ITEM
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Un regard sur le
monde politique et religieux
Au 17 novembre
2006
N°
107
Par Monsieur l’abbé
Aulagnier
Monseigneur Vingt-Trois
s’exprime sur la « controverse liturgique » des 40 dernières années
Le 26 octobre dernier,
l’Institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris a fêté son
cinquantième anniversaire. C’est en effet en l’année 1956 que cet institut a
vue le jour dans le « sein » de la « catho ». Son but est
bien précisé sur son site : « Fondé
en
Dans le cadre de cette
commémoration, un colloque fut organisé. Le cardinal Arinze, préfet de
A- Discours du Cardinal
Francis ARINZE au Colloque organisé
à l'occasion de
Liturgie de Paris
Le cardinal Arinze, après de brèves paroles de félicitations et d’action
de grâces pour le travail accompli durant ces cinquante années au service de
l’Eglise – on notera qu’il y insiste bien peu – en vient immédiatement à l’objet de son
propos. Il veut essentiellement rappeler les devoirs non seulement de l’Institut supérieur de liturgie de Paris,
mais aussi de tout Institut de ce genre. Il veut « mener une réflexion
d’un réexamen des orientations afin de tracer clairement la route qu’il
convient de suivre et de prendre des résolutions pour le futur ».
C’est pourquoi son discours est sans cesse ponctué de
souhaits : « un Institut
supérieur de liturgie doit… devrait….. », Il utilise cette expression pas moins de
vingt fois.
Il propose quelques réflexions sur certains
points : sur le rôle d’un Institut de Liturgie, sur « l’art de
célébrer », sur la formation à l’homélitique, sur le rôle du prêtre dans la
liturgie, sur celui de l’évêque. Il termine son exhortation par un appel aux
« services » que l’Eglise est en droit d’attendre d’un Institut Supérieur
de Liturgie.
Voyons ses
suggestions.
Il rappelle tout d’abord qu’un Institut supérieur de
Liturgie doit s’adonner à la recherche sur la « chose » liturgique,
mais cette recherche doit se faire « sur
les bases solides et durable de la foi, de
Cette formation aura pour conséquence une bonne
célébration des « saints
Mystères », ce qu’on appelle « l’ars
celebandi ». Cette formation liturgique devra également se faire sentir
au niveau de l’homélie. C’est l’occasion pour le cardinal de rappeler ce que
doit être dans l’Eglise l’homélie : elle doit être nourrie de «
célébration du Sacrifice eucharistique,
soit un ministère pastoral réservé aux
seuls ministres ordonnés: le diacre, le
prêtre et l'Evêque. Or, il est vrai que
les fidèles laïcs, s'ils peuvent très
bien assurer la catéchèse en dehors de la
Messe, ne sont néanmoins pas habilités à
prononcer l'homélie, pour laquelle il
est requis de recevoir
l'ordination ». Là aussi…Ce n’est sans doute pas pour rien
que le cardinal rappelle cette vérité. Le prêtre, à l’autel et dans l’Eglise, exerce un rôle spécifique qui lui est propre
car « le sacerdoce ministériel,
dit très justement le cardinal, est une
partie intégrale et constitutive de la structure de l’Eglise. Seul, il peut « célébrer la sainte Messe, seul il peut absoudre les fidèles de leurs
péchés au moyen du sacrement de pénitence et peut donner
l’Onction des malades ». Dans toutes les cérémonies liturgiques
que sont mariages, enterrements et
autres, la présence du prêtre est vraiment utile. « Si l’on affaiblit le rôle du prêtre ou si on ne l’apprécie pas,
une communauté locale catholique peut dangereusement sombrer dans l’idée qu’il
est possible d’envisager une communauté sans prêtre ». Or « une telle pensée n’est pas conforme avec la
conception authentique de l’Eglise instituée par le Christ ». Aussi ne craint-il pas de dire « qu’il n’y a pas de place dans l’Eglise catholique
pour la création d’une sorte de « laïc cléricalisé » parallèle ».
Mais au prêtre aussi de célébrer dans la joie et la foi les saints Mystères. Alors
ils seront attractifs pour les
jeunes : « « Si les prêtres
célèbrent les saints Mystères avec foi et dévotion et conformément aux livres approuvés, leur témoignage constitue
alors une vraie prédication en faveur des vocations au sacerdoce. D’un autre
côté, les jeunes ne désireront pas se joindre à un groupe de clercs, qui
semblent incertains de leur mission, qui critiquent leur Eglise et lui
désobéissent, et qui célèbrent leurs « propres liturgies » conformes
à leur choix personnels et à leurs théories ». C’est bien dit. Et
c’est ainsi que tout Institut supérieur de Liturgie doit diffuser « une théologie correct sur le prêtre en tant
qu’instrument du Christ dans la sainte liturgie ». Voilà un très
heureux et bien utile rappel !
Et c’est pourquoi l’évêque « gardien de toute la vie liturgique de
l’Eglise diocésaine » a besoin
des Instituts supérieurs de liturgie, fidèles à leur vraie mission. Le cardinal
précise cette aide apportée et souhaitée par l’Evêque : Ils aident « à expliquer et à diffuser les documents et
les instructions émis par les différentes instances dans le domaine liturgique ».
