I – Les textes de la messe
de Minuit
Introït (Ps 2 7)
Le Seigneur m’a dit : «
Tu es mon Fils, c’est moi qui t’engendre aujourd’hui
». V/ pourquoi les nations frémissent-elles ? Pourquoi
les peuples méditent-ils de vains complots. V/ Gloire au Père.
Collecte
« Dieu qui avez embrasé
cette nuit très sainte des splendeurs de celui qui est vraie
lumière, faites qu’après en avoir connu ici-bas
les mystères, nous en savourions aussi les joies dans le Ciel.
Lui qui étant Dieu vit et règne ».
Epître de Saint Paul à
Tite 2 11-15
« Fils bien aimé, voici
manifestée à tous les hommes la grâce de Dieu, notre
Sauveur. Elle nous enseigne à rejeter l’impiété
et les convoitises du monde, pour vivre avec mesure, justice et piété,
dans le siècle d’ici-bas, attendant l’espérance
bienheureuse et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et
Sauveur, Jésus-Christ ; lui qui s’est donné pour
nous, afin de nous racheter de tout péché et de purifier
un peuple qui soit à lui, un peuple ardent à faire le
bien. C’est ainsi que tu dois prêcher et exhorter, dans
le Christ Jésus, notre Seigneur ».
Graduel (Ps 109)
« Au jour de ta puissance, à
toi la primauté ; dans les splendeurs du ciel, dès avant
l’aurore je t’ai engendré de mon sein. V/ Oracle
du Seigneur à mon Seigneur : Siège à ma droite,
jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis un escabeau
pour tes pieds ».
Alleluia (Ps 2 7)
Alleluia, alleluia. V/Le Seigneur m’a
dit : « Tu es mon Fils, c’est moi qui t’engendre aujourd’hui.
Alleluia.
Evangile selon Saint Luc 2 1-14
« En ce temps-là, parut
un édit de César Auguste, ordonnant de recenser toute
la terre. Ce premier recensement eut lieu sous Quirinius, gouverneur
de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville.
Joseph aussi, venant de Galilée, de la villes de Nazareth, monta
en Judée, à la ville de David appelée Bethléem
– car il était de la maison et de la descendance de David
– pour se faire recenser avec Marie, son épouse, qui était
enceinte. Or il advint, pendant qu’ils étaient là,
que s’accomplit le temps où elle devait enfanter. Et elle
enfanta son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha
dans une crèche, car il n’y avait pas de place pour eux
à l’hôtellerie. Il y avait dans ces parages des bergers
qui campaient et veillaient la nuit pour garder leurs troupeaux. Et
voici que l’Ange du Seigneur se trouva devant eux, et la Gloire
du Seigneur resplendit autour d’eux. Et ils furent saisis d’une
grande crainte. Mais l’Ange leur dit : « Ne craignez pas
: car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera pour tout
le peuple : il vous est né aujourd’hui un Sauveur, qui
est le Messie Seigneur, dans la ville de David. Et voici le signe qui
vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté
et couché dans une crèche. Et soudain, il y eut avec l’ange
une foule de l’armée des cieux qui louait Dieu en disant
: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la
terre aux hommes de bonne volonté. »
Offertoire Ps 95 11-13
« Que les cieux se réjouissent
et que la terre exulte en présence du Seigneur, car il vient
»
Secrète
« Daignez, Seigneur, agréer
notre offrande en ce grand jour de fête, afin que, sous l’effusion
de votre grâce, s’opère l’échange sacré
qui nous donne la nature divine de celui en qui vous est unie notre
nature humaine. Lui qui, étant Dieu, vit »
Communion (Ps 109 )
« Dans les splendeurs du Ciel,
dès avant l’aurore je t’ai engendré de mon
sein »
Postcommunion
« Faites, Seigneur, notre Dieu,
qu’ayant la joie de célébrer, par ces mystères
sacrées, la naissance de notre Seigneur Jésus-Christ,
nous puissions, par la pratique d’une vie sainte, nous rendre
dignes de partager sa gloire. Lui qui, étant Dieu, vit et règne
».
II- Homélie de la messe de Minuit.
« Et gloire à Dieu au plus
haut des cieux ».
Accourons, nous aussi, comme les bergers,
auprès de la crèche de Bethléem, près de
l’enfant Jésus, né de la Vierge Marie, d’une
naissan,ce virginale. Et chantons avec les anges, les bergers, Notre
Dame , Saint Joseph, avec toute la création, le bœuf et
l’âne, le ciel et la terre, la mer et les étoiles,
chantons la gloire de Dieu qui a visité son peuple pour son salut,
pour sa régénération, pour son retour au Royaume
éternel.
Il ne peut y avoir, à cet instant
ni tristesse, ni chagrin, ni tremblement ni crainte, mais une joie simple,
une joie d’enfant, une allégresse, une acclamation : «
Gloria in Excelsis Deo ».
Laissons nous saisir par ce grand mystère
de la Nativité.
Un sauveur nous est né, le Dieu
très saint, s’est incarné, en cette nuit de Noël.
Le Fils de Dieu a pris, dans le sein de la Vierge Marie, notre nature
humaine.
Tel est le mystère que nous fêtons.
La majesté s’est revêtue
de l’humilité
La force, de faiblesse.
L’éternité de caducité.
Voilà le mystère de cette
nuit, le plus beau des mystères, la plus belle des nuits.
« La nature inviolable s’est
unie à une nature passible, vrai Dieu et vrai Homme, s’associant
dans l’unité d’un seul Seigneur, pour payer la dette
due par notre commune condition de pécheur ».(St Léon)
Voilà la finalité du mystère,
sa raison d’être.
« Le Verbe de Dieu, Dieu, Fils
de Dieu, qui au commencement était avec Dieu, par qui toutes
choses ont été faites et sans qui rien n’a été
fait, est devenu Homme, afin de délivrer l’homme de la
mort éternelle ». (St Léon)
Chantons nous aussi pour tant de bonté
miséricordieuse, notre Gloria in Excelsis Deo, en signe de simple
reconnaissance.
Qui que nous soyons, grand ou petit,
humble ou solennel, enfants, parents, lettrés moins lettrés,
savants, moins savants, devant le mystère de Noël, chantons
« notre grand Dieu et Sauveur ».
« Aujourd’hui, par amour
pour nous, le Roi des cieux a daigné naître d’une
Vierge pour rendre à l’Homme, livré à sa
perte, sa vocation au royaume céleste » (St Léon)
Aussi ne peut-il y avoir, à cet
instant, devant cette crèche, en cette nuit, aucune larme, sinon
des larmes de joie, mais bien plutôt un chant d’allegresse,
une joie profonde et surnaturelle.
« C’est la joie dans l’armée
des Anges parce que le genre humain a vu apparaître le salut éternel
».
« Remercions, exultons d’allégresse
et de joie. Dieu le Père, par son Fils dans l’Esprit-Saint,
lui qui, à cause de la grande miséricorde dont il nous
a aimé, a eu pitié de nous et alors que nous étions
morts à cause de nos péchés, nous a fait revivre
par le Christ ». (St L »on)
Il ne peut y avoir, à cet instant,
devant cet enfant, ni long raisonnement, ni long discours théologique,
mais simples acclamations, mais simples affirmations de la bonté
de Dieu qui nous confond, qui confond tout cœur bien né.
« Notre Sauveur est né
aujourd’hui, mes bien-aimés, dit Saint Léon, réjouissons
nous ».
Il ne peut y avoir, en effet, de place
pour la tristesse en ce jour où naît la Vie ».
« Voici que se dissipe la crainte
qui s’attache à notre nature mortelle et que la joie nous
inonde à la promesse de l’éternité »
(St Léon).
Et nul d’entre nous n’est
exclu de cette commune allégresse puis que tous nous avons mis
notre foi et notre espérance en cet enfant et que nous savons
que quiconque croit en lui ne peut périr mais a les promesses
de la vie éternelle.
En effet, Notre Seigneur voulant détruire
le péché et la mort, mais ne trouvant personne indemne
de faute, vient lui-même, nous libérer tous » (St
Léon)
O bonté ineffable. O délice
céleste. O enfant de la crèche, à votre vue, comme
les anges, les bergers, la Vierge Saint, Saint Joseph, les « étoiles
radieuses », nous tous justes, « nous bondissons de joie
». (St Léon)
« Le triomphe n’est pas
loin » tant est proche le triomphateur !
Vous êtes, O enfant de la crèche,
le Verbe de Dieu fait chair, le Verbe de Vie qu’avec les apôtres,
grâce aux apôtres, nous entendons, nous voyons des yeux
de la foi. Nous vous contemplons. Nos mains aussi peuvent vous toucher…
« Car la Vie a été
manifestée et nous l’avons vue et nous lui rendons témoignages
et nous vous annonçons la Vie éternelle qui était
dans le sein du Père et qui nous a été manifesté
- ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons,
afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous et que notre communion
soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous
écrivons ces choses, et nous vous disons ces choses - et nous
vous rappelons ces choses, en cette nuit de Noël - afin que votre
joie soit parfaite » (I Jn 1 1-4)
Car il est lui-même venu «
comme victime de propitiation pour nos péchés, non seulement
pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier » (1 Jn
2 1)
La victoire, le triomphe n’est
plus loin. Il est, pour nous, parmi nous, en cet enfant de la crèche
Et nous voyons et nous attestons «
que le Père a envoyé le Fils comme sauveur du monde »
(1 Jn 4 14)
En cette nuit de Noël, nous confessons
que « Dieu nous a donné la vie éternelle et que
cette vie est dans son Fils (1 Jn 5 12) : « Celui qui a le Fils
a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu, n’a pas la
vie ». (1 Jn 5 12)
Et moi en cette nuit de Noël, en
tant « qu’intendant des mystères de Dieu »,
je vous dis tout cela afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle
vous qui croyiez au nom du Fils de Dieu.
