Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 2 au 8 octobre

Vintiéme Dimanche après la Pentecôte

Solennité du Très saint Rosaire

 

A- Homélie sur le Rosaire.


En cette solennité de la fête du Très Saint Rosaire, il me semble entendre du ciel cette phrase : " Clama, ne cesses ".
Affirme, acclame.
Annonce, répand, ne cesse pas de le faire, à chaque occasion, entretiens la dévotion au Très Saint Rosaire, auprès du peuple de Dieu, auprès des fidèles de la paroisse saint Michel.

Continue ce beau travail de tes prédécesseurs.
Développe, entretiens la piété mariale.

Cette dévotion sera au bénéfice des fidèles comme des familles, comme des sociétés politiques.

Oui ! Développe, entretiens la piété mariale, source de nombreux bienfaits.

Cette dévotion est source de nombreux bienfaits en ce sens qu'elle se dresse, s'élève, s'oppose à ce qui pourrait bien être les trois maux du temps présent : le dégoût d'une vie modeste et active, l'horreur de la souffrance et l'oubli des biens éternels que nous devons espérer. C'est le pape Léon XIII, qui les présente ainsi dans son encyclique sur le Rosaire : " Laetitiae Sanctae ".

Léon XIII disait dans cette encyclique : " La société humaine souffre de terribles plaies…C'est qu'on néglige les devoirs et les vertus qui doivent orner toute vie…De là vient qu'au foyer domestique, les enfants se relâchent de l'obéissance qu'ils doivent à leurs parents, ne supportant plus aucune discipline, à moins qu'elle ne soit molle et ne se prête à leurs plaisirs. De là vient que (beaucoup), mécontents de leur sort, aspirent à une chimérique égalité des fortunes….C'est à cette cause aussi qu'il faut attribuer (un autre grave mal) : les âmes sont en proie à la haine et à l'envie, on viole ouvertement tout droit ; trompés par un faux espoir, beaucoup troublent la paix publique en occasionnant des séditions et résistent à ceux qui ont pour mission d'assurer l'ordre ".

Les événements récents en France ne font que confirmer la justesse de ce jugement.

Contre ce triple mal, il faut demander le remède au Rosaire de notre Dame qui comprend la pieuse méditation des mystères de la vie du Sauveur et de sa divine Mère.

Et tout d'abord les mystères joyeux !
Que d'exemples à imiter dans ces mystères et qui séduisent les cœurs droits !
Qu'on se représente la " Maison de Nazareth ", lieu d'asile à la fois terrestre et divin de la sainteté.
Quel beau modèle on y trouve pour la vie quotidienne !
Quel spectacle admirable de l'union au foyer.

Là règnent la simplicité et la pureté des mœurs et un accord perpétuel des esprits.

Là règne un ordre que rien ne vient troubler.

Là règne l'amour, l'amour consistant dans l'accomplissement assidu des devoirs.

Là on y trouve l'amour du travail.

Par-dessus tout on y trouve " une souveraine tranquillité d'esprit, une joie de l'âme égale chez chacun, deux biens qui accompagnent toujours la conscience des bonnes actions accomplies.

Là on contemple la modestie, la soumission, la résignation au travail, la bienveillance envers l'autre, le zèle dans l'accomplissement des devoirs de la vie quotidienne.

Ce sont toutes des vertus qui changent un cœur, une âme, un comportement. Et ainsi les mœurs s'adoucissent sur tous les points. La vie familiale s'écoule au milieu de l'affection et du bonheur. Et les rapports mutuels sont empreintes plus facilement d'une sincère bienveillance et de charité.

Et si toutes ces qualités se répandent dans la famille, dans les familles, dans les relations sociales, il est facile de concevoir quels profits, la société politique elle-même peut en retirer.
Et vous ne voudriez pas que la religion exerce sa juste et bénéfique influence ! Elle serait plus efficace que tous les régiments de policiers casqués, blindés, appelés à la rescousse d'un régime à l'agonie parce que miné par le laïcisme imposé et donc régnant et donc voulu, au plus grand drame du peuple.

