Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Semaine du 14 au 20 juin 2004

Troisième Dimanche après la Pentecôte

Le Mystère de la sainte Eucharistie

 

Sommaire

 

 

Homélie du 3° Dimmanche après la Pentecôte

Le 10 juin, à Rome, alors qu’il assistait, en fin de journée, à la messe de la Fête-Dieu, célébrée par le cardinal Camillio Ruini, cardinal-vicaire de Rome, sur le parvis de la basilique de Saint Jean de Latran, Jean-Paul II annonçait une année consacrée à l’Eucharistie.
« Je suis heureux de vous annoncer une année spéciale de l’Eucharistie » a lancé le Pape aux fidèles romains, au cours de son homélie qu’il a lue en entier. « Elle commencera avec le Congrès Eucharistique mondial du 10 au 17 octobre 2004 à Guadalajara au Mexique et prendra fin avec la prochaine assemblée ordinaire du Synode des évêques, du 2 au 29 octobre 2005, au Vatican qui a pour thème : « l’Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise ».

Avec le Pape, nous savons que « l’Eglise vit de l’Eucharistie » et nous savons que « cette vérité n’exprime pas seulement une expérience quotidienne de foi », mais « contient de façon synthétique le noyau du mystère qu’elle est elle-même ».

A l’Angelus du dimanche suivant, le 13 juin, le Saint Père est revenu sur cette annonce. C’est dire qu’elle lui tient à cœur. Il rappela, entre autres choses, que « l’Eucharistie est au centre de la vie de l’Eglise. Dans l’Eucharistie, le Christ s’offre au Père pour nous, en nous rendant participants de son propre sacrifice et il se donne à nous comme pain de vie pour notre cheminement sur les routes du monde ».
« Je confie d’ores et déjà à la Vierge Marie, « femme eucharistique », cette nouvelle initiative. Que Marie, qui, au cours de l’Année du Rosaire nous a aidés à contempler le Christ avec son regard et son cœur, fasse grandir toute communauté dans la foi et dans l’amour pour le mystère du Corps et du Sang du Seigneur, au cours de l’Année de l’Eucharistie ».

Nous nous réjouissons profondément de cette annonce et nous voulons participer d’une manière toute particulière à cette célébration eucharistique au cours de cette année.
Aussi suis-je heureux de vous présenter ces quelques réflexions eucharistiques tout en attirant votre attention sur l’adoration due à la Sainte Eucharistie et ces motifs

L’Eglise nous appelle en ces jours et par la bouche du pape et par la liturgie, à l’adoration de NSJC dans la Sainte Eucharistie, à honorer NSJC, même par des signes extérieurs et corporels, par nos génuflexions, par nos chants, par nos acclamations, par nos processions. Ainsi nous témoignons de notre foi, nous rendons témoignage de l’excellence de NSJC.
Je lui dois ma révérence. Je lui dois pareil témoignage. Je le lui dois en raison de sa majesté, en raison de sa divinité. Je lui dois cet honneur pour lui-même.

Ce culte d’honneur, je le dois à NSJC dans la Sainte Eucharistie, au titre de la justice. Il lui est dû.

O Dieu de l’Eucharistie.

Je veux chanter vos louanges et me rappeler vos titres d’honneur pour vous mieux adorer

Je vois, sous le voile eucharistique, votre divinité, votre puissance, votre transcendance.
Je veux me rappeler ce mystère

C’est, du reste, au seul titre de votre puissance transcendante, que je confesse aujourd’hui cette Eucharistie, votre présence substantielle dans cette Eucharistie, qui est « transsubstantiation », qui est conversion substantielle du pain en votre très saint Corps. Je vois – là – dans l’Eucharistie, par l’enseignement de la foi, votre divinité, votre toute puissance.
Je vois le « premier-né de Dieu », « celui qui est engendré de toute éternité ».
Je vois celui « qui fit surgir la lumière », « qui fit briller les jours », qui « sépara les ténèbres d’avec la lumière », « qui déploya le firmament », « qui disposa les astres dans le Ciel », « qui jeta toutes choses dans l’existence ».
Aussi n’ai-je que plaisir, que joie, que facilité à croire que Celui qui est « le Tout-Puissant » puisse « transsubstantier » cette matière, le pain en son Corps. Il est le Maître de toutes choses !

