Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 30 au 5 Novembre

Fête du Christ Roi

 

A- Homélie en l’honneur du Christ-Roi

« Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, au ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père »

Jésus-Christ est Roi.
Il est Roi non seulement du Ciel mais aussi de la terre. Il lui appartient donc d’exercer une véritable et suprême royauté sur les sociétés humaines.
C’est un point incontestable qu’a voulu rappeler Pie IX dans son Encyclique « Quas Primas ».
Il faut le rappeler en ce siècle de « Laïcisme » qui refuse précisément le règne de NSJC. « Retirez-vous de nous…Nous ne voulons pas de votre règne…Non à votre Toute Puissance….Non votre Loi…Non à votre doctrine…Non à votre Eglise ». Voilà le langage du laïcisme. .
Jésus est Roi.
Il n’est pas un prophète, pas un des évangélistes, pas un des Apôtres qui ne lui assure sa qualité de Roi.
Jésus est encore au berceau et les Mages cherchent le Roi des Juifs : « Ubi est qui natus est rex judeorum ».
Jésus est à la veille de mourir. Pilate lui demande : « Vous êtes donc Roi : Ergo rex es-tu »? « Tu l’as dit », lui répond Jésus.
Et cette réponse est faite avec un tel accent d’autorité que Pilat…quelles que soient les objections des juifs…consacre la Royauté de Jésus et cela, en trois langue : l’hébreu, le grec et le latin. Tous, juifs, grecs, romains…l’univers entier… doivent fléchir le genou devant le Roi, NSJC.
Certes, elle date de loin cette royauté. Je veux dire qu’elle remonte haut cette universelle royauté. En tant que Dieu, Jésus-Christ est Roi de toute éternité. En entrant dans ce monde, il apportait avec lui cette royauté.
Mais ce même Jésus, en tant qu’homme, a conquis sa royauté, à la sueur de son front, au prix de son sang.
L’empire souverain sur toutes choses, sa domination universelle - sa royauté – tout cela est une récompense accordée au Fils de Marie.
Assurément, le nom et l’attribut de « Maître », de « dominateur suprême » appartiennent par droit de nature au Fils de Dieu fait homme. C’est l’apanage obligé de la personnalité divine.
Mais à son droit de naissance, il a eu la noble ambition de joindre le droit de conquête. « Il a voulu posséder à titre de mérite et comme conséquence des actes de sa volonté humaine ce que sa nature divine lui octroyait déjà par collation » (Cardinal Pie).
Et quelle a été la source de ce mérite ? De quel combat victorieux, cette conquête a-t-elle été le prix ?
L’Epître aux Philippiens nous l’apprend.
« Etant l’image vivante et consubstantielle du Père et ne commettant point d’usurpation en revendiquant d’être égal à Dieu, il s’est pourtant anéanti lui-même, prenant la forme de l’esclave et devenant semblable aux hommes, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort et jusqu’à la mort de la croix » (Phil 2 6-9)
Or, poursuit l’Apôtre : « Voilà pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin que, au nom de Jésus, tout genou fléchisse, au ciel, sur terre et dans les enfers ».
C’est merveilleux !
Pesons chacun de ces mots.
« Il s’est anéanti lui-même, il s’est abaissé lui-même »…C’est librement, c’est par choix, c’est par amour pour nous que le Fils de Dieu, égal et consubstantiel au Père, a résolu de s’abaisser jusqu’à prendre notre nature.
Puis ayant poursuivi ce dessein, c’est encore par un acte méritoire de sa volonté humaine et de ses facultés créées que - non content de s’être fait homme – il s’est fait esclave, qu’il a choisi la confusion de préférence à la gloire, la souffrance de préférence à la joie et finalement qu’il a poussé le sacrifice jusqu’à l’acceptation de la mort et de la mort de la Croix.
