ITEM
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Un regard sur l’actualité
politique et religieuse
Au 29 mars 2006
N°84
Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier
Les accords avec Rome
Mgr Lefebvre-Mgr Fellay
Comme tout le monde le sait aujourd’hui, la veille du Consistoire du 24 mars dernier,
le Pape Benoît XVI a réuni l’ensemble du collège cardinalice, - qu’il a appelé
son « Sénat » afin d’entendre
son avis sur les grandes questions de l’heure qui touchent la vie de la sainte
Eglise. Cette réunion s’est tenue à huis clos. Mais on a su toutefois les
sujets qui y furent abordés. Le problème de
On sait que ces deux questions, - la liberté de la
messe traditionnelle et la levée de l’excommunication -, sont les deux préalables posés par la direction de
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir Mgr Fellay s’exprimer, de nouveau, sur ces questions importantes. Il faut que les
choses soient claires dans l’esprit des
fidèles. La communication est aujourd’hui bien assurée dans
C’est ainsi que Mgr Fellay a livré, en exclusivité, sa pensée à l’agence de presse DICI, le samedi
23 mars. Son interview est à « la une ».
Elle est intéressante. Il faut l’analyser.
Mgr Fellay fait le tour du problème en répondant à huit
questions..
La première question a trait au
problème « des deux préalables »
posés par
Mgr Fellay a tôt fait d’écarter une telle position qu’on
appellerait aujourd’hui de pure « politique politicienne ». On
n’a pas de mal à le croire. Ce n’est pas
sa « problématique », comme
elle ne fut pas, non plus, celle de Mgr
Lefebvre alors qu’il « entreprenait »
des « conversations » avec
Rome. Mgr Fellay veut ainsi, dès le
début de son interview, se mettre dans
les pas de Mgr Lefebvre, lui être fidèle.
Non ! Ces préalables ont pour « but de créer un climat nouveau dans l’Eglise
officielle » de « rendre
possible, dans l’Eglise, la vie catholique traditionnelle ». C’est
plus noble, il est vrai ! L’excommunication de ses quatre prélats a eu
comme effet de « diaboliser les prêtres
de
Voilà qui est bien dit et qui est vrai.
Mais ce qui m’étonne dans cette réponse de Mgr
Fellay…c’est qu’il ne fait aucune allusion au règlement de l’affaire de Campos.
Comme si Campos et sa solution n’avaient jamais existé…Comme si Rome ne les avaient pas déjà
« concédés ». Oui ! Il faut savoir et dire que ces deux
préalables ont été déjà acceptés pratiquement par Rome dans l’affaire de
Campos.
Le problème de l’excommunication
Souvenez-vous de la lettre du pape du 25 décembre 2001
adressée à Mgr Rangel. (1) Le Pape lève purement et simplement
l’excommunication qui frappait Mgr Rangel. Il lui écrivait : « C'est assurément avec une très grande joie,
pour que pleine communion soit rendue certaine, que nous déclarons la levée de
la censure dont il est traité au can 1382 CIC, à votre égard, Vénérable Frère,
en même temps que la levée de toutes les censures et le pardon de toutes les
irrégularités dans lesquelles sont tombés les autres membres de cette Union »
Je vous conseille de la lire in extenso. Je vous la
mets en note (1).
C’est clair ! Non ! On ne peut tout de même
pas oublier les textes et les dispositions nouvelles prises par Rome. Nous sommes en 2001-2002. Il n’en était
pas question du temps de Mgr Lefebvre. Il est mort toujours
« frappé » de cette sanction !
On ne peut pas oublier que la levée d’excommunication
a eu lieu pour Mgr Rangel, le 25 décembre 2001. Oui ! Le pape a levé
l’excommunication qui le frappait en
raison du canon 1382.
Mais que dit ce canon ? Il est ainsi formulé : « L’Évêque qui, sans mandat pontifical,
consacre quelqu’un Évêque, et de même celui qui reçoit la consécration de cet
Évêque encourent l’excommunication ‘latae sententiae’ réservée au Siège
Apostolique.
