« En l’honneur
de la Messe »
Cette semaine, je commencerai « cette paroisse
», non pas d’abord par l’homélie du dimanche,
mais par la publication de cette déclaration que j’intitule
: « La « Messe »
« Déclaration d’honneur. Ou profession de foi
»
« Attitude pratique ».
Pour les nombreux et nouveaux
fidèles de la « paroisse virtuelle Saint Michel »,
je pense qu’il n’est pas inutile que je précise
ma pensée sur la sainte Messe catholique, romaine, dite
de Saint Pie V. J’aime cette messe, j’aime son ordre.
Dans sa célébration, j’y ai trouvé
ma joie de prêtre. Je trouve encore, 33 ans après
mon ordination, toujours même joie à la célébrer.
Les prières de l’Offertoire ainsi que celles du Canon
Romain me ravissent l’intelligence et nourrissent ma piété.
Cette messe catholique et romaine me tient dans le droit chemin.
Je la veux garder. Rome m’en reconnaît aujourd’hui
le droit légitime. Que craindrais-je ? Elle me garde. Elle
m’a gardé. Je la garde. C’est raisonnable.
C’est aussi une affaire de piété filiale.
Je ne n’oublie pas que je l’ai reçue des mains
de Mgr Lefebvre. Voilà, c’est clair. Cela devrait
suffire.
Mais pour que ceux qui sont aux aguets, sans avoir pour autant
bon esprit - ils sont légions - et qui attendent le moindre
faux pas pour renouveler, dans la charité, bien sur, (
!) leur condamnation comme ils le firent si facilement, mais à
tort, pour Dom Rifan, évêque de l’Administration
Apostolique Saint Jean Marie Vianney, au Brésil, je leur
propose ce texte intitulé : « La Messe ».
En redonnant à l’Eglise
la libre célébration de la messe catholique dite
de Saint Pie V, selon le rite consacré par tant de siècles
d’usage, vous lui redonnerez - à l’Eglise –
toute sa beauté, sa force, son élan missionnaire,
toute sa vie.
C’est la conviction profonde de toute la Tradition Catholique.
C’est la Tradition. C’est la foi catholique.
En effet la Messe catholique, -vraiment catholique – est
le tout de l’Eglise comme le sacrifice rédempteur
fut le tout de Notre Seigneur Jésus-Christ, la raison de
sa venue, son « œuvre », comme il est le tout
de l’Ancien Testament en tant que le préfigurant,
l’annonçant.
Le Saint Sacrifice rédempteur
du Christ Seigneur accomplit celui qui fut annoncé, symbolisé,
préparé par tous les sacrifices de l’Ancien
Testament. Tout l’Ancien Testament est orienté vers
la venue du Messie. Tout l’Ancien Testament n’a de
sens que dans sa relation au Messie Sauveur et à l’acte
théandrique qu’Il devait, un jour, poser au sommet
du Calvaire. Il est déjà annoncé, sa finalité
est déjà expliquée, dans le Protévangile
: « Et je mettrai une inimitié entre Toi et la femme,
entre ta postérité et sa postérité
; celle-ci te meurtrira à la tête et tu la meurtriras
au talon » (Gen 3 15)
En cet acte sacrificiel, appelé
théandrique, parce que divin et humain, le Christ Jésus
rendait à Dieu son Père « tout honneur et
toute gloire », reconnaissait son domaine souverain et plénier
sur toute chose et tout être, et confessait sa parfaite
soumission. Il réparait ainsi, de cette façon, dans
le sacrifice de sa chair sacrée, l’insubordination
et la volonté d’indépendance manifestées
par Adam et Eve dans la manducation de la pomme : « Tu ne
mangeras pas du fruit de cet arbre ».
En cet acte sacrificiel, le Souverain
Seigneur accomplissait et réalisait le plan salvifique
de Dieu prévu de toute éternité – et
déjà contenu mais non explicité dans l’Ancien
Testament.
C’est là l’essentiel
de la foi. C’est le formel de notre Credo : le mystère
de notre foi que Saint Paul explique aux Ephésiens, dans
un langage mystérieux mais précis, dans un style
enflammé… Et pour cause.
