Fatima…Encore du « nouveau »

 

 

 

Jeanne Smits, dans Présent du samedi 4 décembre 2004, dans un article intitulé : « Fatima et le « dialogue interreligieux. Une nouvelle mise au point », publie un extrait ou la totalité d’un texte de Mgr Serafin de Sousa Ferreira concernant le « fameux » accueil des hindous dans la petite chapelle des apparitions, ainsi que l’usage auquel sera réservée l’église de la Très Sainte Trinité, actuellement en construction.

 

Vous trouverez ci-dessous :

A- le texte de l’évêque  exprimant  sa pensée sur cette affaire.

B- Je le ferai suivre des « commentaires de Jeanne Smits ».

C- puis de  quelques appréciations plus personnelles.

 

Mais d’abord, je me réjouis de ce que l’évêque ait annoncé dans son communiqué l’ouverture  procès de canonisation des deux petits de Fatima, le 13 octobre 2004. Ceci dit,  voyons le texte

 

A- Le texte 

 

a- concernant la prière des hindous.

 

 

« Le 19 avril 2004 une communauté hindoue de Lisbonne d’environ 50 personnes a visité le sanctuaire, accompagnée de son responsable religieux, qui est monté près de la statue de la Très Sainte Vierge, à qui il a chanté un chant pour la paix. Peut-être y a-t-il eu un peu de complaisance de la part des fonctionnaires (« préposés », ndlr) qui les ont accueillis, mais tout s’est déroulé dans la dignité. Nous avons déjà expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une célébration interreligieuse. En recourant à Notre Dame de Fatima, nos frères hindous ont sincèrement témoigné qu’ils acceptent son intercession maternelle en faveur de tous les hommes. A l’avenir nous ferons beaucoup plus attention, pour qu’il n’y ait plus d’interprétations ambiguës. »

 

b- concernant la nouvelle basilique :

 

Cette basilique « sera un grand espace de culte catholique et d’évangélisation, avec d’autres activités de l’ensemble de la pastorale du sanctuaire, en particulier le sacrement de la réconciliation ».

 

B –l’Article de Jeanne Smits dans Présent du 4 décembre.

 

« Après les mises au point, communiqués et démentis du recteur du sanctuaire de Fatima, Luciano Guerra, de plus en plus en retrait par rapport au message « œcuménique » diffusé (mais aussi déformé par la presse) à l’occasion de la tenue d’un colloque à Fatima sur « le Présent de l’homme, le Futur de Dieu », l’évêque de Leiria-Fatima s’est exprimé à son tour. Il l’a fait en des termes qui confirment ce que nous avions pressenti à Fatima en enquêtant sur l’affaire de la nouvelle église de la sainte-Trinité, présentée par nombre de publications catholiques comme un futur sanctuaire interreligieux, et sur l’autre affaire : celle de l’accueil de religieux hindous à l’autel même de la Capelinha des apparitions.

Nous avions perçu alors une réelle gêne des responsables du sanctuaire qui, outre leurs démentis formels à propos de l’utilisation interreligieuse de la future église, avaient progressivement précisé, dans le sens catholique, leur affirmation du caractère spécifiquement catholique du sanctuaire de Fatima (Présent du 28 août).

Mgr Serafin de Sousa Ferreira s’est exprimé en ces termes, le 12 octobre, sur l’accueil des hindous :  « Le 19 avril 2004 une communauté hindoue de Lisbonne d’environ 50 personnes a visité le sanctuaire, accompagnée de son responsable religeux, qui est monté près de la statue de la Très Sainte Vierge, à qui il a chanté un chant pour la paix. Peut-être y a-t-il eu un peu de complaisance de la part des fonctionnaires (« préposés », ndlr) qui les ont accueillis, mais tout s’est déroulé dans la dignité. Nous avons déjà expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une célébration interreligieuse. En recourant à Notre Dame de Fatima, nos frères hindous ont sincèrement témoigné qu’ils acceptent son intercession maternelle en faveur de tous les hommes. A l’avenir nous ferons beaucoup plus attention, pour qu’il n’y ait plus d’interprétations ambiguës. »

 

On peut se satisfaire ou non de ce communiqué, et juger que l’interprétation des faits, quelle qu’elle soit, n’efface point la profanation. Mais il est en tout cas important de constater l’existence de ce nouvel engagement de la part des autorités religieuses portugaises, et de noter que ce communiqué constitue assez clairement un désaveu.

 

Mgr de Sousa rappelle dans le même communiqué l’usage auquel sera réservée l’église de la Très Sainte-Trinité, avec sa première pierre extraite du tombeau de saint-Pierre, offerte par Jean-Paul II : « ce sera un grand espace de culte catholique et d’évangélisation, avec d’autres activités de l’ensemble de la pastorale du sanctuaire, en particulier le sacrement de la réconciliation ».

 

Par ailleurs est annoncée l’ouverture officielle, le 13 octobre dernier, de la procédure de canonisation des bienheureux Jacinta et Francisco Marto.

Notons enfin que le bulletin officiel du sanctuaire, Fatima luz e Paz, contient un article des plus traditionnels sur la prière et le sacrifice pour les pécheurs, sous le titre « Beaucoup d’âmes vont en enfer… »

Les différentes protestations recueillies par le sanctuaire à l’occasion des informations diffusées à propos d’un inacceptable œcuménisme ne sont assurément pas étrangères à ces prises de position de plus en plus nettes de la part du père Guerra et de Mgr de Sousa. L’honnêteté exige d’en rendre compte, comme l’a fait Aletheia, la Lettre d’information religieuses d’Yves Chiron ». Jeanne Smits(Présent du 4 décembre 2004)

 

C – Quelques précisions plus personnelles

 

Jeanne Smits a raison de remarquer que les protestations qui se sont élevées à l’occasion

-du Congrès interreligieux réuni à Fatima sur le thème : « Le Présent de l’homme, le Futur de Dieu »

-de la présentation de la maquette de la Nouvelle basilique

-de la présence des hindous dans la petite chapelle des apparitions

« ne sont assurément pas étrangères » aux prises de position actuelles des autorités religieuses du sanctuaire et  aujourd’hui de son évêque.

Il est vrai aussi de dire que ces « prises de position » des autorités sont « de plus en plus nettes ».

 

C’est une simple honnêteté intellectuelle de le reconnaître. C’est très vrai. Il y a une différence vraie entre le « silence » qui peut être approbateur et une parole exprimée qui peut être « un désaveu ».

 

Est-ce vraiment un « désaveu » comme l’affirme Jeanne Smits ? Je le voudrais bien. Je le souhaite. Je n’en suis pas aussi sûr qu’elle.

Oui, malgré la gentillesse de Jeanne Smits, malgré « l’honnêteté intellectuelle » d’Yves Chiron, j’ai du mal à être totalement convaincu de l’absolu et de la totale « franchise » des autorités religieuses du sanctuaire. Je voudrais qu’Yves Chiron et Jeanne Smits aient raison. Je voudrais me tromper. Mais je crains vraiment.  Le mouvement œcuménique et les réunions interreligieuses sont tellement entrés dans les mœurs ecclésiastiques que ces « dénégations » pourraient n’être que pures formalités, voulant apaiser des cœurs inquiets, échauffés et hostiles à « l’aujourd’hui » de l’Eglise, comme ils disent.

 

Hier, je prenais à partie la phrase de Mgr Guerra.

 

Aujourd’hui, permettez-moi, de relever la phrase de Mgr de Sousa.

 

Il écrit : cette basilique « sera un grand espace de culte catholique et d’évangélisation, avec d’autres activités de l’ensemble de la pastorale du sanctuaire, en particulier le sacrement de la réconciliation ».

 

« De l’ensemble de la pastorale du sanctuaire »…Mais précisément la « pastorale du sanctuaire » comprend, certes, la pratique de la « réconciliation », mais bien aussi les réunions œcuméniques ainsi que les réunions interreligieuses.

La meilleure preuve de ces mœurs nouvelles et de cette pastorale « new look »,  c’est la présence, par exemple, annoncée du cardinal de Lisbonne à la grande réunion de Taizé qui doit se tenir, début janvier 2005, à Lisbonne. Le cardinal, chez les protestants !  Hier, ce geste aurait fait scandale. Aujourd’hui, je passe pour « ringard » en osant mettre simplement en question la chose. L’œcuménisme est entré dans les mœurs…C’est une pastorale « conciliaire ». Ce n’est plus simplement le pape qui pratique exceptionnellement l’œcuménisme, qui va à la Synagogue, à la Mosquée, au Temple. Ce sont les évêques eux-mes, les cardinaux. Il ne se fait pas une seule visite pastorale de l’évêque d’un diocèse sans « rencontres œcuméniques », sans « réunions interreligieuses ». Alors me dire que cette nouvelle basilique « sera un grand espace de culte catholique, avec d’autres activités de l’ensemble de la pastorale du sanctuaire », ne me suffit pas.

 

Certes, tout comme Yves Chiron, tout comme Jeanne Smits, je prends acte de ces nouvelles déclarations. Je m’en réjouis. Et sous ce rapport, je crois vraiment que nos actions ont porté des fruits, comme hier, maître Tarasconi a gagné face à Mgr Etchégaray, voulant transformer le sanctuaire de la Madone et créer en sous-sol une « mosquée ». Mais au prix de quel combat ! Toutefois, elles ne m’apaisent pas encore tout à fait.

 

Il en est de même de la phrase de notre bon évêque disant à propos d’éventuels nouveaux actes œcuméniques ou interreligieux ( ce n’est pas la même chose !): « A l’avenir nous ferons beaucoup plus attention, pour qu’il n’y ait plus d’interprétations ambiguës. », il ne dit pas qu’il n’y aura plus, à l’avenir, de gestes œcuméniques ou interreligieux  - il serait imprudent, on pourrait lui rappeler son papier du 12 octobre 2004 - il dit simplement qu’il veillera à ce « qu’il n’y ait plus d’interprétations ambiguës ».  Ca vous tranquillise ! Moi pas !

 

Jeanne Smits, n’oubliez pas l’interrogation  qui terminait votre « enquête » de la fin mai 2004.

 

Abbé Paul Aulagnier