CIS 2370 ; CIO 1459
C’était le cas de Mgr Rangel. Il fut sacré évêque,
sans mandat par Mgr Tissier de Mallerais, lui-même sacré par Mgr Lefebvre, sans
mandat..
Et bien Rome régularisa sa situation. Or ce qui fut
fait par Rome pour Mgr Rangel, le peut
être aussi pour nos quatre évêques. Ils sont dans la même situation. Pourquoi
n’en faire aucune allusion ? Pourquoi n’en pas parler ? Pourquoi n’en
rien dire ? J’ai du mal à le comprendre… Pourquoi ne pas en prendre acte…Pourquoi
ne pas dire que ce préalable mis par nous à tout accord, a, de fait, été
accepté par Rome et que Rome est disposée à agir de la même manière avec
Mais Mgr Fellay pourrait peut-être objecter- il le fit du reste ailleurs - : On nous
demande de faire « amende honorable »,
et de « reconnaître préalablement nos erreurs ». Cela nous ne le pouvons
pas…nous dit Mgr Fellay. Nous avons toujours reconnu que cette « excommunication était invalide ». « Nous ne pouvons, dans ce cas, demander pardon ».
Quand est-il de cette exigence de
Rome ?
Du côté de Rome, elle est véritable et normale. Mais cette
exigence a comme perdu au fil du temps de sa véhémence. Aujourd’hui cette
exigence est devenue bien légère. Qu’on
en juge.
Voyez ce qui fut écrit par Mgr Rangel au nom des tous
les membres de son union sacerdotale : « Et
si par hasard dans la chaleur de la bataille pour la défense de
Voilà qui fut
accepté par Rome.
Ne serions-nous pas capables de signer une telle
phrase ? Allons ! Voyons !
Soyons sérieux !
Ne correspond-elle pas à ce que nous avons, nous
aussi, voulu faire dans la sainte Eglise
de ce côté de l’Atlantique ? Vous,
ne signeriez-vous pas cette phrase ?
De plus, si vous la replacez, dans son contexte, votre signature serait encore plus
facile. Elle irait même de soi. J’en suis sûr.
Lisez vous aussi :
« …au nom
de notre foi catholique apostolique et romaine, nous nous sommes efforcés de
garder la sainte Tradition doctrinale et liturgique que
Très Saint Père,
Nous avons toujours considéré être dans
l'Eglise catholique, dont nous n'avons jamais eu l'intention de nous séparer
malgré la situation de l'Eglise et les problèmes qui ont affecté les
catholiques de la ligne traditionnelle, que Votre Sainteté connaît, et qui,
nous le croyons, remplissent Votre cœur comme les nôtres de douleur et
d'angoisse : cependant juridiquement nous avons été considérés comme vivant en
marge de l'Eglise.
Voici donc notre demande : que nous
soyons acceptés et reconnus comme catholiques.
Venant au devant de notre désir, Votre
Sainteté a chargé Son Eminence le cardinal Dario Castrillón Hoyos, Préfet de la
Sacrée Congrégation pour le Clergé, de procéder à la reconnaissance juridique
de notre position de catholiques dans l'Eglise.
Que nous en sommes reconnaissants à
Votre Sainteté!
Nous demandons, officiellement, à
collaborer avec votre Sainteté dans l'œuvre de la propagation de la foi et de
la doctrine catholique, avec zèle et pour l'honneur de
C’est bien la pensée de Mgr Lefebvre. C’est ce qu’il
voulut. C’est ce qu’il fit. Et c’est à la suite que vient cette demande de pardon. Vous
n’êtes pas convaincu ? Moi si ! Je signe.