Or, poursuit saint Paul : « à cause de cela -propter quod » et indépendamment du rang et de l’empire qui lui assurait sa divine origine, « Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom »
Ainsi ce nom étant au-dessus de tout nom, c’est l’ordre établi de Dieu que, devant lui, « tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers ».
Au Ciel : c’est l’occupation des anges et des saints. Souvenez-vous de l’Apocalypse.
Aux Enfers : Oui ! Il en est encore ainsi. Ce que les élus font au ciel, par un mouvement volontaire d’amour, les démons et les damnés, le font par force et par contrainte, écrasés devant la majesté de ce nom et de cet empire tout puissant.
Mais ce qu’il importe surtout de savoir, c’est le commandement fait à la terre : « Que tout genoiu fléchisse »… « Ut in nomine omne genu flectatur…terrestrium… »
Oui, il n’est rien de terrestre qui ne doive courber le genou devant ce nom de Jésus. L’ayant ressuscité des morts et l’ayant établi à sa droite dans les cieux et lui ayant donné un nom au-dessus de tout nom…Dieu a mis toutes choses sous ses pieds et il l’a donné pour chef à toute l’humanité.
Et comme c’est le devoir de tout genou de se courber devant ce nom, c’est le devoir de toute langue de reconnaître, de proclamer sa puissance souverain : et omnis lingua confiteatur…
Tout genou ; omne genu
Toute langue ; omnis lingua. N’établissons donc aucune exception là où Dieu n’a pas laissé de place à l’exception. L’homme individuel, le chef de famille, le simple citoyen, l’homme public, les particuliers et les peuples, en un mot tous les éléments de ce monde terrstre doivent soumission et hommage au nom de Jésus.
Voilà la doctrine catholique.
Elle ne date pas du Syllabus. Elle ne date pas de Vatican I. Elle est la doctrine des Apôtres, des Ecritures, des Pères de l’Eglise.
Ecoutez Saint Grégoire le Grand contemplant la démarche des Mages.
« Les Mages, dit-il, reconnaissent en Jésus la triple qualité de Dieu, d’homme et de Roi. Ils offrent au Roi, l’or, au Dieu, l’encens, à l’homme, la myrrhe. Or il y a des hérétiques qui croient que Jésus est Dieu, qui croient également que Jésus est homme mais qui refusent absolument de croire que son règne s’étend partout ».
Ainsi vous confessez peut-être la divinité, l’humanité de Jésus… et vous croyez que cela suffit à constituer un christianisme inattaquable ! Détrompez-vous. Dès le temps de Saint Grégoire, il y avait des hérétiques qui croyaient ces deux points, comme vous. Et leur hérésie consistait à ne point vouloir reconnaître au Dieu fait homme, une royauté qui s’étend sur tout. Ainsi le Pape Saint Grégoire, avant le Syllabus, avant Vatican I, avant « Quas Primas », vous inflige la note d’hérésie si vous êtes de ceux qui, se faisant un devoir d’offrir l’encens à Jésus, ne veulent point y ajouter l’or et confesser sa royauté.
La royauté confessée est bien la doctrine et la pratique de l’Eglise catholique.
Et il me plait d’ajouter, pour finir, que Le pape Benoît XVI, lors de son audience générale de mercredi dernier, sur la place Saint Pierre, commentant ce même passage de l’Epître aux Philippiens, confesse la même doctrine.
Ecoutez !
« Le Père, qui avait accueilli, dit-il, l'acte d'obéissance du Fils dans l'Incarnation et dans la Passion, l'«exalte» à présent de façon suréminente, comme le dit le texte grec. Cette exaltation est exprimée non seulement à travers l'intronisation à la droite de Dieu, mais également en conférant au Christ le «Nom qui est au-dessus de tout nom» (v. 9).