Là, j’adore le Fils, le Fils de Dieu, le Verbe, « par qui tout a été fait ». Il est « l’Alpha et l’Omega », « Celui qui est, qui était et qui vient ».
Je vois, -là- « le Seigneur », « le Kurios », le « Maître », le « Dieu ».
Celui qui créa les anges dans le Ciel , qui y fixa « les trônes et les principautés », qui modela, pour lui, l’homme sur la terre, qui forma l’homme « de ses bonnes mains », comme le dirait Péguy, et lui communiqua « souffle de vie ». et le plaça dans le Paradis, - en Eden - pour qu’il y vive heureux.

O Dieu de Puissance.
O Dieu de Bonté.
Je vous adore et vous aime et veux être à vous pour toujours.

Je vois dans cette Eucharistie, « le Seigneur », le « Christ » qui est tout. Qui est au centre de l’histoire du salut.
C’est lui qui a choisi et conduit Israël, d’Adam à Noë, de Noë à Abraham, à Isaac et Jacob. C’est lui qui parlait déjà par la bouche des prophètes.

Je vois dans cette Eucharistie, le « Seigneur », le « Maître » d’Israël qui a conduit son peuple en Egypte et l’en a délivré pour lui donner en héritage, la terre promise.
C’est lui la Loi, la Loi donnée à Moïse.
C’est lui « l’Agneau Pascal », le véritable Agneau de Dieu
« Celui qui enlève les péchés du monde ».
C’est lui que Saint Jean, le Baptiste, le prophète, annonça par ces paroles : « Moi, je vous baptise dans l’eau pour la pénitence ; mais celui qui doit venir après moi, est plus puissant que moi et je ne suis pas digne de porter sa chaussure, il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et dans le feu » (St Mat)

C’est – là – encore, une nouveau titre de mon adoration due

C’est lui que Saint Jean, le baptiste, le Prophète, non seulement annonça mais aussi et surtout montra du doigt, disant : « Voici l’Agneau de Dieu, Voici Celui qui ôte le péché du monde » (St Jean)

O Dieu, je vous adore.

« C’est de lui que j’ai dit : un homme vient après moi, qui a été fait plus grand que moi parce qu’il était avant moi. Et moi, je ne le connaissais pas, mais c’est afin qu’il fut manifesté en Israël que je suis venu baptisé dans l’eau » (St Jean)

O Dieu, je vous adore

« J’ai vu l’Esprit descendre du Ciel comme une colombe et il s’est reposé sur lui. Et moi je ne le connaissais pas. Mais celui qui m’a envoyé pour baptiser dans l’eau, m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer, c’est Lui qui baptise dans l’Esprit-Saint. Je l’ai vu et j’ai rendu témoignage que c’est lui qui est le Fils de Dieu » (St Jean)

O Dieu de l’Eucharistie, je vous adore.

C’est vous qui êtes le Rédempteur.
Vous êtes Celui qui a accompli « le salut du peuple ».
Vous êtes « le lion de la tribu de Judas », « le rejeton de David » « qui a vaincu de manière à ouvrir le livre de Vie ».

Vous êtes Celui que Saint Jean de l’Apocalypse « a vu au milieu du trône et des quatre animaux et au milieu des vieillards », « un Agneau qu’on aurait dit avoir été immolé », « qui vint et prit le livre de la main droite » « et devant qui se sont prosternés les vingt quatre vieillards de l’Apocalypse chantant un cantique nouveau : « Vous êtes digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux ; car vous avez été immolé et vous avez racheté pour Dieu par votre sang les hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation et vous les avez faits rois et prêtres et ils règnent sur la terre ».(Apoc.)