« Il est l’Agneau de Dieu
qui efface la péché du monde ».
A Lui, tout honneur et toute gloire.
En Lui, grâce à Lui, nous bondissons de joie, comme le
dit étonnement Saint Léon, car il « nous offre le
pardon et nous appelle à la Vie ».
Car voici que le Fils de Dieu, à
la plénitude des temps, à l’heure suprême,
inscrite dans le plan ineffable de la sagesse divine, voici que «
le Fils de Dieu a pris sur lui tout le poids de la nature humaine pour
la réconcilier avec son créateur » (St Léon)
« Gloire à Dieu au plus
haut des cieux.
Vous qui êtes notre salut, nous
vous louons
Vous qui êtes notre vie, nous vous bénissons, nous vous
adorons, nous vous glorifions
Vous qui êtes l’Emmanuel », nous vous rendons grâces
pour votre immense gloire, pour votre immense amour qui est toute votre
gloire.
Aujourd’hui, nous est venu du
Ciel la paix authentique.
Aujourd’hui sur le monde entier, coule, a coulé du ciel
comme un « rayon de miel ». Vous êtes, O Jésus,
ce « rayon de miel ».
Vous êtes, de fait, toute « bénignité »,
toute « humanité ». Vous êtes cette bonté
de Dieu manifesté dans le temps.
« Mais lorsque la bonté de Dieu, Notre Sauveur, et son
amour pour les hommes sont apparus, il nous a sauvés, non à
cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon
sa miséricorde par un bain de régénération
et de renouvellement opéré par le Saint-Esprit qu’il
a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ, notre
Seigneur, afin que justifiés par sa grâce, nous devenions
en espérance, héritiers de la Vie éternelle »
(Tit 3 4)
Et l’ange, alors, peut affirmer,
et la milice céleste chanter « et paix sur la terre aux
hommes de bonne volonté »
Consolez-vous !Consolez-vous «
ad invicem » par ses paroles car, par cet enfant de la crèche,
la faute est expiée, le temps de l’épreuve est fini.
« Le peuple qui marchait, dit
Isaïe, le prophète, dans les ténèbres a vu
une grande lumière et sur les habitants du pays de l’ombre,
une lumière a resplendi »
« Alors tu as multiplié
l’allégresse, tu as fait croître la joie. On est
joyeux devant toi de la joie de la moisson, de l’allégresse
lors du partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la verge qui
frappait son épaule, le bâton de son oppresseur, tu les
as brisés, O Enfant de la crèche,, Sandales du guerrier
dans la mêlée, manteaux souillés du sang, tout est
brûlé, tout est dévoré par le feu »,
O enfant de la crèche, par le feu de la charité
Oui, comment, en effet, rester sans
amour de reconnaissance quand nous savons que Jésus-Christ s’est
donné lui-même afin de payer la rançon de toute
iniquité et de purifier un peuple qui lui appartienne en propre,
zélé pour les bonnes et belles œuvres.
Le Fils unique de Dieu est venu pour
nous racheter, nous enseigner la voie de salut et nous rendre la vie
de la grâce. Il nous comble ainsi de ses bienfaits. Il nous manifeste
aussi l’excès de sa bonté.
« Je suis venu, dit-il, jeter
le feu sur la terre ». Et de fait, après l’Incarnation
du Verbe de Dieu, quel admirable incendie d’Amour pour Dieu n’a-t-on
pas contemplé dans un grand nombre d’âmes généreuses.
Combien d’âmes dans les cloîtres, à l’autel,
dans les foyers chrétiens ont mené une vie digne du Seigneur,
se détachant du monde et de ses convoitises, pour vivre de Jésus-Christ,
de son esprit, heureux de rendre amour pour amour.
Ainsi, dit saint Pierre, « vous
qui êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation
sainte, un peuple acquis, vous qui êtes bâtis sur la pierre
inébranlable du Christ, greffés, par votre baptême,
sur le Seigneur lui-même, demeurez fermes dans cette foi, dans
cette charité.
La vie éternelle est à
vous !
III – En l’Année
Eucharistique, une étude de l’Eucharistie en suivant saint
Thomas.
Après avoir considéré
la matière du sacrement de l’Eucharistie en elle-même
: le pain et le vin, dans la Question 74, Saint Thomas la considère
en sa « consécration ».
Nous savons en effet que ce sacrement,
à la différence des autres sacrements, ne consiste pas
dans l’usage ou l’application de la matière à
un sujet donné, par exemple comme pour le baptême qui est
une ablution, mais dans la consécration même de cette matière.
Qu’est-ce à dire ?
Saint Thomas répond d’une
manière qui peut vous faire pressentir la profondeur du mystère:
il parle de la « conversion » c’est-à-dire
il parle du changement du « pain et du vin au corps et au sang
du Christ », «de conversione panis et vini in corpus et
sanguinemen Christi ».
C’est l’objet de la merveilleuse
question 75 et de ses huit articles.
Nous étudierons cette semaine
le premier article. Je serais heureux si vous pouviez le méditer
? C’est un très belle article. Les réflexions de
Saint Thomas sur l’Eucharistie sont très profondes.
ARTICLE PREMIER : SI,
DANS CE SACREMENT EST LE CORPS DU CHRIST OU SEULEMENT SELON LA FIGURE
OU COMME DANS UN SIGNE ?
Ici, Saint Thomas parle du changement
du pain au corps de Christ.
Est-ce une présence réelle,
substantielle ou seulement une présence symbolique, une présence
par signe ?
Transportons-nous, par la pensée,
auprès d’un autel où se célèbre, dans
l’Eglise catholique, le sacrement de l’Eucharistie. Voici
le moment de la consécration. Le prêtre est là.
Il tient dans ses mains l’hostie, faite de pain de froment azyme
; et, tout près, il a le calice contenant du vin de vigne mêlé
d’un peu d’eau. Sur l’hostie, il prononce des paroles
que nous étudierons plus loin, qu’on appelle la forme ;
il en prononce d’autres sur le calice.
Les paroles qu’il vient de prononcer
entraînent tout de suite une question : celle qui nous intéresse
en ce moment.
Que s’est-il passé en vertu
de ces paroles prononcées par le prêtre ?
Y a-t-il quelque chose de nouveau sur
l’autel ?
La foi nous enseigne-t-elle quelque
chose de précis à ce sujet ? Que nous dit-elle ?
Il est certainement question du corps
et du sang du Christ. Les paroles prononcées par le prêtre
en font mention expressément. Mais dans quel sens est-il parlé
du corps et du sang du Christ ? S’agit-il du corps et du sang
du Christ en eux-mêmes, dans leur réalité, dans
leur vérité ? Ou s’agit-il seulement d’un
souvenir, d’une figure, d’un signe qui les rappelleraient
à notre pensée.
On voit l’importance de cette
question.
Car, si le corps et le sang du Christ
ne sont là qu’en figure, comme dans un signe qui en évoque
seulement le souvenir, nous n’aurons à supposer aucune
modification essentielle dans le pain qui était là sur
l’autel avant la consécration, ou dans le vin que contenait
le calice.
Si au contraire, il faut admettre que
depuis le moment où le prêtre a prononcé les paroles
de la consécration et en vertu de ces paroles - vi verborum –
le corps et le sang du Christ sont là maintenant sur l’autel,
alors qu’auparavant il n’y avait que du pain et du vin,
les questions vont se poser pressantes, inéluctables. Comment
expliquer cette présence nouvelle du corps et du sang du Christ
? Dans quels rapports se trouvera, avec cette présence, le pain
ou le vin qui étaient là auparavant ?
On le voit : toute la suite de la question
dépend de cet article 1er , de sa réponse.
Donc l’objet de la question ici
est de savoir si le corps du Christ est vraiment dans ce sacrement ainsi
que le sang. Autrement dit, dans ce pain et dans ce vin, y-a-t-il le
corps et le sang du Christ non pas seulement en figure ou signe, mais
selon leur vérité, selon l’être qui est le
leur ?
Laissons les quatre objections.
Dans le « Sed Contra » Saint
Thomas cite un double texte patristique exprimant d’une manière
formelle la pensée de l’Eglise.
Saint Hilaire : « Si la vérité
de la chair et du sang du Christ, il n’est laissé aucune
place pour l’hésitation. Maintenant et par l’affirmation
du Seigneur et par notre foi, sa chair est véritablement une
nourriture et son sang est véritablement un breuvage ».
Saint Ambroise dit : « De même
que le Seigneur Jésus-Christ est le vrai Fils de Dieu, de même
c’est sa véritable chair que nous prenons, c’est
son vrai sang qui est un breuvage ».
DANS LE CORPS DE L’ARTICLE, Saint
Thomas va tout de suite au but.
La présence réelle s’impose
eu égard à l’autorité de Dieu se révélant.
Autrement dit ce n’est ni les sens ni la raison qui me permet
d’affirmer la présence réelle, bien au contraire.
C’est uniquement la foi qui pour base essentielle la parole de
Dieu et son autorité. Il ne peut ni se tromper ni nous tromper.
Or en Saint Luc, il est dit clairement : « Ceci est mon corps
livré pour vous » (Lc 22 19) que Saint Cyrille commente
: « Ne doute pas que cela soit vrai ; mais plutôt reçois
les paroles du Sauveur dans la foi : étant, en effet, la Vérité,
Il ne ment pas ».
Donc seule la foi fondée sur
l’autorité de Dieu peut affirmer la présence réelle
de Notre Seigneur dans l’Eucharistie.
