« Misericordia Domini plena
est terra »
Voilà les premiers mots de l’In troït
qui servent d’introduction solennelle à cette messe
dite, hier« du Bon Pasteur », aujourd’hui, depuis
la canonisation de Sainte Faustine, la Sainte du Pape Jean-Paul
II, de la « miséricorde » des premiers mots de
l’Introït. « Misericordia Domini plena est terra
». Quel que soit le nom donné à cette messe,
du « Bon Pasteur » ou de la « Miséricorde
», il faut comprendre cette figure du Bon Pasteur - et donc
aussi du sacerdoce catholique - dans cette perspective de la miséricorde
de Dieu qui est la qualité propre de Dieu. Le Bon Pasteur
est le symbole, la figure de la miséricorde de Dieu. Il manifeste
cette miséricorde divine. Il nous porte cette miséricorde,
sa clémence, sa bénignité, sa bonté.
Il l’accomplit.
Développons ces quelques idées.
Le Bon Pasteur manifeste cette miséricorde
divine.
Là, il faut, pour illustrer cette vérité, se
rappeler les nombreuses et belles paraboles de notre Saint Evangile.
Et tout d’abord la parabole du Bon Samaritain
Il est le « Bon Samaritain » qui, touché
de compassion, s’arrête pour soigner, panser la victime
abandonnée, demi-morte, sur le bord du chemin. - Oui ! Comme
il faut aimer lire, relire notre Evangile – La conduite du
Samaritain révèle une charité parfaite. C’est
celle même de Dieu. C’est celle même du Bon Pasteur.
Elle se caractérise pas sa spontanéité et sa
promptitude. Le scribe qui passe aussi, connaissant le précepte,
s’enquiert, lui, d’abord de son extension. Il n’aimera
que s’il est obligé et dans la mesure même où
il est obligé. Le samaritain, lui, aime, non seulement sans
se référer à un article de code, mais même
s’en s’informer de l’objet de son dévouement.
Sa bonté jaillit d’elle-même, comme celle de
Dieu qui chérit ses créatures indépendamment
de leur amabilité propre. Dans le Sermon sur la Montagne,
le Seigneur demandait de ne pas seulement aimer en retour de l’affection
qu’on reçoit. Là, le Samaritain, non seulement
est le premier à aimer, mais sa charité, désintéressée,
est un pur don. Il ne s’agit pas de discerner au sein de l’humanité
quels êtres on peut aimer, mais bien d’aimer soi-même,
purement et simplement, sans faire de discrimination entre les objets
aimables ou non. La charité du Samaritain, en contraste notamment
avec l’absentéisme du Lévite et du prêtre,
apparaît singulièrement personnelle, active, effective.
Il interrompt son voyage, il panse les plaies, il couvre tous les
frais. Il intervient lui-même. Si grand que soit sa générosité
pécuniaire, elle n’atteint pas le prix de son engagement
personnel. Son amour lui fait prendre un intérêt profond
à la misère du blessé avec qui il entre en
contact direct.
A voir la Samaritain, on comprend que la charité du «
Bon Pasteur » comporte de la compassion et de la miséricorde.
Le Samaritain devait se douter qu’un blessé sur la
route de Jérusalem à Jéricho avait toutes chances
d’être un juif, un ennemi abhorré. Mais voici
que non seulement il le secourt, mais il est tout ému en
le voyant si maltraité ! C’est le trait que Notre Seigneur
accuse davantage : Aussitôt que le Samaritain aperçoit
le blessé, il ressent une vive compassion : il est ému.