Un autre mal qui se répand dans la société politique, nous dit Léon XIII, c'est que l'on se refuse à souffrir. On repousse avec violence tout ce qui semble pénible et contraire à nos goûts. On imagine un état d'où serait écarté tout objet désagréable, où l'on jouirait en abondance de tous les biens que cette vie peut procurer. " Un désir si violent, nous dit Léon XIII et si effréné d'une existence heureuse est source d'affaiblissement pour les âmes… " Les âmes alors se laissent facilement abattre.

Devant ce danger réel, on peut attendre encore un grand bienfait de la méditation des mystères douloureux de Notre Rosaire tant est grande la force de l'exemple de Notre Seigneur en sa Passion.

Les mystères douloureux nous montrent le Christ souffrant. Il a supporté les fatigues et les souffrances, les maux les plus terribles, les plus pénibles. Il a voulu les subir Lui-même avec une grande résignation. Nous le voyons accablé de tristesse au point que son sang coule de tous ses membres comme une sueur. Nous le voyons chargé de chaînes, tel un voleur, soumis au jugement d'hommes pervers en proie à d'odieux outrages, à des fausses accusations - choses terribles. Nous le voyons flagellé, couronné d'épines, attaché à la Croix, regardé comme indigne de vivre plus longtemps, comme ayant mérité de mourir au milieu des vociférations du peuple.

Nous imaginons les souffrances de Notre Dame, au pied de la Croix. Son cœur, nous dit l'Ecriture, fut transpercé d'un glaive. Elle est la mère des douleurs.

Combien celui qui méditera souvent ces mystères, ces souffrances sentira naître en lui la force de les imiter. Quelles que soient les épreuves de la vie - et la vie est faite d'épreuves, il n'en peut être autrement…le péché originel est une réalité…trop cruelle - celui-là trouvera, en ces mystères la force de la résignation. Il entendra la voix du Seigneur lui dire " Viens et suis moi ". Or le fidèle ne peut suivre en vain le Christ souffrant. Il y trouvera nécessairement patience et résignation. Il portera volontiers ses peines personnelles en union à celles de Notre Seigneur. Il verra même en elles tout autant de grâces.

Enfin les mystères glorieux feront aussi la méditation des fidèles. Ils penseront au Ciel.

Les hommes aujourd'hui s'attachent trop aux biens fugitifs de la vie présente, oubliant même les biens éternels, la vie future. Ils vont même lutter contre. Ils veulent même en détruire la seule pensée. Ils ne pensent qu'aux biens présents et perdent complètement l'idée de l'éternité. Oh terrible situation. C'est même une terrible peine que d'être devenu oublieux des biens éternels, sources de joie.

Il évitera cette peine celui qui s'adonnera avec dévotion à la récitation du chapelet, à la méditation des mystères glorieux. " Dans ces mystères, notre esprit puise la lumière nécessaire pour connaître des biens qui échappent à nos sens mais que Dieu prépare à ceux qui l'aiment ". Nous apprenons ainsi que la mort n'est pas un anéantissement qui nous enlève et qui détruit tout, mais une migration et pour ainsi dire un changement de vie. Nous percevons clairement qu'une route vers le ciel est ouverte pour nous tous et lorsque nous voyons NSJC ressuscité, nous nous souvenons de sa phrase : " Je vais vous préparer une place ". Nous sommes certains qu'il existe un temps " où Dieu séchera toutes les larmes de nos yeux, où il n'y aura plus ni deuil ni gémissement ni douleurs mais où nous serons toujours avec Dieu, semblables à Dieu puisque que nous le verrons tel qu'Il est, jouissant du torrent de ses délices, concitoyens de saints ", en communion bienheureuse avec Notre Dame.

