Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Du 20 février au 26 février 2005

Deuxième Dimanche de Carême.

 

Sommaire

 

 N'oubliez pas de vous
inscrire sans tarder au pèlerinage jubilaire du Puy, pour m'en faciliter
l'organisation. N'attendez pas le dernier jour, comme on le fait d'habitude.
Des noms me sont déjà parvenus. Je les en remercie.

I-Nos mystères chrétiens
L’Immaculée Conception de Notre Dame

Méditation VI

A- La grâce d’Immaculée Conception considérée dans le plan de la prédestination et dans sa réalisation historique.

Ici, je dois considérer que le temps approchant où Dieu devait se revêtir de notre nature, pour accomplir son œuvre rédemptrice, son premier soin fut de créer l’être duquel il allait recevoir le jour. Cet être est la Vierge très pure, Notre Dame. « Ne craignez rien, dit l’ange à Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez en votre sein, et vous enfanterez un fils et vous lui donnerez le nom de Jésus » (Lc 130). La foi nous enseigne qu’Il lui communiqua, dès le premier instant de sa conception, les dons les plus relevés et les plus rares privilèges. Et d’abord : la grâce de l’Immaculée Conception. Il convenait qu’un tel Fils en usât de la sorte envers celle qu’il avait choisie librement et par amour entre toutes les femmes pour être sa Mère.

Il est très heureux de méditer quelques instants la grâce de l’Immaculée Conception dans sa relation avec sa prédestination à être la Mère de Dieu.

C’est en effet dans une perspective de prédestination que les premières lignes de la Bulle « Ineffabilis Deus » de Pie IX, présentent le privilège marial de l’Immaculée Conception :

« Dieu avait prévu de toute éternité la déplorable ruine à laquelle la transgression d’Adam devait entraîner tout le genre humain ; et, dans les profonds secrets d’un dessein caché à tous les siècles, il avait résolu d’achever en un mystère encore plus profond, par l’Incarnation du Verbe, le premier ouvrage de sa bonté, afin que l’homme poussé au péché par la malice et la ruse du démon ne pérît pas…et que la chute de notre nature dans le premier Adam fut réparée avec avantage dans le second. Il destina donc, dès le commencement et avant tous les siècles, à son Fils unique, la Mère de laquelle, s’étant incarné, il naîtrait dans la bienheureuse plénitude des temps. Il la choisit, lui marqua sa place dans l’ordre de ses desseins. Il l’aima par dessus toutes les créatures d’un tel amour de prédilection qu’il mit en elle, d’une manière singulière, toutes ses plus grandes complaisances »

Vous remarquerez qu’ici, le pape contemple la grâce de l’Immaculée Conception dans le cadre de l’Incarnation et de la Rédemption.

Cette vue est exprimée de nouveau, d’une manière explicite, dans un autre passage de la Bulle où le Pape écrit, concernant les grâces qui ont sanctifié les commencements de la vie de la Sainte Vierge : « Commencements mystérieux, que Dieu avait prévus et arrêtés dans un seul et même décret avec l’Incarnation de la Sagesse divine », Notre Seigneur Jésus-Christ.

Et Dom Frènaud, moine de Solesmes, écrivait, merveilleusement, commentant cette idée :

« L’Immaculée Conception est donc l’un des effets du décret divin qui prédestine le Christ lui-même…La prédestination de Marie n’a d’autre terme principal que l’Incarnation elle-même du Rédempteur. Marie, en tout ce qu’elle est et en tout ce qu’elle a par grâce, est tellement relative à son Fils que toutes ses grandeurs surnaturelles, tous ses dons et privilèges ne vont qu’à réaliser l’intégrité et la perfection du Christ lui-même. Marie est éternellement pensée et voulue comme Mère du Sauveur, avec le sublime degré de grâce et de gloire qui convient à cette vocation, afin d’assurer en plénitude cet état parfait de Fils de l’homme qui appartient au Verbe Incarné. Celui-ci n’est parfaitement Fils, selon la nature humaine, que s’il a une Mère parfaite.
C’est le même acte d’amour qui, en voulant l’absolue perfection du Verbe Incarné, prédestine par là-même Celle qu’il lui donne pour Mère. Certes, cette Mère n’est comprise dans ce vouloir divin qu’à une place relative et subordonnée : elle n’est voulue que pour son Fils, mais elle l’est en raison de et par l’amour même que Dieu porte à son Fils. Il y aura donc une différence radicale et une distance incommensurable entre le bien infini voulu à ce Fils et le bien fini voulu - à cause de Lui - à sa Mère. Il reste vrai cependant qu’une telle prédilection divine sera la plus forte que Dieu puisse avoir pour une pure créature, puisque aucun autre amour de Dieu pour une créature ne peut être aussi intimement lié à celui qu’il a pour son Fils, inséré en cet amour, intégré à lui. Le résultat de cette prédestination sera donc, en Marie, une grâce sans égale…une plénitude »

Ainsi il est beau de situer la place exacte et le sens profond de la première grâce de Marie : son Immaculée Conception, dans le plan et l’objet adéquat de sa prédestination à être la Mère de Dieu, et donc dans la prédestination même du Christ-Rédempteur

Elle en est le premier effet dans l’ordre de l’exécution…pour accueillir dans le monde le Fils de Dieu, « le premier élément nécessaire à l’accomplissement intégral de la fonction sublime de Mère de Dieu. ».