Une objection
On pourrait m’objecter : « Mais Mgr Lefebvre a toujours refusé de
signer une lettre d’excuse reconnaissant des erreurs et dans ses écrits et dans ses actes ». Il
invoquait cela alors même qu’il retirait
sa signature du « protocole du 5 mai 1988 ». « On me demandait encore subrepticement de reconnaître mes
erreurs… »
Certes, Mgr Lefebvre a hésité à signer une telle
lettre…Il suffit de connaître les documents réunis dans « La condamnation
sauvage » de Mgr Lefebvre éditée à l’époque par Jean Madiran, dans « Itinéraires »,
pour s’en convaincre. Que de fois ne
fut-il pas sollicité en ce
sens ! Il l’écrivit pourtant cette
lettre. Ce fut dans une lettre officielle au cardinal Seper, le 4 avril 1981 : « Eminence, M l’abbé du Chalard m’a transmis
votre lettre du 19 février 1981. Je l’ai lue attentivement » Il
poursuit : « si quelques unes
de mes paroles et quelques uns de mes actes ont déplu au Saint Siège, j’en
demande pardon ».
Je n’ai pas, sous la main, la lettre en français. Je n’ai que la
transcription anglaise. Me méfiant de mes connaissances anglaises, je vous donne la transcription anglaise :
« Econe, 4 april 1981
Eminence,
The
abbot of Chalard has passed to me your letter of 19 February, 1981, and I have
read it. If some of my words and some of my acts are disapproved by the Holy
See, I am very sorry...”.
Mais qui ne voit que c’est la même lettre, -
substantiellement parlant - que celle de
Mgr Rangel. C’est la même chose :
« Et si par hasard dans la chaleur de la
bataille pour la défense de
Ainsi les autorités
romaines ont accepté la levée de
l’excommunication avec Mgr Angel. Elles ont été même plus loin pour bien
montrer leur bonne disposition : elles lui
ont même remis en mains les destinées de la nouvelle Administration
Apostolique Saint jean Marie Vianney. C’est tout de même énorme. S’il en est
ainsi, pourquoi Rome n’accepterait-elle
pas de faire de nouveau la même chose dans le cas identique de
Le problème de la messe tridentine.
Rome a donné également l’assurance que les pères de
Campos auraient le libre usage de la messe tridentine. Ils en auraient non seulement
l’usage mais ce rite serait le rite
propre de l’Administration Apostolique. Il faut là encore citer la lettre du
Pape
Jean-Paul II à Mgr Rangel, celle du 25 décembre 2001.
Là voici.
Elle est claire. Après avoir abordé la question de
l’excommunication, le pape en arrive à la question canonique et à la question
de la messe. Sur ce sujet, il
écrit :
« En même temps, nous vous
informons, Vénérable Frère, qu'un document législatif va être préparé, document
qui établira la forme juridique de la confirmation de vos biens ecclésiastiques
et par lequel, le respect de vos biens propres sera garanti.
Par ce document, l'Union sera érigée
canoniquement en une Administration apostolique personnelle qui sera
directement soumise au Siège apostolique et aura son territoire dans le diocèse
de Campos. La question de la juridiction cumulative avec l'ordinaire du lieu
sera traitée. Son gouvernement vous sera confié, Vénérable Frère, et votre
succession sera prévue.
Sera ratifiée à l'Administration
apostolique, la faculté (facultas) de célébrer l'Eucharistie et la liturgie des
Heures selon le rite romain et la discipline liturgique d'après les préceptes
de notre prédécesseur saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses
successeurs jusqu'au bienheureux Jean XXIII ».
La liberté de la messe dite de saint Pie V est
clairement affirmée, ici, dans ce
document. Ils auront « la facultas »
de dire cette messe et elle seule, exclusivement.