La compassion est un sentiment propre au Sauveur ; c’est une
émotion physique devant la douleur, la peine ou la misère
des hommes et à laquelle Jésus, le Bon Pasteur, ne
résiste jamais ; c’est elle qui explique ses interventions
miraculeuses. Au spectacle d’un grand chagrin, le Maître
est envahit de pitié. Lorsqu’il se rendait à
Naïm et qu’aux approches de la ville il rencontre le
convoi « d’un mort, un fils unique, dont la mère
était veuve », le Seigneur « l’ayant vue,
fut plein de compassion pour elle, et lui dit : « Ne pleure
plus » (Lc 7 13) Le Seigneur prête au Samaritain la
même pitié pour le blessé ; c’est par
compassion que le Samaritain s’approche sans hésiter
ni délibérer, qu’il est plein de sollicitude,
qu’il soigne ce malheureux. C’est ce sentiment si pur
si vrai que n’ont pu ressentir le prêtre et le lévite
qui explique toute sa conduite. La compassion fait partie intégrante
de la charité. Il y a donc dans la charité, caractéristique
de Samaritain comme du « Bon Pasteur », dans la charité
du Nouveau Testament, une note de tendresse. Cela ressort bien dans
l’attitude du Bon Pasteur, du Bon Samaritain.
Il est aussi le Bon Pasteur qui va chercher la «
brebis perdue »
Souvenez-vous de ce très beau récit : « Qui
d’entrevous, ayant cent brebis, s’il en perd une, ne
laisse les quatre-vingt dix neuf autres dans le désert, pour
aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce
qu’il l’ait retrouvée ? - admirez cette ténacité
dans le propos du Bon Pasteur. : « jusqu’à ce
qu’il l’ait retrouvée » -. Et quand il
l’a retrouvée, il la met avec joie sur ses épaules
; et de retour à la maison, il assemble ses amis et ses voisins
et leur dit : « Réjouissez-vous, parce que j’ai
trouvé ma brebis qui était perdue ». Admirez,
vous dis-je, cette ténacité dans sa recherche. Mais
aussi sa tendresse, sa miséricorde une fois la brebis retrouvée
ainsi que sa joie exprimée, manifestation de la pureté,
de la sincérité de ses sentiments et du prix que cette
« brebis perdue » représentait pour lui. Elle
était chère à son cœur. (Luc 15 4-8)
Il est aussi cette femme qui recherche la drachme
perdue et là aussi avec quelle application, quelle constance,
quelle ténacité : elle lui était chère
cette drachme ! C’était son bien. Et quelle joie lorsqu’elle
la retrouve. C’était son bien propre, pas un bien quelconque
qu’elle cherche d’une manière distraite et même
indifférence. Non. Rien de cela :« Quelle est la femme
qui, ayant dix drachmes, si elle en perd une, n’allume une
lampe, ne balaye sa maison et ne cherche avec soin jusqu’à
ce qu’elle l’ait retrouvée ? Et quand elle l’a
retrouvée, elle assemble ses amis et ses voisins et leur
dit : « Réjouissez-vous avec moi, parce que j’ai
retrouvé la drachme que j’avais perdue ». (Lc
15 8-10)
Il est également le père de l’enfant
prodigue qui se réjouit du retour de cet enfant. Il l’accueille.
Et avec quelle émotion !Avec quelle joie : « Et le
père dit à ses serviteurs : « apportez la plus
belle robe et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au
doigt et une chaussure aux pieds. Amenez le veau gras et tuez-le
; faisons un festin de réjouissance : car mon fils que voici
était mort et il est revenu à la vie ; il était
perdu et il est retrouvé. Et ils se mirent à se réjouir
». (Lc 15 21-24)
Il est celui qui pardonne par pure miséricorde.
Là, les exemples abondent, surabondent dans l’Evangile.
Voyez le dans le récit avec la femme adultère
Voyez le avec Marie Madeleine à la table de Simon. Là,
il s’agit de la miséricorde du Maître à
l’égard d’une grande pécheresse. Le Maître
était réputé pour sa bonté envers les
publicains et les hommes perdus de réputation. Là
c’est avec une femme de rue.