Or, dans le langage biblique, le «nom» indique la véritable essence et la fonction spécifique d’une personne, il en manifeste la réalité intime et profonde. A son Fils, qui par amour s'est humilié dans la mort, le Père confère une dignité incomparable, le «Nom» le plus excellent, celui de «Seigneur», précisément de Dieu lui-même.

En effet, la proclamation de foi, entonnée en chœur du ciel, de la terre et de l'enfer, qui sont prosternés en adoration, est claire et explicite: «Jésus Christ est le Seigneur» (v. 11). En grec, on affirme que Jésus est « Kyrios », un titre certainement royal, qui dans la tradition grecque de la Bible, faisait du nom de Dieu révélé à Moïse, un nom sacré et imprononçable. C'est par ce nom «Kyrios» que l'on reconnaît Jésus Christ, véritable Dieu ».Amen.

B- Catéchèse de Benoît XVI sur l’hymne de l’Epître aux Philippiens

Nous publions ci-dessous la traduction de la catéchèse de Benoît XVI sur l’hymne de l’Epître aux Philippiens prononcée lors de l’audience générale de ce mercredi 28 octobre (cf. Ph 2, 6-11).


Lecture: Ph 2, 6.9-11

6. Le Christ Jésus,
ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement le rang qui l\'égalait à Dieu.

7. Mais il s'est anéanti,
prenant la condition de serviteur.
Devenu semblable aux hommes,
reconnu homme à son aspect,

8. il s'est abaissé,
devenant obéissant jusqu\'à la mort,
et la mort de la croix.

9. C\'est pourquoi Dieu l'a exalté :
il l'a doté du Nom
qui est au-dessus de tout nom,

10. afin qu'au nom de Jésus
tout genou fléchisse
au ciel, sur terre et aux enfers,

11. et que toute langue proclame :
« Jésus Christ est Seigneur »
à la gloire de Dieu le Père.


1. Encore une fois, en suivant le parcours proposé par la liturgie des vêpres avec les divers Psaumes et Cantiques, nous avons entendu retentir l'hymne admirable et essentiel inséré par saint Paul dans la Lettre aux Philippiens (2, 6-11).

Par le passé, nous avons déjà souligné que le texte comprend un double mouvement: descendant et ascendant. Dans le premier, le Christ Jésus choisit de descendre de la splendeur de la divinité qui lui appartient par nature, jusqu\'à l\'humiliation de la «mort de la croix». Il se révèle ainsi véritablement homme et notre rédempteur, à travers une participation pleine et authentique à notre réalité humaine de douleur et de mort.

2. Le deuxième mouvement, ascendant, révèle la gloire pascale du Christ qui, après la mort, se manifeste à nouveau dans la splendeur de sa majesté divine.

Le Père, qui avait accueilli l'acte d'obéissance du Fils dans l\'Incarnation et dans la Passion, l'«exalte» à présent de façon suréminente, comme le dit le texte grec. Cette exaltation est exprimée non seulement à travers l'intronisation à la droite de Dieu, mais également en conférant au Christ le «Nom qui est au-dessus de tout nom» (v. 9).

Or, dans le langage biblique, le «nom» indique la véritable essence et la fonction spécifique d\'une personne, il en manifeste la réalité intime et profonde. A son Fils, qui par amour s\'est humilié dans la mort, le Père confère une dignité incomparable, le «Nom» le plus excellent, celui de «Seigneur», précisément de Dieu lui-même.

3. En effet, la proclamation de foi, entonnée en chœur du ciel, de la terre et de l'enfer, qui sont prosternés en adoration, est claire et explicite: «Jésus Christ est le Seigneur» (v. 11). En grec, on affirme que Jésus est Kyrios, un titre certainement royal, qui dans la tradition grecque de la Bible, faisait du nom de Dieu révélé à Moïse, un nom sacré et imprononçable. C'est par ce nom «Kyrios» que l'on reconnaît Jésus Christ, véritable Dieu.

Nous trouvons donc, d\'un côté, la reconnaissance de la seigneurie universelle de Jésus Christ, qui reçoit l\'hommage de toute la création, vue comme un sujet prosterné à ses pieds. Cependant, de l\'autre côté, l'acclamation de foi déclare que Jésus subsiste dans la forme ou condition divine, le présentant donc comme digne d\'adoration.

4. Dans cet hymne, la référence au scandale de la croix (cf. 1 Co 1, 23), et avant encore à la véritable humanité du Verbe fait chair (cf. Jn 1, 14), est intimement liée à l'événement de la résurrection dans lequel elle trouve son sommet. A l'obéissance sacrificielle du Fils suit la réponse glorificatrice du Père, à laquelle s\'unit l\'adoration de la part de l'humanité et de la création. La singularité du Christ naît de sa fonction de Seigneur du monde racheté, qui Lui a été conférée en raison de son obéissance parfaite «jusqu'à la mort». Le projet de salut trouve son plein accomplissement dans le Fils et les fidèles sont invités – surtout dans la liturgie – à le proclamer et à en vivre les fruits.