Ses prêtres ne sont pas tenus au « bi ritualisme » comme Rome le fit
en 1999 avec
Congrégation pour le Clergé
Prot. N° 20021399
Cité du Vatican, le 10 Juillet 2002
A son Excellence Révérendissime
Dom Licinio RANGEL
Administrateur apostolique
de l'Administration apostolique Saint
Jean-Marie Vianney
Monseigneur,
A la date du 8 Juillet dernier,
Conformément à la lettre autographe «
Ecclesiae unitas » du Saint Père Jean-Paul II, datée du 25 Décembre 2001, et au
décret « Animarum bonum », du 18 Janvier 2002, émanant de
En transmettant cette directive qui
dissipera d'éventuels doutes et sera certainement d'un grand secours sur le
chemin d'une communion ecclésiale que l'on souhaite toujours plus forte et
profonde, je saisis cette occasion pour adresser à Votre Excellence
révérendissime, mes salutations cordiales, y ajoutant celles du Cardinal
Préfet, momentanément absent, et mes meilleurs voeux de bonne santé et de paix,
avec lesquels je suis, Monseigneur, de Votre Excellence révérendissime, le très
dévoué serviteur dans le Seigneur.
Csaba Ternyàk,
archevêque titulaire d'Eminentiana,
secrétaire »
Ainsi voici les deux préalables satisfaits par Rome
dans le cas de Campos.
Les autorités romaines sont disposées à faire de même
pour
Plus même.
La vraie situation des pères de Campos
Voilà un clergé qui, librement, officiellement et en
plein accord et unité avec Rome, fait œuvre apostolique dans et avec les
sacrements de
Voilà ce que demande Mgr Fellay. Voilà la raison de « ses deux préalables », dit-il. Voilà que Rome
y a parfaitement répondu dans le cas de Campos. C’est ce que nous a expliqué
Mgr Rifan lors de son passage en France. Ce que Mgr Fellay exige légitimement,
Rome l’a voulu et permis à Campos, avec nos amis…Ne pas en tenir compte, ne pas
le prendre en compte, faire comme si cela n’existait pas…n’est-ce pas être
injuste ? N’est-ce pas refuser la réalité ? Se croire seul ? Les
yeux fermés sur soi seul…
Mgr Fellay écrit dans son interview : « Les deux préalables - la libéralisation
de l’usage du missel de Saint Pie V et le retrait du décret d’excommunication –
visent au-delà des fidèles traditionnels le bien de l’Eglise tout entière ». Certes !... « Il s’agit de permettre à
Mais Monseigneur ! Ce que vous demandez, Rome l’a accordé déjà à Mgr Rangel. Voilà que depuis quatre ans, - ce n’est pas
rien -, sur le terrain, nos amis
agissent pratiquement et pastoralement dans et pour
Poursuivons l’analyse de votre exposé Monseigneur !
La question du Concile.
Vous en arrivez à la question du Concile, à la
question doctrinale. Là encore vous faites du surplace. Vous posez toujours les mêmes questions,
comme si Rome sur l’affaire du Concile n’avait pas évolué grâce à la ténacité
de Mgr Lefebvre. Quelle différence, en effet,
est-il possible d’ établir entre le premier entretien qu’eut Mgr
Lefebvre avec les cardinaux Tabérra, Garonne et Wriegt, à Rome en 1975 et le protocole d’accord signé
avec le cardinal Ratzinger, le 5 mai 1988. Là, en 1975, il n’était question que
de la déclaration du 21 novembre 1974. « Elle était en tout point inacceptable… ».
Il fallait retirer ce texte absolument. Et tant que cela ne serait pas fait, ce
serait la guerre. Et ce le fut. La moindre critique du Concile Vatican II était inacceptable.
Ici, le 5 mai 1988, 14 ans plus tard, on
reconnaissait enfin la possibilité de critiquer cette œuvre conciliaire. C’était une hypothèse possible, soutenable.
