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Un regard sur l’actualité politique et religieuse
Au 21 novembre 2004
N°18
Un regard sur « Mai 68 »
et ses conséquences politiques
ou
Je termine de lire - ce n’est pas le moindre des avantages de ma
situation actuelle de pouvoir lire - oui ! je termine le livre passionnant
de Georges Dillinger sur « Mai 68 ou la mauvaise graine ».(distribution :
Georges Dillinger, 10 Bd Diderot. 75012 Paris) Il appelle cet événement
« révolutionnaire » : « l’embrasement libertaire »
de notre société politique . Il relit
- ce qu’il nomme avec Marcel de Corte, notre « dyssociété
actuelle » - aux événements de
mai 68.
Ces quelques mots, à eux seuls, peuvent laisser entendre la richesse du livre et son intérêt.
En quatre parties bien équilibrées,
l’auteur brosse l’histoire de Mai 68, sa philosophie , ses conséquences
politiques et sociales.
A -Première
partie.
Il nous montre d’abord le « terreau » qui va
préparer et expliquer Mai 68. C’est la première partie qu’il intitule :
« le terreau : un terrain propice à un embrasement libertaire ».
Là, en six chapitres, il va nous faire comprendre « les facteurs
environnementaux qui ont favorisés les fermentations destructrices à un point
jusqu’alors jamais atteints » (p12). Celles-ci ont été d’ordre
spirituel, sociologique et politique. Il explique l’influence de la guerre
d’Algérie qui se termine et du
communisme asiatique(ch. 5). Il parle « d’une certaine nomenklatura
juive »(ch.3), de l’influence du
catholicisme progressiste (ch. 2 et 4). Il décrit la situation des parties
politiques à la veille de Mai 68.(ch. 6). Mais j’ai retenu surtout son premier
chapitre très spirituel sur la perte du sacré. C’est une de ses idées
fortes.
Je retiens cette phrase : « D’autres
forces ont convergé pour éradiquer le sacré, mettre à mal l’esprit de
sacrifice, attaquer la religion ou la pervertir de l’intérieur ; force
dont la franc-maçonnerie est une des plus actives et des plus redoutables. De
nombreux auteurs en ont parlé. Mais il est vrai que le développement de la
science et de la technique, à lui seul, rend compte d’une maladie profonde de
toute forme de transcendance dans notre société moderne. Et sous l’effet de ce
recul du sacré, tous les commandements, tous les préceptes, tous les tabous,
toutes les règles qui s’imposaient
auparavant se sont trouvés coupés de la force issue de la transcendance, se
sont trouvés coupés de leurs racines, de leur légitimité. Tout cet héritage qui
faisait l’armature même de notre société pouvait dès lors être remis en
question par quiconque ». (p. 15)
J’aime cette analyse qui
montre à contrario combien est précieux le rôle de l’Eglise dans la vie sociale
et politique. Elle montre également le langage que ses prêtres doivent
tenir : un langage d’abord et avant tout religieux et nullement
socio-politique. Il ne peut y avoir
de vraies valeurs morales vécues sans le respect préalable du sacré. Notre
auteur le dit avec un aplomb qui fait
plaisir à lire : « En vérité, dès lors que le sacré et la religion
étaient mis à mal, l’ordre moral perdait ses supports essentiels. Dans ces
conditions, ils devenaient à la fois difficiles à supporter et infiniment
vulnérables. C’est la situation critique dont Mai 68 allait largement profiter »
(p. 18)
Ou d’une manière encore plus
nette et vraiment étonnante : « Toujours est-il que cette église
occupée, ramollie, clairsemée, à la foi calcinée, n’assure plus en rien le rôle
essentiel de ciment social. Recroquevillée au rang subalterne d’un des
protagonistes du combat et du débat socio-politique, elle tente de compenser
son extrême faiblesse vis-à-vis des autres protagonistes (syndicats, partis
politiques…) par une radicalisation de plus en plus irréaliste et de plus en
plus intolérable de nombre de ses positions anti-morales, antipatriotiques,
bref antisociales. Et comment sans aucune incitation surnaturelle, sans aucun
support transcendant, se seraient conservés dans notre société contemporaine
l’esprit de sacrifice et toutes les vertus qu’il animait et vivifiait ? »
(p. 17)
Ou encore :« En
fait, si l’Eglise ne défendait pas mieux la civilisation occidentale et – pour
commencer - ne se défendait pas mieux -,
quand encore les clercs ne faisaient pas chorus avec les manifestants, c’est
que trop de ces clercs avaient eux-mêmes
perdu la foi, en tout cas la foi ardente qui, pendant près de deux millénaires,
avait vivifié cette institution sacrée, en même temps que la société à laquelle
elle donnait une âme. Dès lors, sans cette indispensable transcendance, sans le
caractère sacré des commandements et des préceptes évangéliques, comment les
contraintes morales auraient-elles pu continuer à être imposées et justifiées,
en permettant aux hommes de s’y soumettre tant bien que mal et de les
supporter ? » (p. 29)
J’aime, vous dis-je ce
langage clair, net et viril. Ces caractéristiques ne sont pas les moindres
qualités du style de Georges Dillinger
que je ne connais pas sinon par téléphone. Il doit avoir même caractère. On est « son » style. On est à son image.