Tel est l'objectif vers lequel nous conduit l\'hymne christologique que l\'Eglise, depuis des siècles, médite, chante et considère comme un guide de vie: « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5).

5. Suivons à présent la méditation que saint Grégoire de Nazianze a élaborée avec sagesse sur notre hymne. Dans une poésie en l\'honneur du Christ, le grand Docteur de l\'Eglise du IVe siècle déclare que Jésus Christ « ne se dépouilla d\'aucune partie constitutive de sa nature divine, et malgré cela me sauva comme un guérisseur qui se penche sur les plaies infectées... Il était de la lignée de David, mais il fut le créateur d\'Adam. Il était revêtu de chair, mais il était aussi étranger au corps. Il fut engendré par une mère, mais par une mère vierge; il était circonscrit, mais il était aussi immense. Et il fut accueilli dans une mangeoire, mais une étoile servit de guide aux Rois Mages, qui arrivèrent en lui portant des dons et s\'agenouillèrent devant lui. Comme un mortel, il dut lutter contre le démon, mais, étant invincible, il vainquit le tentateur dans un triple combat... Il fut victime, mais également prêtre suprême; il fut sacrificateur, et pourtant, il était Dieu. Il offrit son sang à Dieu, et de cette façon il purifia le monde entier. Une croix le souleva de terre, mais le péché resta enfoncé par les clous... Il alla parmi les morts, mais il ressuscita de l\'enfer et ressuscita un grand nombre de personnes qui étaient mortes. Le premier événement est propre à la misère humaine, mais le deuxième appartient à la richesse de l\'être incorporel... Le Fils immortel assuma cette forme terrestre sur lui, car il t\'aime» (Carmina arcana, 2: Collana di Testi Patristici, LVIII, Roma 1986, pp. 236-238). A la fin de cette méditation, je voudrais souligner deux phrases pour notre vie. Tout d\'abord, cet avertissement de saint Paul: «Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus». Apprendre à avoir les mêmes sentiments qu\'avait Jésus; conformer notre façon de penser, de décider, d\'agir, aux sentiments de Jésus. Prenons cette voie si nous voulons conformer nos sentiments à ceux de Jésus. Prenons la bonne voie. L\'autre phrase est de saint Grégoire de Nazianze: «Lui, Jésus t'aime». Cette parole de tendresse est pour nous un grand réconfort, mais également une grande responsabilité, jour après jour ».

C- une page de spiritualité.

Il vous en souvient, je vous ai donné, dans la « Paroisse saint Michel » du 22 ème dimanche après la Pentecôte, une partie d’un texte du Père Jean, sur la spiritualité des « Victimes du Sacré Cœur ». Je voudrais finir de vous le donner en cette paroisse. « Pour retrouver la première partie du texte, Cliquez-ci)

« Le deuxième état de Jésus victime est l’immolation. Il ne s’est offert que pour s’immoler, et nous voyons, dans l’Evangile et par la croix, l’étendue et la perfection de ce second acte de son sacrifice. Les victimes s’uniront à lui pour être immolées à son exemple.
Premièrement donc, elles accepteront les événements et les dispositions crucifiantes qu’il plaira à sa bonté de leur envoyer. Elles vaincront les répugnances de la nature, et, s’unissant aux angoisses du divin Cœur dans le jardin des Oliviers, elles embrasseront de tout leur cœur, au moins dans la partie supérieure de leur âme, ce que l’Epoux leur donnera de croix et de souffrances, les regardant comme une grande richesse et comme la plus précieuse marque de sa faveur et de leur acceptation comme victimes. Elles seront heureuses de désaltérer la soif de souffrances qu’éprouve le cœur généreux de Jésus, depuis que, ne pouvant plus souffrir en sa personne glorifiée, il ne peut être satisfait qu’en souffrant dans ses membres et dans son corps mystique. Elles se réjouiront de recevoir l’entier accomplissement des vues de Dieu sur elles, en raison de leur consécration.