Saint Thomas est clair : « Dicendun
quod verum corpus Christi et sanguinem esse in hoc sacramento, non sensu
déprehendi potest, sed sola fidé qui auctoritati divinae
innititur ».
Pour le catholique vivant de sa foi,
rien n’est plus certain que l’existence, dans ce sacrement
du pain et du vin eucharistiques, du corps et du sang du Christ, selon
la vérité ou la réalité de leur substance,
et non pas seulement à titre de chose signifiée, ou représentée
ou dont la vertu s’y trouverait participée et agissante.
Cette certitude repose non sur le témoignage
des sens ni sur des arguments de la raison mais sur la seule parole
de Dieu…Ni les sens, ni la raison ne peuvent rien nous dire à
ce sujet. Nous ne savons ce qu’il en est que par la parole ou
le témoignage de Dieu qui nous le dit. Mais nous le savons, par
cette parole, de la manière la plus certaine.
Ajoutons aussi que le fait de la parole
divine et le sens de cette parole est tout ce qu’il y a de plus
constant, puisque aussi bien nous avons l’autorité même
de l’Eglise, en son magistère le plus formel et le plus
authentique qui nous l’assure.
LE CATECHISME DU CONCILE DE TRENTE commente
cette phrase citée plus haut de Saint Thomas d’une manière
très forte : « L’Apôtre nous enseigne que ceux
qui ne « discernent point le Corps de Notre Seigneur, commettent
un grand crime. Les Pasteurs devront donc, avant tout, exhorter les
chrétiens à faire tous leurs efforts pour élever
ici leur esprit et leur raison au-dessus des choses sensibles. S’ils
se persuadaient que le sacrement de l’Eucharistie ne contient
que ce que les sens y aperçoivent, ils tomberaient fatalement
dans cette impiété énorme de croire qu’il
ne renferme que du pain et du vin, puisque les yeux, le toucher, l’odorat,
le goût ne rapportent que des apparences de pain et de vin. Il
faut donc faire en sorte qu’ils renoncent autant que possible,
au jugement des sens, pour s’élever uniquement à
la contemplation de la Vertu et de la Puissance infinie de Dieu ; car
la foi catholique enseigne et croit sans hésitation aucune, que
les paroles de la Consécration produisent… le vari corps
de Notre Seigneur Jésus-Christ, celui-là même qui
est né de la Vierge Marie, qui est assis à la droite du
Père » (p 217-218)
Et de citer pour le prouver les paroles
de Notre Seigneur : « Ceci est mon corps, Ceci est mon sang ».
(Mt 16 26 Mc 14 22 24 Lc 22 1)
Comme Saint Thomas ne fait pas de théologie
« positive », il ne cherche pas dans son article, à
multiplier les preuves scripturaires ni à collationner l’enseignement
du Magistère.
Donnons seulement ici L’ENSEIGNEMENT
DU CONCILE DE TRENTE : « Si quelqu’un nie que dans le sacrement
de la très sainte Eucharistie soit contenu véritablement,
réellement et substantiellement le corps et le sang de Notre
Seigneur Jésus-Christ, mais dit qu’ils n’y sont seulement
comme dans un signe, ou une figure, ou en vertu, qu’il soit anathème
» (Sess. XIII can I)
Et pour de plus ample développement
sur ce sujet de théologie positive , nous renvoyons volontiers
au Catéchisme du Concile de Trente aux pages 217-221 ;
DES CONVENANCES DE LA PRESERNCE REELLE
Saint Thomas, par contre, développe
les belles convenances de la présence réelle. C’est
l’essentiel de l’article I. « Hoc autem conveniens
est ». « Et cela convient » dit-il. C’est, là,
chose parfaitement harmonieuse, ou encore cela relève de la sagesse,
d’une grande sagesse
Il nous donne à méditer
trois magnifiques convenances.
PREMIERE CONVENANCE : cette présence
réelle du Corps et du Sang du Christ dans le sacrement de l’Eucharistie
convient d’abord à la « perfection de la Nouvelle
Loi » : « Hoc autem conveniens est, primo quidem, perfectioni
novae legis ».
On pourrait résumer la pensée
thomiste de cette manière :
Dans la Nouvelle Loi, tout est amené
à sa perfection, au sommet de la perfection. Ainsi du sacrifice.
Dans l’Ancienne Loi, il était simplement signe symbole
figure de la Passion à venir du Christ. Il annonçait le
sacrifice parfait de la Loi Nouvelle. Il fallait donc qu’ici,
dans la Nouvelle Loi, le sacrifice soit réel et non plus simplement
figuré. D’où la présence réelle de
la divine victime de ce sacrifice parfait.
VOICI L’ARGUMENT DE SAINT THOMAS
: « Il fallait, assurément, que la loi nouvelle eût
dans l’ordre des rites sacramentels, quelque chose de plus que
l’ancienne Loi. Or « les sacrifices de l’ancienne
loi contenaient » en figure, mais « seulement en figure
ce vrai sacrifice de la Passion du Christ » qui devait être
le seul vrai sacrifice agréé par Dieu, en raison de lui-même.
« Il est dit en effet aux Hébreux : « La loi qui
avait l’ombre des biens à venir, non la véritable
image ». Dès lors, il fallait que le sacrifice de la nouvelle
Loi, institué par le Christ eut quelque chose de plus ; à
savoir qu’il contint le Christ lui-même immolé, non
pas seulement en représentation ou en figure, mais aussi dans
sa réalité, dans sa vérité », dans
sa propre substance. « Et de là vient que ce sacrement,
qui contient le Christ lui-même réellement comme le dit
saint Denys au chapitre III de la Hiérarchie Ecclésiastique,
est l’achèvement de tous les autres sacrements, dans lesquels
la vertu du Christ est participée ».
Vous retiendrez encore cette expression
de Saint Thomas concernant le sacrement de l’Eucharistie qui est
aussi « sacrifice » : « Et ideo oportuit ut aliquid
plus haberet sacrificium novae legis a Christo institutum : ut scilicet
contineret ipsum passum, non solum in significatione vel figura, sed
etiam in rei veritate ».
VOIVI LE MAGNIFIQUE COMMENTAIRE
DU CATECHISME DU CONCILE DE TRENTE sur cette première
raison de saint Thomas :
« Mais ce qui met le comble au
bonheur et à l’édification des âmes pieuses,
c’est de contempler la sublime dignité de ce sacrement.
Par là elles comprennent d’abord toute la perfection de
la Loi évangélique, laquelle possède en réalité
ce que la Loi de Moïse n’avait qu’en figure et en images.
Ce qui a fait dire admirablement à Saint Denys que « Notre
Eglise tient le milieu entre la Synagogue et la Jérusalem céleste,
et qu’elle participe de l’une et de l’autre ».
Les fidèles ne sauraient donc trop admirer la perfection, la
gloire, la grandeur de la Sainte Eglise, puisqu’il n’y a,
pour ainsi dire, qu’un seul degré qui la sépare
de la béatitude céleste. Nous avons cela de commun avec
les habitants des cieux, que les uns et les autres nous possédons
Jésus-Christ, Dieu et homme, présent au milieu de nous.
Le seul degré qui nous sépare d’eux, c’est
qu’ils jouissent de la Présence de Jésus-Christ
par la vision béatifique, tandis que nous, nous adorons seulement
sa Présence, Présence invisible à nos yeux, et
cachée sous le voile miraculeux des saints Mystères, mais
que cependant nous confessons avec une foi ferme et inébranlable
». (p 221 222).
On voit comment le catéchisme
de Trente unit ici, dans ce commentaire merveilleux la première
et la troisième convenance de Saint Thomas.
LE PERE PEGUES commente
Saint Thomas :
« l’humanité doit
à Dieu un sacrifice. L’humanité déchue et
pécheresse lui doit un sacrifice expiatoire. Mais quelle expiation
pouvait égaler l’offense ? Une seule : celle d’un
Dieu fait homme. (On verra cela mieux quand nous étudierons le
mystère de la Rédemption). Il fallait donc qu’un
Dieu fait homme fut immolé. L’immolation devait se faire
sur la croix . Voilà le sacrifice par excellence, le «
seul vrai sacrifice, comme nous le dit ici Saint Thomas, « illud
verum sacrificium Passionis Christi » qui soit vraiment digne
d’être agréé par Dieu. Tous les autres sacrifices
empruntent à celui-là leur vertu ; ou plutôt c’est
ce sacrifice de la croix qui doit se retrouver en tous. Dans les temps
qui ont précédé la Passion, sous la loi écrite,
des sacrifices sans nombre et de toute sorte s’efforçaient
de traduire à leur manière le futur sacrifice de la Croix
; ils ne contenaient pas la véritable victime immolée
; ils la figuraient seulement. Quelle allait être la condition
de l’humanité après la Passion ? Se pouvait-il qu’elle
présentât encore en Dieu le sang de vils animaux, alors
que Dieu avait désormais odoré la vertu divine du sang
de son Fils répandu pour rétablir sa gloire ? Non, évidemment
; et cette Passion une fois accomplie ne pouvait plus permettre que
Dieu agrée, dans l’ordre des rites sacramentels, un sacrifice
quelconque qui ne serait pas elle. D’autre part, l’humanité
toujours déchue, bien que rachetée, ne pouvait se passer,
dans l’ordre même des rites sacramentels, de sacrifice,
de sacrifice sensible, à sa portée, qu’elle put
constamment offrir à Dieu. Il n’y avait qu’une ressource,
c’était de perpétuer à travers toutes les
générations et en tous lieux, le sacrifice enfin réalisée
sur la Croix. Il fallait mettre à la portée de tous la
vraie Victime dans son état de victime immolée, afin que
tous pussent l’offrir, en cet état, à Dieu le Père
et lui payer constamment le tribut du seul sacrifice désormais
digne de Lui. C’est ce que nous avons par le mystère de
la présence réelle, dans ce sacrement du vrai corps du
Christ et du sang : « Continet enim sacrificium novae legis a
Christo institutum, ipsum Christum passum, non in significatione, vel
in figura, sed etiam in rei veritate. La sagesse de Dieu ne pouvait
mieux concilier toutes les exigences. ».