« Béni soit Dieu,
le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ… C’est
en Lui qu’Il nous a choisis dès avant la création
du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles
devant Lui, nous ayant, dans son amour, prédestinés
à être ses fils adoptifs par Jésus-Christ,
selon sa libre volonté, en faisant ainsi éclater
la gloire de sa grâce par laquelle Il nous a rendus agréables
à ses yeux en son Fils bien aimé. C’est en
Lui que nous avons le Rédemption acquise par son sang,
la rémission des péchés, selon la richesse
de sa grâce, que Dieu a répandue abondamment sur
nous, en toute sagesse et intelligence, en nous faisant connaître
le mystère de sa volonté selon le libre dessein
que s’était proposé sa bonté pour la
réaliser lorsque la plénitude des temps serait accomplie,
à savoir, de réunir toutes choses en Jésus-Christ,
celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre.
C’est ainsi en Lui que nous avons été élus,
ayant été prédestinés suivant la résolution
de Celui qui opère toutes choses d’après le
conseil de sa volonté, pour que nous servions à
la louange de sa gloire, nous qui, d’avance, avons espéré
dans le Christ… »
Que c’est beau !
Que c’est grandiose !
C’est divin.
Supprimé le Messie, le
Christ, l’Emmanuel, vous enlevez toute raison d’être
à l’Ancien Testament. Il n’a plus de sens.
Vous ne pouvez en comprendre la moindre ligne. Il devient hermétique,
une série d’histoires, de narrations, de prières
sans raison, inexplicable sinon dans sa matérialité,
dans son historicité. Mais remettez le Christ au cœur
de l’Ancien Testament, tout devient lumineux, tout devient
sublime. Vous comprenez alors le sens des phrases, le sens de
ces histoires, de ces sacrifices, celui d’Isaac par Abraham
son Père, préfiguration de celui de Notre Seigneur.
Le cours du temps devient limpide. La « sagesse »
de Dieu devient explicite, admirable, adorable. Elle se comprend.
Elle exprime tout à la fois, même dans l’Ancien
Testament, sa justice et sa miséricorde, en tout cas sa
bienveillance bienfaisante.
Il en est de même pour la
Messe catholique. Enlevez à l’Eglise ce trésor,
faites de la Messe catholique un simple mémorial du sacrifice,
une simple « narratio institutionis eucharistiae »,
une simple histoire remémorant le passé, un jour,
vous détruisez toute l’Eglise, sa raison d’être,
sa finalité, son intelligibilité, son institution,
l’institution elle-même, sa hiérarchie, son
souverain pontificat.
Par contre, redonnez-lui ce Sacrifice,
vous redonnez vie à l’Eglise. Elle reprend couleur,
force, élan. La Messe catholique est à l’Eglise
ce que le sang est à la vie. Enlevez le sang du corps,
vous avez en peu de temps un être pâle, exsangue,
inerte. Redonnez lui le sang, il reprend vie. De livide, de froid
qu’il était, le revoilà chaud et vif.
S’il en est ainsi de la
Messe – et il en est ainsi – vous comprenez alors
notre attachement à la Sainte Messe dite de Saint Pie V
et notre désir de comprendre toujours mieux ce mystère
et d’en vivre !
Comment penser et agir autrement ?
Je me souviens d’une conversation
que j’ai eu – un jour- avec Mgr Lefebvre. Nous étions
en l’année universitaire 1970-1971, peut être
au printemps, je n’ai plus en mémoire la date exacte.
Nous allions de Fribourg à Ecône. Je le conduisais
dans ma modeste 2 CV. Il me parlait de la nouvelle attitude du
RP Marie Dominique Philippe au sujet de la messe, de la réforme
liturgique.
Dieu sait si ce dernier s’était engagé dans
la fondation du séminaire à Fribourg. Je le revois
encore dans la bibliothèque privée du professeur
Faÿ, dans son appartement à Fribourg, rue du Vieux
Fribourg. Ils étaient cinq autour de la petite table de
la bibliothèque. De la belle fenêtre, un peu moyenâgeuse,
nous avions une belle vue sur la Sarine, la rivière qui
longe la ville et égaye la campagne. Autour de la table,
je revois le professeur, à gauche, Mgr Lefebvre, en face,
le Père abbé d’Hauterives, le révérend
Père Marie Dominique, devant lui. Un peu en retrait, votre
serviteur et Monsieur l’abbé Piquet, un ami du séminaire
français à Santa Chiara, que Monseigneur Lefebvre
protégeait. C’était en juin 1969. Mgr Lefebvre
exposait la situation de l’Eglise, du sacerdoce, la ruine
de toute saine formation. Les deux religieux l’encourageaient
à faire quelque chose, une fondation. Le révérend
Père Marie Dominique, très vibrant était
admiratif, enthousiasmé. Il promettait ses services, son
soutien. Le Père Abbé l’assurait de son accueil
en son abbaye. Le révérend Père Marie Dominique
était particulièrement insistant.
