Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Semaine du 21 au 27 juin 2004

Quatrième Dimanche après la Pentecôte

 

Sommaire

 

  • – vices qui lui sont opposés : la présomption et le désespoir – formule de l’acte d’espérance
  • – ceux qui peuvent faire cet acte.

 

Homélie

« Mais sur votre parole, je jetterai les filets » (Lc 5 4)
« In verbo autem tuo, laxabo rete ».

M’est avis que tout l’enseignement de cette messe dominicale peut se résumer dans ce verset 4 du chapitre 5 de l’Evangile de Saint Luc, et même mieux encore, dans ces trois mots : « In verbo tuo », « sur votre parole ».

Ce récit de l’évangéliste Saint Luc, d’une pêche miraculeuse, nous fait réfléchir sur la confiance. « En votre parole, Seigneur, je mets ma confiance, je m’abandonne. Je mets mon espérance. Vous êtes le Tout Puissant, le Maître de toutes choses, le Maître de la nature, le Maître de la vie, du temps…Je peux me confier en vous. Je peux espérer en vous ».
Et l’on trouve ainsi la raison du choix de l’Introït, du Psaume 26 1-3 : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, « quem timebo », que craindrais-je. Le Seigneur est le rempart de ma vie devant qui tremblerai-je », « a quo trepidabo ». Mes adversaires, mes ennemis, ce sont eux qui trébuchent et qui tombent », « Ipsi firmati sunt et ceciderunt ». « Qu’une armée campe contre moi, mon cœur ne craindra pas » , « Non timebit cor meum ».

Tel est, me semble-t-il, l’enseignement de ce dimanche : un enseignement sur la confiance en Dieu, Créateur et Maître de toutes choses. Tout est dans sa main et dans sa puissance. Le temps s’écoule sous son regard vigilant. La créature, les créatures sont à son service, obéissent à ses commandements, les poissons, créatures in-intelligentes, aussi.

Ils peuvent même servir ses projets…

Si donc il en est ainsi, je peux me tranquilliser. Je peux vivre en paix…Que peuvent mes ennemis et leurs armées contre moi… ? Mon cœur reste sans crainte, en paix.

Voilà le sujet de notre méditation de ce dimanche.

Explicitons toutefois un peu plus notre récit. Faisons le vivre. Faisons le sonner à nos oreilles pour mieux l’apprécier : NSJC en est le cœur.

« Alors que Jésus se tenait debout sur les bords du lac de Génésareth »

« Stabat », « Il se tenait debout ».
Stabat, de « stare » : être debout, immobile et ferme. Ce verbe « stare » se traduit également par « tenir, « résister », « durer », ou encore par « se tenir ferme », « être résolu, décidé ».
Ce verbe « stare » connote ainsi une idée de stabilité, de fermeté, de résolution

Il était là ainsi.
Je vois dans ce verbe d’écrite l’attitude du Maître. Il était là, résolument debout, immobile.
Je le vois volontiers sur la plage dans une attitude majestueuse. C’est l’attitude du maître, du maître d’école qui attend ses élèves et les voit entrer dans sa classe pour écouter son enseignement. Cette attitude solennelle, majestueuse, pleine d’assurance, impose immédiatement aux élèves, respect, silence, discipline. « Ipse stabat secus stagnum Genezareth », Il était là, lui-même, sur la plage du lac de Génésareth ».

Et cette attitude majestueuse s’imposait d’autant plus que la foule semble nombreuse. Saint Jérôme utilise le mot : « Turbae », au pluriel, dont le premier sens, veut dire « trouble », « agitation », « désordre d’une foule », comme, du reste, le verbe « turbare » qui veut dire « troubler », « mettre en désordre ». Le deuxième sens de « turba » est « la foule », dans un sens de « multitude », de « grand nombre », « foule nombreuse » et « mêlée », « agitée ».

Ainsi donc une foule agitée et nombreuse se trouvait là auprès de Jésus. Saint Jérôme, pour décrire l’attitude de cette foule nombreuse, utilise le verbe latin « irruere », qui veut dire : « fondre sur », « se précipiter ». Il y a dans cette foule une certaine agitation. Elle se presse, elle arrive avec vigueur. Elle se précipite même sur lui pour « écouter, au plus près, la parole de Dieu », « ut audirent verbum Dei ».