Alors dans cette perspective, on comprend que les saints puissent dire : " Que la terre me pèse lorsque je regarde le ciel ". Celui qui médite ces mystère glorieux, jouira de la consolation de penser " qu'une tribulation momentanée et légère, nous vaut une somme éternelle de gloire ". C'est là en effet le seul lien qui unit le temps présent avec la vie éternelle, c'est la seule considération qui fortifie et élève l'âme. Voilà ce qui fait la force du chrétien.
Et si de telles âmes dans une cité se multiplient, on verra régner dans la société, le vrai, le bien et le beau selon ce modèle NSJC qui est le principe et la source éternelle de toute vérité, de tout bien et de toute beauté.

Gardons une grande dévotion mariale, dans la paroisse saint Michel !

B- Un " morceau choisi " de saint Bernard en cette fête du Rosaire.

Il faut relire aujourd'hui, aujourd'hui plus que hier, ce beau passage de saint Bernard sur Notre Dame. Il est tiré de sa quatrième homélie sue les paroles de l'Evangile : " l'Ange Gabriel fut envoyé ".

" O vierge, vous avez entendu l'annonce de ce qui va se faire et l'Ange vous a dit comment cela se doit faire ; des deux côtés il y a de quoi vous étonner et vous réjouir. Réjouissez-vous donc, fille de Sion, fille de Jérusalem, livrez-vous à toute votre allégresse. Mais puisque vous avez entendu une nouvelle qui vous comble de joie et bonheur, dites donc à votre tour les paroles que nous appelons de tous nos voeux, afin que nos os humiliés tressaillent d'allégresse. Oui, vous avez entendu la merveille annoncée et vous y avez cru, croyez aussi à la manière dont elle doit s'accomplir. On vous a dit que vous allez concevoir et que vous enfanterez un fils; on vous a dit aussi que ce ne serait point par l'opération d'un homme mais par celle du Saint-Esprit; l'Ange maintenant n'attend plus que votre réponse, il faut qu'Il retourne à Dieu. O Notre Dame, nous attendons aussi cette réponse de miséricorde, nous pauvres malheureux qui gémissons sous le coup d'une parole de damnation. Le prix de notre salut est entre vos mains, nous sommes sauvés si vous daignez consentir. Créatures du Verbe éternel de Dieu, nous périssons tous, une parole de votre bouche nous rend à la vie et nous sauve. Adam et sa triste postérité condamnés à l'exil, Abraham, David, les autres Pères, je veux dire vos propres aïeux, qui sont aussi plongés eux-mêmes, dans les ombres de la mort, vous supplient de consentir. Le monde entier à vos genoux, attend votre consentement. De vous, en effet, dépend la consolation des affligés, la rédemption des captifs, la délivrance des coupables, le salut des enfants d'Adam, de votre race toute entière. Dites, ô Vierge dites cette parole si désirée, si attendue par la terre et par les Cieux, par les enfers eux-mêmes. Le Roi des rois que vous avez charmé par votre beauté, n'attend aussi lui-même qu'un mot de réponse de vos lèvres pour sauver le monde. Celui à qui vous avez plû par votre silence sera bien plus touché d'un mot tombé de vos lèvres; l'entendez-vous, en effet, vous crier du haut du Ciel: " O vous, ma belle entre toutes les femmes, faites-moi entendre votre voix (Cant., II, 14). " Si vous la lui faites entendre, il y répondra en vous faisant voir notre salut. N'est-ce point ce que vous vouliez, ce que vous appeliez avec des gémissements et des larmes, ce qui vous faisait soupirer le jour et la nuit ? Eh quoi? êtes-vous celle à qui la promesse en a été faite ou faut-il que nous attendions une autre ? Non, non, c'est bien à vous, et ce n'est point une autre qui doit venir. Oui, c'est vous qui êtes la femme promise, la femme attendue, la femme désirée, celle en qui un de vos ancêtres, le saint homme Jacob, à son lit de mort, mettait toutes ses espérances de salut quand il s'écriait: " Seigneur, j'attendrai votre Sauveur (Gen. XLIX, 18); " Oui, vous êtes la femme en qui et par qui Dieu même, notre Roi a résolu, avant tous les siècles, d'opérer notre salut sur la terre. Pourquoi attendriez-vous d'une autre femme ce qui vous est offert à vous-même ? Pourquoi, dis-je, attendriez-vous par une autre ce qui va se faire par vous, si vous y consentez, si vous dites un mot. Répondez donc bien vite à l'Ange et par l'Ange au Seigneur. Dites une parole et recevez son Verbe ; que votre parole qui ne subsiste qu'un instant se fasse entendre et vous concevrez la Parole de Dieu, son Verbe éternel. Qui vous retient? Que craignez-vous ? Croyez, consentez et concevez. Que votre humilité se rassure, que votre timidité ait confiance. Il ne faut pas que la simplicité de la vierge oublie la prudence. En cette circonstance, ô Vierge prudente, vous ne devez pas craindre de trop présumer de vous, si votre réserve a plu par son silence, maintenant ii est nécessaire que votre charité parle. Ouvrez donc, ô Vierge bénie, votre cœur à la confiance, vos lèvres au consentement, et votre sein à son Créateur. Le Désiré des nations est là à votre porte, il frappe. S'il passe outre parce que vous le ferez attendre, vous gémirez de nouveau après Celui que votre cœur aime! Levez-vous donc, courrez au devant de lui, hâtez-vous de lui ouvrir. Levez-vous dis-je, par la foi, courrez par la prière, ouvrez par le consentement ".