Et ces considérations merveilleuses permettent alors de comprendre que la grâce d’Immaculée Conception, plus que toute autre, est une grâce de Rédemption : « Sublimiori modo redempta », dit la Bulle « Ineffabilis Deus». Cette grâce donnée à Marie, non pour la purifier, mais pour la préserver de tout péché et de toute souillure, est en elle-même le triomphe parfait du Rédempteur sur la contagion émanée d’Adam. …Aussi il n’y aura pas de grâce qui appellera davantage la Passion et la mort du Christ que celle de Marie dans sa Conception Immaculée, la parfaite rachetée.

Ainsi l’Immaculée Conception est partie intégrante de la Maternité divine. On peut dire avec Saint Thomas que cette grâce de l’Immaculée Conception est comme la « dernière disposition préparatoire » à l’Incarnation rédemptrice. D’une part elle rend possible cette venue du Dieu Sauveur, d’autre part, elle exigera si Dieu décide librement de s’incarner que cette Incarnation soit rédemptrice.

Dom Frenaud l’explique : « C’est bien d’abord la grâce propre de l’Immaculée qui rend possible, dans les conditions de dignité exigées librement par le vouloir divin, l’Incarnation du Fils de Dieu et son insertion dans la race humaine. Selon cette exigence divine, le Verbe ne devait pas prendre chair d’une race pécheresse et souillée avant qu’une créature, choisie de toute éternité pour devenir sa Mère, n’eut été engendrée de cette race en demeurant parfaitement sainte et pure de tout péché. Dieu voulait pour son Fils cette Mère parfaite qui seule serait digne non seulement de le recevoir passivement, mais de l’accueillir librement et, par un acte de foi et d’obéissance, de l’engendrer de sa propre chair ».

« On ne saurait dire cependant que l’Immaculée Conception en rendant possible la venue du Fils du Dieu, posât d’elle-même une exigence stricte de la future Incarnation…Par contre, une fois supposée l’initiative gracieuse de Dieu décidant librement de s’incarner dans le sein d’une vierge immaculée, il semble bien que la grâce même de cette Vierge a porté de tout son poids le Dieu qui a voulu naître d’elle, à se faire son Rédempteur et le Rédempteur de toute sa race. Marie, en effet, déjà comblée de grâces, mais d’une grâce toute entière suspendue à une future rédemption, appelle cette rédemption de tout le poids de sa sainteté. Et, du seul fait qu’elle devient la Mère de Dieu, que Dieu devient son Fils, un Fils parfait et tout puissant, celui-ci se doit d’accomplir l’œuvre attendue de solder l’immense dette que lui transmet sa Mère. C’est ainsi que, connaturellement ,l’Incarnation du Dieu qu’Elle engendre fait qu’ Elle ne peut être Mère de Dieu sans faire de Lui son rédempteur ».

En sorte qu’il faut dire que l’Immaculée Conception amorce, en Marie, toute l’œuvre future du salut

« La Vierge Marie est la parfaite rachetée, la première et la plus élevée dans cet ordre. Il lui reviendra donc d’y être à la fois modèle et principe de diffusion. Sans doute, elle ne pourra l’être à titre de source première : elle doit toute sa grâce au Rédempteur. Mais parce qu’elle est la première et la mieux rachetée, et parce qu’elle seule a toujours échappé totalement à la contagion du mal, elle pourra tenir, auprès du nouvel Adam, père de toute la race des régénérés, la place de nouvelle Eve, mère de tous les vivants. Ainsi la grâce d’Immaculée Conception fait de Marie la future compagne, indissolublement associée au Rédempteur dans toute son œuvre de salut. Ainsi le rôle de Médiation et de Co-Rédemption dérive en Marie de son état initial de Première rachetée»…La grâce d’Immaculée Conception commence en Marie une médiation de sainteté qui ne s’achèvera qu’à la fin de ce monde.


B- La grâce de l’Immaculée Conception

Le premier privilège, donc, que Dieu accorda à Marie fut de la préserver du péché originel qu’elle devait contracter comme fille d’Adam - c’est le debitum peccati - et de sanctifier son âme à l’instant même qu’Il la créa et l’unit à son corps.

C’est le dogme catholique précisé par le Pape Pie IX, dans la Bulle « Ineffabilis Deus » du 8 décembre 1854.