Alors, avec les élus et les anges du Ciel, nous disons « d’une voix forte » : « l’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange….aux siècles des siècles ».

O Dieu, je vous adore.
« J’adore la Sainte Eucharistie où est « Celui qui a fait le Ciel et la terre, la mer et les sources des eaux ».

O Dieu de l’Eucharistie
Vous êtes « l’Agneau de Dieu »

Vous êtes Celui qui a accompli les figures de l’Ancien Testament : celle de l’Agneau pascal

Alors vous êtes Celui qui a versé
Un sang protecteur
Un sang rédempteur ;
Un sang libérateur.
Jadis Israël, on le sait, a été protégé par l’immolation de l’Agneau, par son sang. C’était la Pâque à commémorer chaque année « les reins ceints et le bâton à la main ».

Israël, on le sait, fut jadis protégé par ce sang mystérieux. Ce sang mystérieux qui était la figure annonçant, préfigurant le vrai sang du véritable Agneau, le « sang eucharistique ». Il se trouva être un rempart pour le peuple d’Israël.
L’immolation, jadis, de l’Agneau pascal se trouva être le salut d’Israël et devint même la vie du peuple.

Souvenez-vous du récit de l’Ancien Testament nous racontant que le sang de l’Agneau, mis sur les montants des portes fut, de fait, jadis, la raison de la protection du peuple et donc de sa libération de la terre d’Egypte et donc de la libération du peuple de la domination du Pharaon, l’ange ne frappant pas Israël parce que marqué du sang de l’Agneau.
L’Egypte, par contre, fut frappée par l’ange exterminateur. « Elle fut privée de ses enfants », l’ange n’ayant point vu le sang de l’Agneau.

« L’Egypte fut frappée pour sa perte »
« Israël fut protégé pour son salut » (Meliton de Sardes) grâce au sang de l’Agneau pascal répandu.

Ainsi la figure de l’Ancien Testament annonçait la réalité du Nouveau Testament.

Et en ce sens, l’Evangile est-il bien l’accomplissement des figures de l’Ancien Testament.
Et l’Eglise, le lieu de leurs accomplissements réels.

Et le Christ, la figure réalisée de l’Ancien Testament. « Tout est consommé » cria-t-il sur la croix, expirant.

Ainsi est-il le Véritable Agneau Pascal.

Ainsi le mystère du Seigneur - O Dieu de l’Eucharistie – qui a été préfiguré depuis longtemps et qui, aujourd’hui, est rendu visible, trouve-t-il sa créance parce qu’il a été accompli.

Ainsi le mystère du Seigneur est-il ancien et nouveau. Ancien, dans sa préfiguration. Nouveau dans sa réalisation. Ancien dans sa préfiguration : l’Agneau pascal. Nouveau dans sa réalisation : aujourd’hui l’Agneau de Dieu qui a opéré et opère le salut du peuple. Ancien dans sa préfiguration, la manne dans le désert accompagnant le peuple « dans les chemins du monde ». Nouveau dans sa réalisation : la sainte Eucharistie qui occupe nos tabernacles et nos ostensoirs et réjouit nos cœurs

Mais c’et le même mystère, hier figuré. Aujourd’hui réalisé, confirmé.

Et dès lors, je peux dire que je connais déjà le mystère du Seigneur en « Abel sacrifié », en « Isaac lié pour l’holocauste », le sacrifice, en « David persécuté », en les « prophètes souffrants », en « l’Agneau immolé », en « les sacrifices du Temple de Jérusalem ».
Voilà les figures.
Et le prophète Isaïe disait déjà de l’Agneau : « Il a été mené comme un agneau à la tuerie et comme un agneau muet devant qui le tondait, il n’ouvrit pas la bouche ». Et je le contemplais un jour ainsi dans son chemin de Croix.

