Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 5 juin au 11 juin

Troisiéme Dimanche après la Pentecôte

Solennité du Sacré Cœur

 

Sommaire

 

 N'oubliez pas de vous
inscrire sans tarder au pèlerinage jubilaire du Puy, pour m'en faciliter
l'organisation. N'attendez pas le dernier jour, comme on le fait d'habitude.
Des noms me sont déjà parvenus. Je les en remercie.

A- Les mystères Chrétiens :

 

L’Annonciation de la Vierge Marie.
Méditation IV

 

La semaine dernière, nous avons commenté, en suivant l’enseignement de saint Thomas, les paroles de la salutation angélique. « L’Esprit-Saint descendra sur vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé Fils de Dieu ». (Lc 1 35).
Nous devons maintenant faire quelques considérations sur la réponse de Notre Dame aux paroles de l’Ange : « Voici la servante du Seigneur » (Lc 1 38)
La Vierge ayant entendu tout ce que l’ange avait à lui dire, répondit : « Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole ».
On se souviendra d’abord de la sainte impatience que l’ange pouvait ressentir à ce moment.
Pour évoquer cette impatience, il est bon de nous rappeler le très beau texte de Saint Bernard. Il se trouve dans sa quatrième homélie sur les « louanges de la Vierge Mère ». C’est certainement un des plus beaux textes de l’Eglise : « L’ange attend ta réponse : il va être temps qu’il retourne auprès de Dieu qui l’a envoyé. Nous aussi, ô Souveraine, nous attendons une parole de compassion.Voici qu’on t’offre le prix de notre salut : si tu l’acceptes, nous serons aussitôt délivrés. Nous avons tous été créés par le Verbe éternel de Dieu, mais voici que nous mourons ; de ta brève réponse dépend que nous soyons rappelés à la vie. Telle est la supplique que t’adresse, Vierge miséricordieuse, le pitoyable Adam exilé du paradis avec sa malheureuse descendance. C’est la supplique d’Abraham, de David, de tous les Patriarches, tes propres ancêtres, qui eux aussi habitent la contrée ensevelie dans l’ombre de la mort. Le monde entier, prosterné à tes genoux, se joint à cette prière. Car c’est à tes lèvres qu’est suspendue la consolation des misérables, le rachat des captifs, la délivrance des condamnés, en un mot le salut de tous les fils d’Adam, de toute ta race. Hâte-toi de donner ta réponse. O Souveraine, prononce cette parole qu’attendent la terre et les enfers et les cieux. Le Roi lui-même, le Seigneur, qui a si fort convoité ta beauté, désire avec la même ardeur ton consentement, dont il a voulu faire la condition du salut universel. Tu lui as plu par ton silence, mais maintenant tu lui plairas davantage par ta parole, et il te crie du haut du ciel : « O toi qui es belle entre les femme, fais-moi entendre ta voix ». Si tu lui fais entendre ta voix, il te fera voir notre salut. N’est-ce- pas là ce que tu cherchais en gémissant, en soupirant, en priant jour et nuit ? Eh quoi ? Es-tu celle à qui fut adressée la promesse de notre salut, ou bien devons-nous en attendre une autre ? Non, n’est-ce pas, c’est bien toi, tu es cette femme promise, attendue, désirée, de qui ton saint ancêtre Jacob, aux approches de la mort, espérait la vie éternelle, lorsqu’il disait : « J’attendrai ton salut, Seigneur ». C’est bien en toi et par toi que Dieu, notre roi, a résolu dès l’origine d’opérer le salut de la terre. Pourquoi espérerais-tu d’une autre femme ce qui t’est offert ? Pour quoi attendre que se fasse par une autre ce qui ne tardera pas à s’accomplir par toi, pourvu que tu donnes ton consentement et que tu répondes d’un seul mot ? Réponds bien vite à l’ange, ou plutôt, par l’ange, au Seigneur. Prononce une parole et tu recevras la Parole. Profère ta parole et tu concevras la Parole divine. Emets une parole éphémère et tu posséderas la Parole éternelle. Pourquoi tarder ? Pourquoi trembler ? Crois, confie-toi, et accueille. Humble, sache être audacieuse ; réservée, n’aie pas peur. Il n’est pas question que ta simplicité virginale renonce maintenant à son habituelle prudence, mais voici la seule occasion où tu ne doives pas craindre de te montrer présomptueuse. La pudeur t’inspirait un louable silence, mais maintenant la ferveur doit t’inciter à parler. Vierge bienheureuse, ouvre ton cœur à la foi, tes lèvres au consentement, ton sein au Créateur. Le désiré de toutes nations est là qui frappe à ta porte. Oh ! S’il allait passer son chemin tandis que tu tardes, et s’il te fallait recommencer à chercher avec angoisse celui que ton cœur aime ! Lève-toi, cours, ouvre ! Lève-toi par la foi, cours par la dévotion, ouvre par le consentement. »
Quel beau texte ! Il mérite vraiment quelques instants de recueillement !
La première vertu qui paraît dans la réponse de Marie, c’est sa foi. Elle a une haute idée de la toute-puissance divine ; et elle croit sans hésiter qu’elle peut être en même temps vierge et mère, selon la parole de l’ange.