Ils constituent de « précieux conseillers
pour l’évêque ». Ils aident le peuple à comprendre que « la sainte liturgie n’est pas un
domaine où règne la libre recherche mais qu’elle est bien la prière officielle
et publique de l’Eglise » C’est pourquoi il s ne doivent pas se
considérer « comme des observateur
indépendant et critiques. » La
remarque se veut insistante !
Et parce que ces Instituts sont au service de
l’Eglise, ils devraient être des maisons « où
règnent la lumière et l’amour » de sorte que, grâce à leurs
enseignements, soient rejetés la « banalisation », la « désacralisation »
et « la sécularisation »…ainsi
que l’horizontalisme : « l’horizontalisme, qui conduit le peuple à se
célébrer lui-même au lieu de célébrer les Mystères du Christ, a des
conséquences néfastes pour la foi catholique et le culte et c’est pourquoi, il
doit être absolument être évité ».
La désacralisation ! Voilà un vrai danger pour
l’Eglise et son clergé.
Jean Madiran a fort insisté sur ce point dans son
commentaire du texte du cardinal paru dans Présent du 10 novembre 2006, sous le
titre : « L’Eglise en ruine ? » Oui,
car désacralisée »
« Le cardinal Arinze est venu faire à Paris le 26
octobre( un discours) pour corriger les
malfaçons et les erreurs de la liturgie française.
« Le cardinal Arinze est en quelque sorte le bras
droit du Pape en matière liturgique. Personnellement, il ne passe pas pour
militer avec ardeur en faveur d’une libération de la messe tridentine. Mais il
constate et juge l’affligeante réalité. Il faut avoir sous les yeux le texte
intégral de son discours.
« Le cardinal Arinze insiste notamment sur le
désastre d’une liturgie qui, par « une conception inadmissible de la démocratie
», aboutit en fait à un peuple et un
clergé qui se célèbrent eux-mêmes
au lieu de célébrer les
mystères du Christ. Il met en cause la tendance à une « laïcisation du clergé » jointe à une « cléricalisation des
laïcs ». La cause, ou le prétexte, en est peut-être dans le fait que le
clergé diocésain est en voie de disparition, faute de vocations. Mais alors,
dit le Cardinal, « si un diocèse ne dispose pas d’un nombre suffisant de
prêtres, des initiatives devraient être prises pour les faire venir d’ailleurs
». L’Eglise a « absolument besoin de prêtres ordonnés pour célébrer la sainte
messe, absoudre les fidèles, donner l’onction des malades », et aussi pour les
« célébrations des mariages et des funérailles ». Il n’est pas « possible
d’envisager une communauté [locale] sans prêtre », ce n’est plus « l’Eglise
instituée par le Christ ».
Ce que le cardinal Arinze dénonce comme la « laïcisation » du clergé diocésain a
pour conséquence évidente la désacralisation
du prêtre. Une telle analyse est en consonance (mais en consonance
inverse) avec celle de Mgr Albert Rouet rapportée par
JEAN MADIRAN
Voici le texte intégral du cardinal.
Bienheureuse célébration. Temps de Grâce.
Dieu soit loué pour la
célébration de ce cinquantième anniversaire de la vie et du service de
l'Institut Supérieur de Liturgie. Durant ces cinquante ans, l'Institut a offert
à l'Eglise une
contribution importante et
significative à la réflexion, à la vie et à la formation dans le domaine de
1. La célébration d'un jubilé comme celui-ci n'est pas seulement une occasion pour
rendre grâce, mais elle nous offre aussi l'opportunité de mener une réflexion,
en vue d'un réexamen des orientations, afin de tracer clairement la route
qu'il convient de suivre, et prendre des résolutions pour le futur. Nous aborderons
quelques thèmes au sujet desquels on peut penser qu'un Institut Supérieur de
Liturgie semblable à celui-ci pourrait s'efforcer de rendre certains services.
Il est important de montrer un chemin de lumière dans les différents domaines
qui constituent
2. Montrer un chemin de lumière dans le
domaine de
Tout d'abord, l'un des devoirs d'un Institut Supérieur de
Liturgie est d'être comme un phare qui désigne un chemin de lumière en matière
de Liturgie. Assumer une telle fonction
permet à la fois d'informer et aussi de former des responsables, qui soient capables d'apprécier à leur
juste valeur les richesses contenues dans le culte public de l'Eglise, et qui, de surcroît, soient prêts à les
partager avec les autres. Cela
permet d'éclairer et de mieux expliciter le lien étroit qui existe entre la théologie et la liturgie, entre la foi de l'Eglise
et la
célébration des Mystères du
Christ, entre la lex credendi et la lex orandi. Il est vrai qu'un Institut
Supérieur de Liturgie doit promouvoir la recherche. Toutefois, avant tout, il
convient qu'il établisse ses travaux sur les bases solides et durables de la
foi, de
tel Institut doit donc être
heureux de considérer que la sainte Liturgie est un don que nous recevons du
Christ par l'Eglise. De fait, la sainte Liturgie n'est pas une chose que l'on
invente. Elle comprend, en effet, des éléments immuables, qui proviennent de
notre Sauveur Jésus Christ, comme les éléments essentiels des Sacrements, et
aussi des éléments variables, qui ont été soigneusement transmis et conservés
par l'Eglise.