Jésus est reçu chez le Pharisien Simon, il prend place
à table, c’est-à-dire qu’il s’étend
sur le lit, peu élevé, couvert de tapis et de cousins
; appuyé sur le coude gauche, ayant enlevé ses sandales,
il a les pieds nus du coté de l’espace libre où
circulent les serviteurs. Une femme se présente et quelle
femme ! Une pécheresse notoire. Toute la ville connaissait
ses désordres. Ce n’est pas à dire cependant
que ce fut une prostituée ; elle n’aurait été
admise par la domesticité et il y a dans l’attitude
de la pécheresse une distinction que ne sauraient avoir ces
femmes, même repentantes. C’est une femme de la société,
de mœurs légères, « déréglée
», aux multiples aventures, dont la réputation n’a
plus rien à perdre. Seul son rang social lui garde un certain
respect de la part des concitoyens, et on n’ose lui interdire
l’accès de la salle.
Cette femme, qui a perdu tout honneur veut rendre
à Jésus un hommage courant en Orient pour un personnage
de marque. Elle apporte un flacon d’huile parfumée.
Normalement, elle aurait dû oindre la tête du Seigneur
; si elle veut verser son parfum sur ces pieds, ce ne peut être
que dans la conscience de son indignité. Cette intention,
jointe à celle d’honorer le Maître, révèle
d’emblée la qualité de cette âme, alliant
la discrétion à la ferveur : elle traduit la profondeur
de son respect par son propre abaissement et, par suite, l’aveu
de sa misère. La pécheresse se place donc en arrière
de la table, à la hauteur de Jésus et se met à
genoux. Alors se produit ce qu’elle n’avait pas prévu.
Elle a une explosion de larmes et elle s’abandonne à
ses pleurs assez longtemps pour que les pieds du Maître en
soient tout mouillés.
Cette inondation était une incorrection. De surcroît
cette femme n’a pas pu ne pas remarquer un détail :
les pieds de Jésus n’ont pas été lavé
avant le repas encore recouverts de la poussière de la route.
C’était là un manque d’égard évident.
Alors la pécheresse improvise un beau geste : au lieu de
prendre un linge, elle dénoue ses longs cheveux - acte singulièrement
humiliant en public – et s’en sert comme d’un
linge pour essuyer les pieds du Maître. C’est une admirable
trouvaille dont seul un cœur de femme a le secret. Et elle
se met à baiser encore et encore les pieds de son Seigneur.
Ce qui révèle de la foi, une profonde révérence,
de l’humilité, de l’attachement et de l’amour.
C’est alors que la pécheresse revient à son
premier projet : elle oint les pieds de Jésus.
Simon reste dans le silence. Mais reste choqué. Il pense
: Jésus n’est pas un prophète comme beaucoup
le pensent : Pour se laisser ainsi faire de la sorte, c’est
qu’il ignore l’identité de cette femme. La connaissant,
il n’aurait pas supporté qu’elle le touche. Simon,
correct, ne bronche pas. Il laisse faire.
Mais Jésus, de fait, sonde les pensées
de son cœur. Il lui demande poliment de prendre la parole.
Simon le lui accorde froidement et le Maître de lui soumettre
un cas : celui de deux débiteurs engagés vis-à-vis
du même préteur. La différence des dettes est
assez considérable, mais la situation des deux hommes est
identique : ni l’un ni l’autre ne peuvent rembourser.
Le créancier, fort détaché de l’argent,
ayant peu de goût des procédures, renonce à
sa créance. Plus exactement, il fait grâce de tout
à ses deux obligés. La gratuité de cette remise
est nettement soulignée : c’est un acte de bienveillance
et de générosité. Il s’agit d’une
magnifique libéralité du créancier.
D’où la pointe de la parabole : « lequel d’entre
eux devra l’aimer davantage » ?
« L’aimer davantage » au sens de « aimer
en retour », au titre de la simple reconnaissance, au titre
de la « redamatio » c’est-à-dire de la
gratitude : « Quel est celui qui en aura davantage gré
» ? et qui le manifestera le plus ?
Simon de répondre tout naturellement : « Je suppose
que c’est celui auquel il a remis davantage ».