C- Intéressons-nous au Synode Romain

A ROME, ce dimanche 2 octobre 2005, le pape Benoît XVI a ouvert le synode qui doit se tenir jusqu'au 23 octobre et qui a pour thème la Sainte Eucharistie.

Nous vous donnons à lire le texte de l'homélie de Benoît XVI (A) que nous faisons suivre de l'intervention du Cardinal Arinze, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, à Radio Vatican. (B)

A- Homélie de Benoît XVI lors de la messe d'ouverture du synode


La lecture tirée du prophète Isaïe et l'Évangile de ce jour mettent sous nos yeux l'une des grandes images de l'Ecriture Sainte: l'image de la vigne. Le pain représente dans l'Écriture Sainte tout ce dont l'homme a besoin dans sa vie quotidienne. L'eau donne à la terre la fertilité: c'est le don fondamental, qui rend possible la vie. Le vin, en revanche, exprime la délicatesse de la création, il nous offre la fête dans laquelle nous dépassons les limites du quotidien: le vin "réjouit le cœur". Ainsi le vin et avec lui la vigne sont-ils également devenus des images du don de l'amour, dans lequel nous pouvons faire dans une certaine mesure l'expérience de la saveur du Divin. Et ainsi la lecture du prophète, que nous venons d'écouter, commence-t-elle comme un cantique d'amour: Dieu s'est créé une vigne - c'est là une image de son histoire d'amour avec l'humanité, de son amour pour Israël, qu'Il s'est choisi. Le premier enseignement des lectures d'aujourd'hui est donc celui-ci: à l'homme, créé à son image Dieu a insufflé sa capacité d'aimer et donc la capacité de L'aimer Lui aussi, son Créateur. À travers le cantique d'amour du prophète Isaïe, Dieu veut parler au cœur de son peuple - ainsi qu'à chacun de nous. "Je t'ai créé à mon image et ressemblance", dit-il à chacun de nous. "Moi-même, je suis l'amour, et tu es mon image dans la mesure où, en toi, brille la splendeur de l'amour, dans la mesure où tu me réponds avec amour". Dieu nous attend. Il veut être aimé de nous: un semblable appel ne devrait-il donc pas toucher notre cœur? En cette heure précisément où nous célébrons l'Eucharistie, où nous inaugurons le Synode sur l'Eucharistie, Il vient à notre rencontre, il vient à ma rencontre. Trouvera-t-il une réponse? Ou arrive-t-il avec nous ce qu'il se passe avec la vigne, à propos de laquelle Dieu dit à Isaïe: "Il attendait de beaux raisins: elle donna des raisins sauvages"? Notre vie chrétienne n'est-elle donc pas plus souvent du vinaigre que du vin? Commisération sur nous-même, conflit, indifférence?