Beaucoup d'abus, dans le domaine de
"horizontalisme",
qui consiste à placer l'homme au centre de la célébration liturgique au lieu de
porter son attention vers le haut, c'est-à-dire vers le Christ et ses Mystères.
On dissipe les ténèbres grâce à la lumière, et non par des condamnations
verbales. C'est pourquoi, notamment, un Institut Supérieur de Liturgie doit
avoir le souci de former des experts dans la meilleure et authentique tradition
théologico-liturgique de l'Eglise. Il les forme donc à l'amour de l'Eglise et
de son culte public, et il leur enseigne à suivre les normes et les
orientations données par le Magistère. De même, un tel Institut prévoit aussi
des cours appropriés pour ceux qui veulent promouvoir la formation permanente
des clercs, des personnes consacrées et des fidèles laïcs. Comme le Pape
Jean-Paul Il l'écrivait à l'Assemblée Plénière de
est urgent que dans les
communautés paroissiales, dans les associations et dans les mouvements
ecclésiaux on assure des cours appropriés de formation, afin que
3. La promotion de l'ars celebrandi.
Une solide base
théologico-liturgique, une formation de qualité dans le domaine de la foi, et
le respect du caractère propre de
pour nom "l'ars
celebrandi"; de fait, celui-ci sera promu non seulement par le prêtre
célébrant, mais aussi par tous ceux qui prennent part aux actions liturgiques:
tout d'abord, le diacre, mais aussi les servants d'autel, les lecteurs, ceux
qui dirigent le chant et toute l'assemblée qui participe à l'action liturgique.
L'ars celebrandi est fondée sur la vérité théologique que
le Concile Vatican II exprime
en ces termes: "a Liturgie est considérée à juste titre comme l'exercice
de la fonction sacerdotale de Jésus Christ, exercice dans lequel la
sanctification de l'homme est signifiée par signes sensibles, est réalisée
d'une manière propre à chacun d'eux, et dans lequel le culte public intégral
est exercé par le Corps mystique de Jésus Christ, c'est-à-dire par le Chef et
par ses membres" (Sacrosanctum Concilium, 7). Un Institut de Liturgie
devrait aider chaque personne, qui participe à une célébration liturgique, à
apprécier cette vérité. Cela concerne en tout premier lieu le prêtre célébrant
ou l'Evêque. Si ces derniers sont suffisamment insérés dans la compréhension
des célébrations liturgiques qui ont pour Tête le Christ, s'ils respectent
l'Ecriture,
Le Concile Vatican II dit que
"l'homélie est fortement recommandée comme faisant partie de la liturgie
elle-même" (Sacrosanctum Concilium, 52). Dans l'homélie, le pain de
5. Le rôle liturgique du prêtre.
Il est essentiel pour un
Institut Supérieur de Liturgie de préciser clairement quel est exactement le
rôle du prêtre dans la sainte Liturgie. Le Concile Vatican Il dit, en effet,
que "le renouveau de l'Eglise entière dépend pour une grande part du
ministère des prêtres animé par
l'Esprit du Christ"
(Optatam Totius, préambule). Le sacerdoce commun de tous les baptisés et le
sacerdoce ministériel des prêtres ordonnés proviennent du Christ lui-même. Or, si dans la constitution hiérarchique de
l'Eglise, on confond les rôles des uns et des autres, cela provoque toujours
des dommages. De plus, une telle position ne contribue pas à promouvoir le témoignage
rendu au Christ, ni la sainteté du clergé et des fidèles laïcs. Enfin, ni les
tentatives de cléricalisation des laïcs, ni les efforts en vue d'une
laïcisation du clergé ne peuvent être porteurs des grâces divines. Le Concile
Vatican II dit que "dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre et
fidèle, en s'acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui
revient en vertu de la nature des choses et des normes liturgiques"
(Sacrosanctum Concilium, 28). C'est donc
faire preuve de fausse humilité et d'une conception inadmissible de la démocratie
ou de la fraternité, pour un prêtre, que d'essayer de partager le rôle qu'il
exerce dans la liturgie en tant que prêtre - et qui lui est donc strictement
réservé - avec les fidèles laïcs. Ainsi, il n'est pas superflu d'affirmer
qu'un Institut Supérieur de Liturgie, comme toute faculté de théologie, devrait
aider le peuple à comprendre que le sacerdoce ministériel est une partie
intégrale et constitutive de la structure de l'Eglise, et que, par conséquent,
nous avons absolument besoin de prêtres ordonnés pour célébrer la sainte Messe,
pour absoudre les fidèles de leurs péchés au moyen du Sacrement de Pénitence,
et pour donner l'Onction des Malades à ceux qui en ont besoin (cf. Tc 5,
14-15). De plus, étant donné que l'on constate que les gens, qui viennent
nombreux aux célébrations des mariages et des funérailles, peuvent en tirer de
grands bienfaits sur le plan spirituel, il faut donc affirmer que, notamment
dans ces cas, nous avons besoin de prêtres pour célébrer le Sacrifice eucharistique,
pour adresser des paroles empreintes de spiritualité dans des homélies de
qualité à des personnes - dont un certain nombre participe rarement à
De leur côté, les prêtres devraient montrer
explicitement qu'ils sont heureux dans leur vocation, ce qui va de pair avec
une conscience très claire de leur identité dans le cadre de leurs fonctions liturgiques.