C’est alors que Jésus se tourne vers
la pécheresse à la quelle il ne semble avoir accordé
jusqu’ici aucune attention. Il expose en détail les
hommages qu’il en a reçu, les opposant au manque d’égards
de Simon . Ce n’est pas le juste pharisien qui l’a honoré,
c’est cette femme coupable et méprisée. Jésus,
c’est manifeste, identifie réciproquement les deux
débiteurs à la pécheresse et au Pharisien,
Lui-même représente le créancier libéral.
Jésus souligne la différence d’attitudes des
deux débiteurs, - l’un fervent, l’autre beaucoup
moins - , celle de l’indifférence, de la froideur d’une
part, - Simon -, celle de manifestations de respect, d’honneur,
de vénération d’autre part - la pécheresses
– . Les gestes de la femme sont l’expression d’un
amour prompte, d’un amour de gratitude. Celui auquel on pardonne
peu, par ce qu’il a guère de manquements à se
faire pardonner, aimera peu.
Par contre cette pécheresse manifestera une immense reconnaissance
parce que le Seigneur va la tenir quitte de ses nombreux péchés.
Elle aura une âme aimante et quasi religieuse. Sans avoir
prononcé une parole, cette femme a su « crier »
son adoration, son attachement son désir de purification
et sa volonté de fidélité : son amour de charité.
Le Maître ne peut pas ne pas en être ému. Il
voit la vénération que cette femme veut exprimer.
Certes, c’est une pécheresse. Mais c’est aussi
une pénitente. Et quelle ferveur ! Quelle vénération
! Jésus qui est l’objet de cette foi et de cette adoration,
répond en accordant le pardon. Il est le Bon Pasteur. Il
donne le pardon. Comme un bon créancier, il accorde gracieusement
son pardon. Et ce pardon accordé accroît, dans l’âme
pénitente, une fois l’âme purifiée, une
ardente gratitude. Vous remarquerez que ni la pécheresse
ni le Seigneur ne se sont adressés la parole. Mais le son
de la voix du Maître, il est le Bon Pasteur, dut avoir une
singulière tendresse et son regard bien expressif lorsqu’il
prononça l’absolution : « Tes péchés
te sont remis. Ta foi t’a sauvée. Pars en paix ».
La pécheresse a cru en la messianité du Seigneur,
en sa divinité. Elle avait la certitude qu’il aimait
les pécheurs, qu’il était un créancier
accessible, généreux et qu’il pouvait remettre
les fautes. Ce qui sauve cette femme, c’est très exactement
l’obsequium fidei, une soumission religieuse et adorante de
son cœur. La pécheresse a adoré son Seigneur
lui faisant l’offrande de sa vie entière.
Son émotion devait être à son comble. Jésus
lui suggère de se retire : « Pars en paix »,
dans la paix du cœur et pour en goûter la douceur. Seul
le Bon Pasteur peut susciter et engendrer de « tels sentiments
». Elle emporte avec elle son trésor : la pensée
du Bon Pasteur et disparaît.
Notre Seigneur est celui aussi qui est sensible
à la peine du prochain. On l’a vu devant la douleur
de la femme à la porte de Naïm, Il est sensible à
la douleur des malades, des aveugles, des sourds de muets, des paralytiques
Oui ! Vraiment ! Jésus-Christ, le Bon Pasteur, manifeste
la miséricorde de Dieu.
Mais il est aussi celui qui accomplit la miséricorde
de Dieu qui veut le salut du genre humain. Il accomplit le «
vouloir divin », le « propos salvifique de Dieu par
l’acceptation du sacrifice de la Croix.
Il apporte le salut. Il est le salut. Il apporte le salut parce
qu’il est le Sauveur.