O Christ, Vous le Dieu de l’Eucharistie,
vous êtes vraiment la réalisation des préfigurations.
Et c’est pourquoi vous êtes venu des cieux et avez pris sur vous les souffrances de celui qui souffrait
Et c’est pourquoi vous avez été immolé comme un agneau
Et vous nous avez délivrés du « service du monde », comme hier Israël de la terre d’Egypte.
Et vous nous avez déliés des liens de l’esclavage du démon, comme hier Israël le fut de la main du Pharaon.
Et vous avez marqué nos âmes de votre propre Esprit comme d’un sceau, comme hier le montant des portes des habitations d’Israël.
C’est vous, O Christ, qui avez couvert « la mort de honte », comme hier Moïse, le Pharaon, en lui arrachant votre peuple, Israël.

C’est vous la « manne » toute puissante, hier annoncée et donnée
C’est vous, O Christ, le sang sur les linteaux
C’est vous, O Christ, qui nous avez arrachés, par votre sang véritable
De l’esclavage pour la liberté
Des ténèbres pour la lumière
De la mort pour la vie
De la tyrannie pour une royauté éternelle : « Celui qui mange mon corps et boit mon sang a la vie éternelle « .
C’est vous qui faites de nous un sacerdoce nouveau, un peuple élu, éternel Comme dans le désert la manne garda le peuple d’Israël en vie.
C’est vous qui êtes « la Pâque du salut ».
C’est vous qui, sur le bois, fut suspendu, comme hier Isaac étendu. Obéissance ici et là salvatrice.
Vous êtes, O Christ de l’Eucharistie, le Dieu Rédempteur, le Dieu de miséricorde, le Dieu de justice.
Voilà les titres , les raisons de l’honneur que nous vous devons.
La manne fut pour Israël, miséricorde de Dieu.
Le sang de l’agneau fut, pour Israël, source de son salut.
Ainsi, aujourd’hui, de l’Eucharistie, Corps et Sang du Christ. Miséricorde et Rédemption.

Nous croyons, O Christ de l’Eucharistie, qu’en vous est présent ce même Dieu dont le Père Eternel a dit, en vous introduisant dans le monde : « et que tous les anges de Dieu l’adorent ». Vous que les mages « ont adoré en se prosternant », « Vous enfin dont l’Ecriture témoigne que vous fûtes adoré en Galilée par vos Apôtres (in Concile de Trente ch. 5 session 13)

Ainsi d’eux à nous, se poursuivent, dans le temps, même adoration, même Tradition. L’Eglise est bien le Nouvel Israël qui réalise et vit en son sein ce qui, hier, était déjà annoncé et animait la foi des Patriarches, Abraham, Isaac et Jacob.
Deo Gratias. Amen.

“Conseils et Souvenirs » de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.

Je suis convaincu que celui qui lit et lira ces « conseils et souvenirs » de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, connaîtra la paix intérieure.

« Ce qui me fait du bien, lorsque je me représente l’intérieur de la sainte Famille, c’est de penser à une vie toute ordinaire. La sainte Vierge et saint Joseph savaient bien que Jésus était Dieu, mais de grandes merveilles leur étaient néanmoins cachées, et, comme nous, ils vivaient de foi. N’avez-vous pas remarqué cette parole du texte sacré : « Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait » et cette autre non moins mystérieuse : « Ses parents étaient dans l’admiration de ce qu’on disait de lui » ? Ne croirait-on pas qu’ils apprenaient quelque chose ? car cette admiration suppose un certain étonnement. ».


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« A Sexte, il y a un verset que je prononce tous les jours à contre-cœur. C’est celui-ci : « Inclinavi cor meum ad faciendas justificationes tuas in aeternum, propter retributionem ». J’ai incliné mon cœur à l’observation de vos préceptes, à cause de la récompense » (Ps 118 12).
Intérieurement je m’empresse de dire : O mon Jésus, vous savez bien que ce n’est pas pour la récompense que je vous sers ; mais uniquement parce que je vous aime et pour sauver des âmes. »


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« Au ciel seulement nous verrons la vérité absolue en toutes choses. Sur la terre, même dans la sainte Ecriture, il y a le côté obscur et ténébreux. Je m’afflige de voir la différence des traductions. Si j’avais été prêtre, j’aurai appris l’hébreu, afin de pouvoir lire la parole de Dieu telle qu’il daigna l’exprimer dans le langage humain. »