En Maître souverain, NSJC juge bien la situation. L’attitude de cette foule est telle qu’il risque d’être bousculé…
Aussi voit-il deux barques : « Vidit duas naves stantes secus stagnum », arrimées sur la berge.

Les pécheurs en étaient descendus et nettoyaient leurs filets. Cette petite flottille appartenait à Simon Pierre et à ses associés, Jacques et Jean.

Notre Seigneur monte dans l’une, celle de Simon… Simon étonné a du laisser ses filets. Il s’approche pour voir ce qui se passe. Et Notre Seigneur lui demande de le conduire un peu au large, « pusillum » , un tout petit peu au large, à quelques distances, faiblement.

Et là, assis, « sedens », il enseignait de la barque, « navicula », un diminutif de « navis » ;

A peine a-t-il fini de parler qu’il dit à Simon : « Duc in altum », « Conduis mois au large », « éloigne-toi ». « Va en pleine mer ».

C’est un ordre, un impératif. Il s’adresse à Simon au singulier. Puis il dit : « jetez vos filets », « laxate retia vestra in capturam ». C’est toujours un impératif, mais cette fois au pluriel. Ils devaient donc être plusieurs dans la barque. Ce que le récit confirmera plus tard au verset 9. La barque devait être de taille moyenne

Simon lui répond : « Maître, « Praeceptor », nous avons travaillé « laborantes » toute la nuit. Nous n’avons rien pris. Malgré notre travail constant, laborieux, non pas une heure, non pas deux, mais pendant toute la nuit, nous n’avons rien pris. Malgré ce travail de toute la nuit, « nihil cepimus », « Nous n’avons rien pris ». J’imagine l’humeur, un peu fraîche, tendue de Simon. Une humeur humilié, noir. Un travail infructueux. Ils sont rentrés « bredouille ». Le ton de la réponse a du se faire « sèche » : « Nihil cepimus ».

Toutefois, malgré cela, et en raison de votre parole, de votre ordre, ou mieux, sur votre parole, selon votre commandement , « in verbo tuo » confiant à votre parole, je jetterai les filets.

Ah mes amis !
L’ordre à peine exécuté,
c’est une prise de poissons formidable, immédiate. Saint Jérôme l’exprime en deux mots : « Concluserunt piscium multitudinem copiosam » (v 6)

Ce n’est pas une simple prise ordinaire, médiocre, habituelle. C’est une « multitudo », « une grande quantité », « un grand nombre ».

Mais ce mot, à lui seul, ne suffit pas à décrire la réussite de la pêche ? C’est une multitudo « copiosa ». « Copiosa », abondante.
Il y a , vous le voyez, redondance. Ce n’est pas seulement une grande quantité. Cette grande quantité est elle même « vraiment abondante »…A tel point que leurs filets en venaient à craquer, à se rompre. Les mailles sous le poids des poissons si nombreux, craquaient.

Ils firent signe alors à leurs amis de l’autre barque, celle de Jacques et de Jean, ses associés. Preuve que Simon était à la tête d’une petite entreprise artisanale de pêche et nullement un « pauvre », dépourvu de tout. Non il était à la tête d’une petite entreprise de plusieurs hommes.

Ils se précipitent.
Les deux barques sont pleines. « Impleverunt », de « implere » : « combler, être plein
A tel point que les deux barques s’enfonçaient presque, étaient même presque submergées.
C’est dire que cette pêche fut extraordinaire. Cette description de l’état des deux barques intensifie la « multitudo copiosa » du verset précédent. Une pêche hors de l’ordinaire. Une pêche d’une importante stupéfiante. A tel point que Pierre, qui devait être, tout de même, un bon « gaillard », un pécheur fort, aux mains rugueuses, habitué à des efforts physiques importants, oui à tel point que Pierre est dans la « stupeur ».Il est stupéfait. « Mais ce n’est pas possible », « Je n’ai jamais vu ça ». Cette pêche est unique. Elle n’est pas normale. Elle trop importante. C’est à croire qu’il n’avait jamais vu chose pareille. Il est stupéfait.
Et pas seulement lui, mais encore tous ses associés. Il n’est pas dans « l’illusion ». Ce n’est pas un mirage. Tous les associés sont, eux aussi, dans la stupeur.
Ils sont tous, Pierre et les autres, comme paralysés. C’est le vrai sens du mot « stupor », une vraie paralysie, un étonnement tel qu’il les paralyse tous. « Mais c’est invraisemblable cette pêche » !!!