A- Le dogme catholique : « … Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine, qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles.
C’est pourquoi, s’il en était, ce qu’à Dieu ne plaise, qui eussent la présomption d’avoir des sentiments contraires à ce que nous venons de définir, qu’ils sachent très clairement qu’ils se condamnent eux-mêmes par leur jugement, qu’ils ont fait naufrage dans la foi et se sont séparés de l’unité de l’Eglise, et que, de plus, par le fait même, ils encourent les peines portées par le droit s’ils osent manifester par paroles, par écrits ou par quelque signe extérieur, ce qu’ils pensent intérieurement ».

Cette définition contient trois points importants, nous dit le Père Garrigou dans son livre « la Mère du Sauveur » :

1- Il y est affirmé que la bienheureuse Vierge Marie a été préservée de toute tache du péché originel au premier instant de sa conception, c’est-à-dire quand son âme a été créée et unie au corps, puisque alors seulement il y a personne humaine et la définition porte sur ce privilège accordé à la personne même de Marie. Il y est dit que c’est un privilège spécial et une grâce tout à fait singulière, effet de la toute-puissance divine.

« Préservée de toute taches du péché originel » ? Qu’est-ce à dire ?

Que faut-il entendre selon l’Eglise par péché originel dont Marie a été préservée ? L’Eglise voit le péché originel par ses effets : son inimitié ou malédiction divine, la souillure de l’âme, un état d’injustice ou de mort spirituelle, une servitude sous l’empire du démon, l’assujettissement à la loi de la concupiscence, de la souffrance et de la mort corporelle, considérée comme peine du péché commun. Ces effets supposent la privation de la grâce sanctifiante qu’Adam avait reçue avec l’intégrité de nature pour lui et pour nous et qu’il a perdue pour lui et pour nous.

Voilà !

Il faut donc dire que Marie, dès l’instant de sa conception, n’ a pu être préservée de toute tache du péché originel qu’en recevant la grâce sanctifiante, c’est-à-dire l’état de justice et de sainteté, effet de l’amitié divine opposée à la malédiction divine et que par suite elle a été soustraite à la servitude sous l’empire du démon et à l’assujettissement à la loi de la concupiscence et même de la souffrance et de la mort considérées comme peines du péché de nature, bien que, en Marie comme en Notre Seigneur, la souffrance et la mort aient été une suite de notre nature et qu’elles aient été offertes pour notre salut.

2- Il est affirmé, de plus, dans cette définition que c’est en vertu des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain que Marie a été préservée du péché originel On ne saurait donc plus admettre que Marie est immaculée en ce sens qu’elle n’a pas eu besoin de rédemption, et que la première grâce en elle est indépendante des mérites futurs de son Fils
Selon la Bulle « Ineffabilis Deus », Marie a été rachetée par les mérites de son Fils, et de la façon la plus parfaite par une rédemption non pas libératrice du péché originel déjà contracté, mais par une rédemption préservatrice. Déjà dans l’ordre humain, celui qui nous préserve d’un coup mortel est mieux encore notre sauveur que s’il nous guérissait seulement de la blessure faite par ce coup.

A l’idée de rédemption préservatrice se rattache celle-ci que Marie, fille d’Adam, descendant de lui par voie de génération naturelle, devait encourir la tache héréditaire et l’aurait encourue de fait, si Dieu n’avait pas décidé de toute éternité de lui accorder ce privilège singulier de la préservation en conséquence des mérites futurs de son Fils. La sainte Vierge a été préservée du péché originel par la mort future de son Fils, c’est-à-dire par les mérites de Jésus mourant pour nous sur la croix.

On voit dès lors que cette préservation de Marie diffère beaucoup de celle du Sauveur lui-même, car Jésus-Christ ne fut nullement racheté par les mérites d’un autre, ni par les siens : il a été préservé du péché originel et de tout péché à un double titre : premièrement par l’union personnelle ou hypostatique de son humanité au Verbe, à l’instant même où sa sainte âme a été créée, car aucun péché soit originel soit actuel ou personnel ne peut être attribué au Verbe fait chair ; et secondement de par sa conception virginale, due à l’opération du saint-Esprit, Jésus ne descend pas d’Adam par voie de génération naturelle. Cela n’appartient qu’à lui seul.

3- La définition du dogme de l’immaculée Conception propose cette doctrine comme révélée et donc comme contenue au moins implicitement dans le dépôt de la Révélation, c’est-à-dire dans l’Ecriture sainte et la Tradition.