Leur seconde façon de s’immoler, qui est toute la vertu et comme le point capital de leur dévotion, sera de détruire en elles le vieil homme, avec ses actes et ses concupiscences. Elles le mortifieront généreusement et lui feront bonne guerre, sans pitié, sans relâche, jusqu à lui porter le dernier coup, comme à ces victimes de la loi ancienne que le sacrificateur égorgeait impitoyablement, malgré leur résistance et leurs cris.

L’obéissance, la pauvreté, la chasteté, l’humilité, la douceur, la patience, la modestie, l’amour de la croix, la conformité à la volonté de Dieu, seront leurs vertus favorites et leur exercice habituel d’immolation.

L’humilité en particulier : la vocation de victime est sublime, il faut la fonder sur l’abjection. Et quel désordre, si un orgueilleux se donnait comme réparateur de l’orgueil et des péchés d’autrui !

De plus, une victime entre en union avec Jésus-Christ chargé des péchés du monde ; elle porte sur elle l’infection des crimes qu’elle veut réparer ; elle est destinée à faire amende honorable pour l’orgueil qui est la tête du vieil homme et le principe de tout péché. Cela exige qu’une victime se connaisse, se méprise, se haïsse, qu’elle souhaite d’être méprisée selon sa bassesse. Il n’y a pas d’abîme d’humilité et d’abjection trop profond pour elle.

En dernier lieu, l’immolation d’une victime doit être principalement intérieure et spirituelle. Mais cette immolation du dedans conduit à celle du dehors et à la pénitence extérieure. Il est donc de la vocation des victimes, de traiter leur corps avec une sainte rigueur, tant par les mortifications qu’elles reçoivent de la Providence, que par les inventions du zèle dans la mesure toutefois de l’attrait, des forces et de l’obéissance.

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Jésus-Christ immolé est passé, par sa résurrection glorieuse, au troisième état de sa vie de sacrifice, qui est la transformation. Il reçut alors une vie divine et glorieuse, exempte des infirmités qu’il avait prises avec notre nature. Cet état était figuré dans l’ancienne loi. La victime étant mise à mort et détruite en sa vie naturelle, était placée sur l’autel, où le feu sacré la consumait ; et transformée ainsi en la nature du feu et de la flamme, elle montait vers le ciel, comme un encens d’agréable odeur.

Les victimes immolées en la vie d’Adam, dans ce qu’elles avaient de corrompu, doivent vivre d’une vie nouvelle qui est celle de Jésus-Christ ressuscité.


La grâce sanctifiante, élevée en elles à un degré éminent, dégagée des habitudes du vieil homme, enrichie d’une abondance de dons et de vertus, les rend excellemment participantes de la nature divine ; leur union avec Jésus-Christ est étroite ; elles ont, avec ce divin cep de vigne dont elles sont les branches une même sève, un même sang et une même vie. L’Esprit Saint les trouve dociles ; il est le principe de leurs pensées, de leurs affections, de leur conduite ; elles vivent de Dieu, en Dieu et pour Dieu. Elles se sont quittées elles-mêmes et arrachées à leur volonté, pour passer et se perdre dans celle de Dieu, ayant pris ses pensées, ses inclinations, ses affections, étant sorties de leur nature pour entrer dans la sienne. Elles ont Dieu pour principe, pour moyen et pour fin ; elles sont toutes divinisées, et l’amour a fait de leur sacrifice un holocauste parfait.
Oh ! Qui vous donnera, mon Jésus, de pareilles âmes, entrant bien et pleinement dans l’esprit et dans le but de votre sacrifice, qui est de réparer l’homme déchu, de le rendre à Dieu, d’en faire un instrument immortel d’adoration, de louange, et de rétablir ainsi, avec un avantage incomparable, la fin que Dieu s’est proposée en créant l’homme dans la grâce et en le destinant à la gloire ?

Mais il ne doit être donné qu’à un petit nombre de victimes de s’élever si haut en cette vie, du moins que toutes fassent ce qui dépend d’elles pour pratiquer les vertus propres à une âme transformée : l’oraison, la vie intérieure, le recueillement, la présence de Dieu, l’adoration perpétuelle, la pureté d’intention, le désintéressement spirituel, l’oubli de soi pour Dieu, le zèle pour la sanctification des âmes, pour la conversion des pêcheurs, l’union intime au divin cœur de Jésus, la recherche de la seule gloire de Dieu seul et le pur amour.