Son chapitre sur l’aspect
« sociologique » du phénomène de Mai 68 n’est pas, non plus, sans intérêt.
Il vaut même le détour. Ses considérations sur la « faillite des idéologies et des
utopies », sur « la société marchande », sur la «
société conçue comme oppressive », sur les « hippies et les
beatniks », sur l’influence de la « TV » sont vraiment
« mordantes »…Le lecteur ne s’ennuie pas tout au long de ses pages.
Je vous assure.
La conclusion de cette
première partie, vraiment, peut-être
retenue.
Elle nous donne la véritable
nature de Mai 68 : « Si en 1968 la révolution a semblé viser de Gaulle
(« la chienlit, c’est lui ») et son gouvernement, en fait, le grand
ennemi, objet de toutes les haines était l’ordre moral et lui seul »
(p. 90).
Voilà ce que notre auteur
démontre fort bien dans cette première
partie. C’est pourquoi il insiste tant -
il le démontrera surtout dans sa
quatrième partie - sur l’idée que le siècle que nous vivons…est le triste
héritage de cette révolution de Mai 68. On comprend très bien mon
sous-titre : « notre dyssociété est fille de Mai 68 ». Il est,
du reste, de l’auteur lui-même.
D’où l’intérêt de ce regard sur Mai 68. Ne serait-ce que pour mieux « comprendre » ce siècle commençant et pour mieux lui « parler ». Ne perdons jamais notre but « missionnaire ». Ces phénomènes sociaux - nouveaux et étonnants, avouez-le ! - de « Pacs », de « mariage homosexuelle »…de drogue…de destruction de la famille, d’union libre, d’avortement…de « gay pride »…trouvent leur racine dans la destruction de l’ordre moral, destruction acquise, du moins, déjà dans les esprits en Mai 68.
B - La deuxième
partie est plus historique.
Elle est consacrée au
déroulement historique de cette révolution de la « jeunesse estudiantine».
La génération
« actuelle », qui n’a pas connu cette « histoire », trouvera là un bon exposé. La violence, la
destruction de l’ordre, la haine contre la police, le rôle des leaders
« juifs », la destruction, la haine de toute autorité, de tout
pouvoir politique mais aussi familiale
sont bien rendus. L’attitude du
partie communiste aussi. L’impuissance du général de Gaulle et de son
gouvernement, sa « panique », son découragement, son entretien avec
le général Massu…C’est le fameux chapitre 11 intitulé « la
zizanie »… Tout cela se lit très
vite, très bien , sans ennui. Un vrai « roman ». Le lecteur, il est
vrai, n’en sortira pas « gaulliste ».
Mais au delà de l’aspect purement historique, ce
qui est intéressant aussi c’est la
démonstration, de nouveau, fort
bien faite, de la nature même de
cette subversion. C’est cela surtout qui est important. Il ne s’agissait nullement de renverser le
pouvoir politique. Il en donne de nombreuses preuves. Il y en a une particulièrement éclairante, c’est
lors de la manifestation du 22 mai. Nous sommes à la page 123 du livre
: « Un fait
particulièrement révélateur de l’état d’esprit des dirigeants gauchistes a eu
lieu pendant ces manifestations du 22 mai. Un nombre important de manifestants,
bien structuré, ont pensé que, tant qu’à faire la guerre aux services d’ordre,
autant être convenablement armés. Dans ce but, ils sont tentés de fracturer le
rideau qui protégeait une armurerie. Or ce ne sont pas les forces de police,
bien incapables d’intervenir dans cette armée humaine, qui les ont empêchés. Ce
sont deux à trois cents hommes de Krivine, bien structurés. Il est intéressant
de citer les paroles de celui-ci, telles que les a restituées l’émission de
France-Culture. « On a mis notre service d’ordre à coup de matraques pour
empêcher des gens de piquer les armes, parce qu’on avait la compréhension du
mouvement et l’on savait jusqu’où on pouvait aller…On sentait bien que ce
n’était pas une révolution ? On ne pouvait pas faire n’importe quoi…En
fonction des conditions qui existaient à l’époque, l’idée d’une lutte armée
n’existait pas à l’époque. Et Krivine d’ajouter : « c’est aussi
pourquoi, tout au long du mois de mai, ils (les soixante-huitards) se sont
refusés à occuper des bâtiments officiels comme les ministères pour ne rien
dire de Matignon ou de l’Elysée, ou les commissariats ». Il précise enfin
qu’ils ont voulu éviter toutes les actions qui auraient pu contraindre les
forces de l’ordre à faire usage des armes ».(p.123).
Notre auteur, au cours de son
récit historique, en donne d’autres preuves.
Il semble certain que l’on
puisse conclure : « Les leaders gauchistes n’ont jamais
pensé à eux seuls tenter la moindre conquête politique. Leur objectif était
ailleurs et ils l’ont atteint ». (p. 111)
Il est donc acquis que Mai 68 n’est pas une révolution
politique, pour renverser un pouvoir, le pouvoir du Général de Gaulle.
Non ! Ce mouvement est d’une autre
nature. De quelle nature ? Il s’agit d’un « complot
intellectuel ». Georges
Dillijnger l’écrit nettement : « S’il y a bien eu complot, il ne
s’agit que d’un complot intellectuel ». Et il ajoute très justement : « Mais
ce n’est pas le type le moins dangereux ». (p. 97).
a-le rejet de la
hiérarchie
Il
essaye d’en préciser le contours. Il
insiste sur le rejet de la hiérarchie qui l’anime :
« Fondamentalement,
cette contestation universitaire est un refus et un rejet de la hiérarchie,
récusant aussi bien les principes de l’autorité que le personnel enseignant et
administratif qui détient celle-ci. A ce titre, l’état d’esprit qui sous-tend
la révolte étudiante contient en germe le rejet de toute hiérarchie et autorité
sociale. Le rejet qui a été le concept clé de la chienlit soixante-huitarde
allait affecter tous les niveau de la société, depuis la famille jusqu’à la
patrie » (p. 100).
b-« libération
sexuelle
Il insiste aussi sur la « libération
sexuelle ». Voilà une autre composante, dit-il, de ce programme « subversif ».
A la page 101 il écrit :
« De même que la contestation universitaire n’était que le germe de la
contestation de toute autorité, la revendication de la libération sexuelle - choisie dans la mesure où la pulsion
sexuelle est une des plus fortes qui se manifeste chez l’homme - impliquait la soif de détruire toute
morale, d’éradiquer tous les tabous, d’abolir tous les principes, de ruiner
toutes les contraintes, bref, tout ce que l’on a constaté en Mai 68…et depuis ».
Ce « depuis » en
dit long dans la pensée de l’auteur
- C’est une de ses pensées fortes : la situation actuelle de
notre société sur la licence des mœurs trouve sa source dans cette libération
sexuelle de Mai 68. Il l’affirme. Il le démontre.
c- la passivité
des forces de l’ordre
Il insistera, également, dans
son récit historique, sur la
passivité des forces de l’ordre. Faut-il conclure à la « concertation » ?
à la « connivence » de l’autorité politique ? Il écrit :
« l’harmonisation des
tactiques entre d’une part Grimauid (et au dessus de lui Pompidou puis de
Gaulle lui-même) et d’autres part les leaders de la subversion étaient donc
aussi parfaite que si elle avait été arrêtée dans une concertation impliquant
une complicité absolue. Sous réserve d’éviter le premier coup de feu ou de ne
pas occuper les bâtiments officiels où se terraient des autorités de papier
mâché, les casseurs pouvaient tout faire : saccager la voirie, brûler les
voitures, piller les magasins, blesser parfois grièvement des centaines de
policiers, déclencher une grève générale paralysant
C – la troisième
partie.
C’est sur ce constat que
s’ouvre la troisième partie du livre intitulée : « Un Mai
68 aux multiples facettes ». Là, notre auteur, dans un tout premier chapitre va donner la parole à
des représentants de la « Nouvelle Droite ». Comment ont-ils jugé cet
événement ? On est surpris de la
légèreté des jugements ! Jugements très superficiels ! On est
intéressé par le jugement d’Alain de Benoist. Beaucoup d’entre eux n’en restent qu’à l’éphémère, qu’à
l’extérieur. Ils relèvent, dans le
mouvement de Mai 68, la « débauche », la « joie et la
solidarité fraternelle et collective », « la formidable expérience
collective de volontarisme de rupture avec le quotidien, d’abolir le temps, les
obligations » (p. 148), toute expérience merveilleuse. Mais
ils ne relèveront pas « l’irréalisme complet »,
« l’utopie la plus débridée », « la fantaisie la plus échevelée ».