La seconde est sa profonde humilité. On lui propose des grandeurs ineffables, et elle s’appelle la servante du Seigneur. Elle se regarde par conséquent comme indigne d’être sa Mère ; et autant qu’elle le peut, elle se met à la dernière place qui est celle des servantes.
Sur cette vertu de Notre Dame, l’humilité, Saint Bernard a encore de bien belles médiations.
Il écrit : « « Voici la servante du Seigneur ». L’humilité est la compagne habituelle de la grâce divine, car Dieu résiste aux orgueilleux mais accorde sa faveur aux humbles. Marie répond donc humblement pour préparer la demeure de la grâce. Voici la Servante du Seigneur. Elle est choisie pour mère de Dieu, et elle se nomme sa servante. C’est la marque d’une bien grande humilité que de ne pas céder à une telle gloire. Il n’est pas difficile d’être humble dans l’abjection, mais c’est une rare vertu que l’humilité parmi les honneurs…Tous tant que nous sommes, écoutons donc la réponse de celle qui fut choisie pour être la Mère de Dieu et qui cependant ne perdit pas son humilité : Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole ». Ce fiat est l’expression d’un désir, et non d’une dernière hésitation. En disant ces mots, Marie exprime la vivacité de son désir plutôt qu’elle n’en demande la réalisation, à la façon de quelqu’un qui garderait des doutes. Rien n’interdit, toutefois, de voir dans ce fiat une prière. Car personne ne prie sans être animé par la foi et l’espérance. Dieu veut que nous lui demandions même les choses qu’il nous promet. C’est pourquoi, il commence par nous promettre bien des choses qu’il a résolu de nous donner : la promesse éveille notre piété, et la prière nous fait mériter ce que nous allons recevoir gratuitement. C’est ainsi que le Seigneur, qui veut que tous les hommes soient sauvés, nous extorque des mérites : en nous prévenant et en nous donnant ces mérites qu’il récompensera, il agit gratuitement en nous-mêmes, afin de ne pas nous faire des dons immérités. La Vierge l’a compris, puisqu’au présent de la promesse gratuite elle joint le mérite de la prière : « Qu’il me soit fait selon votre parole. Que la Parole fasse de moi ce que dit ta parole. Que la Parole qui dès l’origine était auprès de Dieu se fasse chair de ma chair selon ta parole. Que s’accomplisse en moi, je t’en supplie, non pas la parole proférée, qui est transitoire, mais cette Parole que j’ai conçue pour qu’elle demeure : celle qui s’est revêtue de chair et non ce vain souffle. Qu’elle ne soit pas seulement perceptible à mes oreilles, mais visible à mes yeux, palpable à mes mains, et que je puisse la porter dans mes bras. Que ce soit non la parole écrite et muette, mais la Parole incarnée et vivante : non pas ces signes inertes tracés sur le parchemin desséché, mais cette Parole à forme humaine, imprimée, vivante dans mes chastes entrailles ; non pas modelée par une plume sans vie, mais gravée par l’opération du Saint-Esprit. Que me soit fait ainsi ce qui jamais n’advint ni n’adviendra à personne. Dieu jadis, a parlé souvent et de bien des manières aux patriarches et aux prophètes ; sa parole leur a été donnée à entendre, à proclamer ou à pratiquer, par l’oreille, par l’œil, par la main. Quant à moi je demande qu’elle soit mise dans mes entrailles, selon ta parole. Je ne souhaite pas la parole proférée de la prédication ou celle qu’expriment symboles et figures ou celle qui se communique à l’imagination dans les songes. J’appelle la Parole insufflée en moi dans le silence, incarnée dans une personne, corporellement mêlée à ma chair. Cette Parole n’avait ni la possibilité ni le besoin d’être faite en elle-même : qu’elle daigne donc se faire en moi selon ta parole. Quelle se fasse pour le monde tout entier, mais qu’en particulier, il me soit fait selon ce que m’a annoncé l’ange ».
C’est aussi très beau ! Que d’action de grâces doivent monter de nos cœurs e à la lecture de si belles choses !
La troisième vertu que l’on peut admirer en Notre Dame est son admirable obéissance. Elle se remet entièrement entre les mains de Dieu pour l’accomplissement de tout ce que l’ange lui a dit et de toute autre chose que le Seigneur pourra lui commander.
Avec le Père Du Pont, concluons notre méditation par ces mots : « O profondeur de la Sagesse de Dieu ! O miracle de sa toute-puissance ! Vous seul, Seigneur, êtes l’auteur de ces merveilles. C’est vous qui nous faites voir avec admiration dans la même personne une mère et une vierge, une servante et une reine. C’est vous qui savez allier cette grandeur d’âme avec cette humilité si profonde. C’est vous enfin qui rendez l’esprit humain capable de comprendre des choses si au-dessus de sa portée. »
A la semaine prochaine.

