Le Cardinal Etchegaray et l’Europe
Le Cardinal Etchegaray eut
l’occasion de s’exprimer, les 4 et 6 mai dernier, sur l’Europe alors qu’il
participait à un colloque sur l’Europe organisé par l’Eglise orthodoxe, à
Athènes. Il terminait ainsi son intervention :
Il est temps de
conclure. Chaque fois que j’ai prononcé le mot Eglise, je pensais à toutes les
Eglises chrétiennes d’Orient et d’Occident, qui portent le même souci de
l’unique Evangile( ?), avec le brûlant désir qu’à travers ce qui les
sépare encore, l’Europe puisse y reconnaître l’humble soumission commune au
Christ Pantocrator. En Christ, nous découvrons que Dieu seul est humain :
là ou ce Dieu de Jésus-Christ est méconnu, l’homme ne peut être compris ni
respecté dans son intégralité. Telle est notre foi, joyeusement proclamée en ce
temps de Pâques. Mais, pour autant, dans les débats actuels autour de la
Convention instituée au sommet deLaeken (décembre 2002), nul ne rêve
nostalgiquement à une Europe chrétienne , moi encore moins à une
Europe vaticane. Au moment crucial ou va s’élaborer un Traité constitutionnel
pour la grande Europe, il est capital que la place des Eglises et des
communautés religieuses soit expressément inscite et reconnue. La solution n’
est pas simple car il n’y a pas de modèle unique de rapports Eglise-Etat,
l’histoire de l’Europe ne s’est même nulle part autant ramifiée que dans ce
domaine. Loin d’en prendre prétexte pour
écarter une intégration des Eglises, il faut espérer que les architectes
de l’Europe sauront leur trouver un status qui garantisse le respect de leur
identité spécifique propre à chaque nation. Ce qui importe et c’était là la
prise d’angle de mon intervention, c’ est que L’Europe doit en toute honnêteté
et sans confusion de compétence, reconnaître le service original et non
exclusif que lui offre une Eglise par sa conception et son expérience de
l’homme. Haut service de l’Eglise que l’on ne saurait rabaisser à de simples
moyens de
moralisation de la société.(O.R. 20
Mai2003)
Bref commentaire
A)
Quant
au rêve nostalgique d’une Europe chrétienne
- Nul ne rêve nostalgiquement à une Europe chrétienne, moi encore moins à une Europe vaticane -
il ne serait pas inutile
de rappeler les propos de Saint Pie X,
dans Notre charge apostolique :
- Non, vénérables Frères, il faut le rappeler énergiquement
dans ces temps d’anarchie sociale et intellectuelle, ou chacun se pose en
docteur et en législateur, on ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a
bâtie ; on n’édifiera pas la société, si l’Eglise n’en jette les
bases et ne dirige les travaux ;
non, la civilisation n’est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir dans les
nuées. Elle a été, elle est ;
c’est la civilisation chrétienne, c’est la cite catholique. In ne s’agit que de
l’instaurer et la restaurer sana cesse sus ses fondements naturels et divins
contre les attaques toujours renaissantes de l,utopie malsaine, de la révolte
et de l’impiété : omnia instaurare
in Christo-
B)
Quant
au vœu pieux du Cardinal :
- Il faut espérer que les architectes
de l’Europe sauront trouver (aux Eglises en Europe) un status qui garantisse le
respect de leur idemtité spécifique propre à chaque nation-
- Il ne serait pas non
plus inutile de rappeler au Cardinal, pour
qu’il ne se fasse pas
d’illusion, le caractère laique des politiques européennes , ou encore les
paroles même de Saint Pie X, dans Notre charge
apostolique : la guerre impie qui a été soulevée et qui va se poursuivant
presque partout contre Dieu. De nos jours, il n’est que trop vrai, les nations
ont frémi et les peuples ont médité des projets insensés contre leur
Créateur ; et presque commun est devenu ce cri de ses énnemis :
Retirez-vous de nous . De là, en la plupart, un rejet total de tout
respect de Dieu. De là des habitudes de vie, tant privée que publique, ou nul
compte n’est tenu de sa souveraineté. Bien plus, il n’est ni effort ni artifice
que l’on ne mette en œuvre pour abolir entièrement son souvenir et jusqu’à sa
notion. Qui pèse ces choses
peut craindre que les espérances du Cardinal soient décues.Mais peut-être
compte-t-il sur les interventions d’un Gouvernement espagnole, italien, voire
polonais.
Sur ce sujet très important, on pourra
se reporter, heureusement, à
notre dossier intitulé : LE
SAINT-SIEGE ET L’EUROPE CHRETIENNE.