Ainsi encouragé, Mgr Lefebvre décide de rendre visite
à Mgr Charrière et à lui demander l’autorisation
de faire en son diocèse, une fondation. Ils se séparèrent.
Le RP Marie Dominique, je vois encore la scène comme si
c’était hier, salue Mgr Lefebvre avec une affection,
une estime, une émotion remarquable. Il se mit promptement
à genou, du coude heurta la petite table, se raidit dans
sa douleur et embrassa l’anneau épiscopal, voulant
montrer ainsi son adhésion, déjà son action
de grâces à une telle décision héroïque.
Le temps passa. Il tint parole un instant puis finit par douter
de l’œuvre, de sa réussite ; à petit
pas, se retira, discrètement. Cette discrétion est
à son honneur. D’autres, en d’autres temps
n’ont pas su l’imiter…
La nouvelle messe fut promulguée, la prise de position
de Mgr Lefebvre fut connue, rendue publique avant même le
2 juin 1971… Nous ne vîmes plus le bon Père…Et
Mgr Lefebvre qui aimait les personnes, qui était fidèle
en amitié, se lamentait –non – souffrait et
se plaignait de la nouvelle attitude du R P Marie Dominique :
« Il ne comprend pas. Ils ne comprennent pas l’importance
de la messe. Elle est essentielle à l’Eglise. J’entends
encore le ton de sa voix. Vous imaginez si cette phrase est restée
dans mon cœur.
Oui, elle est essentielle à
l’Eglise.
Redonnez la Messe à l’Eglise,
vous lui redonnez son âme, sa vie.
Redonnez la Messe à l’Eglise, vous lui redonnez sa
doctrine. Vous verrez alors de nouveau : « s’étendre
le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ en ce monde
» (lettre de Mgr Lefebvre à Paul VI, le 17 juillet
1976).
Et ce sera aussi la restauration du Droit Public de l’Eglise.
Mais le Modernisme n’en veut pas. Il est contre.
Redonnez la Messe à l’Eglise
et vous verrez refleurir les certitudes de la Foi. Les affirmations
claires de nos dogmes catholiques sonneront, de nouveau, dans
les poitrines des fidèles catholiques : « Tu solus
Sanctus, tu solus Dominus, tu solus altissimus Jésu Christe
».
Redonnez la Messe à l’Eglise
et ce sera la fin de cet œcuménisme-là, celui
pratiqué depuis Vatican II et qui est la raison de toutes
les réformes de l’Eglise touchant son dogme, sa structure
et particulièrement sa liturgie. Comme le reconnaissait
Henri Fesquet dans son « journal du Concile : « la
portée œcuménique de la réforme liturgique
est évidente » (Cité par l’abbé
Celier : dimensions œcuméniques de la reforme liturgique).
Redonnez la Messe à l’Eglise,
et vous verrez le sacerdoce catholique restauré et renaître
de ses cendres, et les jeunes hommes nombreux monteront, dans
cette liberté retrouvée et affirmée, à
l’autel célébrer l’acte sublime du sacrifice
du Christ. Mais c’est ce que ne veut pas le modernisme qui
pousse au sacerdoce universel des fidèles, de tout baptisé.
Redonnez vie à la Messe
catholique,
et vous verrez refleurir « le règne de Notre Seigneur
Jésus-Christ sur les personnes, sur les familles et sur
les sociétés civiles (Lettre de Mgr Lefebvre à
Paul VI le 17 juillet 1976)
Redonnez la liberté à
la Messe catholique
et vous rendez –ipso facto- leurs justes conceptions aux
idées falsifiées devenues les idoles de l’homme
moderne : la liberté, l’égalité, la
fraternité, la démocratie. Pourquoi ? Parce que
la messe est hiérarchique. Parce que la messe est le mode
sublime de l’adoration que tout cœur humain doit à
Dieu.