 

B- Les audiences du Mercredi de Benoît XVI.

 

Lors de son audience du mercredi 1 juin 2005, sur la place Saint Pierre, Benoît XVI a donné une très belle méditation sur l’épître de Saint Paul aux Philippiens : 2,6-11.
Voici d’abord le texte de Saint Paul : « Quoique qu’il fût en forme de Dieu, il n’a pas regardé comme une proie de s’égaler à Dieu ; mais il s’est anéanti lui-même, en prenant la forme de serviteur, en devenant semblables aux hommes, et en se montrant sous l’aspect d’un homme ; il s’est humilié lui-même, se faisant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ».
Voici la médiation du pape.
1. Dans chaque célébration dominicale des Vêpres, la liturgie nous repropose le bref mais intense hymne christologique de la Lettre aux Philippiens (cf. 2, 6-11). Il s'agit de l'hymne qui vient de retentir que nous abordons dans sa première partie (cf. vv. 6-8), dans laquelle se dessine la paradoxale «spoliation» du Verbe divin, qui dépose sa gloire et assume la condition humaine.

Le Christ incarné et humilié par la mort la plus infâme, celle de la crucifixion, est proposé comme un modèle de vie pour le chrétien. Celui-ci, en effet, — comme on l'affirme dans ce contexte — doit avoir «les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus» (v. 5), des sentiments d'humilité et de dévouement, de détachement et de générosité.

2. Bien sûr, il possède la nature divine avec toutes ses prérogatives. Mais cette réalité transcendante n'est pas interprétée et vécue à l'enseigne du pouvoir, de la grandeur, de la domination. Le Christ n'utilise pas le fait d'être égal à Dieu, sa dignité glorieuse et sa puissance comme un instrument de triomphe, un signe d'éloignement, une expression d'écrasante suprématie (cf. v. 6). Au contraire, il «se dépouilla», il se vida lui-même, se plongeant sans réserve dans la misérable et faible condition humaine. La «forme» (morphè) divine se cache dans le Christ sous la «forme» (morphè) humaine, c'est-à-dire sous notre réalité marquée par la souffrance, par la pauvreté, par les limitations et par la mort (cf. v. 7).

Il ne s'agit donc pas d'un simple revêtement, d'une apparence changeante, comme on croyait que cela se produisait pour les divinités de la culture gréco-romaine: la réalité du Christ est la réalité divine dans une expérience authentiquement humaine. Dieu n'apparaît pas seulement comme homme, mais il se fait homme, et devient réellement l'un de nous. Il devient réellement «Dieu-avec-nous», qui ne se contente pas de nous regarder d'un œil bienveillant du trône de sa gloire, mais qui se plonge personnellement dans l'histoire humaine, devenant «chair»; c'est-à-dire réalité fragile, conditionnée par le temps et par l'espace (cf. Jn 1, 14).