Souvenez-vous du très beau récit de l’Evangile
de Zachée
« Jésus étant entré dans
Jéricho, traversait la ville. Et voilà qu’un
homme nommé Zachée, chef des publicains et fort riche,
cherchait à voir qui était Jésus ; et il ne
pouvait y parvenir à cause de la foule, car il était
de petite taille. Il courut donc en avant et monta sur un sycomore
pour le voir parce qu’il devait passer par là. Arrivé
à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’ayant
vu, il lui dit : « Zachée, descends vite, car il faut
que je loge aujourd’hui dans ta maison. Zachée se hâta
de descendre et le reçut avec joie. Voyant cela, ils murmuraient
tous en disant : « Il est allé loger chez un pécheur
». Mais Zachée, se présentant devant le Seigneur,
lui dit : « Voici, Seigneur, que je donne aux pauvres la moitié
de mes biens et si j’ai fait tort de quelque chose à
quelqu’un, je lui rends le quadruple ». Jésus
lui dit : « le Salut est entré aujourd’hui dans
cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d’Abraham.
Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui
était perdu ».(Lc 19 7 et ss)
Souvenez-vous de la belle confession de Saint Pierre
devant le Sanhédrin. Il vient de guérir le boiteux,
mendiant à la porte du Temple appelée « la Belle
Porte ». Avec Saint Jean, il enseigne le peuple dans le Temple,
survient mécontents « les prêtres et le capitaine
des gardes du Temple » (Act 4 1). Tous deux sont emprisonnés
le soir. Le lendemain, ils comparaissent devant le Sanhédrin.
Ils sont interrogés « Par quelle puissance ou au nom
de qui avez-vous fait cela » (Act 4 5) ? Alors Saint Pierre
prend la parole et leur dit cette belle confession de foi : «
Chefs du peuple et anciens d’Israël, écoutez :
« si l’on nous interroge aujourd’hui à
l’occasion d’un bienfait accordé à un
infirme, et qu’on nous demande par quoi cet homme a été
guéri, sachez-le bien, vous tous et que tout le peuple d’Israël
le sache aussi : C’est par le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ
de Nazareth, que vous vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité
des morts, c’est par lui que cet homme se présente
devant vous pleinement guéri. Ce Jésus est la pierre
rejetée par vous de l’édifice et qui est devenue
la pierre angulaire. Et le salut n’est en aucun autre ; car
il n’y a pas sous le ciel un autre nom qui ait été
donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés
» (Act 4 12)
Mais il faut citer aussi la magnifique et enthousiasmant
profession de foi des élus du Ciel dans la vision glorieuse
que nous découvre Saint Jean dans son Apocalypse : «
Après cela, je vis une foule immense que personne ne pouvait
compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute
langue. Ils étaient debout devant le trône et devant
l’Agneau, vêtus de robes blanches et tenant des palmes
à la main. « Ils criaient d’une vois forte, disant
: « Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le
trône et à l’Agneau » (Apoc 7 10)
Il faut citer encore la belle confession de Saint
Pierre après l’annonce faite par Notre Rédempteur
de la Saint Eucharistie : « Seigneur, a qui irions-nous vous
avez les paroles de la vie éternelle ».
Et souvenez-vous aussi de ce combat d’écrit
dans l’Apocalypse entre la « femme et le dragon ».
C’est le magnifique chapitre 12 de ce livre mystérieux
et sublime : « Il y eut alors un combat dans le ciel : Michel
et ses anges s’avancèrent pour combattre le dragon
; et le dragon et ses anges combattirent ; mais ils ne purent vaincre,
et leur place même ne fut plus trouvée dans le ciel.
Il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien,
celui qui est appelé le diable et Satan, le Séducteur
de toute la terre, il fut précipité sur la terre,
et ses anges avec lui. Et j’entendis dans le ciel une voix
forte qui disait : « Maintenant le salut, la puissance et
l’empire sont à notre Dieu, et l’autorité
à son Christ ; car il a été précipité,
l’accusateur de nos frères, celui qui les accusait
jour et nuit devant notre Dieu. Eux aussi l’ont vaincu par
la vertu du sang de l’Agneau et par la parole de leur témoignage,
ayant renoncé à l’amour de la vie, jusqu’à
souffrir la mort. C’est pourquoi réjouissez-vous, cieux,
et vous qui habitez dans les cieux ! » (Apoc 12 7-12).