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Le dernier état de Jésus, victime est la communion. Jésus immolé et ressuscité s’élève dans les cieux, il se perd en quelque sorte dans le sein de Dieu qui le reçoit comme une hostie de louange et comme un festin délicieux qu’il s’incorpore, ne faisant plus qu’un avec lui. Jésus-Christ est alors pleinement donné à Dieu : le sacrifice est parfait. Et comme il n’a pas prétendu se donner seul, mais rendre à Dieu tous les hommes, et en lui donner plus parfaitement que s’ils eussent persévéré dans la première innocence, cette communion ou communion qu’il fait à Dieu de lui-même , s’étend à son Eglise et a ses saints, qu’il communie aussi de son humanité glorieuse. Les bienheureux n’entreront pleinement dans ce dernier état, qu’entrevoient à peine nos faibles intelligences, qu’à la résurrection générale ; mais, dès ici bas, les victimes s’y préparent par le fidèle accomplissement des devoirs de leur vocation, par une grande attention à profiter de leur union à Jésus dans la communion eucharistique, où elles le reçoivent à l’état de victime consommée, et surtout en se donnant sans réserve et en s’immolant avec générosité. Dieu fera le reste.

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Telle est, en abrégé, la doctrine sur laquelle repose la dévotion des victimes du Sacré Cœur de Jésus. La méditation de ce qui précède enseignera avec détail les vertus qui conviennent à ces âmes dévouées. L’aliment de cette vie est la communion ; sa règle et sa force sont dans l’auguste croix de Jésus et dans le saint sacrifice de l’autel ; son soutien et sa douceur sont dans le doux et ravissant Cœur de Jésus, le plus beau et le plus aimable des époux, sans l’amour duquel une victime ne suivra jamais la voie du sacrifice.
Cette dévotion doit être fidèlement pratiquée par toutes les âmes que Jésus y veut appeler dans les diverses conditions de vie, particulièrement par les religieux et par les vierges, qui ont le bonheur de mener la vie crucifiée dans les communautés, lorsque l’Esprit Saint leur donne cet attrait ; mais cette dévotion convient surtout aux prêtres qui immolent sur l’autel la divine victime, et auxquels l’Eglise , le jour de leur ordination, recommande, en ces termes, d’être à la fois prêtres et victimes, en union avec l’auteur de leur sacerdoce, et, à proprement parler, l’unique prêtre et l’unique victime : « Appréciez ce que vous faites, imitez ce que vous tenez entre vos mains et puisque vous célébrez le mystère de la mort du Seigneur, ayez soin de mortifier en vos membres la concupiscence avec tous ses vices ».
Ainsi l’Apôtre éprouvait, en sa chair, la continuation des souffrances de Jésus-Christ pour l’Eglise, qui est le corps du Sauveur, et dont il était le ministre. Il n’aurait pas pensée remplir suffisamment le ministère de la parole de Dieu, s’il n’eût désiré d’être immolé et de faire aspersion de son sang sur le sacrifice de la foi des fidèles ; et parvenu à une époque voisine de la mort, il se regardait comme une victime offerte et préparée pour le sacrifice, n’attendant plus que l’heure de son immolation. Que cet exemple de saint Paul doit parler au cœur d’un prêtre qui est l’homme de Dieu, de Jésus-Christ, de l’Eglise et des âmes, et le rendre docile à la voix de la grâce, si elle lui inspire de se donner en victime au divin Cœur de Jésus, son maître !
Les âmes que Notre Seigneur applique à cette vie, doivent se préserver de l’orgueil spirituel, se mettre en garde contre l’imagination, s’attacher aux vertus solides, ne point s’exalter à la pensée des croix, redouter l’illusion, et ne point prendre pour réel et déjà opéré dans l’âme, le bien qui n’existe que dans la pensée ; se tenir dans la paix, la douceur, l’humilité, la modération intérieure ; craindre la lâcheté, et toutefois ne pas forcer la grâce ; s’armer de courage et de confiance, se conduire d’après les simples vues de la prudence chrétienne, avoir le plus grand et le plus ferme éloignement pour les voies extraordinaires si dangereuses, lorsqu’on s’y engage de soi-même et qu’on s’y conduit sans obéissance, si propres alors à nourrir l’orgueil dont elles sont le fruit, si fécondes en illusions et semées de tant d’écueils. La devise des victimes est : Dieu seul. Il semble qu’elles n’ont plus d’intérêt propre que celui de Dieu, mais si elles s’oublient elles-mêmes, il ne les oubliera pas. Elles verront s’accomplir pour elles ce qu’a dit le sauveur : « Qui perdra son âme la retrouvera ». Qu’elles s’en remettent au cœur généreux et tendre de leur Epoux. Jésus, Marie, Joseph. Dieu seul. »