3. Ce partage radical et véritable de la condition humaine, à l'exclusion du péché (cf. He 4, 15), conduit Jésus jusqu'à la frontière qui est le signe de notre finitude et de notre caducité, la mort. Cependant, celle-ci n'est pas le fruit d'un mécanisme obscur ou d'une fatalité aveugle: elle naît de son libre choix d'obéissance au dessein de salut du Père (cf. Ph 2, 8).

L'Apôtre ajoute que la mort vers laquelle Jésus se dirige est celle sur la croix, c'est-à-dire la plus dégradante, voulant ainsi être véritablement le frère de chaque homme et de chaque femme, également de ceux destinés à une fin atroce et ignominieuse.

Mais, précisément dans sa passion et dans sa mort, le Christ témoigne de son adhésion libre et consciente à la volonté du Père, comme on le lit dans la Lettre aux Hébreux: «Tout fils qu'il était, il apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance» (He 5, 8).

Arrêtons-nous ici dans notre réflexion sur la première partie de l'hymne christologique, centré sur l'incarnation et sur la passion rédemptrice. Nous aurons ensuite l'occasion d'approfondir l'itinéraire successif, l'itinéraire pascal, qui conduit de la croix à la gloire. L'élément fondamental de cette première partie de l'hymne me semble être l'invitation à entrer dans les sentiments de Jésus. Entrer dans les sentiments de Jésus signifie ne pas considérer le pouvoir, la richesse, le prestige, comme les valeurs suprêmes de notre vie, car au fond, elles ne répondent pas à la soif la plus profonde de notre esprit, mais ouvrir notre cœur à l'Autre, porter avec l'Autre le poids de notre vie et nous ouvrir au Père qui est dans les Cieux avec un sentiment d'obéissance et de confiance, en sachant que précisément dans la mesure où nous sommes obéissants au Père, nous serons libres. Entrer dans les sentiments de Jésus: cela devrait être l'exercice quotidien à vivre en tant que chrétiens.

4. Nous concluons notre réflexion par un grand témoignage de la tradition orientale, Théodoret qui fut évêque de Cyr, en Syrie, au Ve siècle: «L'incarnation de notre Sauveur représente le plus haut accomplissement de la sollicitude divine pour les hommes. En effet, ni le ciel ni la terre, ni la mer ni l'air, ni le soleil ni la lune, ni les astres, ni tout l'univers visible et invisible, créé par sa seule parole ou plutôt porté à la lumière par sa parole conformément à sa volonté, n'indiquent son incommensurable bonté autant que le fait que le Fils unique de Dieu - celui qui était de condition divine (cf. Ph 2,6), reflet de sa gloire, empreinte de sa substance (cf. He 1, 3), qui était au commencement, qui était auprès de Dieu et était Dieu, à travers qui ont été faites toutes les choses (cf. Jn 1, 1-3) -, après avoir assumé la nature de serviteur, apparut sous forme d'homme, en raison de sa figure humaine fut considéré comme un homme, fut vu sur la terre, eut des relations avec les hommes, se chargea de nos infirmités et prit sur lui nos maladies» (Discours sur la Providence divine, 10: Collection de textes patristiques, LXXV, Rome 1988, pp. 250-251).

Théodoret de Cyr poursuit sa réflexion en mettant précisément en lumière le lien subtil souligné par l'hymne de la Lettre aux Philippiens entre l'incarnation de Jésus et la rédemption des hommes. «Avec sagesse et justice, le Créateur travailla pour notre salut. Car il n'a pas voulu se servir uniquement de sa puissance pour nous offrir le don de la liberté, ni utiliser uniquement sa miséricorde contre celui qui a assujetti le genre humain, afin que celui-ci n'accuse pas la miséricorde d'injustice, mais il a imaginé une voie riche d'amour pour les hommes et, dans le même temps, empreinte de justice. En effet, après avoir uni à lui la nature de l'homme désormais vaincue, il la conduit à la lutte et la dispose à réparer la défaite, à battre celui qui autrefois avait injustement remporté la victoire, à se libérer de la tyrannie de celui qui l'avait cruellement rendu esclave et à retrouver la liberté originelle» (ibid; pp. 251-252).

[Texte original : italien – Traduction réalisée par Zenit]