Voici le passage sur ce sujet du texte fondamental. C’est le fameux article 3 du
Protocole du 5 mai 1988 : « A
propos de certains points enseignés par le Concile Vatican II ou concernant les
réformes postérieures de la liturgie et du droit, et qui paraissent
difficilement conciliables avec
Il est bien dit que « certains points enseignés par le Concile Vatican II ou concernant les
réformes postérieures de la liturgie et du droit », peuvent paraître, sinon à tous, du moins à certains ,
« difficilement conciliables avec
Sur ce sujet, pourquoi ne pas en revenir a la position
concrète de Mgr Felici, secrétaire général du Concile et à son enseignement
dans la réception du Concile, rappelé très heureusement tout récemment par M
l’abbé Philippe Laguérie ? Mgr Lefebvre l’acceptait tout à fait…Pourquoi
ne jamais, non plus, citer la position
de Jean Madiran en cette affaire du Concile ? Toutes ses positions étaient
partagées par Mgr Lefebvre…
Vos répétitions, toujours les mêmes, deviennent
lassantes. Vous découragez ceux qui sont les mieux disposés à votre égard.
Une nouvelle considération cependant…
Sur ce problème des discussions avec Rome, vous
ajoutez, cependant, une considération
nouvelle, digne d’intérêt. Vous répondez :
« La discussion doctrinale a bien
pour but d’obtenir la reconnaissance par Rome de cette cause, (NDLR, à savoir que le Concile est la cause du drame que connaît
l’Eglise) mais étant donné les principes
modernes dont sont imbues les autorités romaines depuis Vatican II, cette
discussion ne peut avoir lieu sans le concours d’une leçon donnée par les faits
eux-mêmes, ou encore plus précisément : elle ne peut se faire sans
la considération de l’œuvre concrète que
De notre point de vue, ce sont les
effets de l’apostolat traditionnel qui feront voir a contrario où est la cause de la crise. Voilà pourquoi des
préalables pratiques me paraissent indispensables au bon déroulement des
discussions doctrinales.
La liberté d’action rendue à
Je crois, Monseigneur,
que, là, dans cette réflexion, vous avez raison. Aujourd’hui, les actes auraient plus d’impact que toutes les
discussions possibles. C’est pourquoi je
me suis réjouis de la fameuse messe célébrée par le cardinal Castrillon Hoyos,
le 24 mai 2003 C’était un geste, le premier…Il y en aura d’autres, bientôt… Disons
qu’il faut les deux. C’est ce que vous demandez. Je partage votre avis lorsque
vous dites : « il faut affirmer
et la nécessaire leçon des faits et l’indispensable discussion doctrinale »
Mais cela le voulez-vous vraiment…J’en doute…Vous ne
concevez possible « l’expérience des
faits » qu’en troisième étape, la première étape étant les préalables
acceptés par Rome, la seconde, le
problème doctrinal réglé. Viendrait enfin le règlement canonique qui vous
permettrez d’agir et de faire la preuve par les faits de la valeur de
Les accords avec Rome ?
Vous poursuivez votre entretien et répondez à la
question suivante : « Alors ! l’accord canonique aux calendes grecques »
?
Vous répondez : « On parle d’administration apostolique, de prélature personnelle,
d’ordinariat…, cela semble prématuré. En souhaitant un accord canonique tout de
suite et à tout prix, nous nous exposerions à voir immédiatement resurgir tous
les problèmes doctrinaux qui nous opposent à Rome, et cet accord serait
aussitôt caduc. Cette régularisation de notre statut canonique devra intervenir
en dernier lieu, comme pour sceller un accord déjà réalisé au moins pour
l’essentiel au niveau des principes, grâce aux faits constatés par Rome.
D’ailleurs, imaginons un instant que
nous acceptions une structure canonique pour n’envisager qu’ensuite - à
l’intérieur, dans le « périmètre visible » des diocèses - les questions
doctrinales, nous ne pourrions pas accomplir notre ministère avec toute son
efficacité pastorale. Les conditions pratiques ne seraient pas réunies pour
permettre une leçon des faits pleine et entière, c’est-à-dire convaincante »
Mais Monseigneur l’expérience de Campos est là. Ces prêtres font un excellent travail. Ils
n’ont pas changé de messe, ils n’ont pas changé de catéchisme. Il enseigne
toujours la même vérité. Comme du temps de Mgr de Castro Mayer. Là, déjà « les conditions pratiques sont réunies pour permettre une leçon de faits pleine et
entière, c’est-à-dire convaincante ».
