Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

Membre de la FSSPX

06 80 71 71 01

 

 

Semaine du 1° février 2004 au 7 février 2004

Quatrième dimanche après l'Epiphanie

 

 

Présentation

La Providence permettant que je sois, pour l’instant, libre de toutes responsabilités paroissiales et en attendant  de retrouver un apostolat plus traditionnel, j’ai imaginé lancer cette initiative : la création d’une paroisse catholique sur la « toile ».

 

Pourquoi pas ?

 

Certes je ne pourrai donner les sacrements. Je pourrai toutefois donner l’enseignement classique que tout curé doit donner. Tous les dimanches, je vous enverrai une homélie, comme tout curé doit le faire auprès de ses paroissiens. Avec cette homélie, vous recevrez une leçon de catéchisme, comme tout curé doit encore faire. Il y aura deux leçons : une leçon de dogme et une leçon de morale. Je puiserai à la meilleure des sources : Saint Thomas. J’utiliserai le résumé du Père Pégue O .P., si louangé par Saint Pie X, et pour ceux qui seront un peu plus curieux, je joindrai les commentaires qu’il fait de la somme de Saint Thomas. Il suffira de cliquer sur la question de la somme, alors, vous apparaîtra  le commentaire du Révérend Père.

 

Enfin, il n’existe pas de vraie paroisse sans  annonces. Elles seront constituées, entre autres, de quelques nouvelles romaines.

 

Chaque semaine, il y en aura aussi pour vos enfants.  Il n’y a pas, il est vrai, de paroisse sans enfants, surtout dans le milieu de la Tradition. Je vous adresserai alors les chapitres de la « Miche de Pain ». Il vous sera loisible alors de faire travailler gentiment vos enfants, le dimanche après midi, au lieu de les laisser devant la Télévision des heures entières, pendant que les grandes personnes discutent doctement, du moins dans les familles bourgeoises. Je commencerai avec la première année. C’est charmant et frais de présentation. Dans mon enfance, j’y ai passé des heures à regarder les images et lire les textes. Vous ne trouverez pas mieux, avec les dessins originaux. Un peu vieillot.  Ce qui en fait la fraîcheur.

 

Je tiendrai également des permanences régulières. Il suffit que vous m’adressiez vos questions par é-mail, je vous répondrai comme si vous étiez devant moi, aussi vite. Et si je suis débordé par l’importance de vos questions, je saurai me faire aider. Croyez-moi. Vous avez en page de garde mon émail. Alors n’hésitez pas ! Vous ne serez pas obligé de vous déplacer pour consulter. Ce sera toujours du temps  gagné. C’est important. Je vous assure la confidentialité de l’affaire !

 Une boite de dialogue sera installée en bas de page, en fin de chapitre. Il vous suffira, là aussi, de « cliquer » pour manifester vos réactions : critiques et encouragements, et surtout suggestions.

 

Le curé de cette paroisse virtuelle , c’est Monsieur l’abbé Paul Aulagnier. Vous devez connaître ! Si l’expérience marche. Je saurai, vous dis-je, m’entourer de vicaires, de bons.

 

Abbé Paul Aulagnier

 

 

 

Sommaire

 

Fête de la Présentation de Jésus et Purification de la Sainte Vierge


« En ce temps-là, quand furent révolus les jours prescrits pour la purification de Marie, selon la loi de Moïse, ils portèrent Jésus à Jérusalem pour le présenter au Seigneur selon qu’il est écrit dans la loi du Seigneur….
Et voici qu’à Jérusalem, il y avait un homme appelé Siméon. Et cet homme était juste et pieux (justus et timoratus) ; il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint était sur lui. Il lui avait été révélé par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur. Il vînt au Temple poussé par l’Esprit. Et comme les parents apportaient l’enfant Jésus…il le reçut dans ses bras et il bénit Dieu en disant : « C’est maintenant, Seigneur, que, selon votre promesse, vous laissez votre serviteur s’en aller en paix ; car mes yeux ont vu votre salut que vous avez préparé devant tous les peuples pour être la lumière qui éclaire les nations et la gloire de votre peuple d’Israël ». (Lc 2 22-32)

Nous porterons notre attention dominicale, si proche de la fête du 2 février, sur le cantique du prophète Siméon que vous venez de lire. Et nous saurons nous nourrir de son allégresse et de sa paix. Allégresse et paix qui sont vraiment le « salut » de mon âme… Ce qui nous permettra aussi de donner un commentaire de la belle oraison du 4è dimanche après l’Epiphanie : « Dieu qui savez qu’au milieu de si grands périls notre faiblesse humaine ne nous permet pas de subsister, donnez-nous la santé de l’âme et du corps… ». « La santé de l’âme », autrement dit « le salut de l’âme ».

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Ce sont bien, en effet, l’allégresse et la joie - le bonheur exprimé – et la paix qui sont l’objet principal de ce cantique, de cette prière.

Relisez :

« C’est maintenant, Seigneur, que, selon votre promesse, vous laissez votre serviteur s’en aller en paix ; car mes yeux ont vu votre salut que vous avez préparé devant tous les peuples pour être la lumière qui éclairera les nations et la gloire de votre peuple d’Israël ».

Je trouve qu’il y a de la sérénité dans ce chant, de la paix. C’est une âme pacifiée qui s’en va rejoindre la maison éternelle, la gloire.

« Vous laissez votre serviteur s’en aller en paix ».