LA DEUXIEME CONVENANCE : « cela – la présence
réelle -convient à la charité du Christ qui lui
a fait prendre, pour notre salut, le véritable corps de notre
nature » « Hoc competit caritati Christi, ex qua pro saluté
nostra corpus verum nostrae naturae assumpsit ».
VOICI L’ARGUMENT DE SAINT
THOMAS:
« Parce que ce qu’il y a
de plus souverainement propre à l’amitié, c’est,
pour les amis le vivre ensemble, comme le dit Aristote au livre IX de
l’Ethique, le Christ nous promet sa présence corporelle
à titre de récompense (au ciel) en Saint Mathieu, ch 24
28 : « Où se trouvera la corps, là se rassemble
aussi les aigles. Entre temps, cependant, Il ne nous a point privés
même de sa présence corporelle dans ce pèlerinage
», de notre vie terrestre, « mais par la vérité
de son corps et de son sang, Il s’unit à nous dans ce sacrement.
Aussi bien Lui-même dit, en Saint Jean : « Celui qui mange
ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » Et de
là vient que ce sacrement est le signe de la plus grande charité
et l’appui de notre expérience, en raison d’une si
familière union du Christ à nous : « Unde hoc sacramentum
est maximae caritatis signum et nostrae spei sublevamentum, ex tam familiari
coniunctione Christi ad nos ».
CETTE RAISON EST MERVEILLEUSEMENT
RESUME DANS LE CATECHISME DU CONCILE DE TRENTE. C’est
vraiment un chef d’œuvre :
« Enfin Jésus-Christ nous
a laissé dans ce Sacrement, la preuve de l’immense amour
qu’Il a pour nous. N’était-ce pas en effet un des
plus beaux traits de cet amour, de n’avoir pas emporté
loin de nous cette nature qu’Il nous avait empruntée, mais
d’avoir voulu, autant que cela était possible, demeurer
sans cesse avec nous, afin que sans cesse on pût dire de Lui en
toute vérité : « Mes délices sont d’être
avec les enfants des hommes » ( Prov 8 31)
LE PERE PEGUES commente
: « Oui, vraiment, une raison de ce sacrement et des merveilles
que le Christ y a renfermées, c’est bien « la Charité
du Christ ». Le Fils de Dieu nous a aimé jusqu’à
se faire enfant des hommes comme nous pour nous sauver. Nous avions
pu vivre avec Lui comme on vit avec un ami. Mais le propre de l’amitié
n’est-il pas d’unir les cœurs et d’attacher tellement
à la personne des amis, que, privés de leur présence,
la vie n’est plus qu’un lourd fardeau ? « Maxime proprium
amicitiae est convivere amicis : le propre par excellence de l’amitié
est, pour les amis, le vivre ensemble ». C’est dans le vivre
ensemble que consiste pour les amis la joie par excellence et comme
le fruit propre de l’amitié. Le Christ, ami parfait des
enfants des hommes, le savait bien ; et voilà pourquoi Il nous
fait espérer le bonheur de sa présence comme récompense
dans le ciel. Mais en attendant les joies du ciel, serions-nous privés
totalement durant les longs jours de notre exil, du bonheur de sa présence
au milieu de nous ? L’amour de Jésus pour ses fidèles,
pour ses amis, ne l’a pas voulu. Et c’est pourquoi Il s’est
résolu à créer de Lui à nous, l’union
vraie, présentielle, substantielle, qu’Il a réalisée
par son Eucharistie ». (T 18, p. 73)
TROISIEME CONVENANCE de la présence réelle
: Une troisième raison est que cela convient à la perfection
de la foi. « Hoc competit perfectione fidei ».
Comment ?
« La foi, en effet, comme elle
porte sur la divinité du Christ, porte aussi sur son humanité
selon cette parole : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi
» (Jn 14 1) Et parce que la foi est des choses invisibles, de
même que le Christ nous offre sa divinité d’une manière
invisible, de même aussi, dans ce sacrement, Il nous offre sa
chair d’une manière invisible ».
C’est donc pour la perfection
de notre foi que le Christ a voulu nous donner comme objet son humanité
cachée sous les espèces eucharistiques. Quand il vivait
au milieu de nous, il y avait un grand mérite à percer,
des yeux de la foi, le voile de son humanité, pour atteindre
sa divinité. Ici, avec le sacrement de l’Eucharistie, nous
avons un mérite nouveau dans l’ordre de la foi : celui
de percer les voiles eucharistiques où non seulement sa divinité,
mais aussi son humanité est cachée à nos sens et
à notre raison. Aussi bien, est-ce ici le triomphe de la foi.
Voilà pourquoi l’Eglise appelle ce sacrement le «
mysterium fidei ».
Saint Thomas termine son article par
une réflexion de grande importance : « Certains auteurs,
pour n’avoir pas pris garde de ces choses, ont affirmé
que le corps et le sang du Christ n’étaient dans ce sacrement
que comme en signe « et non point dans la vérité,
dans la réalité de leur être ou de leur substance
». Saint Thomas nous dit : « Affirmation qui doit être
rejetée comme hérétique, parce que contraire aux
paroles du Christ » : « Quod est tanquam haereticum abjiciendum
utpote vervis Christi contrarium ».
Saint Thomas admet donc que la doctrine
de la présence réelle est de foi divine. Elle résulte
des paroles même du Christ ou mieux elle est formellement exprimée
par ces paroles. Il n’y aurait aucun texte de Pères ou
de Concile pour la préciser ou l’imposer, il faudrait encore
l’admettre sous peine d’être formellement hérétique.
Le sens est si net, si manifeste, dans les paroles mêmes de l’Ecriture
sur la Présence réelle qu’il est impossible de rejeter
un pareil sens. Les seules paroles du Christ suffisent par elles-mêmes
pour qu’on soit obligé d’admettre la présence
réelle sous peine de tomber dans l’hérésie.
Un témoignage peu suspect de
la force d’évidence absolument contraignante contenue dans
les paroles mêmes du Christ, est celui de Luther : « Ego
ma captum video ; nulla elabendi via telicta est : textus Evangelicus
nimis est paretus : Je me vois pris ; aucune issue n’est laissé
pour échapper : le texte évangélique est trop clair
».
NB Sur toutes ces grandes questions
eucharistiques, considérées tout ensemble du point de
vue positif et du point de vue doctrinal, un des meilleurs livres à
consulter demeure toujours l’Histoire des variations de Bossuet
livre qui est certainement un des plus beau livre de la langue française.
IV
- l’Année Jubilaire au Puy, au pied de Notre Dame de France.
Retenez
les dates
du samedi
9 juillet de 15 h à 17 h
au dimanche
10 juillet 2005 à 17 h
Samedi,
9 juillet 2005 :
Réunion
à 15h à la chapelle Saint Georges
Messe à la cathédrale à 17 h
Dimanche
10 juillet 2005 :
Ascension
du Mont Saint Michel : 9 h
Messe à l’Eglise de Chaspusac à 11 h. (8 kms
du Puy, très belle église du 12 siècle.
Repas dans la salle communale de Chaspuzac à 13 h.
Pour
vous encourager à faire ce pèlerinage jubilaire
au cours de vos vacances et à cette date, avec Mr l’abbé
Aulagnier, voici un beau résumé de l’Histoire
de la Cathédrale du Puy et de son « jubilé
», de« son grand pardon » écrit par Monsieur
l’abbé Boivin (FSSPX).
|
La Bienheureuse Vierge Marie et le Puy
Par l'abbé Claude Boivin, fsspx
LA FONDATION DE L’EGLISE DU VELAY
Les antiques traditions de l’Eglise
du Puy nous enseignent que le premier évêque du Velay fut
saint Georges, envoyé dans les Gaules par saint Pierre en vue
d’évangéliser les hauts plateaux du Centre. Le Prince
des Apôtres lui adjoignit comme compagnon de route saint Front,
futur évêque de Périgueux. Mais à peine eurent-ils
atteint la petite ville de Bolsène - au nord de Rome - que Georges
trépassa. Abattu, Front repartit pour Rome où Pierre lui
remit son bâton de marche, lui demandant de le déposer
sur la tombe du défunt, enseveli depuis six jours. Saint Front
s’exécuta et Georges ressuscita. Tous deux reprirent leur
route.
Le bâton miraculeux fut ensuite partagé en deux moitiés
et saint Georges déposa sa partie dans l’église
de Saint-Paulien, siège primitif de l’évêché
du Velay.
On porte au crédit du premier évêque du Velay la
très spéciale dévotion qu’il avait à
la Sainte Vierge. Jamais il ne manquait de la citer dans ses homélies
et de chanter sa louange.
LES APPARITIONS DE LA SAINTE VIERGE
MARIE ET LA DEDICACE DE LA CATHEDRALE
Avant de mourir « pour la seconde
fois » de façon très paisible parmi ses ouailles
(en l’an 84 selon les anciennes traditions ; vers le milieu du
IIIe siècle, selon d’autres), saint Georges eut le temps
de se rendre sur le Mont-Anis où une veuve venait d’être
miraculeusement guérie par l’intercession de la Bienheureuse
Vierge Marie. Cette pieuse femme malade, baptisée par saint Front,
s’était sans succès soumise à la médecine
des hommes. Elle s’était alors adressée à
la Sainte Vierge qui lui fit entendre ces paroles :
« Levez-vous, ma fille, du lit
où vous ne sauriez trouver la santé, et allez la chercher
sur le Mont-Anis où elle vous sera rendue. »
Elle se fit porter au lieu indiqué,
y vit une grande pierre noire et carrée en forme d’autel
sur laquelle elle se reposa et s’endormit. Cette pierre était
un autel sacré sur lequel les druides accomplissaient les cérémonies
du culte. Dans son sommeil lui apparut une Dame rayonnante de clarté
entourée d’anges. Elle s’enhardit à demander
quelle était cette reine :
« C’est, répondit
un des anges, l’auguste Mère du Sauveur qui, entre tous
les lieux du monde, s’est choisi spécialement cet endroit,
pour y être servie et honorée jusqu’à la fin
des siècles ; et afin que vous ne preniez pas ce que vous voyez
pour un vain songe, sachez que la guérison que vous désirez
vous est accordée. »
A la nouvelle de ce miracle, saint Georges
était accouru sur le Mont-Anis et fut doublement étonné,
en ce jour du 11 juillet, de voir le lieu couvert de neige et un cerf
gambadant qui traçait l’enceinte du sanctuaire que Notre-Dame
voulait voir ériger en ce lieu. Saint Georges ne planta qu’une
haie d’aubépines. Le lendemain 12 juillet, la neige avait
disparu et l’aubépine s’épanouissait comme
une couronne virginale. Malgré la venue de saint Martial de Limoges,
premier pèlerin du Mont-Anis, qui désigna dans l’enclos
la place que devait occuper l’autel de la basilique future et
qui remit à l’Eglise du Puy une relique de très
grand prix - un soulier de la Sainte Vierge - le projet traîna
et n’aboutit que plus tard.
Il fallut attendre l’épiscopat de saint Evode ou Vosy,
septième évêque du Velay – vers 220 selon
les uns, vers 375 de façon plus vraisemblable selon les autres
- et une nouvelle guérison miraculeuse au même endroit,
sur la pierre qu’on appellera Pierre des fièvres, pour
que fût enfin entrepris le sanctuaire réclamé à
nouveau par la Vierge Marie :
« Ma fille, dit-elle à
la malade, c’en est fait, vous êtes guérie. Allez
trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui, de ma part, qu’il ne manque
pas de jeter ici au plus tôt les fondements du sanctuaire que
n’ont pu m’y élever ses prédécesseurs…
C’est ici que j’accorderai aux supplications de la piété
le soulagement des malades et la consolation des affligés. J’ai
choisi cette montagne entre mille pour donner une audience favorable
à ceux qui viendront m’y présenter leurs demandes
et leurs requêtes. »
En confirmation de cela, la neige tomba
à nouveau en abondance.
Saint Vosy jugea bon de transférer le siège épiscopal
de Saint-Paulien à Anicium ou Mont-Anis, devenant le premier
évêque du Puy, nom qui sera donné au Mont-Anis au
début du XIe siècle. Aidé de saint Scutaire, patricien
romain, architecte et l’un de ses successeurs, il construisit
le sanctuaire qui ne comprenait alors que ce que l’on appelle
la « chambre angélique », c’est-à-dire
l’abside et la première travée de l’actuelle
cathédrale du Puy. Il enfermait la Pierre des fièvres.
L’église fut consacrée
du vivant de saint Vosy, non par la main des hommes mais par le ministère
des anges, à la lueur de milliers de torches célestes
dont plus de trois cents furent recueillies à la suite de la
cérémonie par la piété des fidèles.
Elle fut achevée par saint Scutaire dans la première moitié
du Ve siècle.
En raison des apparitions de la Sainte Vierge et de la consécration
angélique, la cathédrale du Puy, tout comme la ville et
le diocèse, est placée sous le patronage de Notre-Dame
de l’Annonciation, vocable qui unit le 25 mars et la dévotion
à Notre-Dame et la dévotion aux saints anges.
De plus, la fête de la Dédicace de la cathédrale
est fixée au 11 juillet, jour de la première chute de
neige.
Ce sanctuaire angélique allait devenir le plus vénéré
des lieux de pèlerinage de la chrétienté en l’honneur
de Notre-Dame, avec Sainte-Marie-Majeure à Rome.
Accomplissant de nombreux miracles de guérison sur cette antique
pierre druidique du Mont-Anis, la Bienheureuse Vierge Marie apparut
comme l’instrument de la victoire du catholicisme sur le paganisme
antique.
LE PUY ET LOURDES
Mais elle va apparaître également
comme l’instrument de la victoire du catholicisme sur l’Islam,
à l’époque de Charlemagne. Par deux fois, en tant
que roi des Francs puis en tant qu’empereur, Charlemagne se rendit
au Puy. Pour mieux assurer le service du Mont-Anis et mieux pourvoir
à la majesté du culte, il développa le chapitre
de Notre-Dame en créant dix canonicats supplémentaires.
Voici en quels termes s’exprime l’empereur :
« Nous avons visité dernièrement
la basilique ou très sainte et angélique église
de la bienheureuse Marie d’Anicium… Pour l’accroissement
du culte et du service divin, dans une si sainte basilique où
les fidèles de toutes les parties du monde viennent implorer
le secours de Dieu et… la très clémente Mère
de Dieu… nous créons dix chanoines qui prieront pour l’augmentation
et la dilatation de toute l’Eglise apostolique et romaine. »
De plus, en compagnie de Rorice ou Borice,
évêque du Puy, Charlemagne s’occupa de réduire,
dans les Pyrénées, la province de Bigorre où un
chef sarrasin s’était constitué une sorte de souveraineté
indépendante. Il l’assiégea dans son imprenable
citadelle de Mirambelle. Devant l’insuccès de l’entreprise,
Rorice du Puy se mit en prière et invoqua la Reine du Ciel. Grâce
à l’intercession de Notre-Dame et à un miracle qu’elle
accomplit, l’évêque rencontra le chef musulman, jusqu’alors
intraitable, qui s’adoucit et fut touché par la grâce.
Il fit don de sa seigneurie de Bigorre à Sainte-Marie du Mont-Anis,
ce qu’approuva Charlemagne. Quelque temps plus tard, le chef maure
ratifia la convention dans l’église angélique du
Puy. Il y reçut le baptême avec ses hommes dans les meilleures
dispositions.
Le château de Mirambelle et la
ville qui l’entoure s’appellent désormais Lourdes.
Le Puy, Lourdes : deux lieux où apparut la Bienheureuse Vierge
Marie à des siècles de distance, mais lieux qui vivent
de Notre-Dame, dans un lien très étroit de parenté
spirituelle.
En 1062, devant l’évêque du Puy Pierre II de Mercoeur,
le comte Bernard Ier de Bigorre renouvela l’allégeance
à Notre-Dame du Puy de son domaine , exempt de toute autre suzeraineté
que celle de Notre-Dame.
En 1307, l’évêque
du Puy et son chapitre céderont à Philippe le Bel l’hommage
de Lourdes et de la Bigorre, lequel sera remplacé par un tribut
annuel et perpétuel qui sera versé jusqu’à
la Révolution française.
Ainsi, l’église angélique
du Puy revendique hautement et à juste titre son droit d’aînesse
et de suzeraineté sur la terre de Lourdes.
Plus près de nous, les pèlerinages
reprendront de Lourdes au Puy et celui du 15 août 1829 sera l’un
des plus marquants. De plus, le 11 février 1856, le pape Pie
IX signera le décret d’érection de la cathédrale
du Puy, église-mère de Lourdes, en basilique mineure,
soit deux ans jour pour jour avant la première apparition de
la Bienheureuse Vierge Marie à Lourdes, église-fille du
Puy. La Sainte Vierge reste maîtresse et du Puy et de Lourdes.
LES PAPES ET LES ROIS AU PUY.
La dévotion à la Vierge
du Mont-Anis ne cessera de croître au cours des siècles.
Les pèlerins malades prendront l’habitude de s’étendre
sur la Pierre des fièvres pour obtenir leur guérison.
Les pèlerins pécheurs trouveront auprès de Notre-Dame
soulagement et conversion.
De plus dès 951, partira du Puy la première des quatre
grandes routes qui conduiront au tombeau de l’apôtre saint
Jacques à Compostelle ; à partir de la fin du Xe siècle,
en 992, se mettra en place le Grand Pardon ou Jubilé du Puy.
Papes, rois, saints, pèlerins
inconnus sont venus innombrables et fervents se prosterner dans l’église
angélique et apporter à Notre-Dame le tribut de leur vénération
et de leurs prières.
Et tout d’abord, relevons l’hommage de six papes venus vénérer
la Vierge du Puy.
Sans s’être rendu au Puy, le pape saint Léon IX écrivit
dans une bulle célèbre de 1051 :
« Nulle part, la Sainte Vierge
ne reçoit un culte plus spécial et plus filial de respect,
d’amour et de vénération que celui que les fidèles
de la France entière lui rendent dans cette église du
Mont-Anis, autrement dite du Puy-Sainte-Marie . »
A cette occasion, il concèda
à l’évêque du Puy Etienne II de Mercoeur le
privilège du pallium.
En 1095, le bienheureux Urbain II, ancien grand-prieur de Cluny, fut
le premier pape à se rendre au Puy, en vue de lancer la Croisade
contre les musulmans et pour la délivrance des Lieux Saints.
Il y présida la fête du 15 août et passa la journée
au pied de l’autel de Notre-Dame, lui confiant la formidable entreprise
qu’il avait conçue.
De là, il partit pour Clermont où se tint le concile,
convoqué par une lettre du pape datée du Puy. Le pape
choisit comme légat et chef spirituel de la croisade l’évêque
du Puy, Adhémar de Monteil, qui mourra de la peste à Antioche
en 1098. C’est à l’occasion du départ de la
Croisade que, selon la tradition, l’évêque du Puy
composa le Salve Regina appelé immédiatement Antiphona
de Podio ou Antienne du Puy. Elle fut probablement chantée pour
la première fois dans la cathédrale du Puy.
Au XIIe siècle, cinq papes se
rendront au Puy. Pascal II s’y trouva le 14 juillet 1107. Gélase
II, fuyant l’Italie en raison du conflit l’opposant à
l’empereur Henri V se réfugia en France, la terre hospitalière
des pontifes romains persécutés. Il visita le Puy en 1118
avant de mourir à Cluny. L’année suivante en 1119,
Callixte II, pape bourguignon élu à Cluny, vint mettre
son pontificat sous la protection de la puissante Reine du Mont-Anis.
En 1130, Innocent II, chassé de Rome par les intrigues de l’antipape
Pierre de Léon, se rendit au Puy pour supplier Notre-Dame de
mettre un terme aux divisions de l’Eglise. Alexandre III, fuyant
l’empereur Frédéric Ier Barberousse vint rendre
hommage à la Vierge du Puy en août 1162 et en juin 1165.
Evoquons maintenant l’hommage
des rois venus prier la Vierge. Nous avons déjà mentionné
le double pèlerinage de Charlemagne au Puy. Son fils, Louis le
Pieux, s’y rendit en 795 alors qu’il n’était
que roi d’Aquitaine. Devenu empereur en 814, il y revint deux
fois en 832 et 833. En 877, son fils l’empereur Charles le Chauve
fit également le pèlerinage.
En 892, le roi de France Eudes vint implorer la Vierge Marie pour qu’elle
protège le royaume des invasions normandes. En 1029, la dévotion
amena également le roi Robert II aux pieds de Notre-Dame du Puy,
ainsi que Louis VI un petit peu plus tard. En 1146, Louis VII ne voulut
pas partir à la seconde Croisade sans se mettre sous la protection
de la Vierge du Puy. Son fils, Philippe-Auguste agira de la même
façon en 1188 avant d’entreprendre la troisième
Croisade.
Saint Louis vint au Puy en 1245 puis en 1254. Nous verrons plus loin
que, très probablement, lors du second voyage à l’issue
de la septième Croisade, il fit hommage au sanctuaire de la fameuse
« Vierge noire » détruite en 1794.
Philippe III en 1283 et Philippe IV en 1285 firent de somptueux présents
à la bienheureuse Vierge Marie lors de leur venue. Accompagné
de ses oncles, les ducs de Berry et de Bourgogne, Charles VI vint vénérer
la Vierge à l’Annonciation de 1394.
A l’Annonciation de 1420, le futur Charles VII confia à
Notre-Dame la situation désespérée de la France,
juste avant la vente du royaume aux Anglais. Devenu roi, Charles VII
reviendra quatre fois encore à l’église angélique.
En 1422, au début de son règne, il accourut au Mont-Anis
pour demander aide et protection. Il y revint en janvier 1424, et en
décembre 1425 dans la « grande pitié du royaume
de France ». Sans être présent au Grand Pardon de
1429 qui fut un véritable pèlerinage national, du 25 mars
au 3 avril, le roi, ainsi que le peuple, mit toute son espérance
en le secours de Notre-Dame. Tant de confiance allait être récompensée.
Une intervention miraculeuse se produisit : Jeanne d’Arc apparut
et la France fut miraculeusement sauvée.
Jeanne d’Arc voulut elle-même
mettre son entreprise sous la protection de Notre-Dame du Puy. Elle
concevait ce jubilé comme le point de départ de la rédemption
de la France. Dans l’esprit de l’héroïne, c’était
au moment où la prière de la France entière retentirait
sous les voûtes du sanctuaire du Mont-Anis que la sainte Vierge
manifesterait son intervention miraculeuse en faveur du pays occupé.
La conviction de sainte Jeanne d’Arc était si forte que,
ne pouvant se rendre au Puy, retenue à Poitiers, elle se fit
représenter au jubilé par sa mère, Isabelle Romée,
par ses frères Jean et Pierre et par plusieurs chevaliers de
son escorte de Vaucouleurs à Chinon. Jeanne d’Arc pria
donc au Puy par le truchement de sa famille et de son entourage. Le
jubilé s’acheva début avril 1429. Le 29 du même
mois, Jeanne entrait dans Orléans et la délivrait totalement
le 8 mai suivant. Le 17 juillet de la même année, dans
l’octave de la dédicace de Notre-Dame du Puy, Charles VII
était enfin sacré à Reims et couronné roi
de France. Il n’était pas ingrat. Il voulut manifester
sa reconnaissance en venant en 1434 remercier solennellement Notre-Dame
du Puy qui avait daigné bénir sa couronne et sauver la
France.
Voici venir maintenant le roi Louis
XI, trois fois pèlerin du Mont-Anis. Jeune prince, il accompagna
son père en 1434. Devenu roi et inquiet de son salut au soir
de sa vie, il vint au Puy en 1475 et 1476 en manifestant des largesses
royales à l’égard de tous. En 1449, fut institué
au Puy le troisième Angelus, récité le midi. L’usage
fut consacré en 1455 par Callixte III et Louis XI l’étendit
à tout le royaume en 1476.
En 1495, Charles VIII au retour de la guerre d’Italie vint remercier
Notre-Dame de l’avoir puissamment protégé.
C’est du fond de sa prison de
Madrid, après la défaite de Pavie en 1525, que François
Ier s’engagea à se rendre au Puy s’il recouvrait
la liberté. Libéré l’année suivante,
il se rendit au Mont-Anis en 1533. L’entrée de François
Ier, accompagné de la reine, des trois princes ses fils, du cardinal
de Lorraine, du nonce, d’évêques nombreux, de six
ambassadeurs, d’une suite nombreuse, fut la plus brillante dont
les annales du Puy aient conservé le souvenir. Ce fut en même
temps la dernière des visites d’un roi de France au Puy.
Toutefois, en 1621 encore, le roi Louis
XIII avouera au pape sa spéciale dévotion à la
Vierge du Puy à laquelle il se consacra personnellement en 1629.
Fort des grâces nombreuses qu’il en reçut, il consacra
son royaume à Notre-Dame en 1638. On peut d’ailleurs dire
que l’Assomption est devenue la fête « principale
» de la cathédrale du Puy, accompagnée ce jours-là
de la grande procession dans les rues de la ville.
Plus près de nous, la reine Marie-Amélie se rendra au
Puy à l’occasion du Jubilé de 1842.
LES SAINTS AU PUY
Si les papes ne sont venus au Puy qu’à
la fin du XIe siècle et au XIIe siècle, lors de la grande
période de l’efflorescence mariale, si les rois ont cessé
au XVIe siècle de prier la Vierge du Mont-Anis sur l’emplacement
même des apparitions et des miracles, les saints, eux, n’ont
jamais interrompu le pèlerinage du Puy. Certains, comme sainte
Jeanne d’Arc, ont puisé leur force dans la dévotion
à la Vierge du Puy sans pouvoir la prier sur place, mais nombreux
sont ceux qui l’ont visitée et lui ont rendu hommage. Aujourd’hui
encore, venir prier au Puy, c’est mettre ses pas dans les pas
des saints qui n’ont jamais cessé de fréquenter
ce haut-lieu marial privilégié. Prier sur place la Vierge
noire, c’est continuer une prière qui n’a jamais
été interrompue.
Rappelons maintenant le souvenir de
quelques saints qui ont voulu honorer les gloires de la Vierge du Puy.
Nous avons déjà évoqué saint Martial, l’apôtre
du Limousin, qui offrit au Puy un soulier de la Sainte Vierge toujours
visible dans le trésor de la cathédrale. Nous rappellerons
au début du VIIIe siècle saint Eudes, premier abbé
du Monastier et son successeur et neveu saint Théodfrède,
second abbé, mort martyrisé par les sarrasins le 19 octobre
728.
Vinrent au Puy également les
abbés de Cluny qui ne manquèrent pas de puiser prudence
et force auprès de Notre-Dame. Saint Mayeul, quatrième
abbé de Cluny de 948 à 994, accomplit au Puy en 960 un
miracle qui laissa un tel souvenir que l’Université de
la cathédrale le choisit pour son patron.
Son successeur saint Odilon, abbé
de 994 à 1049, fut lui-même élevé au Puy.
Il vint souvent prier la Vierge du Mont-Anis. En 1031, l’évêché
de la ville fut attribué à son neveu Etienne II de Mercoeur.
Plus tard, saint Pierre le Vénérable, abbé de 1126
à 1156, vint au Puy en 1138 où il accomplit un miracle
fameux, puis en 1146, en même temps que Louis VII.
Saint Robert de Turlande, après
un pèlerinage à Rome, vint prier au Puy avant de fonder
le célèbre monastère de La Chaise-Dieu où
il mourut en 1067 entouré de 300 moines.
Saint Hugues, évêque de
Grenoble, vint à deux reprises en 1087 et 1130 offrir ses hommages
et ses prières à Notre-Dame. La seconde fois, il y rencontra
Innocent II. Saint Etienne de Muret, fondateur de l’ordre de Grandmont
vint à son tour en pèlerinage au Puy avant 1124.