Mais qui d’entre vous ne saurez vibrer à
ces paroles toujours de l’Apocalypse en son chapitre 5 nous
présentant Notre Seigneur comme l’Agneau immolé
accomplissant le salut de tout l’univers :
« Puis je vis dans la main droite de Celui qui était
assis sur le trône un livre écrit en dedans et en dehors,
scellé de sept sceaux. Et je vis un ange puissant qui criait
d’une vois forte : « Qui est digne d’ouvrir le
livre et d’en rompre les sceaux ? Et personne ni dans le ciel,
ni sur la terre, ni sous la terre, ne pouvait ouvrir le livre ni
voir ce qu’il contenait. Et moi je pleurai beaucoup de ce
qu’il ne se trouvait personne qui fût digne d’ouvrir
le livre, ni de voir ce qu’il contenait. Alors un des vieillards
me dit : « Ne pleure point ; voici que le lion de la tribu
de Juda, le rejeton de David, a vaincu, de manière à
ouvrir le livre et ses sept sceaux. » Et je vis, au milieu
du trône et des quatre animaux, et au milieu des vieillards,
un Agneau qu’on aurait dit avoir été immolé
; il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de
Dieu envoyés par toute la terre. Il vint et prit le livre
de la main droite de Celui qui était assis sur le trône.
Quand il eut pris le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre
vieillards se prosternèrent devant l’Agneau, tenant
chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, qui
sont les prières des saints. Et ils chantaient un cantique
nouveau disant : « Vous êtes digne de prendre le livre
et d’en ouvrir les sceaux ; car vous avez été
immolé, et vous avez racheté pour Dieu par votre sang
les hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de
toute nation ; et vous les avez faits rois et prêtres et ils
règnent sur la terre ». (Apoc. 5 1-10)
Ce fut la proclamation de l’ange de la Nativité
: aux bergers, l’ange dit : « Il vous est né
aujourd’hui, dans la ville de David, un sauveur, qui est le
Christ, le Seigneur.Voici à quel signe vous le reconnaîtrez…)(Lc
2 10)
C’est également le magnifique chant
de Zacharie, le père de Saint Jean-Baptiste : « Béni
soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il
a visité et racheté son peuple. Il nous a suscité
un puissant Sauveur dans la maison de David, son serviteur, selon
ce qu’il a dit par la bouche de ses saints prophètes
aux siècles passés, - un Sauveur qui nous délivrera
de nos ennemis et des mains de tous ceux qui nous haïssent.
Il a accompli la miséricorde promise à nos pères
et s’est souvenu de son alliance sainte selon le serment par
lequel il a juré à Abraham notre père de nous
faire cette grâce, qu’étant délivrés
des mains de nos ennemis, nous le servions sans crainte, dans la
sainteté et la justice en sa présence, tous les jours
de notre vie. Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète
du Très Haut ; car tu marcheras devant la face du Seigneur
pour lui préparer les voies, pour donner à son peuple
la connaissance du salut dans le pardon de ses péchés
par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, par lesquelles
le Soleil levant nous a visités d’en haut, pour éclairer
ceux qui sont assis dans le ténèbres et dans l’ombre
de la mort, et pour diriger nos pas dans la voie de la paix »
(Lc 1 57 80)
Peut-on trouver une acclamation plus belle en l’honneur
de Notre Seigneur, définissant le but de la mission du Bon
Pasteur qui est une « œuvre de miséricorde »
: « Il a accompli la miséricorde promise ».
Et le chant du prophète Siméon : ayant
l’Enfant Jésus dans ses mains, il chante dans le temple
son cantique de toute beauté : « C’est maintenant,
Seigneur, que, selon votre parole, vous laissez votre serviteur
s’en aller en paix ; car mes yeux ont vu votre salut, que
vous avez préparé devant tous les peuples, pour être
la lumière qui éclairera les nations et la gloire
de votre peuple d’Israël » (Lc 2 27)