Là, Simon voit immédiatement le doigt de Dieu, le « Tout-Puissant », Celui qui lui a donné cet ordre : « Laxate retia vestra in capturam », est divin, Le Maître, le Seigneur.

Spontanément il se jette à ses pieds, il se met à genou. C’est l’attitude de l’adoration, de la supplique. Il le prie de bien vouloir s’éloigner : « Exi a me » (v 8) parce que je suis un pécheur. Ce n’est pas un « simple homme », « ce n’est pas possible », « la pêche était trop importante ». « C’est Dieu lui même à qui les éléments obéissent. Et devant Dieu, « je m’humilie », « je me prosterne », « Je tremble », « Je suis dans la crainte ».

C’est l’attitude même de l’homme dans toutes les théophanies . C’est l’attitude de Pierre, Jacques, et Jean dans la scène de la Transfiguration, au mont Thabor. Ils sont dans la crainte.

C’est à croire que cette pêche miraculeuse a été telle que ce spectacle eut le même effet sur Pierre, ici, que plus tard, au Thabor. Au Thabor, la divinité resplendissante sur la nature humaine de NSJC mit les Apôtres, spectateurs, dans la crainte et dans cette attitude prosternée. Il en est de même aujourd’hui, dans cette scène de la pêche miraculeuse. Cette pêche est telle qu’elle est la preuve de la divinité de NSJC, Il est le Maître de la nature. Et devant la divinité, je me prosterne et j’adore et confesse mon néant. Ainsi de Simon et des autres. Ils sont devant le Maître de la création. Ils adorent. L’adoration – qui est aussi prosternation - est l’attitude normale de la création devant Dieu.

Mais alors, je peux mettre en NSJC toute ma confiance, toute mon espérance.
Il est le Maître !

Voilà le principe de ma confiance. Ma confiance n’a pas, ici, comme fondement, la miséricorde, comme dans les dimanches précédents, miséricorde exprimée dans ces belles paraboles du « Bon Berger », « de la femme à la drachme perdue » et du « maître de festin. Là, je peux être confiant et plein d’espérance, le Maître est miséricordieux. Il est à mon égard ce que le berger est à la brebis perdu.
Ici, ma confiance en NSJC, aujourd’hui, a pour fondement le fait qu’il est le Maître. Il a le pouvoir. Il est le Créateur. Tout lui obéit : la nature, le temps , les poissons. Tout. Absolument tout.

Alors que puis-je craindre. De qui aurais-je crainte. « Quem timebo Domine ». C’est le chant de l’Introït. « Il est mon défenseur », le « défenseur de ma vie ». Il le peut . Tout lui obéit. Alors qui me ferait trembler. « Domine, Defensor vitae meae, a quo trepidabo ». Mes ennemis devant Lui sont comme rien. Ils sont faibles et tombent. « Ipsi infirmati sunt et ceciderunt ». C’est toujours le chant de l’Introït. Seraient-ils légions devant moi, « Non timebo cor meum », Mon cœur ne peut craindre. Je garderai confiance. Il est le Maître, je suis à Lii.

Alors sûr de sa puissance, je peux lui adresser cette supplique. « Ne laissez pas les impies affirmer : « Que fait leur Dieu » « Ubi est Deus eorum ». « Aidez nous Dieu, notre sauveur et protecteur, pour l’honneur de votre nom, délivrez nous Seigneur, Vous êtes le Fort » Et c’est le chant du Graduel. Je ne peux être vaincu car il est le Tout Puissant, le Roi Souverain, « sedens super thronum. Il est mon soutien, mon refuge, mon libérateur. Car il est le Seigneur, le Maître, « Deus meus », « Mon Dieu » et mon aide, « adjutor meus ».

Il y a une belle unité dans cette messe.
Le thème est affirmé dans le chant de l’Introït :
« Dominus illuminatio mea et salus mea quem timebo ?
Dominus defensor vitae mea, a quo trepidabo

“Le Seigneur est ma lumière et mon salut; que craindrais-je?
Le Seigneur est le rempart de ma vie devant qui tremblerais-je ».

Thème parfaitement bien illustré par le récit de l’Evangile, de la pêche miraculeuse.

Retenons le principe de la confiance, ce dimanche, c’est la toute Puissance de Dieu, manifestée dans cette pêche miraculeuse ; comme hier, le principe en était la miséricorde manifestée dans les paraboles du « bon berger » et du « maître de maison ».

Quelques nouvelles