De plus vous semblez identifier la situation de Campos
avec celles des communautés « Ecclesia Dei », ou plus exactement, vous ne voulez tenir compte que de la
situation dans lesquels se débattent nos confrères dans le cadre
d’ « Ecclesia Dei »…Comme si rien n’avez changé dans l’esprit de
Rome depuis 1988 ? Vous ne tenez aucun compte de la situation créée par
Rome à Campos. Mais pourtant autre la situation créée par le motu Proprio « Ecclesia
Dei », autre la situation créée par les statuts donnés par Rome à l’Administration
Apostolique saint Jean Marie Vianney.
Vous ne semblez connaître qu’une situation, celle qui date de 1988, ignorant celle,
nouvelle, créée en 2002 ?
Vous écrivez en effet : « Comme c’est déjà le cas pour les communautés
Ecclesia Dei, notre apostolat traditionnel serait en liberté surveillée,
autorisé à ne se manifester qu’avec parcimonie de-ci de-là, comme au
compte-gouttes ».
Le tout est de savoir si la situation
tragique de l’Eglise aujourd’hui, - la
crise impressionnante des vocations, la chute vertigineuse de la pratique
religieuse… - lui permet de se contenter de remèdes à administrer au
compte-gouttes »
Mais nous
sommes, Monseigneur, en 2002 et non plus en 1988 ? La situation est
différente. Vous datez et retardez. Là, Monseigneur,
à Campos les prêtres de Mgr Rifan ne sont plus en « liberté surveillée, ni seulement « autorisés à se manifester qu’avec parcimonie de –ci de-là,
comme au compte-gouttes ». Non ils ont « pignon sur rue ».
Ils se manifestent en toute liberté. Ils ont même, puisque cela semble pour
vous un critère d’efficacité apostolique, construit et ouvert un autre
séminaire. Il a même fière allure…
Vous écrivez : « Cette
régularisation de notre statut canonique devra intervenir en dernier lieu,
comme pour sceller un accord déjà réalisé au moins pour l’essentiel au niveau
des principes, grâce aux faits constatés par Rome ».
Sur ce sujet êtes-vous bien fidèle à la pensée de Mgr Lefebvre. Vous
renvoyez le problème canonique en troisième position, « en dernier lieu » dites-vous.
Ce n’est pas comme cela que Mgr Lefebvre envisageait le problème. Il a donné sa pensée dans sa lettre du 21 novembre 1987 [Lien
1] [Lien 2]. Pourquoi
ne la citez-vous jamais ? Pourquoi ne pas vous y référez ? Lisez-là,
relisez la. Vous verriez que Mgr Lefebvre ne réglait pas le problème en ces
trois étapes successives que vous nous décrivez. Il proposait une solution
globale. Il suggérait que Rome nous prenne « tels que nous sommes » avec notre amour de la messe saint Pie
V, avec notre amour de
« On parle d’administration apostolique, de prélature
personnelle, d’ordinariat…, cela semble prématuré. En souhaitant un accord
canonique tout de suite et à tout prix, nous nous exposerions à voir
immédiatement resurgir tous les problèmes doctrinaux qui nous opposent à Rome,
et cet accord serait aussitôt caduc ».
Mais c’est bien Mgr Lefebvre qui
demandait « cette
régularisation de notre statut canonique » Et en premier. Vous vous dites qu’elle doit arriver « en dernier ».
Vous ajoutez : « D’ailleurs,
imaginons un instant que nous acceptions une structure canonique pour
n’envisager qu’ensuite - à l’intérieur, dans le « périmètre visible »
des diocèses - les questions doctrinales, nous ne pourrions pas accomplir notre
ministère avec toute son efficacité pastorale. Les conditions pratiques ne
seraient pas réunies pour permettre une leçon des faits pleine et entière,
c’est-à-dire convaincante ».
