Flash-Info au 7 janvier 2008
Benoît XVI s'adresse au
corps diplomatique
Cité du Vatican, le 07 janvier 2008 –
Benoît XVI s'adresse au corps diplomatique
A 11h ce matin, dans
Dans son discours, le pape passe en revue les principaux moments de 2007 et les souffrances que les peuples connaissent sur tous les continents. C’est la première partie du discours. (N° ,1 à 8) Puis, dans une deuxième partie, il donne des considérations morales et politiques importantes pour l’édification de la paix des Nations et des peuples. ( N° 9 à 14)
A- Les
grands moments de la pensée du Pape.
Je vais d’abord résumer les grands moments de cette pensée. Vous pourrez en lire le texte intégral à la suite.
a- Sur l’Europe
chrétienne
Le pape rappelle qu’il va suivre avec un intérêt redoublé le développement de l’Europe depuis la signature du « Traité de Lisbonne ». Il affirme de nouveau que le caractère chrétien de l’Europe ne peut pas être passé sous silence : « à propos de l'Europe, je voudrais vous assurer que je suis attentivement la période qui s'ouvre avec la signature du « Traité de Lisbonne ». Cette étape relance le processus de construction de la « maison Europe », qui « sera pour tous un lieu agréable à habiter seulement si elle est construite sur une solide base culturelle et morale de valeurs communes que nous tirons de notre histoire et de nos traditions » (Rencontre avec les Autorités et le Corps diplomatique, Vienne, 7 septembre 2007) et si elle ne renie pas ses racines chrétiennes ».
b- Sur la liberté humaine :
Le pape rappelle qu’elle n’est pas un bien absolu mais un bien relatif qui ne doit se concevoir que dans sa relation à « l’ordre et au droit » et que le droit ne peut « être une force de paix » que « solidement ancrés dans le droit naturel ». C’est pourquoi on ne peut finalement dissocié la liberté humaine de Dieu. Le pape rappelle ainsi le lien entre trois notions – une vraie « catena aurea » : la liberté, le droit naturel et Dieu, pour conclure très heureusement que Dieu doit rester au cœur de l’homme. Voici ce beau passage : « la liberté humaine n'est pas absolue, mais (…) il s'agit d'un bien partagé, dont la responsabilité incombe à tous. En conséquence, l'ordre et le droit en sont des éléments qui la garantissent. Mais le droit ne peut être une force de paix efficace que si ses fondements demeurent solidement ancrés dans le droit naturel, donné par le Créateur. C'est aussi pour cela que l'on ne peut jamais exclure Dieu de l'horizon de l'homme et de l'histoire. Le nom de Dieu est un nom de justice ; il représente un appel pressant à la paix » (n° 8).
c- Sur le dialogue interreligieux :
Le pape rappelle l’engagement de l’Eglise en cette affaire.
Il en profite pour rappeler que ce dialogue ne doit être ni syncrétiste, ni
relativiste, mais « véridique ». Le vrai doit en être le cœur. Il
déclare : « Pour être vrai,
ce dialogue doit être clair, évitant relativisme et syncrétisme, mais animé
d'un respect sincère pour les autres et d'un esprit de réconciliation et de
fraternité. L'Eglise catholique y est profondément engagée ». Sur
ce sujet, il fait une claire allusion à la lettre qu’il a reçu en octobre
dernier des 138 personnalités musulmanes : « il
m'est agréable d'évoquer à nouveau
d- Sur la dignité de la personne humaine.
Le pape rappelle ce grand principe qui est au cœur des grandes
préoccupations de l’Eglise en matière sociales et politiques. Il rappelle
que cette dignité est basée sur le fait que l’homme a été créé « à
l’image de Dieu ». Ce rappel est important (car ce n’est pas le sens
que le politique donne généralement à cette expression, ni celle de
e- Sur la famille
Par contre il se prononce très fort en faveur de la famille, « cellule de base de la société » : « Je regrette une fois encore les atteintes préoccupantes à l'intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme. Les responsables de la politique, de quelque bord qu'ils soient, devraient défendre cette institution fondamentale, cellule de base de la société. »(n° 12)
f- Il termine ces
considérations par la liberté religieuse.
Là, on retrouve malheureusement la notion de « liberté religieuse » telle
que définit au Concile Vatican II : « Même la liberté religieuse, « exigence inaliénable de la dignité de
tout homme et pierre angulaire dans l'édifice des droits humains » (Message
pour
g- Sur la notion de paix : je trouve son allusion à la paix en son chapitre 12, trop « mercantile », pas assez surnaturelle.
B- Voici maintenant le texte intégral du
discours du Saint Père
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
1. Je salue cordialement votre doyen, l'Ambassadeur Giovanni
Galassi, et je le remercie pour les aimables paroles qu'il m'a adressées au nom
du Corps diplomatique accrédité. A chacun de vous va un salut déférent, en
particulier à ceux qui participent pour la première fois à cette rencontre. A
travers vous, j'exprime mes vœux fervents aux peuples et aux gouvernements que
vous représentez avec dignité et compétence. Un deuil a frappé votre
communauté, il y a quelques semaines : l'Ambassadeur de France, Monsieur
Bernard Kessedjian, a terminé son pèlerinage terrestre ; que le Seigneur
l'accueille dans sa paix ! J'ai également aujourd'hui une pensée spéciale pour
les nations qui n'entretiennent pas encore de relations diplomatiques avec le
Saint-Siège : elles ont aussi une place dans le cœur du Pape. L'Eglise est
profondément convaincue que l'humanité constitue une famille, comme j'ai voulu
le souligner dans le Message pour la célébration de
2. Dans un esprit de famille, ont été établies les relations
diplomatiques avec les Emirats arabes unis et se sont déroulées les visites à
des pays qui me sont très chers. L'accueil chaleureux des Brésiliens est encore
vibrant dans mon cœur ! Dans ce pays, j'ai eu la joie de rencontrer les
représentants de la grande famille de l'Eglise en Amérique Latine et dans les
Caraïbes, réunis à Aparecida pour
3. Ma pensée et ma prière se sont dirigées surtout vers les populations frappées par d'épouvantables catastrophes naturelles. Je pense aux ouragans et aux inondations qui ont dévasté certaines régions du Mexique et de l'Amérique centrale, ainsi que des pays d'Afrique et d'Asie, en particulier le Bangladesh, et une partie de l'Océanie ; il faut mentionner aussi les grands incendies. Le Cardinal Secrétaire d'Etat, qui s'est rendu au Pérou fin août, m'a rapporté un témoignage direct des destructions et de la désolation provoquées par le terrible tremblement de terre, mais aussi du courage et de la foi des populations touchées. Face à des événements tragiques de ce genre, il faut un engagement commun et fort. Comme je l'ai écrit dans l'Encyclique sur l'espérance, « la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société » (Encyclique "Spe Salvi", n. 38).
4. La préoccupation de la communauté internationale continue
à être vive pour le Moyen-Orient. Je suis heureux que
5. Élargissant notre regard à tout le continent asiatique, je voudrais attirer votre attention sur quelques autres situations de crise. Sur le Pakistan, en premier lieu, qui a été durement frappé par la violence durant les derniers mois. Je souhaite que toutes les forces politiques et sociales s'engagent dans la construction d'une société pacifique, qui respecte les droits de tous. En Afghanistan, à la violence s'ajoutent d'autres graves problèmes sociaux, comme la production de drogue; il est nécessaire d'offrir davantage de soutien aux efforts de développement et d'œuvrer encore plus intensément pour bâtir un avenir serein. Au Sri Lanka, il n'est plus possible de renvoyer à plus tard les efforts décisifs pour remédier aux immenses souffrances causées par le conflit en cours. Et je demande au Seigneur qu'au Myanmar, avec le soutien de la communauté internationale, s'ouvre une saison de dialogue entre le gouvernement et l'opposition, assurant un vrai respect de tous les droits de l'homme et des libertés fondamentales.
6. Me tournant maintenant vers l'Afrique, je voudrais en
premier lieu redire ma profonde souffrance, en constatant combien l'espérance
semble presque vaincue par le sinistre cortège de faim et de mort qui se
poursuit au Darfour. Je souhaite de tout cœur que l'opération conjointe des
Nations unies et de l'Union africaine, dont la mission vient juste de
commencer, porte aide et réconfort aux populations éprouvées. Le processus de
paix dans
7. Terminant par l'Europe, je me réjouis des progrès accomplis dans différents pays de la région des Balkans et j'exprime encore une fois le souhait que le statut définitif du Kosovo prenne en compte les légitimes revendications des parties en présence et qu’il garantisse sécurité et respect de leurs droits à tous ceux qui habitent cette terre, afin que s'éloigne définitivement le spectre des confrontations violentes et que soit renforcée la stabilité européenne. Je voudrais citer également Chypre, me rappelant avec joie la visite de Sa Béatitude l'Archevêque Chrysostomos, au mois de juin dernier. J'exprime le souhait que, dans le contexte de l'Union européenne, on n'épargne aucun effort pour trouver une solution à une crise qui dure depuis trop longtemps. J'ai accompli, au mois de septembre dernier, une visite en Autriche, qui a voulu aussi souligner la contribution essentielle que l'Eglise catholique peut et veut donner à l'unification de l'Europe. Et, à propos de l'Europe, je voudrais vous assurer que je suis attentivement la période qui s'ouvre avec la signature du « Traité de Lisbonne ». Cette étape relance le processus de construction de la « maison Europe », qui « sera pour tous un lieu agréable à habiter seulement si elle est construite sur une solide base culturelle et morale de valeurs communes que nous tirons de notre histoire et de nos traditions » (Rencontre avec les Autorités et le Corps diplomatique, Vienne, 7 septembre 2007) et si elle ne renie pas ses racines chrétiennes.
8. De ce rapide tour d'horizon, il apparaît clairement que la sécurité et la stabilité du monde demeurent fragiles. Les facteurs de préoccupation sont divers ; ils témoignent tous cependant que la liberté humaine n'est pas absolue, mais qu'il s'agit d'un bien partagé, dont la responsabilité incombe à tous. En conséquence, l'ordre et le droit en sont des éléments qui la garantissent. Mais le droit ne peut être une force de paix efficace que si ses fondements demeurent solidement ancrés dans le droit naturel, donné par le Créateur. C'est aussi pour cela que l'on ne peut jamais exclure Dieu de l'horizon de l'homme et de l'histoire. Le nom de Dieu est un nom de justice ; il représente un appel pressant à la paix.
9. Cette prise de conscience pourrait aider, entre autres, à
orienter les initiatives de dialogue
interculturel et inter-religieux. Ces initiatives sont toujours plus
nombreuses et elles peuvent stimuler la collaboration sur des thèmes d'intérêt
mutuel, comme la dignité de la personne humaine, la recherche du bien commun,
la construction de la paix et le développement. A cet égard, le Saint-Siège a
voulu donner un relief particulier à sa participation au dialogue de haut
niveau sur la compréhension entre les religions et les cultures et la
coopération pour la paix, dans le cadre de la soixante-deuxième Assemblée
générale des Nations unies (4-5 octobre 2007). Pour être vrai, ce dialogue doit
être clair, évitant relativisme et syncrétisme, mais animé d'un respect sincère
pour les autres et d'un esprit de réconciliation et de fraternité. L'Eglise
catholique y est profondément engagée et il m'est agréable d'évoquer à nouveau
10. Notre société a justement enchâssé la grandeur et la dignité de la personne humaine dans diverses
déclarations des droits, qui ont été formulées à partir de
11. Le Saint-Siège,
pour sa part, ne se lassera pas de réaffirmer ces principes et ces droits
fondés sur ce qui est permanent et essentiel à la personne humaine. C'est un service que l'Eglise désire rendre
à la véritable dignité de l'homme, créé à l'image de Dieu. Et partant
précisément de ces considérations, je ne peux pas ne pas déplorer une fois
encore les attaques continuelles
perpétrées, sur tous les continents, contre la vie humaine. Je voudrais
rappeler, avec tant de chercheurs et de scientifiques, que les nouvelles
frontières de la bioéthique n'imposent pas un choix entre la science et la
morale, mais qu'elles exigent plutôt un usage moral de la science. D'autre part, rappelant l'appel du Pape
Jean-Paul II à l'occasion du grand Jubilé de l'An 2000, je me réjouis que, le
18 décembre dernier, l'Assemblée générale des Nations unies ait adopté une
résolution appelant les Etats à instituer un moratoire sur l'application de la
peine de mort et je souhaite que cette initiative stimule le débat public sur
le caractère sacré de la vie humaine. Je regrette une fois encore les
atteintes préoccupantes à l'intégrité de la famille, fondée sur le mariage
entre un homme et une femme. Les responsables de la politique, de quelque bord
qu'ils soient, devraient défendre cette institution fondamentale, cellule de
base de la société. Que dire encore ! Même la liberté religieuse, « exigence
inaliénable de la dignité de tout homme et pierre angulaire dans l'édifice des
droits humains » (Message pour
12. La paix ne peut pas n'être qu'un simple mot ou une aspiration illusoire. La paix est un engagement et un mode de vie qui exigent que l'on satisfasse les attentes légitimes de tous comme l'accès à la nourriture, à l'eau et à l'énergie, à la médecine et à la technologie, ou bien le contrôle des changements climatiques. C'est seulement ainsi que l'on peut construire l'avenir de l'humanité ; c'est seulement ainsi que l'on favorise le développement intégral pour aujourd'hui et pour demain. Forgeant une expression particulièrement heureuse, le Pape Paul VI soulignait il y a quarante ans, dans l'Encyclique Populorum Progressio, que « le développement est le nouveau nom de la paix ». C'est pourquoi, pour consolider la paix, il faut que les résultats macroéconomiques positifs obtenus par de nombreux pays en voie de développement en 2007 soient soutenus par des politiques sociales efficaces et par la mise en œuvre des engagements d'assistance des pays riches.
13. Enfin, je voudrais exhorter la communauté internationale à un engagement global en faveur de la sécurité. Un effort conjoint de la part des Etats pour appliquer toutes les obligations souscrites et pour empêcher l'accès des terroristes aux armes de destruction massive renforcerait sans aucun doute le régime de non-prolifération nucléaire et le rendrait plus efficace. Je salue l'accord conclu pour le démantèlement du programme d'armement nucléaire en Corée du Nord et j'encourage l'adoption de mesures appropriées pour la réduction des armements de type classique et pour affronter le problème humanitaire posé par les armes à sous-munitions.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
14. La diplomatie est, d'une certaine façon, l'art de
l'espérance. Elle vit de l'espérance et cherche à en discerner même les signes
les plus ténus. La diplomatie doit donner de l'espérance. La célébration de
Noël vient chaque année nous rappeler que, quand Dieu s'est fait petit enfant,
l'Espérance est venue habiter dans le monde, dans le cœur de la famille
humaine. Cette certitude devient aujourd'hui prière : que Dieu ouvre le cœur de
ceux qui gouvernent la famille des peuples à l'Espérance qui ne déçoit jamais !
Animé par ces sentiments, j'adresse à chacun de vous mes vœux les meilleurs,
afin que vous-même, vos collaborateurs et les peuples que vous représentez
soient illuminés de
Sources: www.vatican.va