Dom Guillou l’exprime merveilleusement
dans son introduction du « livre de la Messe » : «
la crise actuelle de la messe, conséquence et cause, à
la fois, de la crise générale, est l’occasion
de rétablir les bases de l’authentique civilisation
catholique,de remettre de l’ordre dans les esprits et par
la même, dans la société toute entière
».
Nous touchons ici à l’essentiel.
Redonnez sa beauté à la Messe et vous verrez refleurir,
au milieu de la hiérarchie, au milieu du sacerdoce et dans
le corps des fidèles, la sainteté,la hardiesse de
dire non au péché ou de retrouver – au milieu
des tentations et de l’agressivité du démon
– la force du redressement et de la pénitence par
la grâce communiquée.
Redonnez vie à la Messe,
Et vous ne reverrez jamais plus des « hiérarques
» assister aux cérémonies liturgiques, cultuelles
de l’Ancien Testament, aux cérémonies hébraïques.
Oui, la Messe est « l’âme
de l’Eglise ». Ce n’est pas moi qui le dit,
c’est l’Eglise elle-même par la bouche de ses
pasteurs suprêmes. C’est Léon XIII qui le dit
dans « Mirae cantatis ». C’est Pie XI qui l’affirme,
de nouveau, dans « Dum Christum Dominum ».
Oui, la Messe est « le point culminant, le centre, la raison
d’être souveraine du culte divin », le dû
que nous devons à Dieu. (Pie XI, allocution au Consistoire
du 23 mai 1923).
Et « elle est aussi la source et l’aliment de toute
vie surnaturelle ». (Pie XII, Mediator Dei).
Oui, elle est « le grand acte du culte divin » ; (Pie
XII, Discours du 31 mai 1953).
Elle contient « tout le trésor spirituel de l’Eglise
». Elle est enfin « la source pour l’Eglise
et le gage de la gloire céleste ».
Vous comprenez pourquoi nous sommes
attachés à cette messe, pourquoi nous voulons vivre
de cette messe et chercherons toujours à la mieux comprendre.
Aussi, nous lançons un
appel « à scruter le mystère de la messe,
à méditer sa signification, à mesurer son
importance capitale » (p18/19, le livre de la messe. Dom
Guillou). C’est seulement par elle et avec elle que nous
pouvons rendre à Dieu « tout honneur et toute gloire
» et reconnaître le souverain domaine de Dieu sur
toute chose et confesser notre parfaite soumission à sa
Majesté.
Mais vous comprenez tout autant
pourquoi elle est si détestée, si combattue par
l’hérétique et le moderniste. Car l’hérétique
et le moderniste refusent et ce souverain domaine de Dieu sur
toute chose et cette parfaite soumission de son intelligence à
la sagesse divine qui a « tout récapitulé
dans le Christ », dans son sacrifice dans son sang.
Et c’est ainsi que l’on
peut dire que la liberté de la messe dite de Saint Pie
V dans l’Eglise est en proportion de la pureté de
la doctrine librement exprimée par la hiérarchie
catholique.
Elle est totale dans le cœur de Mgr Lefebvre. Il s’en
fait le juste défenseur.
Elle est totale dans le cœur de Mgr de Castro Mayer. Il s’en
fait le juste Héraut ;
Elle est maintenant totale dans le cœur de Mgr Lazo, des
Philippines. Il en redevient son libre apologiste
Qui potest capere capiat ».
Et c’est pourquoi tout effort,
quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, pour
rendre à la Messe catholique dite de saint Pie V sa place
dans l’Eglise, est digne d’intérêt, de
joie et d’attention, de reconnaissance La prudence, bien
sur, s’impose après trente ans d’efforts pour
la faire disparaître.
Et ne pas voir ces efforts et
cette évidente évolution dans l’Eglise aujourd’hui
tient de la cécité.
Et l’on connaît les dangers de suivre un aveugle…
Aussi me suis-je réjoui profondément à la
lecture des conférences du cardinal Stickler publiées
par le CIEL.
Aussi me suis-je réjoui
à la publication des livres récents du cardinal
Ratzinger dans lesquels il prend la défense du rite tridentin
et dans lesquelles il dit que doit cesser ce conflit contre la
« messe tridentine » :
« Pour la formation de la
conscience dans le domaine de la liturgie, il est important aussi
de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu ‘en
1970. Celui qui, à l’heure actuelle, intervient pour
la validité de cette liturgie ou qui la pratique, est traité
comme un lépreux : c’est la fin de toute tolérance.