Et vouloir voir « l’ébauche de nouvelles relations sociales, de
nouveaux programmes de société dépasse et de beaucoup la jobardise commune »
(p. 149). C’est le chapitre 12.
Certains insisteront sur une autre idée : celle d’une « volonté de rupture avec la
société marchande ». C’est le chapitre 13. Certains s’arrêteront à l’idée que Mai 68 fut une
simple « révolution étudiante » qui fut peu appréciée par les
ouvriers de Boulogne-Billancourt. L’auteur écrit sur ce sujet : « Les
ouvriers de Boulogne-Billancourt n’ont réservé qu’une fin de non-recevoir au
cortège de ces jeunes braillards malgré le slogan « Ouvriers, étudiants,
même combat ». Ecœurés par ces jeunes privilégiés qui cassaient et
brûlaient ce qu’ils n’étaient pas capables de fabriquer, ces ouvriers ne se
faisaient aucune illusion sur les potentialités du mouvement estudiantin de Mai
68 » (p. 162)
Dans son chapitre 15, notre
auteur revient sur le problème de la finalité politique de mai 68. Mais c’est
pour confirmer son jugement. Jamais ne fut constatée la volonté du
renversement du régime gaulliste. Certes le pouvoir fut tenu en échec. Et
comment ! Certes Lénine, Trotski furent invoqués, leurs portraits brandis
au milieu des défilés. Mais « la
seule motivation qui tenait aux tripes la plupart de ces soixante-huitards
était la soif de détruire cette « société oppressive », locution qui
revient comme un leitmotiv…Les jeunes cependant avaient un vernis
politique : on a pu s’étonner de voir des étudiants et même des lycéens
brandir des portraits de Lénine et de Trotski, dont les programmes, les
objectifs et les réalisations n’avaient
pas le moindre rapport direct avec la situation de
Voilà ce que notre auteur va
démontrer dans le magnifique chapitre 16
- chapitre charnière du livre –. Il faudrait le citer et le lire en entier. Il y a là 10 pages qui
font vibrer. Il a pour titre : « la sape des piliers de la société au
profit de l’individu roi ». Il va dénoncer « cette œuvre quasiment
satanique de dynamitage de la société » (p. 180) qui s’est inspirée
« de l’idéologie partagée depuis quelques années par les groupes hippies.
Il écrit tout au début de son chapitre son idée fondamentale : « Le
mouvement de Mai
Voilà sa
thèse clairement affirmée: « Dans les révolutions politiques du
XXe siècle, les acteurs cherchaient à arracher les populations au joug de
l’impérialisme et de l’exploitation capitalistes. La révolution de 68 avait un
objectif infiniment plus radical et global : elle était la négation de
toute autorité, de toute hiérarchie, de tout ordre, de toute contrainte, de
tout tabou. On s’en est pris à toutes les formes de pouvoir ».
(p. 179).
Mais attention, n’oubliions
jamais ce caractère« avec une violence destructrice extrême ».
Mai 68 ne fut pas un jeu de fillettes. Ceux qui ne l’ont pas vu, ne peuvent se
l’imaginer. Il faut pourtant qu’ils le sachent et s’en souviennent. Georges
Dillinger y insiste a juste titre. Il écrit : « Au chapitre du
civisme encore, je dois revenir sur les comportements des soixantes-huitards à
l’égard des forces de maintien de l’ordre. Au delà de la stupidité, de la
monstruosité de slogans tels que « C.R.S.= S.S. », il y a eu pendant
près d’un mois ces affrontements toujours suscités par les émeutiers d’une
violence inouïe. On ne saurait imaginer pire incitation à la haine meurtrière à
l’égard de compatriotes, une telle rage
de faire couler le sang, de déchaîner le mal à l’encontre de leurs prochains
qui ne faisaient que leur devoir et qui, comme l’a remarqué justement Pasolini
en Italie, étaient en général plus prolétaires et plus fils de pauvres que ces petits salopards de
fils de bourgeois qui leur assénaient billes de fonte et pavés avant d’aller
retrouver, leurs forfaits accomplis, la
quiétude l’home paternel. Ces attitudes induites par des meneurs pervers
dénotent chez ceux-ci à la fois la haine de l’homme, la haine de l’ordre et,
par dessus tout la haine de
Et notre auteur passe en
revue les différents piliers de la société qui furent rejetés, attaqués.
a- le rejet de
toute tradition
Il commence d’abord par
citer : « le rejet de toute tradition ». et plus
particulièrement par le rejet de la culture et du travail. Ce rejet de
toute tradition, de la culture transmise, du travail aimé a été « développé
à titre expérimental chez les hippies ». Il se trouve, aujourd’hui , dans
tout le système scolaire. Là on fait « l’apologie systématique » et l’on
voit « le triomphe de la subjectivité, de la spontanéité, de la créativité
et de la liberté individuelle, toutes valeurs( ?) nouvelles substituées à
l’enseignement de l’instituteur ou du professeur à l’élève, du maître au
disciple. Laisser s’écouler sa créativité devenait plus important que le
travail visant au progrès et au développement d’une tradition toujours
respectée et toujours source de formation ».
Tel est l’esprit actuel qui
domine toute pédagogie dans notre enseignement et public et privé et religieux.
Et bien cet esprit, cause du délabrement profond de notre enseignement
public… « est dû en grande partie aux métastases de plus en plus
totales de l’esprit de 68. Le refus de toute autorité - celle de la discipline, celle des
connaissances, celle des vertus -, la
perte du goût de l’effort, l’horreur de l’émulation, un égalitarisme avilissant
et ramenant tout le monde au plus bas niveau, tels ont été les chevaux de bataille »
de Mai 68. Tout cela enfonce notre
jeunesse dans une misère poignante ». (p. 182)
b- rejet de la
famille
L’esprit
soixante-huitard : c’est le refus de la famille. Plus encore
l’ennemi par excellence c’est la famille. Ce qui donne lieu a un magnifique
passage que je ne résiste pas à vous faire lire : « Dans cette
entreprise de destruction radicale de la société, la famille - la famille dite patriarcale - devait être l’ennemi par excellence. La
famille traditionnelle est le fondement de la société, l’autorité et l’ordre y
sont indissociablement unis à l’affection et à l’amour. C’est la famille qui
fait d’un nouveau-né, vagissant et ne possédant rien si ce ne sont ses
virtualités, l’ébauche d’une personne humaine dont l’éducation sera
complétée - mais seulement
complétée - par l’école et par la
société. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux penseurs gauchistes –dont
Wilhelm Reich - ont même pensé que la destruction de la famille
était un préalable à toute véritable révolution et toute émancipation totale.
Pendant des siècles, la famille a communiqué l’esprit du sacré et de la
charité. Elle a transmis la morale, y compris ses interdits et ses tabous. Elle
a été le berceau du civisme. Elle a été le premier lieu de transmission de la
culture et elle a vénéré le travail dont elle donnait l’exemple. En vérité, il
fallait détruire la famille. Un slogan suffira pour donner le ton du combat
soixante-huitards dans ce domaine éminemment sacré : « papa
pue ». Rappelons que ce slogan a même été prononcé - devant témoins – par des jeunes filles de
bonne famille, dit-on, mais probablement de toutes petites cervelles. Il
atteste de cette volonté de contestation familiale attisée jusqu’à la
haine ». (p. 183)
c- rejet de la
morale
L’esprit soixante-huitards
c’est aussi « le rejet catégorique de la morale, de ses interdits, de
ses idéaux » (p. 183)
Rappelons rapidement quelques
slogans qui disent tout : « Il est interdit d’interdire »,
« Vivre sans temps mort et sans entraves », « Vivre au
présent », « je jouis dans la pavés », « Aimez-vous
les uns sur les autres », « faites l’amour pas la guerre »,
« Faites l’amour et recommencez ».
Les orgies de
Sur ce sujet concluons en
disant avec notre auteur : « le gauchisme soixante-huitards comme
le politiquement correct triomphant trente ans plus tard a pour objectif la
destruction de toute société au profit d’un individualisme débridé »
(p. 185) « Certes, nous
reconnaissons bien que « la société technicienne exploite le
sexe », que « la société marchande profite du vice »Mais
fondamentalement elles n’en sont pas les instigatrices. Rendons à César ce qui
est à César et à l’esprit libertaire ce qui lui appartient » (p.186)
d- idéologie
antisociale
Si donc Mai 68 peut se
définir comme étant le « triomphe de l’hédonisme, du matérialisme de
cet appétit de vivre et de jouir sans entraves et sans contraintes, sans tabous
et sans morale » cet esprit ne peut pas ne pas engendrer l’individualisme
le plus absolu. Voilà un autre caractéristique de Mai 68 : « l’esprit d’anarchie allait gangrené
toute notre société et y développer un individualisme absolu » (p.
188) laissant l’individu dans une solitude terrible, nourri qu’il est par
cette « idéologique antisociale »
(190) qui ne peut finir que par être fatale.
Et c’est sur ces paroles que
s’ouvrent la quatrième partie intitulée : « Et enfin de la
mauvaise graine foisonne l’ivraie ».
Là, il développe l’idée
fondamentale du livre : l’importance
majeure de l’idéologie de Mai 68 dans la vie sociale actuelle. Il
écrit - et le démontre tout au long de
cette quatrième partie- : « Je crois l’évènement important,
porteur de bien d’autres choses que des utopies plus ou moins folkloriques
véhiculées et proclamées par quelques étudiants immatures » (p. 203).
L’idéologie subversive de Mai 68, à savoir sa soif libertaire, son rejet de
toutes les contraintes, de toute autorité, la satisfaction de toutes les
pulsions, l’égocentrisme le plus cynique,
a subverti les valeurs traditionnelles qui faisaient vivre la société
d’hier, a conquis toute la classe politique. Non Mai 68 n’est pas obsolète.
Mais bien au contraire triomphant. Il est devenu une composante essentielle de
l’esprit moderne et mondialiste. Voilà la thèse essentielle de ce livre .
Georges Dillinger
écrit : « C’est partout le triomphe de l’esprit de 68 ! Cet
esprit de 68 reste présent et fait même preuve d’une extrême vigilance dans
toute l’intelligentsia, qu’elle soit politicienne ou médiatique. Ses tables de
la loi sont la doctrine des droits de l’homme ou plus exactement, l’esprit des
droits de l’homme, c’est-à-dire un souci obsessionnel en faveur de l’individu
et mieux encore - pour assurer la
prééminence absolue de l’individu - en
faveur de quiconque a transgressé les habitudes, les normes, les lois, les
tabous de la société : le marginal, l’inactif, le délinquant, le criminel,
le « hors-modèle » en règle général ». (p. 208) C’est l’idée
central de son important chapitre 18.
Et il poursuivra cette idée
pour en montrer le bien fondé dans tout son chapitre 20 qui contient des
affirmations particulièrement pertinentes.
Donnons-en quelques unes.
Au début du Chapitre 20, vous
pouvez lire : « Mai 68 et ses slogans - dont le fameux « Il est interdit
d’interdire - n’a été qu’un cri en
faveur de la liberté, de toutes les libertés. Et les séquelles de 68…résultent
pour la plupart de cette exaspération de l’esprit libertaire, la liberté
débouchant sur un hédonisme sans freins et sans limites, liberté de piétiner
les commandements, la morale, ses interdits, ses tabous, ses devoirs, ses
satisfactions, liberté à l’égard de toutes les contraintes, de tous les devoirs
imposés par l’encadrement social et en particulier par la patrie, liberté de se
détruire par les risques inconsidérés et stupides, par le suicide ou pire
encore par la drogue, liberté de s’affranchir de toute famille, de toute
communauté, liberté de mépriser et d’ignorer même tout un immense patrimoine
culturel .. En 68, les contestataires, dans leur fureur de détruire tout ordre
moral, étaient animés d’une rage homicide à l’encontre des forces de l’ordre.
Depuis les clameurs se sont tues et la haine de tout ordre, de toute tradition,
de toute morale, de tout patrimoine s’exerce autrement, recourant à des voies
légales, sûres d’elles-mêmes et dominatrices, iniques et monstrueuses. Et ces
lois si scandaleuses sont utilisées systématiquement par des associations
anti-françaises, par des lobbies haineux, trouvant trop souvent des magistrats
complaisants à leurs desseins ou acquis aux mêmes convictions. Et c’est la
chasse au français fier de l’être, sous le prétexte mensonger de racisme et de
xénophobie. C’est la pensée unique, substituée à la plus élémentaire liberté
d’expression avec les lois Pleven et Gayssot. C’est le Code pénal de mars 1994,
qui punit de la façon la plus lourde, sous le nom de discrimination, toute
distinction opérée au motif de la nationalité.
Dans le même esprit, c’est la télévision et l’ensemble des médias,
c’est l’école qui combattent notre passé, tout ce qui a fait notre armature
morale par la culpabilisation, par le mensonge, par la dérision ». (p.
214) ;
Beaucoup des chapitres de
cette quatrième partie sont de cette veine. Il faut lire le chapitre 21. Il le
consacre à la morale, à la femme, à la famille. C’est le titre même du
chapitre. Il démontre qu’en tous ces domaines « Mai
Nous nous limiterons à ce
constat terrifiant et pourtant véridique : « Les premières
réunions aux Beaux-arts des pédérastes et des lesbiennes ont rempli d’aise certains leaders de la contestation.
Ils ne s’y trompaient pas : ils savaient quelle machine infernale ils
mettaient en route. Et, effectivement, au cours des trente années écoulées
depuis, on est passé de pratiques honteuses, dissimulées à des attitudes
impudentes, arrogantes, agressives. Pour finir, au cours de ces toutes
dernières années, à des invraisemblables défilés de pédérastes qui ont déshonoré
nos grandes villes et en particulier notre capitale. Et, là encore, le mal
spirituel qui gangrenait notre intelligentsia et nos lobbies s’est propagé sans
obstacles, sans limites, à ceux qui devraient être nos élites et en particulier
au corps législatif. Et enfin, en cette année 1999, avec le trop fameux PACS,
notre République française a accordé à ces couples et ces pratiques
contre-nature un statut le rapprochant de celui du mariage : une sorte de
singerie de mariage assortie de nombreux avantages sociaux, sinon successoraux
et autres. Ainsi les mêmes pratiques qui ont déchaîné la colère de Dieu et la
destruction de Sodome et Gomorrhe reçoivent en cette fin de millénaire un label
de normalité et de respectabilité qui suffit à déshonorer notre époque ».
(p. 222).
Tout ce chapitre est de la
même veine. C’est à lire.
En le lisant, loin d’être
découragé, je me disais voilà l’objet de notre prédication sacerdotale:
Iterum et iterum, prendre le contre pied de ce dévergondage. Et rappeler le
droit naturel, la loi de Dieu. Car , figurez-vous ! la loi civile est sans
valeur si elle va contre la loi de Dieu. Voilà
pourtant ce dont se moque et
« le milieu médiatique » gagné à cette idéologie de Mai 68, tout
comme le « pouvoir législatif », la justice elle-même et la
magistrature.
Le chapitre 24, tout
consacré à la jeunesse et à
l’enseignement, est particulièrement « poignant ». Là, on peut
mesurer le drame que nous vivons en France. Notre auteur revient sur la
pédagogie contemporaine qui anime la « transmission du savoir ».
L’auto discipline a supplanté la discipline. L’auto évaluation a supplanté
l’évaluation. L’enfant doit lui-même construire son savoir et s’épanouir
librement suivant son projet personnel. On ne veut parler aujourd’hui que de « spontanéité »
et de « créativité ». Il écrit : « ce qui affecte
le plus gravement l’école, c’est l’éradication de l’autorité ;
c’est-à-dire précisément la caractéristique fondamentale de l’esprit de
68 » (p. 247)
La conclusion du livre est à la fois terrible et plein d’espérance.
Je veux vous la donner
intégralement : « L’hégémonie de plus en plus totale du
rationalisme, de la technique, de la science et du matérialisme propres à notre
modernité a ébranlé, voire détruit, les fondements de la société
traditionnelle, sacralisée équilibrée. Ce sont là les conditions profondes qui
sont à la source de Mai 68. Mais, suivant un phénomène de rétroaction
classique, Mai 68 avec sa haine farouche de toute autorité humaine, civique,
morale, spirituelle, transcendante, avec ses débordements et ses désordres et
l’impunité dans laquelle ils se sont déroulés, a auto-aggravé cette
désagrégation sociale, phénomène majeur de notre époque.
Le contraste entre la société traditionnelle, - vivante il y a si peu d’année
encore - et la nouvelle société, est si
total, si général, qu’il est difficile de le résumer, de le préciser en peu de
mot. La première (la société traditionnelle) était animée - ne serait-ce que de façon sous-jacente - par le sacré, l’esprit de sacrifice et
l’esprit de soumission, voire la joie de servir. La seconde, qui s’impose de
façon hégémonique, hait les contraintes ainsi imposées et flambe de l’esprit
libertaire. Et cet esprit libertaire désagrège la société jusqu’à
l’atome : l’individu. Ce basculement fondamental rend compte, me
semble-t-il, de la désaffection à l’égard de notre patrimoine culturel, sans
doute le premier du monde. Il rend compte de la dévaluation du travail, alors
que le travail était une vertu cardinale et millénaire de
L’individu au moins a-t-il gagné à cette libération sans précédent ?
On peut en douter dans la mesure où les vertus
essentielles, celles du caractère, ne semblent pas être sorties indemnes de
l’épreuve : ni le goût de l’effort, ni la maîtrise de soi, ni la force, ni
le courage ne caractérisent positivement la majorité de nos jeunes
contemporains. Comment leur en faire le reproche, dès lors que tout est acquis
à cette gangrène libertaire : le pouvoir intellectuel, les milieux
politiques et ce que l’on appelle encore les autorités morales, désormais par
antiphrase, honteuses du passé pourtant magnifique de la religion.
Depuis 1968, toutes les
communautés naturelles ont été considérées comme oppressives et combattues
comme telles. Il faut y substituer des
liens qui soient librement consentis, malheureusement tout aussi
librement remis en question. C’est l’extension généralisée du concept de contrat
social. Ainsi, cet individu-roi en se dégageant de toute contrainte et de tous
liens organiques, a perdu du même coup toute solidarité humaine et se retrouve
esseulé, isolé, et désolé. Il est libéré de toute gratitude à l’égard de la
société à laquelle cependant il doit tout. Infiniment ingrat, il est infiniment
puni de son ingratitude par la solitude qu’il reçoit en châtiment. Vae soli
(malheur à l’homme seul) disait déjà l’Ecriture. Nous vivons le crépuscule
d’une civilisation millénaire fondé sur la religion, la soumission au sacré.
Quel substitut y trouvera l’individu ?
Objectivement, c’est aussi
le crépuscule du peuple français, à la fois par le ramollissement de son
caractère, par l’effondrement de sa natalité et par la dilution des Français au
sein d’apports allogènes. Et pourra-t-on encore parler de France, dès lors que
celle-ci ne sera plus peuplée de Français ?
Le crépuscule précède la
nuit qui, normalement, va voir renaître l’aurore. Mais, en ce tournant de
millénaire, qui pourra affirmer qu’il y aura une aurore, et dans l’affirmative,
sous quelle forme ?
Il reste cependant une question. Et cette question révèle non
point une lumière mais une lueur d’espérance dans les ténèbres qui nous
entourent. Mai 68 proclamait : « il est interdit d’interdire ».
Et, depuis trente ans, cet esprit libertaire a totalement triomphé, pourquoi
ces gens là nous appliquent-ils l’intolérance absolue ? Pourquoi Mai 68,
qui dénonçait avec fureur la société oppressive, a-t-il pour descendance le
totalitarisme du politiquement correct ? Pourquoi l’intelligentsia,
qui tient tous les pouvoirs en mains, est-elle aussi acharnée par exemple à
l’encontre de la tradition catholique, attaché non point au passé - comme on le dit - mais à un progrès quoi s’enracine dans la
tradition et qui est le seul qui ne soit pas utopique ?
Pourquoi, si la société
traditionnelle est définitivement défaite et si notre résistance est désormais
totalement vaine, pourquoi sont-ils si férocement, si malhonnêtement agressifs
à l’égard de quiconque veut encore défendre ou restaurer un minimum d’ordre
moral et social, l’esprit de
sacrifice, voire le devoir de l’éducation, la formation des vertus de
caractère, la patriotisme ou au moins la préférence nationale la plus
élémentaire et la plus naturelle ?
Je serai tenté de dire
que nos ennemis sont moins optimistes sur leur victoire que nous sommes parfois
pessimistes sur notre défaite.
Il serait bien tôt pour se réjouir d’un « cela s’appelle l’aurore ».
mais, c’est la lueur qui nous reste et c’est seulement cela. Les plus
volontaires, les plus rebelles au découragement face aux réalités les plus
évidentes et les plus sombres, voudront
y voir le phénomène prémonitoire de cette aurore dont on pouvait croire
disparues non seulement l’attente mais même l’espérance » (p. 280-282)
28 août 1998- 10 mars 2000.
Georges Dillinger.
Ma conclusion : ce livre
est une bonne analyse politique de la
situation dans laquelle se trouve notre pays. Il doit être lu.
Ce livre pourra paraître sombre et pessimiste
à plusieurs. Mais il contient, si l’on
en fait une lecture attentive, le contre-poison du mal.
C’est en
dire l’intérêt.
Je n’aime pas, en effet, l’esprit négatif,
purement négatif et pessimiste qui, trop souvent, occupe l’esprit de ceux qui
se disent les vrais
« défenseurs » de la « Tradition ». Si vous le
souhaitez, je peux vous en dire les noms…mais uniquement à l’oreille.
C’est tout le contraire dans ce livre de Georges Dillinger.
Tout en fustigeant le mal et en l’analysant, et
avec quel profondeur, il donne, en même
temps, vous dis-je, les remèdes au mal actuel.
Face à l’individualisme hédoniste où
Entre parenthèse, ce sont, précisément, les vertus majeurs du
Christ dans sa Passion et le mystère de
Lisez ce livre de Georges Dillinger …(à commander
chez l’auteur : 10 Bd Diderot Paris 75012)
Au lieu, le soir, de vous mettre, par habitude,
devant votre poste TV, installez-vous dans votre fauteuil, avec ce livre dans les mains , vous y trouverez
occasion de réflexions et de discutions avec votre femme et vos enfants.
Vous trouverez également sur le site ITEM, dans
la rubrique « doctrine politique » un article intitulé :
« Notre dyssociété est fille de Mai 68 » qui,
finalement est un merveilleux résumé de ce livre par Georges Dillinger lui-même.
Il l’avait publié, cet article, voici
quelques mois dans « Présent ». Cet article m’avait plus avant même
que je connaisse son
livre . Si vous n’avez pas le temps de lire le livre, lisez au moins cet article.
Il est très riche et substantiel. Il vous donnera le goût d’aller acheter
le livre lui-même.