Paroisse catholique
Saint Michel
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Semaine du 30 août au 5 septembre 2004 Quatorzième Dimanche après la Pentecôte |
- Homélie du 14° Dimanche après la Pentecôte - Leçon de morale (2°section) : La charité : sa nature ; acte principal ; formule de cet acte (n°8)
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Cette
messe du 14 ème dimanche après la Pentecôte
est, me semble-t-il, dominée par deux belles idées complémentaires,
l’une étant la conséquence de l’autre. « Suavis » veut dire « doux », « agréable ». « Voyez combien doux et agréable est le
Seigneur ». Doux
et agréable dans sa création, dans sa Providence, dans sa Protection,
dans le cours de l’histoire, même de mon histoire personnelle, que de bonté constatée, dans son œuvre rédemptrice
Et là il nous faut citer Saint Paul dans sa lettre à Tite au chapitre
3 verset 4 : « Mais
lorsque Dieu, notre Sauveur, a fait paraître sa bonté et son amour
pour les hommes, il les a sauvé non à cause des œuvres de justices
que nous faisions mais selon sa miséricorde par le bain de la régénération
et en nous renouvelant par le Saint Esprit qu’il a répandu sur nous
largement par Jésus-Christ ». Ainsi
c’est cette même douceur, cette même suavité que Dieu verse dans l’ âme baptisée et
renouvelée en l’Esprit Saint. C’est la charité qui l’anime, la joie,
la paix, c’est la patience, l’affabilité, la bonté, la douceur,
la modération…C’est la description et l’énumération qu’en fait Saint
Paul dans son Epître aux Galates et qui est l’épître de ce dimanche.
Et
dès lors, à la vue de cette bonté constatée de mille manières, l’âme doit « chercher Dieu en premier »
« Quaerite primum regnum Dei ».
C’est le chant de la « communion ». C’est la deuxième
idée de ce dimanche. C’est comme un corollaire. Parce
qu’il est « ton protecteur »
, « protector
noster », parce qu’il est « ton bouclier », « ton
doux protecteur », cherche alors à être avec Lui, à vivre
de Lui, à Lui appartenir. Cherche son Royaume. « Cherche Dieu
en premier ». C’est le chant de l’Introït. : « Parce
qu’Il est notre protecteur… mieux vaut un jour auprès de Lui que
mille loin de Lui » ; « Melior
est dies una in atriis tuis
super millia » ou encore
« Qu’il fait bon vivre dans votre demeure » « Quam
dilecta tabernacula
tua, Domine virtutum ». Oui,
« Cherchez Dieu en premier » « Primum
quaerite Regnum
Dei ». Alors « marchez dans le Seigneur ».
C’est toujours la même idée « Ambulate
in Domino », comme Dieu le demandait à Moïse : « Marche
en ma présence ». Et
Saint Paul, ici, dans cet épître utilisée et lue ce dimanche, s’exprime
de même : « Spiritu ambulate ».
« Marchez dans l’Esprit-Saint ».
N’est-ce
pas une belle définition
du chrétien ! Je
trouve suave le Seigneur, bon, aimable…J’en connais et médite les
fondements dans ma prière et réflexions. La théologie, c’est cela !
La conséquence est toute simple : je le cherche. Je veux être
à Lui . Je veux même esprit. « Ambulate »… « Ducemini »… Parce que le Seigneur est suave,
il est évident qu’il est bon d’être à Lui, de se confier à Lui. C’est le sentiment exprimé
encore dans le Graduel : « Bonum
est confidere in Domino ».
Développons
ces quelques idées. Et
tout d’abord, la suavité
du Seigneur que je rechercherai, alors, comme la brebis recherche
l’eau limpide et fraîche pour se désaltérer L’Ancien
Testament chante l’immense et clémente bonté de Dieu. Le
Psaume 31, 20 : « Quelle
est grande ta bonté que tu tiens en réserve pour ceux qui te craignent…tu
les mets à couvert dans l’asile de ta face contre les machinations
des hommes. Tu les caches dans ta tente à l’abri des langues qui
les attaquent ». La
conséquence, le psalmiste l’exprime aussi : « Aimez le
Seigneur ». Le
Psaume 86 5 : « Prête
l’oreille, O Dieu, exauce
moi… Réjouis l’âme de ton serviteur car, vers toi, Seigneur, j’élève
mon âme. Car tu es bon, Seigneur,
et clément et plein de compassion pour ceux qui t’invoquent
- Quia tu Domine suavis et mitis - Je veux marcher dans ta fidélité. « Deduc me, Domine, in via tua ». Nous retrouvons notre « ambulate in Domino » de Saint Paul. Et
cette suavité et cette douceur se
manifeste dans son gouvernement de l’univers. C’est
l’affirmation du livre de la Sagesse. «
Mais vous, O Dieu, vous êtes bon fidèle et patient et vous gouvernez
tout avec miséricorde ». En latin, ça sonne mieux encore :
« Tu autem Deus noster suavis
et verus es patiens
et in misericordia disponens omnia ». C’est
aussi le chant de David : « Je veux bénir Le Seigneur
en tout temps… E
n Dieu, mon âme se glorifiera. Exaltez avec moi. Ensemble célébrons son nom…Il m’a délivré de
toutes mes frayeurs et il m’a sauvé de toutes mes angoisses…Goûtez
et voyez combien Dieu est bon. Heureux l’homme qui met en lui son
refuge ». « Craignez
Dieu. Il n’y a point d’indigence pour ceux qui le craignent » , « Quoniam non est inopia timentibus eum », « Les lionceaux peuvent connaître la
disette et la faim mais ceux qui cherchent Dieu ne manquent d’aucun
bien ». « Inquirentes autem Dominum non minuentur omni bono ».