Elle est telle qu’on n’en a pas connue durant toute
l’histoire de l’Eglise. On méprise par là
tout le passé de l’Eglise. Comment pourrait-on avoir
confiance en elle au présent s’il en est ainsi. J’avoue
aussi que je ne comprends pas pourquoi beaucoup de mes confrères
évêques se soumettent à cette loi d’intolérance
qui s’oppose aux réconciliations nécessaires
dans l’Eglise sans raison valable. » (Card. Ratzinger
Voici quel est notre Dieu. p. 291)
Aussi me suis-je réjoui
profondément quand je me suis aperçu que ce désir
exprimé par la hiérarchie s’intensifiait pour
devenir même une résolution ferme, constante et répétée.
C’est encore le cardinal
Ratzinger qui affirme dans son livre « Le sel de la terre
» :
« Je suis certes d’avis
que l’on devrait accorder beaucoup plus généreusement
à tous ceux qui le souhaitent le droit de conserver l’ancien
rite. On ne voit d’ailleurs pas ce que cela aurait de dangereux
ou d’inacceptable. Une communauté qui déclare
soudain strictement interdit ce qui était jusqu’alors
pour elle tout ce qu’il y avait de plus sacré et
de plus haut, et à qui l’on présente comme
inconvenant le regret qu’elle en a, se met elle-même
en question. Comment la croirait-on encore ? Ne va-t-elle pas
interdire demain ce qu’elle prescrit aujourd’hui ?...Malheureusement
la tolérance envers des fantaisies aventureuses est chez
nous presque illimitée, mais elle est pratiquement inexistante
envers l’ancienne liturgie . On est sûrement ainsi
sur le mauvais chemin. » (le sel de la terre p. 172- 173)
Aussi n’est-il pas étonnant
d’avoir vu, enfin, un cardinal, le Cardinal Catrillon Hoyos
célébrer à Rome, sur un autel papal, à
sainte Marie Majeure, la messe tridentine, le 24 mai 2003. Je
m’en suis réjoui.
Car je voyais en cet acte la confirmation du bon droit pour la
Messe catholique tridentine de retrouver toute sa place et sa
liberté dans l’ Eglise.
Et ne fut-ce l’interdiction
de mon supérieur, j’aurais été en bonne
place en cette basilique pour exprimer ma joie et ma reconnaissance,
ainsi que mon soutien à cette effort vrai de la hiérarchie
catholique , lui proposant main « cordiale », humble
et déférente pour l’aider dans cet effort
de restauration liturgique.
Telles sont mes résolutions
clairement exprimées.
Homélie pour le
deuxième dimanche de Carême
C’est sur l’Evangile selon Saint Mathieu au chapitre
17 , versets 1 à 9 que l’Eglise attire aujourd’hui
notre attention., ce dimanche C’est le magnifique récit
de la Tranfiguration
« En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère,
et il les emmena à l’écart sur une haute montagne.
Et il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit
comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme neige.
Et voici que leur apparurent Moïse et Elie, qui s’entretenaient
avec lui. Pierre alors, prenant la parole, dit à Jésus
: « Seigneur quel bonheur pour nous d’être ici
!Si vous le voulez, faisons ici trois tentes, une pour vous, une
pour Moïse et une pour Elie. Il parlait encore qu’une
nuée lumineuse les prit sous son ombre ; et voici que,
de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon
Fils bien aimé, en qui j’ai mis ma complaisance,
écoutez-le. » En entendant cela, les disciples tombèrent
la face contre terre et ils furent pris d’un grand effroi.
Alors Jésus s’approcha et dit : « Relevez-vous,
ne vous effrayez pas. » Et levant les yeux, ils ne virent
plus personne, que Jésus seul. En descendant de la montagne,
Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez à
personne de cette vision avant que le Fils de l’homme ressuscite
d’entre les morts. »
Nous voilà en marche vers
la Grande Semaine Sainte, la Semaine Pascale, la semaine de la
Passion et de la Résurrection de NSJC, la grande semaine
de notre Rédemption, accomplie par la Croix de Notre Seigneur
adorable, le « Bien Aimé » du Père,
notre « Bien Aimé », s’il est possible,
ici, de le murmurer.
L’Eglise veut maintenant
préparer notre intelligence à ce mystère
de la Croix où éclate, comme un tonnerre, où
brille comme un éclair du Ciel, la grande charité
de NSJC pour chacun d’entre nous.
