions qui durant deux mille ans ont sanctifié l'Eglise et les âmes ne peut en aucun cas être une cause de rompre la communion avec l'Eglise et au Successeur de Pierre. C'est d'ailleurs ce même critère qui jug de la légitimité de la succession sur le siège de Pierre et les sièges épiscopaux.

 

En la fête de saint Vincent de Paul

19 juillet 1975

+ Marcel LEFEBVRE.

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