Et
l’on retrouve le bel enseignement de l’Evangile de ce jour
qui est nullement un hymne à la paresse
- ce serait ne rien comprendre
-, mais, bien au contraire, un hymne à la bonté de Dieu,
à son gouvernement suave et bon. Prenez votre missel et voyez l’Evangile de
ce dimanche! Il
prend soin de tout. Il prend soin de tout, même des plus petites
créatures, même des oiseaux du Ciel…parce qu’il est bon et suave.
C’est sa nature. Même
des herbes des champs… parce qu’il a du cœur. Il regarde une herbe,
une fleur avec la même admiration qu’un enfant regarde et cueille
une herbe , une fleur et la porte à sa
mère, tout joyeux. Il
est bon. Il est suave. Il est compatissant…Mais regardez donc ! Des
oiseaux du Ciel, Il en prend soin. « Ils ne peuvent faire ni
semailles ni moissons ». Ils ne peuvent faire aucune provision
entassée dans les greniers…C’est pourquoi le Père du Ciel qui est
bon les nourrit. En latin, ce passage de l’Evangile sonne merveilleusement :
« Respicite volatilia
coeli quoniam non serunt, neque metunt neque
congregant in horrea… « Respicite »
de « respicere » qui veut dire:
« regarder, observer, considérer, avoir égard à »….Mais
qui regarde vraiment, qui observe, qui vraiment considère les choses… ?
Qui vraiment a de l’égard pour les choses …lorsqu’elles sont si
viles, si petites comme les oiseaux du ciel ? C’est à ce regard
attentif sur les choses que l’auteur de l’Evangile nous appellent. « Et
Pater vester coelestis
pascit illa ». « Pascere » qui veut dire « paître, faire paître.
C’est le verbe du Bon Pasteur qui prend soin de la brebis égarée.
Il en prend soin avec affection, avec suavité, avec bonheur. C’est
le verbe utilisé par NSJC pour Saint Pierre lorsqu’Il lui confie
l’Eglise : « Paie mes brebis ». Et « pascere »
veut dire « garder, élever, nourrir, entretenir, même repaître.
C’est dire qu’il y a dans la signification de ce verbe une idée
d’abondance. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’action du Père des Cieux… Mais
regardez encore…Il prend soin de tout parce qu’il est bon. Il prend
soin même d’une modeste herbe. « Regardez donc les lis des
champs ». « Considerate
lilia agri ». Non
point seulement “considérez les lis des champs ».
Ce ne serait pas donner l’intensité des sentiments exprimés par
les mots. Le verbe latin est « considerare »
qui veut dire « observer avec soin ».
Ce verbe est utilisé pour l’étude des astres et se traduit
par « examiner attentivement » On peut le traduire
aussi par « réfléchir, penser » Donc
observez avec attention les lis des champs, « quomodo
crescunt, non laborant,
neque nent », ni ne travaillent
ni ne filent…Ils poussent cependant. Ils sont vêtus… « même plus joliment que Salomon dans toute sa gloire » Ainsi
Dieu fait-il tout avec sagesse, avec bonté, avec magnanimité, avec
grandeur. Il
connaît mieux que quiconque les besoins de l’oiseau. Il en prend
soin. Et des nécessités de l’herbe des champs… Il l’orne mieux que
Salomon pour le seul plaisir et la seule joie de notre regard. Il
fait tout avec mesure, avec sagesse, avec suavité et clémence et
vérité. Je peux lui faire confiance. Il est le protecteur de tout,
de l’oiseau, de l’herbe. A plus forte raison de l’homme. « Est-ce
que nous ne valons pas plus qu’eux » ? Assurément…Alors
pourquoi craindre… « Deus
protector meus »…nous enseigne
le chant de l’Introït. Bien sur ! Il est le protecteur de l’oiseau,
de l’herbe…Comment ne le serait-il de l’homme, de mon âme qui vaut
tout l’univers, dirait Pascal, parce que spirituelle et immortelle.
Et capable d’admirer. Dés
lors qu’Il est bon, - je le prouve par un seul et simple regard
sur le monde- Mais l’homme est aveugle aujourd’hui. Il est aveuglé
par les lumières artificielles… Oui,
dès lors qu’Il est bon… je comprends
les acclamations de David, le poète : « Il n’y a point
d’indigence pour ceux qui le craignent » « Quoniam
non est inopia timentibus
eum ». C’est-à-dire : « Ceux
qui cherchent le Seigneur ne manquent d’aucun bien ». Je
comprends l’acclamation de Notre Dame dans son « Magnificat » :
« C’est parce qu’il est bon qu’ « il comble de biens
les affamés ». Ainsi
parce que Dieu est tel Parce
qu’il est mon protecteur, Parce qu’il veille sur ceux qui le craignent Parce
qu’il donne abondamment Je
peux me confier en Lui. Il est même bon de se confier en Lui :
« Bonum est confidere in
Domino ». C’est le chant du Graduel. Je peux espérer en
Lui « Bonum est sperare in Domino ».
Je
peux chercher son « visage ».
Je peux chercher son royaume. « Primum
quaerite regnum
Dei ». C’est-à-dire
concrètement : Je dois, par reconnaissance de sa propre suavité,
vivre de ce même esprit.
C’est cela : « chercher le royaume de Dieu ». Je
veux vivre de son esprit, de cette suavité, de cette bonté manifestée.
Et dans mes œuvres, faire
rayonner même esprit ; « Ambulate
in Spiritu Sancto ». Mettre
dans mes œuvres même charité, même joie, même patience, même affabilité,
même bonté, même douceur, même modération, même maîtrise de soi,
même pureté. Qu’il
en soit ainsi. Amen.
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