Et Siméon, ce chantre de Dieu, ce chantre du salut de Dieu, nous donne aussi la raison de sa paix intérieure, de son allégresse, de son âme sereine : « car mes yeux ont vu votre salut ».
La raison de la paix du prophète Siméon est bien dans la vision du salut qu’apporte cet Enfant, qu’il tient dans ses bras.

C’est, du reste, ce que chantait l’ange de la crèche : « Ne craignez point, car je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple une grande joie. Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ, Seigneur ».

Cette joie, là aussi, a sa source dans le salut donné : « un Sauveur qui est le Christ Seigneur ».

Cette joie, cette allégresse est aussi dans l’âme de la prophétesse Anne : « Elle aussi, survenant à cette heure, se mit à louer le Seigneur et à parler de l’Enfant, à tous ceux qui attendaient la rédemption d’Israël ».
La louange d’Anne a sa source également dans la rédemption attendue.

Ne trouvez-vous pas, mes bien chers amis, que tous ces auteurs du Nouveau Testament, mieux, tous ces acteurs du Nouveau Testament , de cette Bonne Nouvelle de l’Evangile, nous appellent à la paix intérieure, à l’allégresse , à la louange.

Laissons nos âmes s’imprégner, vraiment, de ces sentiments agréables, de cette paix, de ce calme paisible, intérieur.

C’est, du reste, à cela que Saint Bernard convie ses disciples et nous convie aussi aujourd’hui.
Ecoutez-le, dans son 11è Sermon de son commentaire du « Cantique des cantiques »

« Je désire vous voir tous, dit-il, participer à cette grâce qui permet à la piété de s’élever à la louange des bienfaits divins et aux joies de la gratitude ».

C’est beau.

Elevons-nous, élevons nos âmes à la « louange des bienfaits divins et aux joies de la gratitude ».

Mais c’est bien ce que fait aujourd’hui le prophète Siméon, au Temple de Jérusalem. L’enfant en ses mains, il élève son âme vers Dieu et chante et loue et remercie son Seigneur du bienfait du salut.

« C’est maintenant Seigneur, que selon votre promesse, vous laissez votre serviteur s’en aller en paix. Car mes yeux ont vu votre salut que vous avez préparé devant tous les peuples pour être la lumière qui éclairera les nations et la gloire de votre peuple d’Israël ».

Ne sentez-vous pas, vous aussi, la louange dans cette âme qui contemple le bienfait de Dieu, sa miséricorde, en cette rédemption donnée.
Ne sentez-vous pas aussi sa gratitude, son action de grâces qui éclate dans son cœur devant les « mirabilia Dei ». « Je désire, vous dit Saint Bernard, que vous connaissiez-vous aussi de tels sentiments ».

« Je désire vous voir tous participer à cette grâce qui permet à la piété de s’élever à la louange des bienfaits divins et aux joies de la gratitude ».

Et pourquoi donc cela ? Et pourquoi donc cette insistance ?

Pour soulager votre âme de son inquiétude, de son souvenir de ses péchés, « de sa faiblesse humaine ». Mais aussi et surtout pour imiter « l’état des habitants du Ciel ». Voilà « le salut de mon âme » dont parle l’oraison de ce dimanche.

C’est Saint Bernard qui nous le suggère.

« C’est d’une part un bon moyen de soulager les peines de la vie présente qui sont plus tolérables quand nous éprouvons le bonheur de louer Dieu. Et d’autre part, rien sur terre ne saurait mieux que l’allégresse de la louange, nous donner l’image de l’état des habitants du Ciel ».
Il est vrai que le souvenir des fautes commises, est amer.
C’est pourquoi Saint Bernard nous engage à nous détourner parfois du souvenir pénible de nos anciens péchés pour suivre l’itinéraire de Siméon, l’itinéraire moins ardu où la mémoire apaisée n’évoque plus que les bienfaits divins. C’est de fait l’itinéraire proposé par Siméon, ce prophète du très Haut : « Seigneur, laissez votre serviteur s’en aller en paix. Car mes yeux ont vu votre salut ».

Saint Bernard, à son tour, vous dit « Vous qui pouvez être accablés sous la honte de vous-même, reprenez haleine en ne contemplant plus que Dieu seul », et son salut et sa miséricorde et sa bonté et sa munificence.
Ô sans doute, il est bon de s’affliger de son péché, mais à condition, dit Saint Bernard, que ce ne soit pas à tous les instants de la vie.

«Il faut faire alterner avec ce souvenir, la mémoire plus heureuse des bontés de Dieu. Car la tristesse continuelle endurcit le cœur et risque de la jeter au mortel désespoir ». Il n’est pas bon que la vue de nos forfaits nous jette au fond de la tristesse…
Aussi le Bon Dieu, pour éviter cela et le pire, nous rend confiance en nous faisant chanter ses louanges, sa miséricorde, son salut, sa rédemption, comme Siméon : « Je m’en vais en paix Car mes yeux ont vu votre salut ».
A cette vue, à cette mémoire de la miséricorde de Dieu, je comprends que Dieu est, pour un cœur contrit, « plus indulgent que je ne suis coupable ».
« Ma faute est trop grande pour que je puisse mériter le pardon ». Mais non. Mais non, nous dit Saint Bernard : « la compassion divine est plus grande que n’importe quelle faute »

Et cela, tu le comprends, Ô mon âme, dans la contemplation de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Contemplation qui, finalement, doit te permettre non point de te décourager mais, au contraire, de louer le Seigneur. Comme Siméon. Comme les anges et les Saints de la cour céleste à laquelle nous aspirons.