C’était pourtant la position voulue par Mgr Lefebvre. Vous « imaginez », c’est votre mot, que notre apostolat, dans un tel cadre
juridique, ne pourrait pas parfaitement
s’exprimer.
Mgr Lefebvre ne pensait pas comme cela. Il vous déjuge.
Et de fait, nos amis de Campos, dans le cadre juridique que Rome leur a
concédé, se rapprochant grandement de la solution suggéré par Mgr Lefebvre,
vous déjugent aussi. Dans le « périmètre visible » de leur diocèse de
Campos, - mais aujourd’hui, au-delà,
également, ils accomplissent « leur ministère avec toute son efficacité
pastorale ». Les conditions semblent bien réunies, dans leur cadre
juridique, pour leur permettre de
« donner à Rome et à l’épiscopat par
les faits une leçon pleine et
entière, c’est-à-dire convaincante» -
ils n’ont, du reste, pas cette prétention - Mais peu importe ici, ils font la preuve
que cet apostolat de
Et vous parlez de « fidélité » ?
Documents.
A- Lettre du
Souverain Pontife Jean Paul II à Mgr Rangel, le 25 décembre 2001.
Au vénérable frère Licinio Rangel et aux Chers Fils de
l'Union Saint Jean Marie Vianney de
Campos au Brésil.
L'unité de l'Eglise est un don que nous offre le Seigneur,
Pasteur et Tête du Corps mystique, et qui demande en même temps une réponse
empressée de la part de chacun de ses membres qui ont reçu cette garde
pressante du Sauveur: « Afin que tous soit un, de même que Vous, Père, vous
l'êtes en moi et moi en vous, afin qu'eux-mêmes aussi soient un en vous: afin
que le monde croie que Vous m'avez envoyé ». (Jn. 17,21)
Nous avons reçu avec une très grande joie votre
lettre, datée du 15 Août de cette année, par laquelle toute l'Union a renouvelé
sa profession de foi catholique, en signifiant « sa pleine communion avec
Nous avons reçu avec une très grande joie pastorale le fait
que vous vouliez coopérer avec le Successeur du bienheureux Pierre à la
propagation de
Nous rendons grâce au Seigneur Un et Trine pour de si
bons sentiments !
Après avoir considéré toutes ces choses et ayant
devant les yeux la gloire de Dieu, le bien de
Par ce document, l'Union sera érigée canoniquement en
une Administration apostolique personnelle qui sera directement soumise au
Siège apostolique et aura son territoire dans le diocèse de Campos. La question
de la juridiction cumulative avec l'ordinaire du lieu sera traitée. Son
gouvernement vous sera confié, Vénérable Frère, et votre succession sera prévue.
Sera ratifiée à l'Administration apostolique, la
faculté (facultas) de célébrer l'Eucharistie et la liturgie des Heures selon le
rite romain et la discipline liturgique d'après les préceptes de notre
prédécesseur saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs
jusqu'au bienheureux Jean XXIII.
C'est assurément avec une très grande joie, pour que
pleine communion soit rendue certaine, que nous déclarons la levée de la
censure dont il est traité au can 1382 CIC, à votre égard, Vénérable Frère, en
même temps que la levée de toutes les censures et le pardon de toutes les
irrégularités dans lesquelles sont tombés les autres membres de cette Union.
Nous n'oublions pas le jour particulier de la
signature de votre lettre, en la solennité de l' Assomption de
A tous les membres de l'Union Saint Jean Marie
Vianney, nous accordons, du fond du cœur, notre bénédiction apostolique.
