Le
Saint Nom de Jésus.
« C’est par le nom de notre
Seigneur Jésus-Christ le Nazaréen, celui que vous avez
crucifié et que Dieu a ressuscité d’entre les morts,
c’est par lui que cet homme est là devant vous, bien portant.
C’est Lui la pierre qui fut rejetée par vous, les bâtisseurs,
et qui est devenue la pierre d’angle ; et le salut ne se trouve en
aucun autre. Car il n’est sous le ciel aucun autre nom accordé
aux hommes, par lequel nous devions être sauvés ».
(Act. 4,10-12)
En ces jours qui suivent la Nativité
du Seigneur, l’Eglise reste toute attentive à l’Enfant de la
crèche. Elle ne cesse de méditer le mystère.
Elle sait qu’Il est la « Bonne Nouvelle ». Elle sait qu’Il
est le Sauveur du genre humain. Aussi reste-t-elle longtemps à
méditer sur ce mystère. Comme Notre Dame qui méditait
dans son cœur, l’Eglise médite sur l’annonce des Anges : «
Un Sauveur vous est donné ».
Elle veut également nous apprendre
à méditer cette vérité, cette doctrine.
Sa doctrine.
« Il n’y a aucun autre nom sous
le Ciel par lequel nous puissions être sauvés ».
Aussi permettez-moi de méditer
avec vous sur ce grand mystère du salut réalisé
en NSJC.
Voila, du reste, la raison de son
Nom. Il s’appellera Jésus qui veut dire « Sauveur ».
Souvenez-vous de l’Ange parlant à
Joseph dans son sommeil.
« Joseph, fils de David, ne
crains pas de prendre avec toi, Marie, ton épouse. Car ce qui
est formé en elle, est l’ouvrage du Sain t Esprit. Et elle
enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jésus car il
sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1,20)
Et c’est ainsi, de fait, que tous
les « prophètes » du Nouveau Testament… Notre Dame,
Sainte Elisabeth, Zacharie… le contempleront.
Ainsi Notre Dame, vous dis-je, dans
son merveilleux Magnificat : « Mon âme glorifie le Seigneur
et mon esprit trésaille de joie en Dieu, mon Sauveur….C’est
ainsi que sa miséricorde se répand d’age en age sur
ceux qui le craignent… Il a pris soin d’Israël, son serviteur,
se souvenant de sa miséricorde… »
Ainsi Sainte Elisabeth. Ainsi Zacharie
: « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël de ce
qu’il a visité et racheté son peuple. Il nous a suscité
un puisant sauveur dans la maison de David, son serviteur selon ce
qu’il a dit par la bouche de ses saints prophètes aux siècles
passés, un Sauveur qui nous délivrera de nos ennemis
et des mains de tous ceux qui nous haïssent ».
Merveilleuse profession !
Ainsi, aussi, l’Ange Gabriel : «
Il vous est né aujourd’hui dans la ville de David un sauveur
qui est le Christ, le Seigneur ». (Lc 2,11)
Ainsi Saint Siméon, le prophète
: « C’est maintenant, Seigneur que, selon votre parole, vous
laissez votre serviteur s’en aller en paix car mes yeux ont vu votre
salut que vous avez préparé devant tous les peuples
pour être la lumière qui éclaire les nations et
la gloire de votre peuple d’Israël…Cette enfant est au monde
pour la ruine et le salut d’un grand nombre en Israël ».
Un sauveur. Un salut.
Le genre humain avait donc besoin
d’un sauveur.
Et oui ! Car, comme le dit Saint Paul
« tous ont péché » (Rm 3 23). « Tous
sont esclaves du péché » (Rm 6 16-22). La corruption
est universelle. Elle vient d’Adam dont la faute s’est transmise à
ses descendants et a infecté la nature humaine.
« C’est par un seul homme, dit
encore Saint Paul, que le péché est entré dans
le monde.. .Par la faute d’un seul, tous les autres sont morts…Par
la désobéissance d’un seul homme, tous les autres ont
été constitués pécheurs ». (Rm 5
12-19)
Mais Dieu, dans sa miséricorde
et sa justice a décidé d’accorder le pardon et le salut
à tous les hommes qui donneront leur foi à l’Evangile.
Oui ! Dieu, depuis toujours, voulant manifester sa bonté, parce
qu’il est essentiellement bonté, nourrissait des desseins de
miséricorde en faveur de l’humanité. C’est le dessein
de Dieu, sa volonté qui fut, un temps secret, mais, aujourd’hui,
divulgué, manifesté. C’est donc l’objet de la prédication
de l’Eglise.
Ecoutez Saint Paul :
« Dieu, dans la richesse de
sa miséricorde, poussé par le grand amour dont il nous
a aimés, nous a fait revivre avec le Christ, alors que nous
étions en l’état de mort par nos fautes. C’est par grâce
que vous êtes sauvés… Et cela ne vient pas de nous. C’est
le don de Dieu ». (Eph 2 48)
Merveilleux, non ! Quelle richesse
de pensée ! Quel merveilleux mystère !
Il poursuit : « Le jour où
apparurent la bénignité de Dieu, Notre Sauveur, et son
amour pour les hommes, il nous a sauvé : non pas pour les œuvres
que nous aurions faites en état de justice, mais à raison
de sa miséricorde, grâce au bain de régénération
et de rénovation du Saint Esprit, Esprit qu’il a répandu
sur nous à profusion par le Christ, notre Sauveur, afin que
justifiés par sa grâce, nous devenions en espérance
héritiers de la vie éternelle ». (Eph 3 4-7 ou
2 Tm. 1 9)
Ainsi, le salut nécessaire
à chacun dépend de l’amour de Dieu.