Saint Bernard tire alors cette conclusion qui a réjoui vraiment mon âme à sa lecture et qu’il faudrait mettre en lettres d’or dans toutes les demeures chrétiennes : « Il faut avoir de soi-même une conscience humilié, mais de Dieu une connaissance heureuse ». Je n’ai que le texte français. Je serais heureux de savoir qu’elle est le mot latin qui est ainsi traduit. Je préférerais le mot « joyeuse ». « Il faut avoir de Dieu une connaissance joyeuse ». Comme Siméon. Comme Saint Anne. Comme Notre Dame en son Magnificat ; « Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur parce qu’il a regardé la bassesse de sa servante ».

« Et c’est chose facile, écrit Saint Bernard, à qui pratique la fréquente et même la continuelle remémoration de la générosité divine ».

A quoi s’adonnait Siméon : à la contemplation du salut.
A quoi s’adonnait Anne : à la contemplation de la rédemption.
A quoi s’adonnait Notre Dame : à la contemplation de la miséricorde de Dieu. « Il a déployé la force de son bras… Il a pris soin d’Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde… »

Et les uns et les autres, Siméon, Anne, Notre Dame chantent les merveilles du Seigneur. « Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit trésaille de joie en Dieu mon Sauveur ».

Et Saint Bernard, disciple fidèle de cette « école évangélique », à son tour, nous appelle à contempler surtout, parmi les innombrables bienfaits de Dieu, « l’œuvre de notre rédemption ». « Que ta mémoire ne quitte jamais cela ».

Et dans cette œuvre, Saint Bernard nous demande surtout de contempler « le mode selon lequel s’accomplit cette rédemption et le fruit qui en résulte ».

Le mode, « c’est l’anéantissement de Dieu ».
Le fruit, « c’est notre âme remplie de Dieu ».
Et la méditation du fruit engendre en mon âme la sainte espérance qui chasse la tristesse et met mon cœur en joie. C’est le « salut de mon âme ».

Et la méditation du mode est « le foyer où s’allume l’incendie du plus grand amour ».

« Et tous deux sont nécessaires à nos progrès car si l’amour ne l’accompagne, l’espérance reste mercenaire et l’amour est tiède si l’on n’en espère aucun fruit ».

Mais quel est, quels sont les fruits de cet amour qui se nourrit de la contemplation de la croix ?
« Sont-ce le vin, l’huile, l’or, l’argent, les pierres précieuses » ?

Que non pas !

Alors quoi ?
L’Ecriture nous le révèle, dit Saint Bernard : « Ils seront tous enseignés de Dieu » « et Lui-même sera tout en tous ». Ce que nous attendons de Dieu n’est autre que la plénitude de Dieu Lui-même : «Lui-même sera tout en tous ».

Un jour, donc, « Celui qui veut être « tout en tous », sera pour notre raison, la plénitude de la lumière, pour notre volonté, l’abondance de la paix et pour notre mémoire, la parfaite continuité de la vie éternelle. « Vérité. Charité. Eternité ».
« Dieu sera tout en tous : la raison sera éclairée par la lumière qui ne s’éteint jamais, la volonté s’établira dans la paix immuable, la mémoire s’alimentera à la source éternellement intarissable ».
Voilà pour le fruit, ou les fruits de la Rédemption… Avouez ! De quoi laisser l’âme, qui médite cela, dans la paix. Lui donner « son salut ».

Et quant au mode selon lequel la Rédemption s’opère…il a de quoi me brûler d’amour.
Voyez ! Quel anéantissement ! Dieu s’est anéanti lui-même jusqu’à la chair, à la mort, à la croix.
On ne peut le mesurer à sa juste valeur. « Quelle humilité. Quelle bonté. Quelle condescendance du Dieu de majesté qui accepte de revêtir notre chair, d’être mis à mort et de subir l’infamie de la croix ».

Mais vous pourriez me dire : Mon Dieu ! Le créateur ne pouvait-il pas réparer son œuvre sans subir cet abaissement ?

Certes, il le pouvait, dit Saint Bernard. Alors quoi ? « Il préféra s’offrir l’ignominie afin d’ôter à l’homme l’occasion de commettre le pire des péchés : l’ingratitude ».
« Il a pris sur lui-même la plus lourde peine afin que l’homme lui fut redevable du plus grand amour ».

Ecoutez Saint Bernard. C’est encore une belle page que je vous donne : « La difficulté de la Rédemption devait être un avertissement pour la créature que la facilité de sa condition première n’avait pas rendue assez reconnaissante. Que disait, en effet, l’homme ingrat ? Il disait : « J’ai été créé gratuitement mais je n’ai coûté aucune peine à mon créateur. Il a prononcé une simple parole, et j’ai été créé, avec tous les êtres ensemble. Il n’y a rien de bien extraordinaire dans un don qui n’a coûté qu’un mot. » Ainsi donc, rabaissant le bienfait de la création, l’impiété humaine trouvait un motif d’ingratitude là où il fallait reconnaître un motif d’amour ; et l’homme agissait ainsi pour excuser ses fautes. Mais la bouche qui proférait l’injustice a été fermée. Il est manifeste que Dieu a payé pour l’homme un prix énorme : Maître, il s’est fait esclave ; riche, il est devenu pauvre ; Verbe, il s’est fait chair ; et Fils de Dieu, il n’a pas dédaigné d’être le fils de l’homme. Souvenez-vous que si vous avez été fait de rien, vous n’avez pas été racheté de rien. En six jours, Dieu a créé toutes choses, et l’homme parmi elles. Mais l’œuvre du Salut a demandé trente années entières de terrestre labeur, endurées avec quelle patience ! L’ignominie de la croix, l’horreur de la mort sont venues s’ajouter aux servitudes de la chair et aux tentations de l’Ennemi ! Il le fallait. C’est ainsi, Seigneur, que tu as sauvé les hommes en multipliant ta propre miséricorde ».

