l'Étole

 

Étole vient de stola, " robe ", mais ce terme n'apparaît qu'à l'époque carolingienne. Auparavant, cet insigne portait le nom d'orarium.

Elle consiste en une bande d'étoffe d'environ 2, 60 m de longueur sur 10 à 12 cm de largeur. Elle est souvent décorée de trois croix: une au milieu, que le prêtre baise en la mettant autour du cou, et qui est obligatoire, et deux autres au bas des deux pans. Elle peut être ornée de longues franges.

Sauf pour la longueur, elle fut partout et toujours assimilée au manipule.

C'est un vêtement liturgique dont la forme actuelle ne permet pas de retrouver à coup sûr la forme et la destination primitives.

Certains prétendent qu'elle est la bordure brodée, ou orfroi, de l'antique robe (stola) portée par les femmes romaines. D'autres pensent que l'étole vient d'une écharpe étroite, l'orarion, qui était destinée à essuyer la bouche (os, oris), éponger la sueur et, au besoin, les larmes. Utilisé comme un foulard par les laïcs, hommes, femmes et enfants, il existait aussi un orarium de luxe ayant un certain caractère honorifique (patriarches, évêques). Les premiers chrétiens portaient une sorte de draperie sur les épaules pendant la prière, semblable à l'éphod des Juifs. Isidore de Péluse disait que cet insigne, tissé en laine, lui rappelait la brebis perdue posée sur les épaules du bon pasteur.

Au IVe siècle, le concile de Laodicée précise que l'orarium sera désormais l'insigne d'honneur du diacre. Au concile d'Espagne (561-563), il est dit : " L'orarium doit être porté sur l'épaule par le diacre et doit être imposé aux évêques et aux prêtres, lors de leur consécration. Ils le portent croisé devant la poitrine. " Hors de Rome, du IXe au XIe siècle, on le considérait comme l'insigne des prêtres et des évêques, qui le portaient en voyage et même, en quelques cas, durant la nuit.

L'étole est un insigne du pouvoir d'ordre, qui distingue ceux qui ont reçu l'épiscopat, le presbytérat ou le diaconat. Tous ne la portent pas de la même manière: l'évêque laisse pendre les deux pans sans les croiser à cause, semble-t-il, de la croix pectorale qu'il porte. Le prêtre, s'il est revêtu de l'aube, la croise sur la poitrine à l'aide du cordon, parce qu'il ne porte plus la croix pectorale, désormais réservée aux évêques. Le diacre, quant à lui, place l'étole sur l'épaule gauche, en écharpe, de telle sorte qu'une partie passe transversalement devant la poitrine, et l'autre dans le dos, leurs extrémités se rejoignant sous le bras droit. Il n'existe plus d'autre insigne marquant, par la seule manière de le porter, le degré occupé dans la hiérarchie ecclésiastique.

Lorsque le prêtre est en surplis, et non en aube, il porte " l'étole pastorale " dont les deux pans, reliés par une bride de quelques centimètres, pendent devant lui sans se croiser.

Ici aussi, nous trouvons des formules d'imposition différentes.

Dans le pontifical, quand l'évêque met l'étole sur l'épaule gauche du diacre, il dit

" Recevez cette étole sans tache de la main de Dieu, remplissez votre ministère; car Dieu est puissant pour augmenter en vous sa grâce. Lui qui vit et règne dans les siècles des siècles. "

Au prêtre, le pontife dit ceci

" Recevez le joug du Seigneur; car son joug est doux et son fardeau est léger. "

Le missel nous donne cette autre formule devant être récitée lorsqu'on s'en revêt

" Rendez-moi, Seigneur, la robe d'immortalité que j'ai perdue par la prévarication de notre premier père; et quoique indigne je m'approche de vos mystères sacrés, puissé-je mériter néanmoins les joies éternelles. "

L'étole est donc symbole de pureté et d'immortalité, elle est le joug du Seigneur, suave dans la prospérité et léger dans l'adversité. La sainteté, à l'aide de la grâce et par le devoir d'état, consiste à retrouver la robe d'amitié que portait Adam avant sa prévarication.

Elle est un joug pour le prêtre qui la porte sur le cou, un fardeau pour le diacre qui la porte sur l'épaule.

Elle est croisée sur le devant car la grâce rend la croix aussi douce à notre cœur que légère à nos épaules.