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Elle me parlait souvent d’un jeu bien connu, avec lequel elle s’amusait dans son enfance. C’était un kaléidoscope, sorte de petite longue vue, à l’extrémité de laquelle on aperçoit de jolis dessins de diverses couleurs ; si l’on tourne l’instrument, ces dessins varient à l’infini.
« Cet objet, me disait-elle, causait mon admiration, je me demandais ce qui pouvait produire un si charmant phénomène ; lorsqu’un jour, après un examen sérieux, je vis que c’étaient simplement quelques petits bouts de papier et de laine jetés çà et là, et coupés n’importe comment. Je poursuivis mes recherches et j’aperçus trois glaces à l’intérieur du tube. J’avais la clef du problème.
« Ce fut pour moi l’image d’un grand mystère : Tant que nos actions, même les plus petites, ne sortent pas du foyer de l’amour, la Sainte Trinité, figurée par les trois glaces convergentes, leur donne un reflet et une beauté admirables. Jésus, nous regardant par la petite lunette, c’est-à-dire comme à travers lui-même, trouve nos démarches toujours belles. Mais si nous sortons du centre ineffable de l’amour, que verra-t-il ? Des brins de paille…des actions souillées et de nulle valeur. »


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Un jour, je lui parlais des phénomènes étranges produits par le magnétisme sur les personnes qui veulent bien remettre leur volonté au magnétiseur. Ces détails parurent l’intéresser vivement, et le lendemain elle me dit :
« Que notre conversation d’hier m’a fait de bien ! Ah ! que je voudrais me faire magnétiser par Notre Seigneur ! C’est la première pensée qui m’est venue à mon réveil. Avec quelle douceur je lui ai remis ma volonté ! Oui, je veux qu’il s’empare de mes facultés, de telle sorte que je fasse plus d’actions humaines et personnelles, mais des actions toutes divines, inspirées et dirigées par l’Esprit d’amour. »


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Avant ma profession, je reçus par ma sainte Maîtresse une grâce bien particulière. Nous avions lavé la journée et j’étais brisée de fatigue, accablée de peines intérieures. Le soir avant l’oraison, je voulus lui en dire deux mots, mais elle me répondit : « L’oraison sonne, je n’ai pas le temps de vous consoler ; d’ailleurs je vois clairement que j’y prendrais une peine inutile, le bon Dieu veut que vous souffriez seule pour le moment. »
Je la suivis à l’oraison, dans un tel état de découragement que, pour la première fois, je doutai de ma vocation. « Jamais je n’aurai la force d’être carmélite, me disais-je, c’est une vie trop dure pour moi ! »
j’étais à genoux depuis quelques minutes, dans ce combat et ces tristes pensées, quand tout à coup, sans avoir prié, sans même avoir désiré la paix, je sentis en mon âme un changement subi, extraordinaire ; je ne me reconnaissais plus. Ma vocation m’apparut belle, aimable ; je vis les charmes, le prix de la souffrance. Toutes les privations et les fatigues de la vie religieuse me semblèrent infiniment préférables aux satisfactions mondaines ; enfin, je sortis de l’oraison absolument transformée.
Le lendemain, je racontai à Sœur Thérèse de l’Enfant Jésus ce qui s’était passé la veille ; et comme elle paraissait très émue, je voulus en savoir la cause.
« Ah !que Dieu est bon !me dit-elle alors. Hier soir, vous me faisiez une si profonde pitié que je ne cessai point, au commencement de l’oraison, de prier pour vous, demandant à Notre-Seigneur de vous consoler, de changer votre âme et de vous montrer le prix des souffrances. Il m’a exaucée ! »