Méditez bien tout cela et le mode et le fruit de la Rédemption. Et vos cœurs, torturés peut-être encore par vos péchés, seront alors et dans la paix et dans l’allégresse.
Comme Siméon : « laissez Seigneur votre serviteur s’en aller en paix Car mes yeux ont vu votre salut ».
Comme Notre Dame : « Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit tréssaille de joie en Dieu mon Sauveur ».
Comme Anne qui ne cessait de louer Le Seigneur et de parler de l’enfant à tous ceux qui attendaient la rédemption d’Israël ».
Comme Zacharie chantant : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël de ce qu’il a visité et racheté son peuple. Il nous a suscité un puissant Sauveur de la Maison de David ».

Toutes ces choses méditées sont vraiment le « salut de l’âme ».
Amen.

Chapitre 2.

« Combien Dieu doit être aimé des hommes, tant à cause des biens du corps que de ceux de l’âme. »

2 .Ceux qui voient clairement ces choses, comprennent aussi, je pense, pourquoi il faut aimer Dieu, je veux dire quels mérites lui donnent droit à notre amour. Si les infidèles ne s’en aperçoivent pas d’eux-mêmes, Dieu a de quoi confondre leur ingratitude en invoquant le nombre infini de ses bienfaits, dont l’homme fait un constant usage, et que ses sens suffisent à lui révéler. Nul autre que Dieu ne nous dispense les aliments dont nous nous nourrissons, la lumière qui nous permet de voir, l’air que nous respirons. Mais il serait ridicule de vouloir énumérer les choses dont je viens à peine de soutenir qu’elles sont innombrables ; il me suffira d’avoir cité en exemple les principales d’entre elles : pain, soleil, air. Si je dis les principales, c’est qu’elles sont les plus nécessaires, non pas les plus excellentes ; car elles relèvent du corps. L’homme placera cependant les biens suprêmes dans cette partie de lui-même qui est supérieure à l’autre, c’est-à-dire l’âme ; et ses biens sont la dignité, la science, la vertu. J’appelle dignité de l’homme le libre arbitre, qui lui vaut d’être non seulement placé au-dessus des autres créatures vivantes, mais encore d’avoir sur elles le droit de commander. J’appelle science le pouvoir qu’il a de discerner cette dignité éminente, pouvoir qui ne peut avoir son origine en lui-même. J’appelle vertu, enfin, cette force qui le pousse à chercher celui dont il tient son être, à s’attacher à lui lorsqu’il l’a trouvé.
3. Ainsi donc, chacun de ces biens se montre sous deux aspects. La dignité humaine se manifeste d’une part sous forme de prérogative naturelle, d’autre part en tant que pouvoir de dominer, puisqu’on voit la crainte de l’homme s’imposer à toutes les créatures terrestres. La science également est double, dès lors qu’elle nous fait connaître que la dignité, comme tous nos autres biens, est en nous mais ne provient pas de nous. Quant à la vertu, nous distinguerons aussi ses deux faces, selon que nous cherchons Dieu avec assiduité ou que, l’ayant trouvé, nous lui vouons un attachement indéfectible. La dignité ne sert donc à rien sans la science et celle-ci sans la vertu va jusqu’à devenir néfaste. Le raisonnement suivant va nous le démontrer. Quelle gloire y a-t-il à posséder un bien sans savoir qu’on le possède ? Et savoir qu’on le possède en ignorant qu’on ne le tient pas de soi peut-être un sujet de gloire, mais non pas devant Dieu. Car l’Apôtre dit à quiconque se glorifie lui-même : « qu’as-tu que tu n’aies reçu ? et si tu l’as reçu, pourquoi t’en glorifier comme si tu ne l’avais pas reçu »? Il ne dit pas simplement : comme si tu ne l’avais pas reçu. Ce qui revient à déclarer répréhensible non pas celui qui se targue de ce qu’il a, mais celui qui s’en targue comme si cela venait de lui-même. C’est à juste titre qu’on appelle vaine gloire un sentiment aussi dénué de tout fondement solide. Saint Paul définit donc la vraie gloire en disant encore : « Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur, c’est-à-dire dans la vérité. Car le Seigneur est vérité ».
4 . Il faut donc que vous sachiez et ce que vous êtes et que vous ne l’êtes pas par vous-même ; sinon, vous risqueriez ou de ne pas vous glorifier du tout, ou de vous glorifier vainement. Il est écrit, en effet : « Si tu ne te connais pas toi-même, va et suis les troupeaux de tes semblables ». Et c’est bien ce qui arrive. L’homme élevé à la dignité, mais qui ne sait comprendre l’honneur qui lui est fait, mérite par son ignorance d’être assimilé aux bêtes, qui partagent avec lui sa présente condition d’être mortel et corruptible. En se méconnaissant elle-même, cette créature merveilleusement dotée de raison s’agrège aux troupeaux des animaux privés de raison ; et parce qu’elle ignore sa propre grandeur, qui est toute au-dedans d’elle-même, elle se modèle sur le monde sensible qui l’entoure et cède aux séductions de sa propre curiosité. Ainsi se confond-elle parmi les autres créatures pour n’avoir pas compris qu’elle a reçu plus qu’elles toutes. Il faut donc bien se garder de cette ignorance qui nous donne de nous-mêmes une opinion trop au dessous de ce que nous sommes ; mais on doit se méfier tout autant, et même davantage, de cette autre erreur qui nous inspire une trop haute idée de nous-mêmes, et à laquelle nous succombons, par exemple, lorsque nous nous attribuons à tort le bien qui peut être en nous. Plus encore que ces deux sortes d’ignorance, il convient de fuir et d’exécrer la présomption qui nous enhardirait à tirer gloire, en connaissance de cause, des biens qui ne sont pas nôtres ; sachant pertinemment qu’ils ne nous appartiennent pas, gardons-nous de nous arroger l’honneur qui en revient à autrui. La première ignorance est sans gloire ; la seconde nous vaut quelque honneur, mais pas devant Dieu. Quant à ce troisième mal, celui que l’on commet sciemment, c’est une usurpation au détriment de Dieu. Cette arrogance est bien plus grave et plus pernicieuse que la seconde ignorance, puisqu’elle conduit à mépriser Dieu, tandis que l’autre erreur ne consistait qu’à le méconnaître. Elle est aussi, plus perverse et plus damnable que la première ignorance, car celle-ci nous ravalait seulement au rang des bêtes, tandis que celle-là nous introduit dans la société des démons. User des biens reçus comme s’ils étaient inhérents à notre nature, et accepter des bienfaits en s’arrogeant un mérite qui appartient au bienfaiteur, c’est l’orgueil, le plus grand des péchés.

5 . Tout ceci démontre qu’à la dignité et à la science, l’homme doit adjoindre la vertu, qui est le fruit de l’une et de l’autre ; elle l’incitera à rechercher et à posséder durablement celui à qui revient le mérite de tous biens, puisqu’il en est l’unique auteur et le dispensateur. Autrement, sachant où est le bien et ne le mettant pas en pratique, l’homme sera rudement châtié. Et pourquoi ? L’Ecriture le dit : Parce qu’il n’a pas voulu comprendre afin de bien agir, mais a préféré se livrer sur sa couche à des pensées impies. Sachant pertinemment, par le don de science, que les biens qu’il a ne viennent pas de lui, il a tenté, tel un serviteur infidèle, d’en détourner la gloire à son profit, et même de l’arracher à son bon maître et seigneur. Il est donc évident que sans la science la dignité est inutile, et que sans la vertu la science est damnable. Mais l’homme de vertu, à qui la science n’est pas néfaste ni la dignité infructueuse, en appelle à Dieu et lui dit dans la sincérité de son cœur : Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton propre nom donne toute la gloire. C’est-à-dire : Nous ne revendiquons, Seigneur, rien de notre science, rien de notre dignité ; nous attribuons tout à ton nom, de qui tout provient.

6 . Mais je crains de m’être quelque peu éloigné de mon sujet en m’appliquant à démontrer que ceux-là même qui ignorent le Christ sont suffisamment avertis qu’ils doivent aimer Dieu pour lui-même, puisque la loi naturelle leur fait comprendre qu’ils ont reçu de lui les biens du corps et de l’âme. Résumons donc ce que nous disions tout à l’heure. Personne, fût-il incroyant, n’ira supposer que les éléments dont je parlais – ceux qui dans cette vie mortelle sont nécessaires au corps pour qu’il puisse subsister, voir et respirer – lui sont dispensés par un autre que celui qui donne la nourriture à toute chair, qui fait se lever son soleil sur les bons et les méchants, tomber sa pluie sur le juste et l’injuste. Personne, fût-il impie, ne pensera que la dignité dont resplendit l’âme humaine ait un autre auteur que celui qui dit dans la Genèse : je ferai l’homme à mon image et ressemblance. Nul ne refusera de convenir que le donateur de toute science est celui qui enseigne la science à l’homme. Et enfin, je ne pense pas que quiconque puisse soutenir qu’il a reçu ou espéré recevoir la vertu d’ailleurs que de la main du Seigneur des vertus. Dieu mérite donc que tous, et jusqu’à l’infidèle, l’aiment pour lui-même : car celui qui ignore le Christ n’est pas sans avoir de soi-même quelque connaissance. Ainsi donc, même sans la foi, nous sommes toujours inexcusables de ne pas aimer le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre foi. Car même au cœur de l’incroyant, une justice innée, et qui n’est pas inconnu de la raison, crie qu’il doit être aimer de tout son être celui auquel il se sait redevable de tout ce qu’il est. Mais il est difficile, il est même impossible que par ses seules forces ou par le libre arbitre, l’homme attribue totalement à la volonté divine ce qu’il a reçu de Dieu, au point de n’en rien rapporter à sa propre volonté et de ne jamais revendiquer ces dons comme siens. Il est écrit : tous cherchent leur propre avantage et : Les pensées et les desseins de l’homme sont enclins au mal ».


Quelques mots de commentaire.


L’objet de ce chapitre est clairement énoncé par Saint Bernard. Il veut démontrer que « ceux-la même qui ignorent le Christ sont suffisamment avertis qu’ils doivent aimer Dieu pour lui-même puisque la loi naturelle leur fait comprendre qu’ils ont reçu de lui les biens du corps et de l’âme ».

Les biens du corps : « Nul autre que Dieu ne nous dispense les aliments dont nous nous nourrissons, la lumière qui nous permet de voir, l’air que nous respirons ». Tout cela est « bienfaits de Dieu ». A ce seul titre, au seul titre de ces « bienfaits divins », l’homme, même païen, doit manifester sa reconnaissance à Dieu, l’aimer.

Les biens de l’âme : Saint Bernard les énumère aussi : « et ces biens sont la dignité, la science, la vertu ».
Par « dignité », il entend « le libre arbitre qui vaut (à l’homme) d’être non seulement placé au-dessus des autres créatures vivantes, mais encore d’avoir sur elles le droit de commander ».
Par « science », il entend : « le pouvoir qu’il (l’homme) a de discerner cette dignité éminente, pouvoir qui ne peut avoir son origine en lui-même ».
Par « vertu », il entend « cette force qui pousse (l’homme) à chercher celui dont il tient son être, à s’attacher à lui lorsqu’il l’a trouvé ».
Saint Bernard démontre, de nouveau, que tous ces bienfaits « éminents » ont encore leur source, leur origine en Dieu. Ainsi à ce titre également, l’homme, fut-il un « infidèle », doit aimer Dieu, en retour, de toutes ses forces, de toute son âme.
On ne peut s’exprimer plus clairement que Saint Bernard sur ce sujet : « Personne, fut-il incroyant, dit-il, n’ira supposer que les éléments dont je parlais… lui sont dispensés par un autre que celui qui donne la nourriture à toute chair, qui fait se lever son soleil sur les bons et les méchants, et tomber sa pluie sur le juste et l’injuste. Personne, fut-il impie ne pensera que la dignité dont resplendit l’âme humaine ait un autre auteur que celui qui dit dans la Genèse : je ferai l’homme à mon image et ressemblance… Dieu mérite donc que tous et jusqu’à l’infidèle, l’aiment pour lui-même…Ainsi donc même sans la foi, nous sommes toujours inexcusables de ne pas aimer le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur…Car même au cœur de l’incroyant, une justice innée et qui n’est pas inconnue de la raison, crie qu’il doit aimer de tout son être celui auquel il se sait redevable de tout ce qu’il est ».

L’argument semble évident pour toute intelligence droite. Il peut être retenu et proposé à tout incroyant. Il faut être sans cesse missionnaire.
C’est là une caractéristique de la « Paroisse saint Michel » et de tous ceux qui y adhèrent.

Mais ce chapitre 2 est intéressant à un autre titre. Au titre de son étude philosophique sur le « libre arbitre ».
A ce sujet, Saint Bernard dit à la fin de son bel exposé s’être un peu égaré de son sujet. « Je crains de m’être quelque peu éloigné de mon sujet ».
Il est vrai.
Mais nous lui dirions volontiers, « heureuse digression » qui nous vaut ce développement magistral sur un sujet aujourd’hui fondamental : la dignité de la personne humaine. Cette dignité a pour fondement ce que Saint Bernard appelle « le libre arbitre », libre arbitre qui assure à l’homme sa propre grandeur et sa supériorité sur toutes autres créatures terrestres. Il a ainsi le « pouvoir de dominer » et de « s’imposer à toutes les créatures terrestres ».
C’est ce que le philosophe appellera la dignité « ontologique » de l’homme. Elle en fait sa grandeur. Le reconnaître et le confesser, c’est justice et tout à l’honneur de Dieu.
Mais cette dignité de l’homme, fondée sur le libre arbitre, peut aussi être sa ruine dès lors que l’homme en détourne la finalité :
- en refusant d’y voir un bienfait de Dieu, se l’appropriant comme son bien propre, méconnaissant ainsi le bienfaiteur,
- ou en en tirant gloire s’en arrogeant l’honneur qui n’en revient, pourtant, qu’à Dieu, allant ainsi jusqu’au mépris de Dieu.

Dès lors lorsque l’on parle de la dignité de la personne humaine, il ne suffit donc pas de considérer la seule dignité ontologique, faut-il encore prendre en compte l’usage que l’homme en fait.
La véritable dignité d’une personne dépend du bon usage de ce libre arbitre.
C’est là une distinction capitale. Autre la dignité ontologique et Autre la dignité morale d’une personne. Tout en jouissant, toujours, de cette dignité « ontologique », une personne peut être la pire des « crapules » et très indigne. Il ne faut jamais oublier cela.
Et c’est parce que les pères conciliaires n’ont pas pris en compte cette distinction qu’ils ont « erré » sur le problème de la « liberté religieuse ». Je crois l’avoir bien démontré dans la « lettre ouverte » que j’ai adressée à Mgr Tauran, un confrère de séminaire de Rome, aujourd’hui cardinal. Relisez ce document ou prenez-en connaissance maintenant en cliquant ici.

Méditez bien ces dernières phrases de Saint Bernard car le problème du monde moderne y est totalement contenu et décrit: « On doit se méfier tout autant, et même davantage, de cette autre erreur qui nous inspire une trop haute dignité de nous-mêmes, et à laquelle nous succombons, par exemple, lorsque nous nous attribuons à tort le bien qui peut être en nous. Plus encore… il convient de fuir et d’exécrer la présomption qui nous enhardirait à tirer gloire, en connaissance de cause, des biens qui ne sont pas nôtres ; sachant pertinemment qu’ils ne nous appartiennent pas, gardons nous de nous arroger l’honneur qui en revient à autrui….C’est une usurpation au détriment de Dieu ».
C’est une des caractéristiques du monde moderne qui tire vaine gloire de ce qu’il est, oubliant que tout vient de Dieu. L’homme moderne s’enferme, en effet, en lui-même pour ne contempler que lui seul et ne vouloir dépendre que de lui-même.
Un autre aspect capital du monde moderne est aussi bien décrit dans cette deuxième phrase :
« Cette arrogance…conduit à mépriser Dieu, tandis que l’autre erreur ne consistait qu’à le méconnaître…. Elle nous introduit dans la société des démons. Et Saint Bernard en donne la raison : c’est là en effet le comble de l’orgueil. : « User des biens reçus comme s’ils étaient inhérents à notre nature, et accepter des bienfaits en s’arrogeant un mérite qui appartient au bienfaiteur, c’est l’orgueil, le plus grand des péchés ». Le « mépris de Dieu » et de sa loi et de son enseignement et de son Eglise est bien la note dominante de ce temps. Qu’est le laïcisme ? Qu’est le refus de reconnaître la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Qu’est la séparation de l’Eglise et de l’Etat ? Qu’est l’indifférentisme religieux d’Etat ? Sinon le « mépris de Dieu » que Saint Bernard décrit parfaitement dans sa dernière phrase.
Je vous dis à la semaine prochaine pour le chapitre 3 qui a pour titre : « Que les chrétiens ont beaucoup plus de motifs d’aimer Dieu que les infidèles ».

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Je trouve cette digression de Saint Bernard que nous venons de voir, très utile. Très utile, en ce sens qu’elle est une merveilleuse description du temps présent.
Les pères conciliaires auraient bien fait de lire ce passage et leurs successeurs aussi. Nous aurions moins de platitudes, moins d’illusions, moins d’utopies dans certains discours épiscopaux et pontificaux. Si je peux me permettre…A la lumière de cet enseignement de Saint Bernard, on peut critiquer facilement, par exemple « Gaudium et Spes », un texte majeur du Concile Vatican II, et le discours de Paul VI, le 6 janvier 1964, à Bethléem, lors de son voyage en Terre Sainte…(1) et certaines déclarations du Cardinal Etchégaray comme le fait, du reste très bien Rémi Fontaine dans son étude intitulée : « A-t-on vraiment sonné « le glas » de l’Etat confessionnel » que nous sommes heureux de publier, avec son aimable autorisation, sur le site ITEM, dans la nouvelle rubrique « Doctrine politique». Nous vous invitons vivement à aller la consulter sur le site. Cliquez ici

(1) Ce texte, en effet, fut remis, en honneur par Jean-Paul II, le 6 Janvier 2004, lors de la fête de l’Epiphanie. Je l’ai lu, dans la foulée. Il est certainement un texte fondateur d’une pensée nouvelle dans la Sainte Eglise. Et ce n’était pas « se rebeller », et ce n’est toujours pas « se rebeller » de dire que ce langage était nouveau, de dire encore aujourd’hui, qu’il est nouveau, parce que s’éloignant de la pensée des papes le précédant.


Quelques informations de la semaine

a) bénédiction du nouvel Abbé au Barroux : Dom Louis-Marie.

Dom Louis-Marie prend la succession de Dom Gérard au monastère du Barroux. C’est le cardinal Médina, préfet émérite de la congrégation du culte divin et des sacrements, qui conféra à Dom Louis-Marie, la bénédiction abbatiale, le faisant deuxième abbé du monastère du Barroux, après Dom Gérard.

Outre les problèmes peut-être de santé, inhérents à l’âge, il y a aussi grande sagesse à agir ainsi. Mgr Lefebvre le fit aussi de son temps, confiant, de son vivant, l’autorité à un autre lui-même. Cette attitude est royale.
Le Journal « Présent », du mardi 27 janvier, sous la signature d’Olivier Figueras, présente la journée et donne quelques descriptions du blason du nouvel abbé. Et tout d’abord de sa devise. Personnellement, j’aurais introduit ces deux choses avec le titre : sous le signe de la fidélité. Olivier Figuéras écrit :
« Da, per Matrem » : la devise de Dom Louis-Marie (donnez nous, par votre mère) est la suite de celle adoptée par Dom Gérard : « Per te, Virgo » (par Toi, Vierge). Le symbole, plus encore que de la continuité, de la fidélité.
Comme l’est aussi son blason : 25 (pour les dates importante de sa vie) hermines (pour sa Bretagne natale) ; le chapelet qui évoque la Vierge, et la croix du Christ : trois roses rouges pour le sang rédempteur ; et la tour, symbole de la fidélité, qui comprend trois parties, représentations, pour le P. Abbé, des « trois piliers légués explicitement par Dom Gérard : fidélité à la doctrine traditionnelle de la sainte Eglise, à la liturgie traditionnelle et à la vie monastique ».

La « paroisse Saint Michel » est heureuse de présenter ses compliments au nouvelle Abbé et de lui souhaiter beaucoup de consolations dans son nouveau ministère. Que Notre Dame, à qui il confie son apostolat, intercède auprès de son divin Fils pour que lui et son monastère restent fidèles à un si beau programme.


b) Le nouveau cardinal flamand Gustaaf Joos fait parler de lui dans les Medias et déchaîne la colère et le mépris des hommes politiques de son pays, la Belgique..