L’Eglise veut nous préparer
à bien entrer dans ce mystère de la Charité
de l’amour de Dieu.
Et voilà pourquoi elle choisit le récit de la Transfiguration
de NSJC en la montagne appelée « Thabor ».
Mais quel lien peut-il y avoir
entre la Transfiguration et la Croix du Christ ? Je vous le demande
un peu !
Oui ! Quel lien entre la Transfiguration et la Croix de NSJC ?
Là, au Thabor, d’après
le récit de Saint Mathieu et de Saint Luc, éclate
la divinité de NSJC. Elle est manifeste et par le miracle
lui-même et par la voix du Père qui se fait entendre
de tous : « Voici mon Fils Bien aimé en qui je me
complais, écoutez-le. »
Il nous est dit également
que NSJC prit avec Lui « Pierre, Jacques et Jean son frère.
», ceux là même qui assisteront à l’agonie
de NSJC dans le jardin des « « Oliviers ». Ce
n’est pas pour rien. Il les conduisit à l’écart
des autres – sur une haute montagne : le Thabor. Et là,
devant eux, il fut transfiguré. Sa divinité se fit
visible : « Son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements
deviennent blancs comme la neige ». Et en même temps
une nuée lumineuse les couvrit tous et du sein de la nuée
un voix se fit entendre, disant : « Celui-ci est mon Fils
bien aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances.
Ecoutez-le ».
Oui ! Quel lien y a-t-il entre
la Transfiguration et la Croix ? Je vous le demande bien.
N’oubliez pas l’apparition,
en cette scène, de « Moïse » et d’
« Elie ». Saint Mathieu le note très clairement
: « Et voilà que Moïse et Elie leur apparurent
conversant avec Lui ».
Et Saint Luc, le seul, nous rapporte
la conversation entre eux trois : « Et voilà, deux
hommes conversaient avec Lui : c’étaient Moïse
et Elie…Ils s’entretenaient de sa mort qui devait
s’accomplir à Jérusalem ».
Nous commençons à
mieux voir. Peut-être !
Alors que la divinité de
NSJC éclate de toute part, que les Apôtres la voient,
la constatent de leur yeux de chair, alors que , dans la seconde,
éclate aussi la déclaration de sa divinité
par son Père : « Voici, mon Fils bien aimé
».
Alors que la divinité de NSJC éclate de toute part,
vous dis-je, de Lui-même, du Ciel, Lui, avec Moïse
et Elie s’entretient de sa mort qui va s’accomplir
sous peu à Jérusalem.
Etonnant. Non !
Et puis, nous savons, nous pouvons
situer le temps de cette Transfiguration. Elle a lieu quelques
jours après la multiplication des cinq pains et des petits
poissons. Miracle qui prouve sa divinité. Elle a lieu même,
pour Saint Mathieu, six jours après la Confession de Saint
Pierre à Césarée. Pour Saint Luc, une huitaine
de jours après.
Là, à Césarée,
NSJC interroge ses disciples sur Lui-même. Qui dit-on que
je suis ? Les uns disent « ceci »… Les autres
disent « cela »…Et vous, « qui dites-vous
que je suis ». Saint Pierre prenant la parole lui dit :
« Vous êtes le Christ, le Fils de Dieu vivant ».
Emerveillé de cette déclaration, NSJC félicite
son disciple, le déclare bienheureux, bienheureux d’avoir
eu cette lumière de son Père et le déclare,
a cette occasion « pierre fondamentale de son Eglise : «
Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ».
En suite de quoi, NSJC se mit,
là aussi, à parler de suite de sa Passion, après
leur avoir aussi signifié clairement de ne pas dire qui
il était : « Il défendit à ses disciples
de dire à personne qu’Il était Jésus,
le Christ, le Fils de Dieu ».
C’est la même interdiction
qu’il fit aux trois disciples ayant vu sa divinité
au Thabor : « Ne parlez à personne de cette vision
jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité
des morts ».
Bien !
Alors qu’éclate au
Thabor sa divinité Jésus, Lui, s’entretient
de sa mort.
Alors que les disciples à Césarée le reconnaissent
et le confessent comme Dieu, là aussi NSJC, immédiatement,
leur parle de sa Passion. L’évangéliste est
formel : « Alors il défendit à ses disciples
de dire à personne qu’Il était le Christ.
Jésus commença dès lors à découvrir
à ses disciples qu’il fallait qu’il allât
à Jérusalem, qu’il souffrit beaucoup de la
part des Anciens…qu’Il fut mis à mort…
Pierre le reprenant : A Dieu ne plaise Seigneur, cela ne vous
arrivera pas. Jésus se tournant, lui dit : Arrière
Satan. Retire-toi Tu m’es un scandale. Tu n’as pas
l’intelligence des choses de Dieu. Tu n’as que des
pensées humaines ».
Ces deux scènes, la Transfiguration
et Césarée sont tout à fait semblables.
Dans les deux endroits, éclate
sa divinité. Et dans les deux endroits, au Thabor comme
à Césarée, Jésus parle de sa Passion
à venir.
Il y a là tout un enseignement.
Ces deux scènes nous permettent
d’entrer un peu, si cela est possible, dans le cœur
de Jésus et de voir en Lui, un « penchant »,
une « propension ». Il y a, dans son âme, comme
un poids qui l’attire à la Croix.
Je m’inspire de la pensée
de Louis Chardon, dominicain du 16 siècle, exprimé
dans son beau livre : « la Croix de Jésus ».
Un chef d’œuvre.
Il a tellement soif de nos âmes,
de notre salut, de notre bonheur, de notre éternité
qu’Il lui tarde de souffrir sa Passion. Il la désire.
Parce qu’Il sait que, par son sacrifice sanglant, il apaise
la justice de son Père et qu’Il nous permet alors
de retrouver accès auprès du Père et de jouir
de la béatitude éternelle. Et c’est pourquoi
il préfère toujours s’entretenir de sa Croix
que de sa Gloire.
Il a, en effet, en toute liberté,
« contracté »le devoir de satisfaire pour les
membres qui ont offensé son Père (Péché
originel). Aussi lui tarde-t-il d’arriver à cette
heure où sera satisfait le penchant de son âme, son
désir : notre salut éternel. Et tant qu’Il
n’est pas là physiquement, Il y pense sans cesse.
La Croix, son heure, et par elle, notre salut, est l’objet
de son cœur. L’amour de notre âme , son salut,
est comme un poids qui l’entraîne à la mort.
Il a hâte. Il n’a
de cesse « de payer pour nous à la rigueur de la
justice de Dieu »(Chardon) puisque ce n’est pas sans
une « peine » - et quelle peine ! - que Dieu veut
nous sauver : notre libération devant être une rédemption.
L’amour de nos âmes,
notre salut, la raison pour laquelle Il est là, opérait
comme un poids pressant en son âme vers la fin pour laquelle
il était venu en ce monde. Il voulait tant remplir l’office
dont Il s’était chargé de faire, de réaliser
par ses souffrances nécessaires et par sa mort en la Croix,
« la purgation de nos péchés ! » (Chardon).
Son amour pour nous est comme un poids qui l’incline à
la Croix.
Ce poids est très pressant, tellement pressant.
C’est ce qui, nous dit-on,
ressortirait surtout du film de Mel Gibson : « la Passion
du Christ ». S’il en est ainsi, tant mieux pour nous
tous qui le verront!
Au Thabor, on lui parle de Gloire,
de sa Gloire, de sa divinité. Non ! Il préfère
s’entretenir de sa Passion, tant Il a à cœur
notre rédemption. Il avait en son âme comme une pente,
comme une inclination à mourir. Il désirait cette
« heure ». Il en parle comme étant son «
heure ».
Jésus admirablement transfiguré,
ne s’entretient point avec Moïse et Elie de la splendeur
de son corps, ni de la beauté de son âme. Au contraire,
Il parle, Il s’entretient non de l’excès de
sa béatitude, mais de l’excès de ses souffrances
pour satisfaire pour nous la justice du Dieu Vivant.
Entrez-vous un peu mieux dans
le cœur aimant de NSJC !
Nous considérons Jésus
au milieu de la gloire éclatante du Thabor, abîmé
dans l’essence divine et absorbé en la plénitude
du bonheur éternel qui fait, en toutes ses facultés…un
déluge de joie ( Imaginez ! la possession actuelle, essentielle
du bien absolu) proportionnée à la grandeur du mérite
du Fils unique de l’Eternité, avoué pour tel
par une protestation ineffable du Père céleste …Et
néanmoins, au lieu de retenir son esprit arrêté
à tant de biens qui portent leurs effets jusque dessus
ses vêtements, - au contraire -, Il l’en retire et
divertit sa pensée ( non point, vous dis-je, de sa gloire)
pour envisager de loin les fouets, les épines, les clous
et la mort honteuse d’une cruelle croix…
Oui… Au travers de tant
de lumières béatifiques, Il regarde, mieux, la Croix.
Il soupire après elle, après les horreurs de la
Passion.. La contemplation de la gloire éternelle ne peut
le détourner de la soif qu’Il a de souffrir. Il oblige
alors Moïse et Elie de l’entretenir de l’excès
qu’Il devait accomplir en Jérusalem, comme si tout
ce qui est en Lui devait concourir à une unique fin : la
réparation de l’homme.
Voyez encore :
Deux excès se présentent
en son esprit, l’un de gloire, l’autre de confusion,
un comble de vie bienheureuse et une extrémité de
malheur.
Mieux encore.
La condition de vie heureuse est
présente, celle du déshonneur est absente…
Et néanmoins, le poids que la grâce fait en son âme
pour l’accomplissement du prix de notre rançon, arrête
les effets du premier excès et l’amour qu’il
a de notre salut fait que son cœur, son amour, son esprit
et son attention soient moins sur le Thabor que sur le Calvaire.
Etrange poids.
Insolente disposition.
Farouche inclination qui se complet davantage en sa Passion qu’en
sa Transfiguration.
La Passion est son désir.
L’amour béatifique dont il doit jouir en toute paix
ne l’emportera donc pas sur l’amour de la Croix qui
possède son cœur. Oui !
Le Père Garrigou Lagrange
commentant Louis Chardon répète inlassablement :
« Il y a dans l’âme de Jésus comme un
poids qui l’incline à la Croix.
Oui !
Lorsqu’au Thabor, Il entend
la voix du Père qui crie des cieux : « Vous êtes
Mon Fils », Il le dissimule. Il n’y porte attention
pour s’entretenir des horreurs du Calvaire. Il quitte l’attention
de sa glorieuse Transfiguration pour emplir son esprit des laideurs
de sa mort…et transporte son cœur sur les plaies sanglantes
de tout son corps. Il remplit son esprit des trois croix sur l’une
desquelles on le doit attacher… Les moqueries, les mépris,
les blasphèmes exécrables font plus d’effet
en son âme que le témoignage adorable des ses grandeurs.
Et de crainte qu’on ne publie sa gloire avant sa Passion,
Il impose le silence aux trois disciples des choses qu’ils
avaient vues et qu’ils avaient entendues durant leur ravissement
sur cette heureuse montagne.
C’est ainsi que Jésus
nous fait voir qu’Il met sa grandeur, plus dans les tourments
de sa Passion que dans sa propre exaltation comme Fils de Dieu.
L’amour qu’Il a pour la croix ne peut permettre qu’aucune
autre pensée vienne altérer l’inclination
que la grâce lui donne de mourir entre ses bras.
Là, au Thabor, comme en toutes autres situations, il bannit
de son souvenir la pensée de sa filiation divine afin de
faire place au désir de sa Passion. Jésus a une
inclination plus grande de mourir que de vivre. C’est pourquoi
Il donne préférence à son âme de réfléchir
sur la Croix plutôt que sur sa propre gloire.
Sa divinité est nécessaire
pour donner une force infinie à sa Rédemption.
Son humanité est nécessaire. C’est elle qui
sera la matière du sacrifice rédempteur.
La propension de son cœur le portant à préférer
la Passion à sa propre Gloire qu’Il a en tant que
Fils de Dieu, me permet de mesurer l’amour qu’Il a
du salut de mon âme.
Je comprends Saint Paul disant : « Dilexit me. Tradidit
semetipsum pro me ». Il m’a aimé. Il s’est
lui-même livré pour moi ».
Je comprends Saint François traversant la compagne d’Assise
disant « l’amour n’est pas connu, l’amour
n’est pas aimé »
Que les fidèles de la «
Paroisse virtuelle Saint Michel » aiment davantage leur
Maître. Et pour ce faire qu’ils retiennent quelques
instants leur esprit à méditer cela et qu’ils
gardent, dans leur cœur, l’argument. Qu’il en
soit ainsi de leur « curé ».