D- Le Cardinal Arinze, mercredi 26 octobre, à l’Athénée pontifical « Regina Apostolorum ».


Le cardinal Arinze, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, mais également président émérite du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a donné une conférence le mercredi, 26 octobre, sur le thème « L’Eglise catholique aujourd’hui et les religions du monde » à l’Athénée pontifical « Regina Apostolorum ».

« Il arrive un moment où nous devons annoncer Jésus », a précisé le cardinal, car nous avons l’obligation envers Dieu de « chercher la vérité religieuse ».

Cette vérité est que « Jésus Christ est le seul sauveur de toute l’humanité ». Il existe « un seul Dieu, un seul médiateur entre Dieu et l’humanité », a poursuivi le cardinal africain, en rappelant que Jésus a institué l’Eglise comme « voie ordinaire pour le salut ».

Le salut, a-t-il ajouté, est « une initiative divine », « à laquelle nous sommes appelés et à laquelle nous répondons ». Ce n’est pas nous qui sommes à l’origine de cette initiative mais Dieu, et « sans la grâce, personne n’est sauvé ».

Le salut, qui dans le projet de Dieu inclut toute l’humanité et embrasse les membres des diverses religions « sera toujours le salut de Jésus sauveur », a affirmé le cardinal Arinze. Et même si les personnes concernées ne le connaissent pas, lorsqu’elles arriveront au ciel, elles trouveront cette « douce surprise », a-t-il ajouté.

D’où vient alors la nécessité des missionnaires ? L’Eglise catholique a le « mandat divin d’aller dans le monde entier », a répondu le cardinal nigérian, précisant qu’après 2000 ans de christianisme « la mission du Rédempteur ne fait que commencer ».

Il ne suffit pas d’avoir « la possibilité d’être sauvé », a-t-il poursuivi, il faut aussi « recevoir les moyens du salut dans leur plénitude et abondance », et « nous n’avons tous ces moyens que dans l’Eglise ».

L’Eglise, a-t-il expliqué, est « une communion de foi, de charité, de culte, de service fondée par Jésus Christ », qui lui a promis « son assistance et la présence de l’Esprit Saint jusqu’à la fin du monde ».

Selon le card. Arinze, l’Eglise catholique est unique pour plusieurs raisons. Tout d’abord, celui qui a fondé l’Eglise est le Fils de Dieu lui-même, qui « a enseigné, fait des miracles, souffert, est mort, est ressuscité, et a donné à l’Eglise le pouvoir de célébrer ses mystères jusqu’à la fin des temps ».

Lorsque l’Eglise célèbre la messe, c’est Jésus lui-même qui célèbre, tout comme dans les autres sacrements la personne principale qui agit est le Christ, a-t-il précisé.

Les moyens pour adhérer à cette grande « famille du salut », a-t-il expliqué, sont le Baptême et la foi, à travers lesquels « nous entrons dans l’Eglise comme on entre dans une maison par la porte ».

Reconnaissant l’importance fondamentale du dialogue et de la collaboration entre les religions, le cardinal Arinze a toutefois rappelé la nécessité de sauvegarder et promouvoir l’identité chrétienne et catholique des pays européens, afin que celle-ci « ne se vende pas au profit d’une collaboration nébuleuse ».

Tous ces sujets si importants pourraient bien être développés dans la futur encyclique de Benoît XVI qu’on nous annonce pour le 8 décembre. Le carinal doit peut-être bien déjà la connaître !