Si 1es prêtres célébrent les saints Mystères avec foi et dévotion, et
conformément aux livres approuvés, leur témoignage constitue alors une vraie
prédication en faveur des vocations au sacerdoce. D'un autre côté, les jeunes
ne désireront pas se joindre à un
groupe de clercs, qui semblent incertains de leur
mission, qui critiquent leur Eglise et lui désobéissent, et qui célèbrent leurs
propres "liturgies" conformes à leurs choix personnels et à leurs
théories. En conclusion, un Institut
Supérieur de Liturgie et une faculté de théologie
sont des instruments précieux
dont l'Eglise dispose pour la diffusion d'une théologie correcte sur le prêtre
en tant qu'instrument du Christ dans la sainte Liturgie.
6. Le rôle de l'Evêque.
Il est évident que la communion
ecclésiale doit signifier communio avec 1'Evéque diocésain et entre les Evêques
et le Pape. Dans le diocèse, l'Evêque est le premier dispensateur des Mystères
du Christ. Il le modérateur, le promoteur et le gardien de toute la vie
liturgique de
l'Eglise diocésaine (cf.
Christus Dominus, 15 ; CIC, can. 387 ; Redemptionis
Sacramentum, 19). L'Evêque
dirige l'administration des sacrements, en particulier celle de
(Sacrosanctum Concilium, 41).
Les facultés catholiques de théologie, les instituts liturgiques et les centres
pastoraux ont pour vocation d'aider l'Evêque, en tant que Pasteur du diocèse. Ils
coopèrent aussi d'une manière appropriée avec
les Evêgues sont en premier
lieu les responsables. Un institut catholique ou une faculté de théologie
comprend alors qu'il ne convient pas d'emprunter une voie parallèle à celle de
l'Evêque ou du Saint-Siège, ou bien de se considérer comme un observateur
indépendant ou critique. A ce sujet, nous devons remercier « l'Institut
Supérieur de Liturgie » pour le rôle positif qu'il a joué durant un demi-siècle
dans l'Eglise, en vue de la promotion de la sainte Liturgie et de la communion
ecclésiale. Ces propos nous conduisent à la conclusion, qui comportera une
liste des quelques services qu'on pourrait attendre de la part d'un Institut
Supérieur de Liturgie.
7. Les quelques services qu'on peut attendre
de la part d'un Institut Supérieur de Liturgie.
A partir de ce qui vient d'être dit, on peut
en conclure qu'un Institut Supérieur de Liturgie devrait être une maison où
règnent la lumière et l'amour. Il devrait donc préparer des experts aptes à
informer et à donner eux-mêmes une formation en matière liturgique. Par
conséquent, il lui revient de susciter auprès du peuple la foi et l'amour de
l'Eglise, de telle sorte qu'il puisse apprécier que "les normes
liturgiques sont une expression concrète du caractère ecclésial authentique de
l'Eucharistie": car tel est leur sens profond.
Saint-Sacrement,
Un Institut tel que le vôtre
exerce une grande influence, du fait de l'orientation et de l'esprit de ceux
qui y étudient, de ses publications, et aussi à cause de son autorité morale
lorsqu'il transmet ses idées et ses. réflexions aux centres liturgiques et
pastoraux diocésains, ainsi qu'aux maisons d'éditions. Cette influence s'étend
au-delà de
sous-jacente aux rites
liturgiques. Puisque "
Francis Cardinal ARINZE
Préfet de
et la discipline de
sacrements.
B- Le texte de l’intervention
de Mgr Vingt-Trois
Mgr Vingt-Trois, en tant que « chancelier de
l’Institut de Paris, a pris lui
aussi la parole au cours du colloque de ce
cinquantième anniversaire, devant le cardinal Arinze.
Il a fait, en particulier, une longue réflexion sur ceux qui ont refusé la « réforme
liturgique » de 1969. Il a jugé leur comportement.
Voici ses propos nous concernant. Il faut les avoir en
tête :
« Sous
couvert de la mobilisation pour la défense d’une forme liturgique, c’est bien à
une critique radicale du concile Vatican II que l’on a assisté, voire au rejet
pur et simple de certaines de ses déclarations. Le refus des livres liturgiques
régulièrement promulgués fut suivi de l’injure publique envers les papes et
couronné par des faits de violence comme la prise de force d’une église paroissiale
à Paris et une seconde tentative avortée de la part des mêmes auteurs.
Il ne serait pas utile de faire mémoire
de ces tristes événements s’ils n’étaient de nature à éclairer le contexte
actuel. Aucun des protagonistes de ces combats n’a cru ni dit que le
problème était prioritairement et, moins encore, exclusivement liturgique.
Il était et il demeure un problème ecclésiologique. Il pose clairement la
question du sens de l’unité ecclésiale dans la communion avec le siège de
Pierre. Il pose clairement la question de l’autorité d’un concile œcuménique et
de ses déclarations votées par l’ensemble du collège épiscopal et promulguées
par le premier des évêques, tête du collège.
Si je me permets d’évoquer ces
soubassements du débat liturgique, c’est parce qu’ils me semblent constituer un
lieu théologique et spirituel de notre expérience d’Église. Si la controverse
liturgique a joué aussi fortement ce rôle de paravent pour un autre débat,
c’est bien parce que la liturgie est aussi un révélateur de l’expérience de
la communion ecclésiale. Elle n’est pas un spectacle dont on pourrait
critiquer à loisir le programme et la distribution et corriger les partitions.
Elle est l’expression de la foi et de la communion de l’Église. Elle est,
en régime chrétien, l’action constitutive de l’Église : « Toute célébration
liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église,
est l’action sacrée par excellence, dont nulle autre action de l’Église n’égale
l’efficacité au même titre et au même degré »
Quelques mots de commentaire.
S’il m’est permis, Monseigneur, de vous répondre ici,
je vous dirais volontiers que
la « controverse liturgique » que nous
avons mené, notre corps défendant, n’a
pas pour raison la critique radicale du Concile Vatican II, comme vous l’affirmez.
Elle n’est même pas le « rejet pur et
simple de certaines de ses déclarations ».
De plus notre controverse n’a pas joué comme un « paravent »
pour cacher « un autre débat »,
fondamental, le vrai : le refus de l’Eglise, de son Magistère et de la communion
ecclésiale. Je me lève là contre. C’est bien le contraire qu’il faut dire. Cette
controverse liturgique » est et fut pour nous, très précisément, l’expression d’une profonde communion avec
l’être historique de l’Eglise, avec « ses coutumes légitimes et immémoriales », avec
« son patrimoine reçu en héritage ». . C’est donc nous faire injure ! C’est nous faire un faux procès. Un faux
procès qui n’est, du reste, plus de mise
aujourd’hui puisque c’est avec la messe tridentine - que nous avons voulu
défendre et que vous avez voulu supprimer - que nous avons, mes confrères et moi-même, normalisé notre situation dans l’Eglise grâce
au pape Benoît XVI. Il faut en prendre
acte…
Notre « controverse » liturgique n’a pas
pour principe et fondement la critique ou le refus du Concile Vatican II. J’en
veux pour preuve le premier livre d’importance qui fut écrit sur ce sujet,
«
Et notre auteur démontre textes en mains que,
malheureusement, la réforme liturgique, tout animée de l’esprit dit « post-conciliaire » va s’éloigner de la sagesse des grands textes liturgiques du Concile. Il le
démontre pour la langue vernaculaire qui a complètement remplacé la langue
latine, contrairement à l’enseignement du Concile. Ce n’est qu’un exemple. L’article 36 de
De plus j’ai personnellement analysé de près la conférence
que le cardinal Stickler a donnée en Autriche, en 1997, sur la réforme liturgique. Il montre combien
elle s’est éloignée des principes liturgiques rappelés par les Pères conciliaires
dans son document « Sacro Sanctum Concilium ». Je vous renvoie à cette critique dans Les
Nouvelles de Chrétienté de cette semaine. Elle
sera même un chapitre d’un prochain livre à paraître bientôt. C’est
dire combien je partage la pensée du cardinal. C’est
donc aller vite en matière que de dire que, dans cette
affaire liturgique c’est le Concile qui fut plus, pour ne par dire uniquement,
l’objet de nos critiques et de notre
courroux….
Vous dites aussi que : « Aucun des protagonistes de ces combats n’a
cru ni dit que le problème était prioritairement et, moins encore,
exclusivement liturgique ». Lorsque nous nous rencontrerons, Eminence, j’aurais l’immense joie de vous dire que notre refus liturgique est bien
un refus « liturgique ». En
ce sens que la liturgie, dans l’Eglise,
comme nous l’a appris Dom Guillou citant Dom Prosper Guéranger, « est
« Le refus des livres liturgique » qui, de
fait, nous a animé met en cause des raisons doctrinales sérieuses. Ce débat est
donc un débat doctrinal tout au tant que
liturgique. Il est du reste vain d’opposer doctrine à liturgie. La
liturgie est un lieu théologique. C’est la définition nouvelle que l’on donnait
de la messe qui est la raison de notre refus C’est le fameux article 7. Je me
permets de vous renvoyer essentiellement au Bref
Examen Critique présenté, à l’époque, par le cardinal Ottaviani et Bacci,
au Pape Paul VI. Il dit tout sur notre refus et à lui seul, il justifie notre
comportement. Nous demandons qu’on le juge. Et la crise de l’Eglise connaîtra
un début de solution lorsque ce sujet sera franchement abordé…
Jean Madiran , dans un récent article de Présent, du
11 novembre 2006, et qui a pour
titre : « Au cœur de
Voici quelques passages de son article :
« Le caractère sacré du
prêtre ne trouve aucun fondement dans les « valeurs humanistes », ni dans « une
démocratie comme la nôtre », ni dans l’analyse sociologique de sa « relation à
une communauté ». C’est pourquoi il s’est estompé.
Il s’est estompé comme s’est
estompé ce qui le fonde, c’est-à-dire la foi en
dans le vague. Cela dure depuis
trente- cinq ans. Cela ne vient pas du Concile.
Cela vient de la messe vernaculaire.
L’inspiration qui
anime la messe nouvelle a été celle de l’article 7, première version. La présence réelle y a été
définie par référence explicite à l’évangile de Matthieu (18, 20) : « Là
où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux.
» Certes c’est une présence, certes elle est réelle, d’une réalité
spirituelle. Ce n’est pas
On dit étourdiment : – Mais l’article
La preuve : l’épiscopat français s’est fermement
installé dans la perspective de l’article 7 première version. Sans tenir aucun
compte de sa discrète rectification, il a longuement engagé son autorité dans
le « rappel de foi » de ses nouveaux missels affirmant qu’à la
messe « il s’agit simplement de faire mémoire de l’unique sacrifice
déjà accompli ». Par quoi il allait plus loin encore, plus explicitement
dans l’hérésie que l’article 7 première version, mais c’était bien dans la même
ligne et sous la même inspiration. Il a fallu plusieurs années pour que cette
affirmation carrément hérétique (dans les termes exacts où elle avait été
anathématisée par le concile de Trente) soit enfin retirée des missels, mais là
aussi sans désaveu explicite ni rétractation. Ce qui fait qu’une grande partie
du clergé diocésain demeure plus ou moins incertaine sur
Si l’on n’a plus en
Bien sûr, c’était une boutade c’était une citation…
Louis Salleron en fit deux poèmes très plaisants, l’un joyeux, l’autre gai,
parus dans Itinéraires. Aujourd’hui nous en sommes aux travaux
plastiques de Mgr Rouet. Et aux évêques qui, à la quasi-unanimité (honneur à
ces quelques quasis !) serrent les rangs, selon
faire front à toute libération de la messe tridentine.
Celle où
JEAN MADIRAN
Vous le voyez bien, Excellence, ce n’est pas au
Concile que nous sommes opposés. Jean Madiran le dit clairement au début de son article. Ce n’est pas le
problème. Le vrai problème fut d’ordre
doctrinal. Le cardinal Stickler et le cardinal Ratzinger le dirent eux aussi
dans les années 95-97-98. Le cardinal Stickler dit même en conclusion de la
conférence qu’il donnait en Amérique, en mai 95, sur le thème « les
bienfaits de la messe tridentine » : « Pour résumer nos réflexions nous pouvons dire que les bienfaits
théologiques de la messe
tridentine correspondent aux déficiences
théologiques de la messe de Vatican II ».
Exprimait-il lui aussi comme nous, selon vous, d’un manque de « communion
ecclésiale » ?
Il me semble Excellence, qu’il faut revoir vos arguments. Nous pourrons
le faire lors de notre prochaine rencontre.
Voici maintenant le texte in extenso de Mgr
Vingt-Trois :
Éminence, Excellences,
Monsieur le Recteur, mes Pères, Mesdames et Messieurs,
C’est un honneur et une joie
pour l’archevêque de Paris, Chancelier de l’Institut Catholique, d’ouvrir ce
colloque universitaire à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Institut
Supérieur de Liturgie. Cette joie et cet honneur sont encore amplifiés,
Éminence, par le privilège que vous nous accordez de votre présence. Votre
participation active manifeste l’intérêt de
êtes le Préfet non seulement
pour les travaux de ce colloque mais surtout pour l’œuvre accomplie au cours
des cinquante dernières années par l’Institut de Liturgie.
1. Au tournant du siècle.
La fondation de cet Institut
doit être replacée dans le cadre plus large du vaste ensemble de travaux et de
recherches sur la liturgie qui a marqué le vingtième siècle et que l’on a
parfois justement désigné sous le titre générique de « Mouvement liturgique ».
Parallèlement aux études
profanes sur les rites et les mythes, la fin du XIX° siècle et la première
moitié du vingtième ont été marquées par un important investissement de travaux
historiques et théologiques sur l’intelligence de la liturgie latine. D’autres,
plus compétents que moi évoqueront sans doute les grandes figures de ce
mouvement particulièrement fécond en Allemagne et en France.
Largement soutenus et encouragés
par Pie XI et Pie XII, ces travaux ont amené, bien avant le Concile Vatican II,
un certain nombre de réformes visant à mieux manifester le sens de l’acte
liturgique et à en faciliter l’accès aux fidèles.
Qu’il me soit simplement
permis d’évoquer la réforme de
Les études menées ont aussi
permis de mieux connaître, du moins pour ceux qui veulent s’y référer, les
mutations successives des rituels liturgiques et leurs conditionnements
historiques. Du point de vue théologique, elles ont conduit à affiner le sens
de la fidélité à une tradition vivante dans une lente évolution, qui n’est pas
simple répétition mécanique d’un rituel choisi à une période particulière.
Ainsi, la profonde réforme liturgique de saint Pie V, en
application du Concile de
Trente, a pu être comprise comme une des étapes de cette longue évolution, ni
la première, ni la dernière. La fidélité à l’institution originelle a pu
s’approfondir en intégrant la perception vivante de la tradition ecclésiale.
L’Église, en son magistère, a la charge de garantir cette fidélité.
Après les premières réformes
décrétées par le Pape Pie XII, il devint clair que l’approfondissement des
connaissances historiques et de la réflexion théologique sur la liturgie
constituait un domaine fondamental de la recherche universitaire. Ce fut le
mérite des pionniers de répondre à cette opportunité en se lançant dans la
belle aventure de l’Institut Supérieur de Liturgie. Il faudrait tous les citer.
Qu’il soit au moins permis d’en nommer quelques-uns parmi les premiers: Dom
Botte o.s.b., le P. Bouyer de l’Oratoire, le P. Gy o.p.
et le P. Jounel, parmi bien
d’autres.
2. La réforme liturgique.
Dans le contexte pastoral et
universitaire du mouvement liturgique du XX° siècle, le jeune institut allait
trouver un champ de travail particulier avec la réforme liturgique voulue par
le concile Vatican II et mise en œuvre avec fidélité et persévérance par Paul
VI et Jean-Paul II. Dans les temps que nous vivons, il n’est peut-être pas
superflu de rappeler quelques éléments
fondamentaux de cette
réforme. Je ne doute pas que ce sera fait au long de ce colloque. Pour ma part,
ayant vécu la réforme comme séminariste et comme prêtre, je voudrais simplement
relever deux aspects qui me semblent aujourd’hui trop largement méconnus.
Le premier aspect est celui
de la richesse catéchétique et spirituelle dont bénéficient les fidèles et, à
travers eux, toute l’Église. L’élaboration des nouveaux lectionnaires
liturgiques, avec la lecture continue des évangiles et des épîtres et l’accès
développé aux textes fondamentaux du premier Testament, ouvre à tous la
possibilité d’une fréquentation plus large des Écritures, au cœur même de la
célébration liturgique. De plus, le Concile n’a pas seulement élargi le champ
scripturaire des lectures. Il a aussi défini les modalités d’une prédication
qui doit proposer un commentaire actualisé de ces lectures bibliques : « Dans
la célébration de la liturgie,
Par delà telles ou telles
dispositions discutables et amendables de la réforme, qui ne voit le bénéfice
considérable qui en résulte pour le peuple chrétien ?
Les exagérations ou les
maladresses qui ont accompagné sa mise en œuvre ne doivent pas dissimuler son
enjeu. La question primordiale n’est pas la question de la langue utilisée,
mais la question de la légitimité de l’Église à décider des modalités de sa
liturgie. Qui peut fixer les lectures autorisées ? Qui peut définir le
calendrier liturgique ? Qui arrête les fêtes à célébrer, les saints à honorer,
etc… ? Quelle est, à cet égard, la responsabilité des évêques dans leur
charge pastorale ?
Le deuxième aspect que je
voudrais relever est le suivant. La réforme a mis en lumière que la liturgie,
l’action sacrée, n’est pas seulement le premier lieu catéchétique, elle est
aussi l’instance d’identification de la communauté ecclésiale elle-même,
l’expression de la foi commune. Dans l’Église catholique, s’il existe des rites
différents également reconnus, c’est pour exprimer liturgiquement, dans la
prière habituelle de la communauté, la tradition liturgique, théologique et
spirituelle d’une Église particulière. D’une certaine façon, le rite est
indissociable d’une Église.
Dans cette perspective, le
travail des liturgistes, tel qu’il fut conduit dans cet institut, n’est pas
d’abord un spécialité technique pratique qui pourrait être juxtaposée à une
réflexion théologique spéculative. Il est un acte organique de la réflexion
chrétienne sur les expressions de la foi commune.
Cette dimension centrale de
l’acte liturgique pour l’identité de l’Église et de toute communauté en elle
peut sans doute expliquer pourquoi le débat liturgique suscite de telles
passions. Il touche à la conscience même de l’appartenance à l’Église. C’est
pourquoi ce débat a pris chez nous une acuité particulière à laquelle les
Français sont spécialement attentifs, et, - oserais-je le dire ?-, les
Parisiens parmi les premiers.
Dans notre pays, la réforme
liturgique a été appliquée avec une méthode systématique que l’on ne retrouve
pas ailleurs. Une des raisons en était qu’elle avait été préparée de longue
date par des recherches historiques et théologiques mais aussi par le vaste
effort de renouveau pastoral et apostolique de l’après-guerre. Cette approche systématique, à côté des réalisations
remarquables qu’elle a permises, a aussi conduit à des mises en œuvre parfois
maladroites ou brutales, qui ont pu donner le sentiment d’une rupture de
tradition.