B- la raison théologique

La principale raison de convenance de ce privilège est le développement de celle que donnait Saint Thomas pour montrer la convenance de la sanctification de Marie dans le sein de sa Mère avant sa naissance : « Il faut raisonnablement croire que celle qui devait enfanter le Fils unique de Dieu, plein de grâce et de vérité, a reçu plus que toute autre personne les plus grands privilèges de grâce. Si donc Jérémie et saint Jean Baptiste ont été sanctifiés avant leur naissance, il faut croire raisonnablement qu’il en a été de même pour Marie. (III 27 1)

Mais il fallut développer cette raison de convenance pour arriver jusqu’au privilège de l’Immaculée Conception. Et c’est Duns Scot qui eut le mérite de bien mettre en lumière la haute convenance de ce privilège en répondant à cette difficulté : le Christ est le rédempteur universel de tous les hommes sans exception (Rm 3 23) Or si Marie n’a pas contracté le péché originel, elle n’en a pas été libérée par le Christ. Elle n’a donc pas été rachetée par Lui.
A cette difficulté, Duns Scot répond par l’idée de la rédemption non pas libératrice, mais préservatrice
Cette raison est la suivante : « Il convient que le Rédempteur parfait exerce une rédemption souveraine au moins à l’égard de la personne de sa Mère qui doit lui être associée plus intimement qu’aucune autre dans l’œuvre du rachat de l’humanité. Or la rédemption souveraine n’est pas seulement libératrice du péché déjà contracté, mais préservatrice de toute souillure, comme celui qui préserve quelqu’un d’un coup mortel est plus encore son sauveur que s’il le guérissait de la blessure faite par ce coup. Donc il convient hautement que le Rédempteur parfait ait, par ses mérites, préservé sa Mère du péché originel et aussi de toute faute actuelle. »

 

C-Les conséquences du Privilège de l’Immaculée Conception

 

Marie a été préservée du foyer de convoitise. Il n’a jamais existé en elle. En conséquence, aucun mouvement de sa sensibilité ne pouvait être désordonné, prévenir son jugement et son consentement. Il y eut toujours en elle la subordination parfaite de la sensibilité à l’intelligence et à la volonté et de la volonté à Dieu, comme dans l’état d’innocence. C’est ainsi que Marie est très pure, tour d’ivoire, très pur miroir de Dieu.

Le Père Louis Du Pont, sur ce sujet, a ce beau développement qu’il faut citer : « Le second privilège que Dieu accorda à Marie fut de la préserver du foyer du péché, qui est en nous la racine, le germe du péché et l’attrait qui nous y porte ; d’où naît la rébellion de la chair contre l’esprit, et de la sensualité contre la raison. Ainsi l’âme de cette Vierge très pure se trouva, avec toutes ses puissances, dans une paix et une harmonie parfaite, parce qu’elle devait servir de Temple au Prince de la Paix, qui, selon l’expression de David, fait sa demeure dans la paix (Is 9 6 ; Ps 75 3). Elle ne ressentit jamais cette guerre intestine que nous éprouvons tous et qui est si souvent pour nous une source de gémissements. Ses sens n’avaient point de désirs contraires à ceux de l’esprit, et l’esprit ne rencontrait point de difficulté à gouverner les sens. La loi de l’appétit ne s’opposait point à celle de la raison et la raison n’avait aucune peine à dompter les passions de l’appétit. Au contraire, l’esprit et les sens, la raison et l’appétit s’unissaient avec un souverain plaisir, et s’assujettissaient dans un accord parfait à la loi éternelle du Créateur.

En raison de la grâce de l’Immaculée Conception, il faut dire aussi que Marie fut confirmée en grâce d’une manière si particulière que, pendant toute sa vie, elle ne commit jamais un seul péché actuel d’action, de parole, ou même de pensée. C’est défini même par l’Eglise au Concile de Trente dans sa 6e session par le décret sur la justification, le canon 23 : « Si quelqu’un dit que l’homme une fois justifié ne peut plus pécher ni perdre la grâce et que donc celui qui tombe et pèche n’a jamais été vraiment justifié ; ou au contraire, qu’il peut durant toute sa vie éviter tout péché, même véniel, à moins d’un privilège spécial de Dieu, comme l’Eglise le tient pour la bienheureuse Vierge, qu’il soit anathème. ».. Dieu par une providence spéciale, l’assistait dans toutes ses œuvres, afin qu’elles fussent, comme dit Saint Paul en parlant de l’Eglise, glorieuses et pures…c’est-à-dire sans tache, ou péché mortel ; sans ride, ou péché véniel ; et sans aucune imperfection quelconque. Car elle ne se contentait pas de fuir le mal ; elle évitait encore ce qui ne lui semblait pas le meilleur, imprimant à toutes ses actions ce caractère d’éclatante pureté qui distingue l’Eglise triomphante »

Mais encore, « dès le premier moment de sa conception, elle se trouva remplie de grâces, d’amour de Dieu, de toutes les autres vertus et des dons du Saint-Esprit, avec tant d’abondance et de plénitude, qu’elle surpassait en sainteté les anges et les séraphins. Dieu la combla de ces faveurs afin qu’elle fût la digne Mère de son Fils et la digne Reine du Ciel. …Ainsi il est vrai de dire qu’elle commença sa carrière là où ces purs esprits achevèrent la leur, et qu’elle eut sur la terre plus de degrés de sainteté que ceux qui vivaient dans le ciel, sans toutefois participer à ce qui fait proprement l’état des bienheureux… »

De même Marie n’a jamais été sujette à l’erreur, à l’illusion ; son jugement était toujours éclairé, toujours droit. . Elle est, comme le disent les Litanies, le siège de la Sagesse, la reine des docteurs , la Vierge très prudente, la Mère du bon conseil. Elle eut dès ici bas une connaissance éminente et supérieurement simple de ce que l’Ecriture dit du Messie, de l’Incarnation, de la Rédemption. Elle fut parfaitement exempte de convoitise et d’erreur.

Mais pourquoi le privilège de l’Immaculée Conception n’a-t-il pas soustrait Marie à la douleur et à la mort qui sont aussi des suites du péché originel ?

En vérité, la douleur et la mort en Marie, comme en Notre Seigneur Jésus-Christ, ne furent pas, comme en nous, des suites du péché originel qui ne les avaient jamais effleurés. Ce furent des suites de la nature humaine, qui, de soi, comme la nature de l’animal, est sujette à la douleur et à la mort corporelle. Ce n’est que par privilège surnaturel qu’Adam innocent était exempt de toute douleur et de la nécessité de mourir.

Jésus, pour être notre rédempteur par sa mort sur la croix, a été virginalement conçu dans une chair mortelle, « in carne passibili », et Il accepte volontairement de souffrir et de mourir pour notre salut. A son exemple, Marie accepta volontairement la douleur et la mort pour s’unir au sacrifice de son Fils, pour expier avec lui à notre place et nous racheter.

Et chose étonnante, le privilège de l’Immaculée Conception et la plénitude de grâce, loin de soustraire Marie à la douleur, augmentèrent considérablement en elle la capacité de souffrir du plus grand des maux qui est le péché. Précisément parce qu’elle était absolument pure, parce que son cœur était embrasé de la charité divine, Marie souffrit exceptionnellement des maux les plus graves dont notre légèreté nous empêche de nous affliger. Marie a souffert du péché dans la mesure de son amour pour Dieu que le péché offense, de son amour pour son Fils que le péché crucifiait, dans la mesure de son amour pour nos âmes que le péché ravage et tue. Le privilège de l’Immaculée Conception, loin de soustraire Marie à la douleur, augmenta ainsi ses souffrances et la disposa si bien à les supporter qu’elle n’en perdit aucune et les offrit nécessairement avec celles de son Fils pour notre salut.

II-Le sacrement de l’Eucharistie


En raison de la transsubstantiation du pain et du vin en son corps et en son sang, le Christ, sans changer aucunement en Lui-même, a acquis ce rapport avec les espèces sacramentelles du pain et du vin de sorte qu’Il se trouve contenu en elles et en chacune d’elles, et en chacune de leurs parties, tel qu’Il est dans l’intégrité de son être substantiel, avec son corps, son sang, son âme, sa divinité.

Cela ressort des trois articles précédemment étudiés (cf Paroisse Saint Michel du dimanche de la Septuagésime)

Mais ses accidents, et en particulier ses dimensions, sa quantité, tout cela s’y trouve-t-il aussi contenu ? Autrement dit, le Christ est-il sous les espèces sacramentelles et sous chacune d’elles et sous chacune de leurs parties, avec ses qualités, avec sa quantité ?

Voilà l’objet précisé de l’article suivant.

Article 4 : Si toute la quantité dimensive du corps du Christ est dans ce sacrement.
Dans le corps de l’article, saint Thomas en appelle de nouveau à la distinction qu’il a utilisée en l’article 1, à savoir la distinction entre la présence du Christ dans ce sacrement « ex vi sacramenti » et « par concomitance ». C’est cette distinction capitale qui va lui permettre de répondre positivement à la question de l’article 4 et d’en préciser la manière ou plus exactement le mode. La présence du Christ dans l’Eucharistie est une présence sacramentelle, non par manière de quantité, mais par manière de substance et selon la substance. Voilà son explication théologique, très claire.

« Comme il a été dit plus haut (a.1), quelque chose du Christ est dans ce sacrement d’une double manière : par la vertu du sacrement ou par concomitance naturelle. Par la vertu du sacrement, la quantité dimensive du corps du Christ n’est pas dans ce sacrement. C’est qu’en effet, par la vertu du sacrement (i.e. par la force des paroles) est dans ce sacrement ce à quoi directement la conversion se termine. Or la conversion qui se fait dans ce sacrement se termine directement à la substance du Christ, non à ses dimensions : comme le montre le fait que la quantité dimensive du pain demeure, après la conversion, seule étant changée la substance du pain. Toutefois, parce que la substance du corps du Christ n’est pas dépouillée réellement de sa quantité dimensive et de ses autres accidents, en vertu de la concomitance réelle est dans ce sacrement toute la quantité dimensive du Christ avec tous ses autres accidents ».

Donc la quantité dimensive et les autres accidents du corps du Christ ne se trouvent pas dans ce sacrement par la vertu du sacrement (i.e par la vertu des paroles de la consécration) et cela parce qu’ il n’y a dans ce sacrement, par la vertu du sacrement, ( i.e. par la vertu des paroles même de la consécration) que ce à quoi se termine, dans le corps du Christ, directement et proprement l’action consécratoire. Or l’action consécratoire ne s’est pas terminée proprement et directement aux accidents du Christ, puisque cette action consécratoire a consisté dans le changement d’un sujet donné en son correspondant dans un autre sujet donné et que les accidents du pain n’ont pas été changé. Donc en vertu de l’acte consécratoire, il n’est pas né de rapport direct entre les accidents du pain et les accidents du corps du Christ ; c’est seulement entre les accidents du pain qui demeure et la substance du corps du Christ à laquelle a été changée leur substance. Et voilà pourquoi ce que les accidents du pain contiennent en vertu du sacrement, c’est uniquement la substance du corps du Christ. Seulement comme cette substance du corps du Christ est unie réellement à sa quantité dimensive et à ses autres accidents, cette quantité dimensive et ses autres accidents se trouveront dans le sacrement, non pas en raison d’un rapport direct qu’ils auraient aux accidents eucharistiques, mais uniquement en raison du rapport qu’ils ont à leur propre substance dont ils ne se séparent point. Ils seront, par conséquent dans ce sacrement, non selon leur mode propre et comme se substituant aux accidents du pain, mais selon le mode de leur substance, qui, elle, se substitue à la substance du pain, dans le rapport que cette substance avait à ses propres accidents.
Cette présence du Christ dans le sacrement de l’Eucharistie est donc une présence par mode de substance dont nous n’aurons jamais d’autres exemples, mais dont nulle intelligence ne saurait démontrer l’impossibilité.

Concluons donc que le corps du Christ, en raison de la transsubstantiation, est dans le sacrement de l’Eucharistie avec tout ce qui lui appartient, non seulement avec ses parties essentielles ou de substance et avec toutes les autres parties substantielles du Christ, mais encore avec son être accidentel tout entier, y compris la quantité dimensive qui est la sienne et cela par mode de substance. Il s’agit bien d’une « présence dans le lieu », mais tout le contraire d’une « présence locale », où chaque partie d’un corps est coextensive à une partie du lieu qu’il occupe. Il serait contradictoire que le corps du Christ soit coextensif au lieu qu’occupe une petite hostie.

Présence eucharistique par mode de substance et selon la substance. Voilà la réalité eucharistique.

Et c’est ce qui est défini par le Concile de Trente.

Le dogme :

« Le saint Concile enseigne et confesse, d’une manière manifeste et sans retour, que dans l’auguste sacrement de l’Eucharistie, après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est contenu véritablement, réellement et substantiellement sous les espèces de ces réalités sensibles. Car il ne répugne pas que Notre Sauveur lui-même soit toujours assis à la droite du Père dans les cieux, selon sa manière d’exister naturelle, ( coextensive au lieu) et que néanmoins, en de nombreux autres lieux, il soit présent à nous sacramentellement, par sa substance, selon une manière d’exister qui, bien que nous puissions à peine l’exprimer par les mots, put néanmoins être conçue par l’esprit, dans la lumière de la foi, comme possible à Dieu et que nous devons croire très fermement (Con de Trente Session XIII c.I)
Et voici le canon correspondant : « si quelqu’un nie que dans le sacrement de la très sainte Eucharistie sont contenus vraiment, réellement et substantiellement le corps et le sang, avec l’âme et la divinité, de Notre Seigneur Jésus-Christ, et par conséquent le Christ entier ; et s’il prétend qu’ils n’y sont qu’en signe ou en figure, ou par leur vertu, qu’il soit anathème ».

De cette présence du Christ par mode de substance dans l’Eucharistie,

- il résulte que le corps du Christ n’est pas multiplié -

Il n’y a pas deux corps du Christ, l’un au Ciel et l’autre sur les autels - Il n’y a pas deux corps du Christ, mais deux présences de l’unique corps du Christ : l’une inchangée, première, sous les apparences naturelles, l’autre nouvelle, dépendante, sous les apparences sacramentelles. Ainsi, quand maintenant les prêtres dispersés sur les cinq continents prononcent sur le pain les paroles de la consécration, ils ne multiplient pas le corps du Christ, mais les présences sacramentelles du corps du Christ.

- Le corps du Christ, non plus, n’est pas divisé.

Au Cénacle, quand le Christ rompt le pain consacré pour le donner aux disciples, ce qu’il divise ce sont les apparences sensibles, qui sont le signe, de sacrement de son corps ( signum sacramentum), ce n’est pas la substance présente sous ces apparences, la chose (la res) ; et ce qui est alors multiplié ce sont les présences réelles de cet unique chose, de cette unique substance. Ainsi en est-il aujourd’hui encore.

Nous aborderons la semaine prochaine la question 78 sur la forme de ce sacrement.


III-Pour « nourrir » ce temps de Carême.


Deuxième sermon sur le Carême de saint Léon le Grand.

« Aux approches de la célébration pascale, bien aimés, le retour régulier du temps prescrit devrait suffire à nous rappeler le jeûne du carême ; pourtant nous devons y joindre encore notre exhortation, pensant qu’avec l’aide du Seigneur, elle ne sera pas inutile aux tièdes, ni fastidieuse aux fervents.

Ces jours ont pour dessein d’obtenir un accroissement de toute notre pratique religieuse ; il n’y est personne parmi vous, j’en suis persuadé, qui ne se réjouisse d’être stimulé aux bonnes œuvres. Aussi longtemps que nous demeurons mortels, notre nature est sujette au changement : aussi, même si elle s’élève jusqu’au plus haut degré de zèle dans la poursuite des vertus, elle peut cependant toujours rencontrer une occasion de chute aussi bien qu’une occasion de progrès. Et telle est la vraie justice des parfaits qu’ils n’osent jamais se croire parfaits, de peur qu’abandonnant leur résolution de poursuivre le chemin avant d’être au but, ils ne succombent au danger de défaillir au moment même où ils perdraient le désir d’avancer.

Nul parmi nous, bien aimés, n’est si parfait et si saint qu’il ne puisse être encore plus parfait et plus saint : tous ensemble, par conséquent, sans différence de dignité, sans distinction de mérites, courons avec pieuse avidité vers celui que nous n’avons pas encore atteint et, à ce qui est de la mesure de notre comportement habituel, ajoutons encore quelque chose comme un complément réellement indispensable ; car il révèle avoir bien peu de piété en d’autres temps, celui qu’en ces jours-ci on ne voit pas en redoubler.

2- C’est donc bien à propos qu’a retenti à nos oreilles la leçon tirée de l’enseignement de l’Apôtre : « Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut ». (2 Cor 6 2).

Est-il, en effet, un temps plus favorable que celui-ci, des jours plus propres au salut que ceux-ci, où la guerre est déclarée aux vices, où s’accroît le progrès de toutes les vertus ?

En tout temps, il est vrai, ô âme chrétienne, tu devrais te tenir en garde contre l’adversaire de ton salut, afin que le tentateur ne trouve nulle brèche ouverte à ses ruses ; mais en ce moment, il te faut plus de précautions et une prudence plus attentive alors que ton ennemi, toujours le même, redouble ses attaques, sous l’effet d’une jalousie plus agressive : maintenant, en effet, dans le monde entier, le pouvoir lui est enlevé qui lui assurait une domination séculaire et les armes innombrables de ses captures lui sont ravies. Des foules de toutes les nations et de toutes les langues renoncent au plus cruel des pirates ; et il n’est désormais pas une seule race d’hommes qui ne se rebelle contre ses lois tyranniques, puisque sur toute la surface de la terre des millions d’hommes se préparent à leur régénération dans le Christ ; l’avènement de la création nouvelle approche et l’esprit de malice est expulsé de ceux qu’il possédait. L’ennemi évincé frémit d’une fureur impie et recherche quelque gain nouveau puisqu’il a perdu son droit ancien. Sans se lasser, il tend des pièges, toujours en éveil, en quête de quelque brebis qui, insouciante, s’écarterait du troupeau sacré : par la pente des voluptés et le chemin déclive de la luxure, il la mènerait dans les auberges de la mort. . Voilà pourquoi il enflamme la colère, alimente la haine, aiguise la cupidité, ridiculise la continence, excite la gourmandise.