1 - Henri Tincq, du journal « le Monde », nous présente l’affaire à sa façon. Il exprime, en plus, son mépris pour ce prélat courageux qui parle juste et nuit à sa respectabilité. Il suffit que vous exprimiez des idées qui ne soient pas « dans le vent », pour que vous soyez condamné et punissable. Ah ! Que la « pensée unique », tant celle imposée, hier, par les régimes communistes, fascistes et nazis , que celle des démocraties modernes d’aujourd’hui, est une odieuse chose et un terrible carcan.
Voyez l’article du « Monde » sous la signature de Tincq que j’ai pris sur le « net » Je ne recommande, bien évidemment pas de s’ abonner à ce journal.

2 - Sur le même sujet, voyez maintenant l’article « à la une » du journal Présent du 24 Janvier 2004, d’olivier Figueras .

Vous verrez la différence et dans l’information et dans la qualité du jugement. Il est clair que je recommande vivement la lecture et l’abonnement à ce Journal.

« Le Franc- parler d’un cardinal »

« L’affaire fait quelques bruits en Belgique : répondant aux questions d’un journaliste, le cardinal flamand Gustaaf Joos a entrepris notamment de rappeler quelques points de la morale chrétienne. En termes qui ont au moins le mérite de la clarté. Ainsi, à propos de l’homosexualité, le cardinal déclare : « je suis prêt à écrire avec mon sang que, de tous ceux qui se disent homosexuels ou lesbiennes, il y en a 5 à 10% au maximum qui le sont effectivement. Tous les autres ne sont simplement que des pervers sexuels. « Devant l’air qu’on imagine interloqué, voire apeuré, du journaliste de P. Magazine, le cardinal ajoute : « Vous ne devez pas hésiter à l’écrire. J’exige que vous l’écriviez. S’ils viennent tous protester devant ma porte, je m’en fiche. Je ne leur ouvrirai pas ».
Le cardinal sachant combien notre époque a du mal à comprendre la pensée de l’Eglise précise son propos : « les vrais homosexuels ne paradent pas dans la rue en habits bariolés. Ce sont des gens qui ont un grave problème et doivent apprendre à vivre avec.. Nous devons les aider, pas les juger. »
Et il ajoute encore qu’il n’est pas impossible d’être homosexuel et catholique, mais que les homosexuels doivent se contenir : « Je le fais moi-même en tant que prêtre, non ? Le sexe doit être vécu dans un mariage indissoluble entre l’homme et la femme. Pas autrement. Point final et amen. Ce n’est pourtant pas dur à comprendre, non ? »
Pas dur à comprendre, peut-être. Mais justement, en établissant une distinction aussi nette entre les vrais et les pervers, le cardinal Joos a directement mis en cause l’idéologie qui préside aux parades. Et cela est insupportable aux partis politiques au pouvoir.
Le parti socialiste et le VLD – le parti libéral-démocrate du Premier ministre – ont donc intenté des actions et déposé des plaintes contre le prélat pour les propos inacceptables et insultants, relevant d’un pur racisme.
Des plaintes ainsi justifiées par Elio di Rupo, président du parti socialiste : « Quand les hommes d’Eglise participent au débat public, il leur appartient, comme à toute autre autorité morale ou religieuse, de respecter les valeurs fondamentales de notre démocratie et de faire preuve de retenue, de discernement et de tolérance. »
Il ne semble pas que l’idée de démocratie effraye beaucoup le cardinal Joos. Interrogé mercredi soir sur la chaîne publique RTBF, il a jugé qu’il n’était pas normal qu’une personne avec une grande responsabilité, par exemple le père d’une famille de sept enfants, … n’ait pas plus à dire qu’un jeune de 18 ans qui sait à peine écrire ». Ce qui laisse à penser sur son sentiment à l’endroit de l’égalité démocratique…
Et pour faire bonne mesure, il a dénoncé l’usage du préservatif : « Naturellement un préservatif est dangereux, parce qu’il permet des relations sexuelles comme des chiens dans la rue.. »
Si les politiques crient au scandale, les ecclésiastiques belges sont embarrassés. Il y a de quoi puisque le primat de Belgique, le Cardinal Godfried Dannels, en qui certains catholiques locaux veulent voir un papabile, n’a pas hésité, ces derniers mois, à multiplier les déclarations en faveur de l’usage du préservatif, ou d’une libéralisation (et d’une féminisation) de l’Eglise.
Toon Osaer, son porte –parole, a d’ailleurs déclaré sur cette chaîne, que « le cardinal Joos a donné son point de vue personnel, m ais il ne parle pas au nom des évêques de Belgique ».
Certes ! Mais ce n’est pas un point de vue personnel ; c’est celui de l’Eglise – ce qui est dommage pour les évêques de Belgique…
Le porte-parole le souligne d’ailleurs involontairement en expliquant que, par son statut, le cardinal Joos dépend directement du pape.
Le cardinal Joos, créé à l’automne dernier, est en outre un ami personnel de Jean-Paul II, avec lequel il a étudié à Rome.
Et qu’un cardinal se mette à parler comme un prince
de l’Eglise, cela ne peut que donner de l’urticaire aux tenants des valeurs fondamentales de notre démocratie.


Olivier Figueras