Il y a plus grave, en effet, que les tristesses et les
blessures que ces comportements ont provoquées. Chez nous, la liturgie a été
instrumentalisée dans un débat d’un autre ordre. Sous certaines fantaisies ou
certaines dérives liturgiques, on a pu identifier une auto-célébration de
l’assemblée elle-même substituée à la célébration de l’œuvre de Dieu, voire
l’annonce d’un nouveau modèle d’Église.
D’autre part, sous couvert de la mobilisation pour la
défense d’une forme liturgique, c’est bien à une critique radicale du concile
Vatican II que l’on a assisté, voire au rejet pur et simple de certaines des
ses déclarations. Le refus des livres liturgiques régulièrement promulgués fut suivi
de l’injure publique envers les papes et couronné par des faits de violence
comme la prise de force d’une église paroissiale à Paris et une seconde
tentative avortée de la part des mêmes auteurs.
Il ne serait pas utile de faire mémoire de ces tristes
événements s’ils n’étaient de nature à éclairer le contexte actuel. Aucun des
protagonistes de ces combats n’a cru ni dit que le problème était
prioritairement et, moins encore, exclusivement liturgique. Il était et il
demeure un problème ecclésiologique. Il pose clairement la question du sens de
l’unité ecclésiale dans la communion avec le siège de Pierre. Il pose
clairement la question de l’autorité d’un concile œcuménique et de ses
déclarations votées par l’ensemble du collège épiscopal et promulguées par le
premier des évêques, tête du collège.
Si je me permets d’évoquer ces soubassements du débat
liturgique, c’est parce qu’ils me semblent constituer un lieu théologique et
spirituel de notre expérience d’Église. Si la controverse liturgique a joué
aussi fortement ce rôle de paravent pour un autre débat, c’est bien parce que
la liturgie est aussi un révélateur de l’expérience de la communion ecclésiale.
Elle n’est pas un spectacle dont on pourrait critiquer à loisir le programme et
la distribution et corriger les partitions. Elle est l’expression de la foi et
de la communion de l’Église. Elle est, en régime chrétien, l’action
constitutive de l’Église : « Toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du
Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par
excellence, dont nulle autre action de l’Église n’égale l’efficacité au même
titre et au même degré »
(SC 7).
3. L’avenir.
Je me suis un peu étendu sur
les convulsions de ces quarante dernières années, d’abord pour saluer la
fidélité de l’Institut Supérieur de Liturgie aux orientations doctrinales et
pastorales du Magistère. Cette fidélité, -faut-il le rappeler ici ?-, ne
saurait jamais en appeler d’un concile à un autre, d’un Pape à un autre ou d’un
évêque à un autre.
Permettez-moi donc d’abord,
en mon nom propre, -et je crois pouvoir dire au nom des évêques de France-,
d’exprimer ma reconnaissance à tous les collaborateurs de l’Institut Supérieur
de Liturgie passés et présents pour les services éminents qu’ils ont rendus à
l’Église. Par leurs travaux, la culture liturgique s’est développée, non
seulement parmi les spécialistes et les clercs, mais encore, et grâce à eux,
dans l’ensemble du peuple chrétien et la qualité liturgique des célébrations a
progressé. Permettez-moi aussi de formuler un vœu pour l’avenir : que cet
institut poursuive et développe ses travaux.
En conclusion, je voudrais vous partager une espérance : que les
efforts permanents de notre Église pour réunir ses enfants en un seul peuple et
une seule louange soient couronnés de succès. Depuis la triste année 1988, les Papes
successifs n’ont pas cessé de tendre la main à ceux de leurs enfants qui voulaient
se faire leurs juges. Sans doute aujourd’hui le fossé s’est-il élargi et les
passerelles sont-elles plus difficiles à mettre en place. C’est une raison supplémentaire
pour ne pas tarder à le faire de tout notre cœur. Vos évêques continueront à
travailler paisiblement et sereinement à la réconciliation nécessaire dans la
fidélité au Pape et dans la communion avec lui.
Pour ma part, j’ai hérité du
Cardinal Lustiger une pratique généreuse et ecclésiale du Motu Proprio Ecclesia
Dei Adflicta. Je suis heureux que cette pratique ait permis à des chrétiens
sincères de rester dans la communion ecclésiale et d’y avoir leur place comme
ils sont à leur place dans la pastorale du diocèse. Je pense que la communion
progressera plus largement
encore si l’on veut bien
renoncer aux anathèmes et aux surenchères. Un signe de ce progrès serait sans
doute que tous puissent célébrer l’Eucharistie en suivant le même calendrier liturgique
et le même lectionnaire. Comme l’unité progresserait si nous entendions tous
chaque dimanche la même Parole de Dieu, si nous célébrions ensemble les mêmes
fêtes du Seigneur et si nous fêtions ensemble les mêmes saints !
+André Vingt-Trois
Archevêque de Paris