ITEM

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Un regard sur le monde  politique et religieux

Au 27 juillet 2006

 

N° 97

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

« La messe tridentine n’appartient pas aux Lefebvristes »

a déclaré

le 13 juillet 

Mgr Ranjith.

 

 

A-  Le nouveau document de Mgr Ranjith du 13 juillet.

Jamais deux sans trois…

Mgr Ranjith, le secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, vient d’accorder à l’agence I. Media, Agence italienne, un nouvel entretien sur les choses liturgiques et les réformes qui s’annoncent… Il s’était déjà exprimé sur ces sujets,  si importants pour la vie quotidienne de l’Eglise, par deux fois, le 22 juin 2006 à l’agence I.Media et le 25 juin, au Journal La Croix. Nous avions étudié ces documents dans les deux derniers Regards sur le monde, celui du 28 juin, n° 95, et du 6 juillet, n° 96 et les avions publiés intégralement. Nous ne pouvons pas faire autrement cette fois encore.

Jamais deux sans trois

Nous savons, cette fois clairement, que   le pape veut remettre de l’ordre dans la vie liturgique de l’Eglise. Les abus n’ont que trop durés. Les témoignages en encombrent les bureaux de la Congrégation du culte divin…Ils ont fait trop de mal à l’Eglise…L’évolution liturgique n’a nullement été fidèle au document conciliaire Sacro sanctum concilium. Nous avons assisté, nous dit le prélat,  non pas à un évolution organique de la liturgique…mais s’est imposée à l’Eglise et au peuple, une liturgie « fabriquée »…fruit non d’une lente évolution mais d’une révolution…

Ce sont-là, on le sait, les idées soutenues par le cardinal Ratzinger alors qu’il préfaçait le livre publié par Dom Gérard,  « La réforme liturgique en question ». Il écrivait : « Ce qui s’est passé après le Concile signifie tout autre chose : à la place de la liturgie fruit d’un développement continu, on a mis une liturgie fabriquée. On est sorti du processus vivant de croissance et de devenir pour entrer dans la fabrication. On n’a plus voulu continuer le devenir et la maturation organique du vivant à travers les siècles, et on les a remplacés – à la manière de la production technique – par une fabrication, produit banal de l’instant. Gamber, avec la vigilance d’un authentique voyant et avec l’intrépidité d’un vrai témoin, s’est opposé à cette falsification et nous a enseigné inlassablement la vivante plénitude d’une liturgie véritable, grâce à sa connaissance incroyablement riche des sources  En homme qui connaissait et aimait l’histoire, il nous a montré les formes multiples du devenir et du chemin de la liturgie ; en homme qui voyait l’histoire de l’intérieur, il a vu dans ce développement et le fruit de ce développement le reflet intangible de la liturgie éternelle, laquelle n’est pas objet de notre faire, mais qui peut continuer merveilleusement à mûrir et à s’épanouir, si nous nous unissons intimement à son mystère… » (p8)

A l’occasion de ce retour à l’ordre ou mieux ce retour à l’ordre implique une célébration de la messe face à l’ « oriens », avec un plus grand usage du latin…et le retour, également, de la messe tridentine dans l’Eglise. « Elle n’est tout de même pas la propriété des lefebvristes ». J’aime cette expression…

Tout cela est pour demain. Et s’insère dans un souci réel déjà présent à l’esprit du Pontife précédent Jean Paul II. C’est du reste ainsi qu’il faut comprendre la publication de l’Encyclique de Jean-Paul II « Ecclesia de Eucharistia vivit » et  de « Redemptoris Sacramentum ».  C’est bien comme cela que je les avais compris…une préparation des esprits au retour à une saine évolution liturgique. ( Voyez leurs analyses dans les archives 2003 de Item.)

Cette reforme fut annoncée…elle est encore annoncée. Son application en est pour demain…C’est ma vive espérance…Ceux qui auront bataillé pour garder cette messe tridentine auront rendu grand service à l’Eglise…Mgr Lefebvre, un des premiers.

 

B- Le texte de l’entretien.

Ce 13 juillet, Mgr Ranjith accorde de nouveau un entretien à Antoine-Marie Izoard de l’agence I.Media, partenaire de l’Apic à Rome, où il revient sur ses déclarations à La Croix du 25 juin.

Q. Vous avez récemment affirmé dans le quotidien catholique français La Croix que la réforme liturgique du Concile Vatican II n’avait “jamais décollé“. Ces mots ont surpris de nombreuses personnes…

R. Je suis surpris, car je ne l’ai pas dit ainsi et ce n’est pas vrai. Je voulais dire que la réforme conciliaire - avec le renouveau spirituel attendu, avec les catéchèses profondes qui devaient relancer l’Eglise face au contexte séculariste - avait donné des résultats qui ne sont pas si positifs que cela. La réforme a bien décollé. Ainsi, l’utilisation de la langue vernaculaire est une chose positive, car tout le monde peut comprendre ce qui se passe à l’autel ou lors des lectures. De même, pour le sens de communion qui s’est développé. Mais ces éléments ont parfois été un peu trop accentués en abandonnant certains aspects positifs de la tradition de l’Eglise. Le cardinal Ratzinger lui-même, dans la préface du livre Tournés vers le Seigneur - l’orientation de la prière liturgique du Père Uwe Michael Lang, a rappelé que l’abandon du latin et l’orientation du célébrant vers le peuple ne faisaient pas partie des conclusions du Concile.