3- Qui n’oserait-il pas tenter, lui qui n’a pas même écarté de notre Seigneur Jésus-Christ, les entreprises de la ruse ? Comme le récit évangélique nous l’a révélé, notre Sauveur, qui était véritablement Dieu, voulut montrer qu’il était aussi véritablement homme et bannir ainsi toutes les fantaisies impies de l’erreur : après un jeûne de quarante jours et de quarante nuits, il éprouva la faim propre à notre faiblesse ; le diable se réjouit donc d’avoir trouvé en lui l’indice d’une nature passible et mortelle et, voulant éprouver une puissance qu’il r redoutait : « Si tu es le Fils de Dieu, lui dit-il, ordonne que ces pierres se changent en pains ». le Tout-Puissant pouvait certes le faire, et il était facile à toute créature, de quelque genre qu’elle fût, de passer, au commandement du Créateur, à l’espèce qu’il lui ordonnerait de prendre ; c’est ainsi que, lorsqu’il le voulut, il changea l’eau en vin au festin des noces. Mais il convenait mieux à l’économie de notre salut que le Seigneur vainquit la fourberie des plus orgueilleux des ennemis non par la puissance de sa divinité, mais par le mystère de son humilité. Pour finir le diable mis en fuite et le tentateur dupé dans tous ses artifices, les anges s’approchèrent du Seigneur et ils le servirent : celui qui était vrai homme et vrai Dieu garda ainsi son humanité hors d’atteinte des questions captieuses et manifesta sa divinité devant les hommages des saints. Qu’ils soient donc confondus, les fils et disciples du diable, qui, pleins de l’esprit du serpent trompent quiconque est simple, niant que dans le Christ, il y ait réellement l’une et l’autre nature, et dépouillant soit la divinité de l’humanité, soit l’humanité de la divinité ; une double preuve en un seul moment détruit cette double erreur, car la faim ressentie dans le corps atteste la parfaite humanité, et le service des anges la parfaite divinité.

4- A l’école de notre Rédempteur, bien-aimés, nous apprenons donc que « l’homme ne vit pas seulement de pain ; mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu », et qu’il convient au peuple chrétien, en quelque degré d’abstinence qu’il soit établi, de souhaiter plus se nourrir de la parole de Dieu que d’aliment matériel. Embrassons donc ce jeûne solennel avec une dévotion empressée et une foi alerte, et célébrons-le non par une diète stérile telle que la dictent souvent et la faiblesse du corps et la maladie de l’avarice, mais par une large générosité.

Ainsi serons-nous vraiment de ceux dont la Vérité elle-même a dit : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. » Que les œuvres de la piété fassent nos délices, et remplissons-nous de ces aliments qui nourrissent en vue de l’éternité. Mettons notre joie à soulager les pauvres que rassasieront nos largesses ; réjouissons-nous d’habiller ceux dont nous couvrirons la nudité des vêtements nécessaires ; faisons sentir notre bonté aux alités dans leurs maladies, aux infirmes dans leur faiblesse, aux exilés dans leurs épreuves, aux orphelins dans leur abandon, aux veuves désolées dans leur tristesse ; il n’est personne qui, en les aidant, ne puisse s’acquitter d’une certaine part de bienfaisance. Aucun revenu n’est trop petit lorsque le cœur est grand et la mesure de notre miséricorde ou de notre compassion ne dépend pas des limites de notre fortune. L’opulence de la bonne volonté ne manque jamais de mérite, même si l’on a peu de ressources. Les aumônes des riches sont plus importantes, et moindres celles des gens peu aisés, mais le fruit de leurs œuvres ne diffère pas si un même amour les anime.

5- En ce temps si propice à l’exercice des vertus, bien-aimés, nous pouvons encore nous faire d’autres couronnes sans vider nos greniers, sans rien diminuer de notre argent : c’est en éloignant toute licence, en renonçant à l’ébriété, en domptant la convoitise de la chair sous les lois de la chasteté, en changeant les haines en amitiés, en convertissant les inimitiés en paix, en éteignant la colère par la sérénité, en pardonnant l’injure avec bienveillance, en réglant enfin si bien le comportement des maîtres et des esclaves que l’autorité des uns se fasse plus douce et l’obéissance des autres plus dévouée. C’est par cette discipline, bien-aimés, que l’on obtient la miséricorde de Dieu et que, la culpabilité des fautes effacée, on peut célébrer religieusement la vénérable Pâque.

C’est aussi ce qu’observent, conformément à une coutume sainte et déjà ancienne, les très pieux empereurs du monde romain. En l’honneur de la Passion et de la Résurrection du Seigneur, ils inclinent la majesté de leur puissance et, adoucissant la rigueur de leurs lois, font relâcher des prisonniers coupables de nombreux délits. Ainsi, en ces jours où le monde est sauvé par la divine miséricorde, leur clémence, elle aussi, s’offre en modèle en imitant la Bonté d’en haut. Que les peuples chrétiens imitent donc leurs princes et que l’exemple des empereurs les encourage à pardonner dans leur maison. Il n’est pas permis, en effet, que les lois privées soient plus rigoureuses que les lois publiques. Pardonnons les fautes, brisons les liens, oublions les injures, finissons en avec les vengeances ; alors la fête sacrée, grâce au pardon divin et aux pardons humains, nous trouvera tous joyeux, tous irréprochables ; par notre Seigneur Jésus-Christ qui, avec le Père et l’Esprit-Saint, vit et règne comme Dieu dans les siècles des siècles. Amen.