Parce que la déchéance
des créatures est totale,
absolument nécessaire est le
salut, œuvre de miséricorde, réalisation d’une volonté
souverainement miséricordieuse, qui en garde l’initiative.
Le salut, notre salut, est un don
purement gratuit de Dieu. C’est la grâce par excellence. La
grâce de la bonté de Dieu. En ce domaine, tout vient
de Dieu, qui agit par pure gratuité. Tout vient de Dieu, d’un
amour de Charité.
Mais retenez ! Retenez !
Le salut gratuit donné par
Dieu : tel est l’objet de la foi chrétienne. C’est essentiellement
notre « Credo ». Le « Credo » est donc un
acte de foi en l’amour sauveur de Dieu qui pardonne le péché.
Notre Credo est, alors, fondamentalement, une espérance. Mieux.
Notre Credo suscite l’espérance la plus vibrante, la plus audacieuse.
« Afin que justifiés par sa grâce, nous devenions
en espérance héritiers de la vie éternelle ».
Non seulement le salut est possible.
Mais voici que des pécheurs sont aimés et peuvent jouir
dès maintenant de l’intimité divine et s’approcher en
toute hardiesse du trône de grâce. (Le Notre Père).
On sait que Dieu veut le bonheur de
l’homme, des hommes. Son salut est universelle. Dans le Christ, Il
leur en ouvre la voie et met tout en œuvre pour la réalisation
de son plan de salut.
C’est la nuit de Noël. C’est
la venue des Anges. C’est la venue des bergers. C’est Notre Dame.
C’est Saint Joseph. Tous coopèrent, à leur place, à
cette réalisation. A sa manifestation. C’est l’acclamation
de tous : un Sauveur nous est né
« Christus natus est hodie ». L’Eglise n’a cessé,
depuis des jours et des jours, de faire chanter cela à ses
prêtres dans le bréviaire. Pour qu’ils en vivent. Pour
qu’ils ne cessent de prêcher au monde cette bonne Nouvelle.
L’Evangile du Salut.
Le prêtre a bien dit : «
Christus natus est hodie ».
Mais il ajoute aussitôt : «
Venite adoremus ».
C’est, en effet, la réaction
fondamentale du croyant en face de cette initiative de la charité
divine. « Venite Adoremus ». C’est l’adoration empressée.
C’est la gratitude exprimée. C’est l’action de grâce.
Et c’est justice.
« Nous rendons grâces
au Père qui nous a mis en état d’avoir part à
l’héritage des saints dans la lumière qui nous a arrachés
à la puissance des ténèbres et faits passer dans
le royaume de son Fils bien aimé en qui nous avons la rédemption,
la remissions des péchés »(Col 1 12-14)
La reconnaissance n’est donc pas un
quelconque sentiment intérieur. C’est l’attitude permanente
d’une créature pécheresse, miséricordieusement
sauvée et qui se sait l’objet de l’amour infini de Dieu. C’est
la réponse normale, juste, légitime de tout obligé,
de tout débiteur. C’est l’expression de la piété
filiale. C’est une réponse d’amour à la charité
première et gratuite de Dieu. Ainsi s’exprime saint Paul :
« Grâces soient rendus à Dieu pour son don inexprimable
» (2 Cor 9 15)
C’est la louange. C’est l’action de
grâce. C’est le culte que nous devons à Dieu. Et tout
particulièrement au Christ. Car ce plan de salut a été
réalisé dans le Chris Seigneur. « Dieu qui est
riche de miséricorde, pressé par l’extrême charité
dont il nous a aimé et alors que nous étions morts par
nos péchés, nous a rendu la vie avec le Christ ».
(Eph. 2 4-7)
« Tous sont justifiés
gratuitement par sa grâce en vertu de la rédemption qui
est dans le Christ Jésus. C’est lui que Dieu a par avance,
destiné à être, en son propre sang, victime expiatoire
» (Rm. 3 24-25)
« Tout vient de Dieu qui nous
a réconciliés avec lui-même par le Christ ».
(2 Cor. 5 18)
Dieu le Père a tout donné
dans son Fils le Christ Jésus pour l’œuvre salvifique. Nous
devons tout rendre, dans un culte fervent de louange. Aimer Dieu,
finalement, ne sera rien d’autre que d’adhérer à Lui
de tout son être par gratitude pour tout ce qu’il nous a donné.
Notre gratitude prendra la forme du culte d’une louange, d’un sacrifice.
C’est l’enseignement même de
l’apôtre : « Quoi que ce soit que vous fassiez en parole
ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant
par Lui des actions de grâces à Dieu le Père ».
(Col. 3 17)
Ou encore
« Je vous prie donc frères
par la miséricorde de Dieu d’offrir vos corps comme une hostie
vivante sainte, agréable à Dieu. C’est là le
culte logique que vous lui devez ». (Rm. 12 1)
C’est la réponse obligée
aux prévenances divines. Elle s’impose inéluctablement
dès là qu’on a pris connaissance de l’octroi gratuit
du salut.
Tout vient de Dieu et de sa grâce.
Tout doit faire retour à Dieu
sous forme de reconnaissance et d’acclamation.
De même qu’il y a de l’ingratitude
en tout péché.
Il y a de la gratitude en tout acte
de vertu. La fidélité, en définitive, à
la volonté de Dieu n’est pas autre chose qu’une longue expression
de reconnaissance
On pourrait conclure par cette belle
phrase du Psaume :
« Misericordia Domini in aeternum
cantabo »
“ Je chanterai éternellement
la miséricorde du Seigneur”.
Abbé Paul Aulagnier.