Fait au Vatican, le 25 décembre, en la solennité de
Jean-Paul II
B- Lettre de l’Union Saint Jean Marie Vianney au Pape du 15
Août 2001
Très Saint Père,
Humblement prosternés aux pieds de Votre
Sainteté, nous prêtres de l'Union Sacerdotale St Jean Marie Vianney du diocèse
de Campos, état de Rio, Brésil, désirons présenter une demande au Vicaire du
Christ et lui exprimer notre gratitude.
Nous n'avons aucun titre à mettre en avant
; nous sommes les derniers prêtres de Votre presbyterium ; nous ne possédons ni
distinction, ni qualité, ni mérite. Mais notre état, d’ailleurs honorable, est
de faire partie des brebis de Votre troupeau et cela est assez pour retenir
l'attention de Votre Sainteté. L'unique titre que nous revendiquons avec
honneur est celui de catholiques apostoliques et romains.
Et, au nom de notre foi catholique
apostolique et romaine, nous nous sommes efforcés de garder la sainte Tradition
doctrinale et liturgique que la Sainte Eglise nous a léguée et, dans la mesure
de notre faible force et soutenus par la grâce de Dieu, de résister à ce que
Votre prédécesseur d' illustre mémoire le Pape Paul VI a appelé l'
"autodémolition" de l'Eglise. C'est de cette manière que nous
espérons rendre le meilleur service à
Votre Sainteté et à la Sainte Eglise.
Très Saint Père,
Nous avons toujours considéré être dans
l'Eglise catholique, dont nous n'avons jamais eu l'intention de nous séparer
malgré la situation de l'Eglise et les problèmes qui ont affecté les
catholiques de la ligne traditionnelle, que Votre Sainteté connaît, et qui,
nous le croyons, remplissent Votre cœur comme les nôtres de douleur et
d'angoisse : cependant juridiquement nous avons été considérés comme vivant en
marge de l'Eglise.
Voici donc notre demande : que nous soyons
acceptés et reconnus comme catholiques.
Venant au devant de notre désir, Votre
Sainteté a chargé Son Eminence le cardinal Dario Castrillón Hoyos, Préfet de la
Sacrée Congrégation pour le Clergé, de procéder à la reconnaissance juridique
de notre position de catholiques dans l'Eglise.
Que nous en sommes reconnaissants à Votre
Sainteté!
Nous demandons, officiellement, à
collaborer avec votre Sainteté dans l'œuvre de la propagation de la foi et de
la doctrine catholique, avec zèle et pour l'honneur de la Sainte Eglise - «Signum levatum in nationes » -; dans le
combat contre les erreurs et les hérésies qui menacent de détruire la barque de
Pierre, inutilement puisque " les portes de l'Enfer ne prévaudront pas
contre elle." Nous déposons dans
les augustes mains de Votre Sainteté
notre profession de foi catholique : nous professons une parfaite
communion avec la Chaire de Pierre dont Votre Sainteté est légitime successeur.
Nous reconnaissons Votre primauté et Votre gouvernement sur l'Eglise
universelle, pasteurs et fidèles . Nous déclarons que, pour rien en ce monde
nous ne voulons nous séparer de la Pierre sur laquelle Jésus-Christ a fondé son
Eglise.
Et si par hasard dans la chaleur de la
bataille pour la défense de la Vérité catholique nous avons commis quelque
erreur ou causé quelque déplaisir à Votre Sainteté, en dépit du fait que notre
intention ait toujours été de servir la Sainte Eglise, nous implorons
humblement Votre pardon paternel.
Nous renouvelons l'expression du plus
profond sentiment de vénération envers l'auguste personne du Vicaire de
Jésus-Christ sur la terre, et sollicitons pour nous et pour notre ministère le
bienfait précieux de la bénédiction Apostolique.
Nous sommes de Votre Sainteté, les fils
humbles et obéissants,
Campos de Goytocazes, Etat de Rio de
Janeiro, Brésil,
le 15 août 2001, fête de l'Assomption de
la Très Sainte Vierge Marie
( suivent les signatures de Mgr Rangel et
de tous les autres membres de l'Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney )