L'AMICT

n°1 sur le schéma

Amict viendrait du mot latin amicire signifiant " envelopper ", " entourer ", amicire étant une déformation de ad jacere qui signifie " appliquer sur ".

L'amict est une pièce de toile de lin ou de chanvre, rectangulaire, de 80 à 90 cm de longueur et de 60 à 70 cm de largeur, pourvue de longs rubans aux deux extrémités de l'un de ses grands côtés, et ornée en son milieu d'une croix apparente.

Au lieu de le porter sous l'aube comme aujourd'hui, on le portait autrefois dessus : ainsi s'explique le terme même de amictus, qui se disait des vêtements de dessus dont on s'enveloppait et se drapait, comme la toge et toutes les espèces de manteaux.

Ainsi s'explique aussi que l'amict soit porté, en certains cas, sur le rochet ou le surplis.

En le mettant, on le pose d'abord sur la tête un instant puis on le fait glisser de la tête sur les épaules, et l'on recouvre le col de la soutane de son bord ; après quoi on le maintient en liant les deux cordons autour du corps.

Les religieux qui portent un capuchon à leur costume usuel portent l'amict sur celui-ci dont il épouse la forme, et qu'ils rabattent ainsi couvert sur l'ornement de dessus.

A Rome, l'usage de l'amict capuchon était en désuétude pour le clergé séculier dès le XVe siècle. En France, il se conserva en de nombreuses églises jusqu'en 1789. Primitivement, et en certains lieux, le prêtre plaçait l'amict sur la tête et le gardait ainsi jusqu'au commencement de la messe, et parfois jusqu'à la secrète.

L'usage en est prescrit depuis le VIIIe siècle ; au XIe siècle et depuis au moins Innocent III, l'amict est porté sous l'aube. Depuis le XIIIe siècle, l'imposition de l'amict est incorporée au rite de l'ordination du sous-diacre.

Pour certains, ce ne serait ni une imitation de l'ephod du grand-prêtre juif comme l'a pensé Raban Maur, ni même une coiffure quant à son origine, mais il dérive du linge appelé amictus ou encore, focale ou palliolum, que les Anciens portaient sous la poenula ou la dalmatique, sur le cou et sur les épaules, pour se garder du froid et de la sueur. Le terme amictus, qui a prévalu, est signalé pour la première fois au commencement du IXe siècle, dans la liste des dons faits par Angilbert à l'abbaye de Saint-Riquier.

Cependant Cassien, décrivant les vêtements des moines d'Égypte, signale qu'ils portent l'anagolagium, pièce d'étoffe de forme oblongue, plus large au centre que vers les extrémités, imposée sur la tête, enveloppant le

cou et les épaules, passée sous les aisselles et reliée devant la poitrine en forme de croix. Saint Jérôme précise qu'elle est en lin. Primitivement, ce scapulaire couvrait la poitrine et était muni de cordons de manière à serrer sur celle-ci la tunique plus ou moins flottante qui embarrassait les mouvements pour le travail manuel. Peut-être est-ce cet anagolagium qui est passé dans la liturgie pour rendre plus aisés les mouvements du prêtre ? Ce qui expliquerait les particularités des rubriques concernant l'amict. En effet, à Rome, on revêtait autrefois l'amict après l'aube et le cordon, et c'est encore la pratique dans les rits lyonnais et milanais. Même aujourd'hui, dans le rit romain, selon le cérémonial des évêques, le prêtre assistant et les diacres d'honneur revêtent l'amict sur le rochet.

Le symbolisme de l'amict est double. Le pontifical insiste sur la prudence et la réserve dans les paroles, le missel joue sur le symbolisme du casque protecteur.

L'évêque, assis, met sur la tête du sous-diacre l'amict qu'il porte déjà autour du cou, en disant :

" Recevez l'amict, signe de correction dans les paroles.

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. "

Le sous-diacre, en effet, à mesure qu'il se rapproche du sacerdoce, doit se dépouiller du vieil homme et revêtir l'homme nouveau dont le langage lui-même doit être nouveau selon la parole de l'apôtre: " quand j'étais enfant, je parlais comme un enfant, [...] mais lorsque je suis devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant " (1 Co 13, 11). Ce langage nouveau est celui qui lui est confié le même jour: la récitation du saint office ou bréviaire, dont la méditation doit peu à peu le transformer et être un rempart pour sa chasteté.

On serre l'amict autour du cou, comme un frein, une correction de la parole, " nous nous couvrons entièrement le cou, dit Amalaire, parce que le cou est là où réside l'organe de la voix ". On enserre le cou afin que le mensonge ne puisse plus parvenir à la langue. C'est ce qui était demandé jadis en revêtant l'amict, selon un ancien missel de Cambrai :

" Réprimez, Seigneur, et conduisez ma voix ; afin que je ne pèche point par ma langue,

et que je puisse mériter de ne prononcer que ce qui vous est agréable ".

La signification qu'en donne le missel est différente, comme l'exprime la prière récitée par le prêtre à la sacristie en revêtant l'amict :

" Placez, Seigneur, sur ma tête le casque du salut,

afin que je puisse repousser les attaques diaboliques ".

L'évêque, quant à lui, récite la prière suivante, lorsqu'il célèbre pontificalement :

" Mettez, Seigneur, sur ma tête le casque du salut, pour vaincre toutes les ruses du diable,

en triomphant des artifices de tous les ennemis. "

Nul doute que cette signification ne fasse référence à saint Paul nous exhortant à revêtir le casque du salut (Ep 6, 17), c'est-à-dire l'espérance vive qui détourne toutes les pensées de la terre et les élève vers le Ciel. Saint Paul lui-même emprunte la figure de l'armure du chrétien au prophète Isaïe (59, 17) nous annonçant de Notre-Seigneur qu'il " s'est armé de sa justice comme d'une cuirasse, et il a mis sur sa tête le casque du salut ".

Avant de poser l'amict sur sa tête, le prêtre baise la croix qui est au centre de l'amict à cause, peut-être, de cette formule que l'on disait en même temps en certains lieux :

" Seigneur, mettez une garde à ma bouche, et à mes lèvres une porte qui en défende l'entrée " (Ps 140, 3).

On le pose sur la tête à la manière d'un capuchon, de peur que, regardant librement tout autour de lui, le prêtre ne soit distrait de l'action devant s'accomplir. La tête est aussi appelée chef et notre chef est le Christ selon ce que dit saint Jean : " L'ange de Dieu descendit du ciel couvert (amictum) d'une nuée " (Ap 10, 1), la nuée n'étant autre que l'humanité cachant la divinité.

L'amict représente aussi le voile dont les Juifs couvrirent la face du Christ en lui disant: " Christ, prophétise-nous quel est celui qui t'a frappé " (Mt 26, 68).

Il signifie encore la chasteté du corps et de l'esprit. Castitas (chasteté) et castigare (corriger, réprimer) sont deux mots de la même famille. A l'aide des cordons, on le serre sur les reins, parce que c'est là principalement que la luxure exerce sa domination.

Il désigne aussi la force nécessaire pour travailler, car les épaules sont faites pour supporter la fatigue.

Les deux cordons qui servent à lier l'amict sur la poitrine signifient l'intention et la fin avec lesquelles on doit entreprendre une œuvre pour qu'elle s'exécute non avec le " levain de la malice et de la méchanceté " mais avec les " azymes de la sincérité et de la vérité " (1 Co 5, 8).

Enfin, relevons la formule qui se disait à Toul :

" Seigneur, ombragez ma tête avec le feuillage de la sainte foi,

et repoussez loin de moi les nuages de l'ignorance ".