L’ordre de saint Dominique peut
se réclamer de très forts liens avec Le Puy. Au moment
où le Sud de la France gémissait sous l’hérésie
des Albigeois, Dieu suscita saint Dominique qui s’en vint visiter
la Vierge du Mont-Anis. Alors qu’il la priait dans la cathédrale,
la Sainte Vierge lui apparut soudainement. Elle l’encouragea dans
ses labeurs et lui dit :
« Si vous voulez arrêter
le débordement des maux qui affligent en ce moment une portion
notable de l’Église, prêchez sans relâche aux
pauvres égarés les mystères de la Rédemption
et amenez-les à les méditer, car tout le mal actuel vient
de l’ignorance et de l’oubli des vérités de
la foi. »
Elle l’encouragea dans ce but
à développer partout le Rosaire en vue de la conversion
des hérétiques, pratique qui, ainsi, se rattache à
la dévotion à Notre-Dame du Puy.
Au soir de la vie de saint Dominique
fut établi au Puy un couvent de religieux dominicains à
proximité de l’église Saint-Laurent. Saint Thomas
d’Aquin visita lui-même l’établissement, y
enseigna et pria la célèbre Vierge. Un peu plus tard,
saint Roch, vraisemblablement tertiaire dominicain, vint également
prier aux pieds de Notre-Dame.
En 1416, le couvent abrita saint Vincent Ferrier qui, alors qu’il
prêchait pendant quinze jours, visita la Vierge du Mont-Anis.
Plus tard encore, en 1602, naîtra
au Puy la bienheureuse Agnès de Langeac, tertiaire dominicaine,
élevée dans l’amour de Notre-Dame du Puy, à
laquelle elle se consacra dès l’âge de sept ans.
En 1631, elle fut gratifiée d’une vision lors de son oraison
l’invitant à prier pour un prêtre qu’elle ne
connaissait pas. Trois ans plus tard, en mars 1634, elle rencontra ce
prêtre. Il s’agissait de Monsieur Olier, futur fondateur
de la Société de Saint-Sulpice venu confier son projet
à la Vierge du Puy. Sœur Agnès le recommanda à
Monsieur de Condren, supérieur de l’Oratoire de France
et le soutint dans son œuvre de formation et de sanctification
du clergé de France. En 1652, l’évêque du
Puy confiera son séminaire aux Sulpiciens, juste retour des choses.
Si saint François d’Assise
ne vint pas au Puy, il ne pouvait manquer d’y établir une
maison de son vivant. Les Franciscains s’y fixèrent en
1223. L’illustre thaumaturge saint Antoine de Padoue y fut deux
ans gardien et y enseigna la théologie. Les religieux se chargèrent
de répandre au loin la renommée et la popularité
du pèlerinage. Le Grand Pardon du Puy associait en effet deux
mystères particulièrement chers à saint François,
l’homme de la Crèche et des Stigmates : l’Annonciation
et le Vendredi-Saint.
Fille de sainte Claire d’Assise et réformatrice, sainte
Colette vint au Puy en 1425, munie d’une bulle de Martin V, en
vue de fonder un couvent de Clarisses. Elle y revint en 1432 pour y
installer les religieuses dans un établissement tout neuf. Le
2 juillet, la petite troupe de quinze religieuses vénéra
la Vierge Noire à la cathédrale, et l’évêque
« mit les sœurs en possession » de leur monastère.
Il est encore aujourd’hui le cœur du quartier où sainte
Colette avait choisi de l’implanter il y a plus cinq siècles.
Faut-il évoquer saint François-Régis,
apôtre du Velay et du Vivarais ? Il passa sept années d’une
vie bien remplie à l’ombre de Notre-Dame du Puy. Professeur
au collège, catéchiste éminent, confesseur infatigable,
prédicateur de missions populaires dans les campagnes du Velay
et du Vivarais, soutien des pauvres, il mourut en mission à La
Louvesc en 1640.
La liste des saints déjà imposante ne peut que s’allonger.
Mentionnons, plus près de nous, la venue au Puy de saint Benoît-Joseph
Labre, le pèlerin-mendiant. Saint Bénilde, Frère
des Écoles Chrétiennes vécut à Saugues,
dans le diocèse du Puy, de 1841 à sa mort en 1862. Il
fut un dévot très fervent de Notre-Dame du Puy. Il en
fut de même de sainte Euphrasie Pelletier venue vénérer
la Vierge du Puy à qui elle confia certainement son œuvre
de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur.
Bien loin d’être exhaustive,
cette série de saints ne fait que mesurer l’ampleur de
la dévotion des fidèles de toute la Chrétienté
à la Vierge du Puy.
Mais c’est plus encore à l’occasion des jubilés
que se manifestera le recours des chrétiens à Notre-Dame
du Puy.
LE GRAND PARDON OU JUBILE DE NOTRE DAME
DU PUY
Aux approches de l’an mil, en
une période de grand désordre que ce soit dans l’Église
ou dans le monde féodal, bien des phénomènes laissaient
présager la fin des temps. Bien que l’Église n’autorisât
pas la croyance en la fin prochaine du monde, croyance entretenue par
maints visionnaires et illuminés, les multitudes des fidèles
partaient en pèlerinage pour se confier à la miséricorde
divine. De plus, une croyance était accréditée
selon laquelle la fin du monde arriverait lorsque l’Annonciation
tomberait un Vendredi-Saint. Or, cette rare et mystérieuse coïncidence,
unissant dans le même jour du 25 mars les mystères de l’Incarnation
et de la Rédemption, s’était produite en 970 et
981. Elle devait se renouveler en 992. En raison des foules nombreuses
qui venaient habituellement au Puy, fut institué en cette année
992 un jubilé solennel. Il fut le premier d’une longue
série. Il se renouvellera toutes les années où
l’Annonciation se rencontrera avec le Vendredi-Saint. L’occurrence
des deux événements se présentera le 25 mars 2005
pour la trentième fois depuis 992. Le jubilé de Notre-Dame
du Puy est ainsi le plus ancien de tous les jubilés de l’univers
catholique.
Tout au long des siècles, les
papes se sont plu à enrichir le sanctuaire de nombreuses faveurs
et indulgences spirituelles. De plus, le sanctuaire bénéficie
du privilège des sept autels ou stations romaines, en sorte qu’en
allant prier à sept autels de la cathédrale du Puy, on
gagne les mêmes indulgences qu’en allant prier aux sept
grandes basiliques de Rome.
Le premier jubilé bien connu
fut le dixième, célébré en 1407 sous l’épiscopat
d’Élie de Lestrange, évêque du Puy de 1397
à 1418. Il ne dura qu’un seul jour, le 25 mars. Mais l’affluence
fut telle que l’évêque demanda à Martin V
d’allonger la durée du onzième jubilé en
1418. Dans sa lettre au pape, l’évêque évoque
l’existence du jubilé depuis des « temps immémoriaux
». Le pape prolongea le jubilé jusqu’au Mardi de
Pâques.
Nous avons déjà évoqué
le douzième jubilé, celui de 1429, qui fut un véritable
pèlerinage national où s’amorça la délivrance
de la France. Il fut prolongé jusqu’au Dimanche de Quasimodo.
Il fut suivi des jubilés de 1440, 1502, 1513 et 1524.
En 1502, l’évêque
du Puy crut que le récent jubilé de l’Année
Sainte romaine de 1500 diminuerait considérablement le nombre
des pèlerins du Puy. Aussi ne recourut-il pas au Saint-Siège
pour obtenir une prolongation du jubilé. Mal lui en prit, car
il y eut à partir des Rameaux une foule tellement considérable
de pèlerins venus de France, d’Espagne, d’Italie,
d’Angleterre et même de Grèce que les trois mille
confesseurs dont l’évêque s’était pourvu
ne suffirent pas et qu’on dut en ajouter encore un millier. Ils
étaient échelonnés dans la basilique ; les églises,
les porches, les cimetières en étaient bondés.
En 1622, le dix-septième jubilé,
près d’un siècle après le précédent,
dura sept jours. A la requête de l’évêque appuyé
par le roi Louis XIII, le pape Grégoire XV prolongea, à
perpétuité, pendant l’octave entière, le
privilège accordé par ses prédécesseurs
pour le seul jour du Vendredi-Saint.
En 1633, le dix-huitième jubilé
se déroulera avec un temps très serein, tout à
fait inhabituel.
En 1644, malgré le froid et la neige, le succès du dix-neuvième
jubilé fut complet. Il se déroula après la consécration
de Louis XIII à Notre-Dame du Puy et après la consécration
de la France à la Vierge de l’Assomption.
A l’occasion du vingtième
jubilé de 1701, l’affluence des pèlerins n’eut
plus de bornes. Le temps était affreux, mais, malgré tout,
les confesseurs ne purent suffire à la multitude des pénitents.
Pour éviter l’encombrement de la cathédrale, il
fut permis de communier dans n’importe quelle église ou
chapelle de la ville. D’après les procès-verbaux
de l’époque, on compta quinze mille communions chez les
Jésuites, trois mille chez les Cordeliers, six mille chez les
Carmes, dix mille chez les Capucins et sans doute autant chez les Dominicains
de Saint-Laurent. A la Cathédrale, l’autel de Notre-Dame,
la Pierre des Fièvres et les issues étaient tenus par
un corps de garde spécial, les confessions et les communions
ininterrompues.
Fort de ce qui s’était
passé en 1701, le pape Clément XI prolongea le jubilé
de 1712 jusqu’à Quasimodo. Lors du vingt-deuxième
jubilé de 1785, on pressentait vaguement que le calme complet
dont jouissait la France était celui qui précédait
la tempête. Aussi les populations coururent-elles en foule se
jeter aux pieds de Celle que l’Église invoque du titre
d’Étoile de la Mer et, malgré les ravages de l’impiété
voltairienne, on ne compta pas moins de quatre-vingt mille pèlerins
à ce jubilé.