Nous sommes ainsi naturellement arrivés au deuxième enseignement fondamental des lectures d'aujourd'hui. Celles-ci parlent avant tout de la bonté de la création de Dieu et de la grandeur de l'élection à travers laquelle Il nous recherche et Il nous aime. Mais elles parlent également de l'histoire qui a eu lieu ensuite - de l'échec de l'homme. Dieu avait planté des vignes d'excellente qualité et, toutefois, du raisin sauvage a mûri. En quoi consiste ce raisin sauvage? Le bon raisin que Dieu attendait - dit le prophète - aurait dû consister dans la justice et dans la rectitude. Le raisin sauvage, ce sont en revanche la violence, le sang répandu et l'oppression, qui font gémir les peuples sous le joug de l'injustice. Dans l'Évangile, l'image change: la vigne produit du bon raisin, mais les vignerons le gardent pour eux. Ils ne sont pas disposés à le remettre au propriétaire. Ils battent et ils tuent les messagers qu'il a envoyés et ils tuent son Fils. Leur motivation est simple: ils veulent devenir eux-mêmes les propriétaires; ils prennent possession de ce qui ne leur appartient pas. Dans l'Ancien Testament, on trouve au premier plan l'accusation de violation de la justice sociale, du mépris de l'homme de la part de l'homme. En arrière plan, toutefois, apparaît que, à travers le mépris de la Torah, du droit donné par Dieu, c'est Dieu lui-même qui est méprisé; l'on veut seulement jouir de son propre pouvoir. Cet aspect est pleinement mis en évidence dans la parabole de Jésus: les vignerons ne veulent pas avoir de propriétaire - et ces vignerons constituent également pour nous un miroir. Nous les hommes, auxquels la création est pour ainsi dire confiée en gestion, nous l'usurpons. Nous voulons en être les propriétaires au premier chef et tous seuls. Nous voulons posséder le monde et notre propre vie de manière illimitée. Dieu nous est une entrave. Ou bien on Le réduit à une simple phrase pieuse ou bien Il est nié totalement, mis au ban de la vie publique, au point de perdre toute signification. La tolérance, qui admet pour ainsi dire Dieu comme une opinion privée, mais lui refuse le domaine public, la réalité du monde et de notre vie, n'est pas tolérance, mais hypocrisie. Mais là où l'homme se fait le seul propriétaire du monde et propriétaire de lui-même, la justice ne peut pas exister. Là, ne peut dominer que l'arbitraire du pouvoir et des intérêts. Bien sûr, l'on peut chasser le Fils hors de la vigne et le tuer, pour goûter de manière égoïste, tous seuls, les fruits de la terre. Mais alors, la vigne se transforme bien vite en un terrain inculte piétiné par les sangliers, comme nous dit le Psaume responsorial (cf. Ps 79, 14).

Nous parvenons ainsi au troisième élément des lectures de ce jour. Le Seigneur, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, annonce le jugement à la vigne infidèle. Le jugement qu'Isaïe prévoyait s'est réalisé au travers des grandes guerres et des exils pratiqués par les Assyriens et les Babyloniens. Le jugement annoncé par le Seigneur Jésus se réfère surtout à la destruction de Jérusalem en l'an 70. Mais la menace de jugement nous concerne nous aussi, l'Église en Europe, l'Europe et l'Occident en général. Par cet Évangile, le Seigneur crie jusque dans nos oreilles les paroles qu'il adresse dans l'Apocalypse à l'Église d'Éphèse: "Si tu ne te repens, je vais venir à toi pour changer ton candélabre de son rang" (2,5). À nous aussi, la lumière peut être enlevée et nous faisons bien si nous laissons résonner cet avertissement en notre âme avec tout son sérieux, en criant dans le même temps au Seigneur: "Aide-nous à nous convertir! Donne à chacun de nous la grâce d'un véritable renouvellement! Ne permets pas que la lumière qui est au milieu de nous s'éteigne! Renforce notre foi, notre espérance et notre amour afin que nous puissions porter de bons fruits!".

Dès lors, se pose à nous cette question: "Mais n'y a-t-il aucune promesse, aucune parole de réconfort dans la lecture et dans la page d'évangile de ce jour? La menace serait-elle le dernier mot?" Non! La promesse existe et c'est elle qui constitue le dernier mot, le mot essentiel. Nous l'entendons dans le verset de l'Alléluia, tiré de l'Évangile de Jean: "Je suis la vigne; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit" (Jn 15, 5). Par ces paroles du Seigneur, Jean nous illustre la fin dernière et véritable de l'histoire de la vigne de Dieu. Dieu ne faillit pas. À la fin, il remporte la victoire, l'amour sort vainqueur. Une allusion voilée à cette victoire se trouve déjà dans la parabole de la vigne proposée par l'Évangile d'aujourd'hui et dans ses paroles conclusives. Même à ce moment-là, la mort du Fils ne constitue pas la fin de l'histoire, même si elle n'est pas directement racontée. Mais Jésus exprime cette mort par le biais d'une nouvelle image tirée du Psaume: "La pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs c'est elle qui est devenue pierre de faîte..." (Mt 21, 42; Ps 117, 22). De la mort du Fils surgit la vie, un nouvel édifice se forme, une nouvelle vigne. Lui, qui à Cana, changea l'eau en vin, a transformé son sang dans le vin du véritable amour et transforme ainsi le vin en son sang. Dans le cénacle, il a anticipé sa mort et l'a transformée en don de soi, en un acte d'amour radical. Son sang est don, il est amour, et pour cette raison, il est le vrai vin que le Créateur attendait. De cette manière, le Christ même est devenu la vigne et cette vigne porte toujours du bon fruit: la présence de son amour pour nous, qui est indestructible.

Ainsi, ces paraboles débouchent à la fin sur le mystère de l'Eucharistie, dans laquelle le Seigneur nous donne le pain de la vie et le vin de son amour et nous invite à la fête de l'amour éternel. Nous célébrons l'Eucharistie bien conscients que son prix fut la mort du Fils - le sacrifice de sa vie, qui, en elle, reste présent. Chaque fois que nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne, nous dit saint Paul (cf. Co 11, 26). Mais nous savons également que, de cette mort provient la vie, parce que Jésus l'a transformée en un geste oblatif, en un acte d'amour, en la modifiant ainsi profondément: l'amour a vaincu la mort. Dans la sainte Eucharistie, Il nous attire tous à Lui depuis la croix (Jn 12, 32) et nous fait devenir des sarments de la vigne qu'Il est lui-même. Si nous demeurons unis à Lui, alors nous porterons du fruit nous aussi, alors, nous aussi, nous ne produirons plus le vinaigre de l'autosuffisance, du mécontentement de Dieu et de sa création, mais le bon vin de la joie de Dieu et de l'amour du prochain. Nous prions le Seigneur de nous donner sa grâce, afin que, dans les trois semaines du Synode que nous débutons, nous ne disions pas seulement de belles choses à propos de l'Eucharistie, mais surtout que nous vivions de sa force. Nous invoquons ce don par l'intercession de Marie, chers Pères synodaux, que je salue avec tant d'affection, ainsi que les Communautés desquelles vous provenez et que vous représentez ici, afin que, dociles à l'action de l'Esprit Saint, nous puissions aider le monde à devenir dans le Christ et avec le Christ la vigne féconde de Dieu. Amen.

B- Le cardinal Arinze, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, à Radio Vatican.

Il a déclaré au micro de Radio Vatican : " le synode sur l'Eucharistie sera aussi l'occasion d'un bilan de l'année de l'Eucharistie ".

Le cardinal Arinze souligne que ce bilan est très différent selon les lieux, les diocèses, les recteurs, les universités, les séminaires, les abbés : il n'est pas égal partout. Mais en général, fait-il remarquer, " nous pouvons louer Dieu parce qu'aujourd'hui il y a une plus grande attention à l'eucharistie et la manifestation de cette foi dans les célébrations eucharistiques ".

Il précise : " Il y a aussi eu des journées d'étude, promues par des universités et des grands séminaires, et les adorations eucharistiques sont plus nombreuses, en dehors de la messe. Au Nigeria (patrie du cardinal Arinze, ndlr), et ailleurs, par exemple, j'ai vu des chapelles qui exposaient le Saint Sacrement toute la journée et parfois même la nuit. Rendons grâce à Dieu pour tout cela, car les heures que nous passons devant la Très Sainte Eucharistie sont très précieuses ".

" Chacun aura ses attentes, fait-il observer. Mais je crois que nous pouvons dire que le Peuple de Dieu attend du synode une nouvelle affirmation de notre foi catholique sur l'Eucharistie, sacrifice et sacrement et présence réelle. Certes, il ne s'agit pas d'affirmer une nouvelle doctrine, mais de répéter la doctrine de toujours. Mais on attend aussi que le synode encourage la célébration eucharistique comme manifestation de la plénitude de la foi. La foi se manifeste dans la célébration, mais en même temps la célébration nourrit et manifeste aussi notre foi. Les gens attendent en outre, un encouragement concernant l'activité apostolique, l'activité de l'Eglise des différents états de vie : les clercs, les religieux, les laïcs, tous nourris de la très sainte Eucharistie, qui est source et sommet de toute la vie de l'Eglise ".

Pour ce qui est des principales problématiques que le synode devra affronter, le cardinal Arinze souligne que " chaque participant a la liberté de parler de quatre points : l'Eucharistie dans le monde d'aujourd'hui, la foi de l'Eglise dans l'Eucharistie, l'Eucharistie et la vie de l'Eglise et, enfin, l'Eucharistie mission de l'Eglise. Chacun aura la liberté de choisir de parler sur un de ces thèmes. Certes, chaque cardinal, et chaque évêque s'exprimera et choisira de mettre l'accent sur tel ou tel point, mais je crois aussi que l'on ne peut pas ne pas parler de la façon de célébrer, de ce que nous appelons aujourd'hui l'ars celebrandi (l'art de célébrer) : c'est-à-dire d'une façon de célébrer la sainte messe qui manifeste la foi, nourrit la foi, devient vraiment la joie et l'activité de l'Eglise. La célébration eucharistique n'est certainement pas une chose privée. On abordera certainement également le thème de la communion ecclésiale en lien avec l'eucharistie : qui reçoit la sainte communion doit être quelqu'un qui est en communion dans la foi, dans la vie de l'Eglise, et donc en unité avec l'évêque et avec le pape. La célébration eucharistique n'est pas une célébration œcuménique. L'œcuménisme doit être promu mais l'eucharistie ne devient pas un moyen - comme si elle était une possession privée que nous donnons à ceux qui sont nos amis. L'Eucharistie est la célébration de l'Eglise déjà unie et non pas la célébration de tous les chrétiens, avec des fois différentes sur ce que l'on célèbre. Il est assez important de clarifier cela. Le thème de la mission est aussi important parce que l'Eucharistie nous envoie évangéliser. On ne peut pas ne pas aborder également cela ".

C- Entretien entre Item et le Cardinal Arinze