Q. Pour certains, qui ont fidèlement suivi le Concile, vos propos surprennent…

R. Il ne s’agit pas d’abandonner le Concile, car il a déjà beaucoup influencé l’Eglise, comme dans son ouverture au monde. Mais, dans le même temps, il aurait fallu approfondir ce que nous possédions déjà. Il aurait fallu, comme dit le Concile, un changement ‘organique’, sans brusquerie, sans abandonner le passé. L’Encyclique Ecclesia de Eucharistia de Jean Paul II (publiée en avril 2003, ndlr), et l’Instruction Redemptoris Sacramentum (avril 2004) qu’il avait demandée à la Congrégation, indiquent bien que quelque chose n’allait pas. Le pape parlait alors avec une certaine amertume de ce qui se passait. Ainsi, on ne peut pas dire que tout s’est bien passé, mais on ne peut pas dire non plus que tout s’est mal passé. Les réformes du Concile, par la façon dont elles ont été traduites et mises en place, n’ont pas porté les fruits espérés.

Q. Concrètement, que faut-il faire?

R. Il y a deux extrêmes à éviter:

- permettre à chaque prêtre ou évêque de faire ce qu’il veut, ce qui crée la confusion,

- ou, au contraire, abandonner complètement une vision adaptée au contexte moderne et s’enfermer dans le passé.

Aujourd’hui, ces deux extrêmes continuent de croître.

Quel est le juste milieu ?… Il convient de réfléchir un moment, de célébrer sérieusement et d’améliorer ce que nous faisons actuellement.

Q. Doit-on attendre un document pontifical ou de votre Congrégation à ce sujet ?

R. Dans son livre L’esprit de la liturgie (publié en allemand en 2000, puis en français en 2001, ndlr), le cardinal Ratzinger avait présenté un cadre très complet de la question. Je crois que le pape est très conscient de ce qui se passe, qu’il étudie la question et qu’il faut faire quelque chose pour aller de l’avant.

Il va prendre des mesures pour nous indiquer avec quel sérieux nous devons célébrer la liturgie. Il a la responsabilité que la liturgie devienne un signe d’édification de la foi et non un signe de scandale. Car, si la liturgie n’est pas capable de changer les chrétiens et de les faire devenir des témoins héroïques de l’Evangile, alors elle ne réalise pas sont but véritable. Celui qui a participé à la messe doit sortir de l’église convaincu que son engagement social, moral, politique et économique, est un engagement chrétien.

Q. Les abus liturgiques sont-ils réellement si nombreux ?

R. Chaque jour, nous recevons tellement de lettres, signées, où les gens se lamentent des nombreux abus : des prêtres qui font ce qu’ils veulent, des évêques qui ferment les yeux ou, même, justifient ce que font leurs prêtres au nom du ‘renouveau’…

Nous ne pouvons pas nous taire. Il est de notre responsabilité d’être vigilants. Car, à la fin, les gens vont assister à la messe tridentine et nos églises se vident. La messe tridentine n’appartient pas aux Lefebvristes.

C’est le moment de cesser les affrontements et de voir si nous avons été fidèles aux instructions de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium . C’est pourquoi il faut de la discipline pour ce que nous faisons sur l’autel. Les règles sont bien indiquées dans le Missel romain et les documents de l’Eglise.

(...)

Suit un compte-rendu de Mgr Ranjith sur le récent congrès de Kumasi (Ghana) consacré à la promotion liturgique en Afrique et à Madagascar.

date : 14/7/2006

C- Voilà comment l’AFP résumait ce document…pour la grande presse.

Le pape Benoît XVI va remettre de l’ordre dans la liturgie

 

Nous publions sous son titre, et dans son intégralité, la dépêche que l’AFP consacre aux dernières déclarations de Mgr Ranjith.

 

Le pape Benoît XVI va mettre fin aux « abus » dans la célébration de la messe et faire cesser « les affrontements » avec les partisans de la messe en latin, a déclaré jeudi un responsable du Vatican à l’agence IMédia, spécialisée dans l’information du Vatican.

 

Selon l’évêque sri-lankais Albert Malcom Ranjith Patabendige Don, nouveau secrétaire de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, le pape va « prendre des mesures » car la liturgie de l’Eglise catholique serait trop souvent « un signe de scandale ».

 

Le prélat, nommé par Benoît XVI, dénonce certains « abus » dans la mise en œuvre des réformes de la liturgie introduites après le concile Vatican II il y a 40 ans.

Ces réformes, notamment l’abandon de la messe dite « tridentine »

(célébrée en latin et le prêtre tournant le dos aux fidèles), « n’ont pas porté les fruits espérés », selon Mgr Ranjith.

 

Elles n’ont en outre jamais été acceptées par le courant catholique traditionaliste rassemblé autour de l’évêque français Marcel Lefebvre (aujourd’hui décédé).

 

Le pape Benoît XVI, qui a reçu l’été dernier le chef des Lefebvristes, Mgr Bernard Fellay, s’est fixé pour but de les faire revenir dans le sein de l’Eglise.

 

Selon le secrétaire de la congrégation pour le culte divin, il « va prendre des mesures pour nous indiquer avec quel sérieux nous devons célébrer la liturgie .»

 

Mgr Ranjith révèle que le Vatican reçoit « chaque jour (…) de nombreuses lettres, signées, où les gens se lamentent de nombreux abus des prêtres qui font ce qu’ils veulent, des évêques qui ferment les yeux ou même qui justifient ce que font les prêtres au nom du “renouveau” (…) Et à la fin, les gens vont assister à la messe tridentine et nos églises se vident ». Or « la messe tridentine n’appartient pas aux Lefebvristes », souligne Mgr Ranjith. Il est donc temps « de cesser les affrontements », a-t-il ajouté.