Le jubilé de 1796 se présenta
sous des auspices tragiques : la cathédrale était profanée
et la Vierge brûlée. Une créature pécheresse
avait osé s’asseoir à la place de la Vierge immaculée
et y avait reçu un culte idolâtre. Le sanctuaire était
aux mains des schismatiques. Dans cette triste conjecture, l’évêque
du Puy alors exilé avait obtenu de Pie VI une bulle du 29 janvier
1796 par laquelle le pape, suspendant la faveur octroyée à
la cathédrale par ses prédécesseurs, accordait
un nouveau pardon que l’on pourrait gagner là où
ce serait possible dans le diocèse, en évitant tout contact
avec les assermentés. Le jubilé connut un beau succès
spirituel car la persécution, bien loin d’éteindre
la foi, l’avait ravivée dans bien des âmes.
Après la tourmente révolutionnaire,
des catholiques s’étaient interrogés sur le bien
fondé de la reprise du jubilé romain en 1825. Les libéraux
y étaient franchement hostiles. Malgré cela, le pape Léon
XII avait tenu à mettre en place l’Année Sainte
romaine de 1825 et la piété des fidèles lui avait
donné raison.
Il en fut de même au Puy. La gloire
du sanctuaire et du jubilé allait vigoureusement se ranimer au
XIXe siècle et jeter au loin une nouvelle splendeur.
En 1842, le vingt-quatrième jubilé dura douze jours et
fut digne de ceux qui avaient précédé la tourmente
révolutionnaire. Cent quarante-deux mille pèlerins dont
la reine Marie-Amélie y assistèrent.
En 1844, l’actuelle statue de la Vierge du Puy prenait place au-dessus
du maître-autel de la cathédrale en remplacement de l’ancienne.
C’est entre les deux jubilés de 1853 et 1864 que le pape
Pie IX, comme nous l’avons vu, érigea la cathédrale
du Puy en basilique mineure, le 11 février 1856. Le 8 juin suivant,
la statue de la Vierge trônant au-dessus du maître-autel
était couronnée solennellement au nom du pape et par décision
du Chapitre de Saint-Pierre de Rome.
En cette année 1856, Monseigneur
de Morlhon, évêque du Puy, adressa un mandement à
ses fidèles dans lequel il écrivait :
« De tous les sanctuaires bâtis
en l’honneur de Marie sur le sol sacré de la France, il
n’en est pas dont la fondation remonte à une époque
plus reculée ! Aucun n’a attiré un plus grand nombre
de pèlerins de tout rang, de tout sexe et de toute condition.
Enfin, dans aucun, la Reine du Ciel ne s’est plu davantage à
répandre ses grâces et ses faveurs sur ceux qui l’invoquent.
Encore moins en est-il un autre que les Souverains Pontifes aient dotés
de plus de privilèges et enrichi de plus d’indulgences.
N’y eut-il que son célèbre jubilé, l’église
angélique pourrait se glorifier d’être dans un rang
suréminent parmi toutes les autres églises consacrées
à Marie, non seulement en France, mais dans le monde tout entier.
»
Lors des jubilés de 1853 et 1864,
l’affluence des pèlerins fut considérable. Les calculs
qui furent faits en portent le nombre à trois cent mille environ
à chaque fois. La Vierge Noire fut solennellement portée
en procession dans les rues de la ville.
Les jubilés du XXe siècle eurent lieu en 1910, 1921 et
1932.
En 1910, saint Pie X étendit la durée du Grand Pardon
du 24 mars au 10 avril.
Dans un bref du 31 janvier 1932, le pape Pie XI « confirmait,
étendait et rendait perpétuelles les insignes faveurs
du jubilé de Notre-Dame du Puy ».
Monseigneur Rousseau, l’évêque
du Puy d’alors, annonça le Grand Pardon par une lettre
pastorale du 11 février 1932 :
« Le jubilé du Puy, écrivit-il,
est l’exaltation de l’Incarnation et de la Nativité
du Verbe, de la Maternité divine de Marie, et, par suite, l’annonce
de la rédemption de beaucoup d’âmes… Il a lieu
toutes les fois que le 25 mars, jour béni de l’Annonciation,
coïncide avec le Vendredi-Saint : c’est la rencontre de l’Incarnation
du Verbe avec la mort du Christ. Notre cathédrale, notre cité,
notre diocèse ont pour fête patronale Notre-Dame de l’Annonciation
: le jubilé est donc comme la consécration des liens qui
unissent nos âmes au mystère de l’Incarnation, le
plus doux, le plus consolant des mystères chrétiens. »
Le jubilé de 1932 fut le plus
important du XXème siècle : 300.000 pèlerins se
rendirent au Puy dont 10.000 enfants de la Croisade Eucharistique.
La journée de clôture, présidée par le Cardinal
Verdier, archevêque de Paris, représentant du Pape, entouré
de vingt archevêques et évêques, fut une apothéose,
avec plus de 100.000 pèlerins présents. Monseigneur Rousseau
s’exprima en dernier, adressant à Notre-Dame du Puy l’hommage
et consécration solennelle suivante :
« O Vierge du Mont-Anis…
Reine de France, Mère pleine de miséricorde et de tendresse…
»
« Bénissez, ô Reine de la Sainte Église, le
père très aimé de nos âmes, Sa Sainteté
Pie XI, dont le cœur paternel a étendu, consacré
magnifiquement les faveurs spirituelles de notre Grand Pardon…
»
« Bénissez l’éminent Cardinal de Paris, le
représentant du pape parmi nous. Le prestige de son autorité,
l’éclat de sa pourpre apportent à ces fêtes
une splendeur incomparable. Supérieur de l’illustre Compagnie
de Saint-Sulpice fondée au pied de votre statue d’Anis,
archevêque de la capitale de votre Royaume, il est donc le premier
de vos fils. »
« Bénissez ces augustes prélats, accourus de tous
les points de la France pour déposer à vos pieds l’hommage
de l’épiscopat français, le tribut de l’amour
fidèle de la Fille aînée de l’Église.
»
Bénissez la France. Si, à juste titre, on a proclamé
votre basilique angélique “le plus national parmi les sanctuaires
de la Très Sainte Vierge”, de ce sanctuaire doit éclater
le cri de la prière confiante…
« Soyez remerciée, ô
Mère de la divine grâce… O clémente, ô
tendre, ô douce Vierge d’Anis ! »
Le trentième et prochain jubilé
se déroulera en 2005. Il précédera ceux de 2016,
2157 et 2168. Il a été fixé par Rome du Jeudi-Saint
24 mars au lundi 15 août 2005. Il était autrefois annoncé,
comme dans l’Ancien Testament, au son de la trompette, par un
diacre, avant la messe du 15 août précédant l’Année
Jubilaire. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Voici en quels termes s’exprime le Décret romain de la
Sacrée Pénitencerie du 25 mars 2003 concédant les
indulgences jubilaires :
« L’église cathédrale
du Puy, éminente par le patronage de la Très Bienheureuse
Vierge Marie… a été construite à l’époque
du Synode d’Éphèse (431)… La dévotion
des fidèles, non seulement du Puy, mais encore de toute la Gaule
et de presque toute l’Europe, s’est très tôt
portée avec un intérêt particulier vers cette église
cathédrale, au point que celle-ci est devenue un sanctuaire marial
très célèbre… Assurément, cette pieuse
célébration du jubilé du Puy est intimement liée
au dogme défini au Concile œcuménique d’Éphèse,
de l’unique personne et de la double nature dans le Christ Notre-Seigneur
et, conséquemment, de la maternité divine de Marie. »
Monseigneur Brincard, évêque
du Puy, a de son côté officiellement annoncé le
jubilé dans une Lettre pastorale du 25 mars 2003 :
« … En l’année
2005, où le Vendredi-Saint coïncide avec l’Annonciation,
nous aurons donc la grâce exceptionnelle d’un nouveau jubilé.
Recevons cette grâce comme un don précieux du Seigneur.
Nous nous attacherons à vivre ce Grand Pardon dans la joie et
l’action de grâce, pour la sanctification de nos personnes
et de nos vies. »
« “Femme, voici ton Fils… voici ta Mère”.
Prononcées par Jésus du haut de la croix, ces paroles
retentiront profondément dans nos cœurs. »
« Avec Marie, Mère de Dieu, nous ferons mémoire
des mystères de notre salut, principalement des mystères
de l’Incarnation et de la Rédemption pour contempler, admirer
et approfondir le contenu de notre foi et les merveilles de grâces
dont le Dieu d’infinie bonté nous a favorisés…
Un temps de célébration du Grand Pardon : du Jeudi-Saint
24 mars 2005, à la fête de l’Assomption, le 15 août
2005… »
La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie
X a fixé son pèlerinage national les samedi 23 et dimanche
24 avril 2005.
Rappelons les conditions pour l’obtention des indulgences jubilaires,
second baptême du chrétien :
Conditions générales :
- Confession dans les huit jours précédents ou suivants.
- Communion le jour même de l’accomplissement de l’œuvre.
- Exclusion de toute affection à tout péché, même
véniel. (Si cette condition était imparfaitement remplie,
l’indulgence serait alors partielle).
De plus, les œuvres prescrites sont les suivantes :
- Effectuer un pèlerinage à la cathédrale Notre-Dame
du Puy en priant aux intentions du pape et de l’Église.
- Accomplir un acte significatif de charité envers le prochain.
Les intentions du Souverain Pontife sont les suivantes :
- Exaltation de la Sainte Église
- Extirpation des hérésies
- Propagation de la foi
- Conversion des pécheurs
- Paix entre les Princes chrétiens
Suite plus tard :
Histoire de la statue de la Bienheureuse Vierge Marie de la cathédrale.
Histoire de la cathédrale – Notre-Dame de France –
Saint Michel – Saint Joseph.
Abbé Claude Boivin †
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