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Comme j’étais très jeune de caractère, l’Enfant-Jésus m’inspira, pour m’aider à pratiquer la vertu, de m’amuser avec lui. Je choisis le jeu de quilles. Je me les représentais de toutes grandeurs et de toutes couleurs, afin de personnifier les âmes que je voulais atteindre. La boule de jeu, c’était mon amour.
Au mois de décembre 1896, les novices reçurent au profit des missions, différents bibelots pour un arbre de Noël. Et voilà que, par hasard, il se trouva au fond de la boite enchantée un objet bien rare au Carmel : une toupie. Mes compagnes dirent : « que c’est laid ! A quoi cela peut servir ? » Moi qui connaissais bien le jeu, j’attrapai la toupie en m’écriant : « Mais c’est très amusant ! ça pourrait marcher une journée entière sans s’arrêter, moyennant de bons coups de fouet ! » Et la-dessus, je me mis en devoir de leur donner une représentation qui les jeta dans l’étonnement.
La Bse Thérèse de l’Enfant-Jésus m’observait sans rien dire, et, le jour de Noël, après la Messe de Minuit, je trouvai dans notre cellule la fameuse toupie avec cette lettre dont l’enveloppe portait comme adresse :
A ma petite épouse chérie,
Joueuse de quilles sur la montagne du Carmel
Nuit de Noël

Ma Petite épouse chérie,

Ah ! que je suis content de toi ! Toute l’année tu m’as beaucoup amusé en jouant aux quilles. J’ai eu tant de plaisir que la cour des anges en était surprise et charmée. Plusieurs petits chérubins m’ont demandé pourquoi je ne les avais pas faits enfants ; d’autres ont voulu savoir si la mélodie de leurs instruments ne m’était pas plus agréable que ton rire joyeux, lorsque tu fais tomber une quille avec la boule de ton amour. J’ai répondu à tous qu’ils ne devaient pas se chagriner de n’être point enfants, puisqu’un jour ils pourraient jouer avec toi dans les prairies du ciel ; je leur ai dit que, certainement, ton sourire m’était plus doux que leurs mélodies, parce que tu ne pouvais jouer et sourire qu’en souffrant et en t’oubliant toi-même. Ma petite épouse bien-aimée, j’ai quelque chose à te demander à mon tour. Vas-tu me refuser ?…Oh ! non, tu m’aimes trop pour cela. Eh bien, je voudrais changer de jeu : les quilles, ça m’amuse bien, mais je voudrais maintenant jouer à la toupie ; et, si tu veux, c’est toi qui seras ma toupie. Je t’ en donne une pour modèle ; tu vois qu’elle n’a pas de charmes extérieurs, quiconque ne sait pas s’en servir la repoussera du pied ; mais un enfant qui l’aperçoit sautera de joie et dira : Ah ! que c’est amusant ! ça peut marcher toute la journée sans s’arrêter !…
Moi, le petit Jésus, je t’aime, bien que tu sois sans charmes, et je te supplie de toujours marcher pour m’amuser. Mais, pour faire tourner la toupie, il faut des coups de fouet ! Eh bien, laisse tes sœurs te rendre ce service, et sois reconnaissante envers celles qui seront les plus assidues à accélérer ta marche…Lorsque je me serai bien amusé avec toi, je t’emmènerai la-haut, et nous pourrons jouer sans souffrir. »
Ton petit frère Jésus.


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L’Evangile en poème

Le Juge inique et la veuve importune

Priez, leur dit-il, sans jamais vous lasser
Et il les enseignait par cette parabole :
Une veuve d’une ville de Décapole
Sollicitait un juge de se prononcer.

Mais celui-ci tardait à ouvrir son procès,
N’ayante crainte de Dieu et manquant de parole.
Un jour, pourtant, il inscrivit l’affaire au rôle
Pour pouvoir de la veuve se débarrasser.

Entendez, dit Jésus, la leçon de ce juge :
Pour qui le prie et cherche auprès de lui refuge
Plus que ce juge Dieu manquerait-il d’égard ?

Et ne rendrait-il pas justice sans retard ?
Mais quand le Fils de l’homme reviendra sur terre
Trouvera-t-il encore la foi pleine et entière ?
(Luc 18 1-8)

François Triomphe.