L'AUBE

n°2 sur le schéma

L'aube tire son nom de sa blancheur. Comme elle est en lin, elle s'appelait autrefois linea. A partir du XIIe siècle, elle est dénommée alba, qui signifie " blanc ".

Il semblerait que l'on puisse voir en l'aube la survivance de la longue tunique romaine, la linea antique devenue le vêtement commun aux hommes et aux femmes jusqu'au VIe siècle, et qui couvrait tout le corps jusqu'aux talons, alors qu'auparavant elle ne descendait qu'aux genoux. Les prêtres et les membres du clergé ont conservé cette tunique longue, même lorsque la mode revint aux vêtements courts et lorsque s'imposa l'habillement des barbares.

Anciennement, elle était ornée de deux bandes pourpres ou de couleur sombre de face ou de dos et qui descendaient jusqu'en bas. Vers le XVIe siècle, l'art de la dentelle apparut et fut employé à l'ornementation de l'aube. " Malheureusement, au XVIIIe siècle et surtout au XIXe, les dentelles n'ont que trop souvent réduit les aubes à n'être plus que des casaquins disgracieux où l'ornement l'emporte sur l'essentiel ", nous dit l'abbé Aigrain.

Aujourd'hui, seuls les ministres sacrés portent l'aube (sous-diacre, diacre, prêtre et évêque).

Il n'y a pas de vêture spéciale de l'aube lors d'une ordination, comme pour la plupart des autres vêtements sacrés. L'imposition du surplis, lors de la tonsure, en tient lieu. L'évêque, imposant le surplis au nouveau tonsuré, lui dit :

" Que le Seigneur vous revête de l'homme nouveau créé à l'image de Dieu dans la justice et la sainteté véritables. "

Le prêtre, revêtant l'aube à la sacristie, dit la prière suivante :

" Sanctifiez, Seigneur, et purifiez mon cœur; afin que blanchi dans le sang de l'Agneau, je jouisse pleinement des joies éternelles. "

L'évêque utilise une légère variante :

" Blanchissez-moi, seigneur, et de ma faute purifiez-moi, afin qu'en compagnie de ceux qui ont blanchi leur robe dans le sang de l'Agneau, je jouisse pleinement des joies éternelles. "

L'aube symbolise donc la pureté sans tache dont l'âme du prêtre doit être revêtue pour pénétrer dans le Saint des saints.

Elle est le vêtement blanc dont sont parés les anges, et dont les élus doivent aussi être revêtus. " Alors un des vieillards, prenant la parole me dit : "Ceux que tu vois revêtus de ces robes blanches qui sont-ils ? et d'où sont-ils venus ? [...] Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation ; ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau" " (Ap 7, 13-14). Robe nuptiale, elle est imposée pour la première fois lors du baptême :

" Recevez cette robe blanche et portez-la sans tache jusqu'au tribunal de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour avoir la vie éternelle. "

Autrefois, en maintes régions, les mariées offraient leur robe de mariage pour qu'elle soit transformée en aube, manifestant par là le lien unissant le sacrement de mariage et celui de l'autel.

L'aube symbolise encore le vêtement de lumière que portaient nos premiers parents avant le péché originel et le vêtement de gloire entraperçu par les apôtres lors de la Transfiguration.

Sa matière est le bysse ou lin d'Égypte, dont la blancheur est obtenue avec art: il faut le battre et le peigner. De même, l'homme retrouve ou conserve la pureté par l'ascèse de la pénitence et la pratique des bonnes œuvres. La grâce seule donne à la nature la pureté qu'elle n'a plus.

L'aube était, dit-on, étroite et resserrée dans l'ancien Testament, elle est ample dans l'économie de la nouvelle et éternelle Alliance, car l'esprit d'adoption et de vérité libère de la crainte et de l'esclavage.

Symbole de pureté et d'innocence, elle est aussi la robe blanche des fous, des " innocents ", dont Hérode, par dérision, affubla Notre-Seigneur.