Homélie
pour ce 4 ème Dimanche après Pâques.
Vous n’avez pas reçu, cette semaine,
les textes habituels, de la Paroisse Saint Michel. J’ai eu
des difficultés d’informatique. Mon disque dur a «
rendu l’âme » et je n’ai pu sauvegarder
les textes. Ils se sont tous évanouis dans les profondeurs
du néant, non seulement ces textes, mais beaucoup d’autres
choses encore. J’ai pu en retrouver beaucoup - heureusement
! - sur le site d’Item…en particulier les textes de
mon livre blanc.
J’ai pu m’organiser en attendant le retour de mon appareil.
Je suis en mesure de vous adresser, avec un peu de retard cependant,
le texte de l’homélie de ce dimanche : le quatrième
dimanche après Pâques.
Vous devriez recevoir dans les temps les textes de la semaine prochaine.
Je remercie ici ceux qui m’ont aidé pour réparer
ce « grand dommage ».
« Chantez au Seigneur un cantique nouveau, alléluia,
car il a fait des prodiges. Alléluia , aux yeux des nations,
il a révélé sa justice. Alléluia, Alléluia,
Alléluia »
« Cantate Domino canticum novum, alléluia,
quia mirabilia fecit Dominus, alléluia : ante conspectum
gentium revelavit justitiam suam, alléluia, alleluia, alleluia
».
En ces dimanches de Pâques, restons bien dans l’esprit
liturgique, dans l’esprit pascal, qui est, vous le savez,
un esprit de joie. Cette joie naît dans l’âme,
nous le savons, de l’admiration des mystères divins
et plus particulièrement de l’admiration de la Résurrection.
L’âme se réjouit de la glorification de son Seigneur
et Maître et de la justice qui lui est rendue dans son exaltation
à la droite du Père, suite à l’humiliation
de sa Passion.
En ce dimanche, remarquez la répétition
des « alléluia », des alléluia joyeux
de Pâques. Ils terminent le chant de l’Introït.
Ils sont le chant du psaume après l’Epître :
« Alléluia, alléluia. La droite du Seigneur
a fait des prodiges ; la droite du Sauveur m’a sauvé.
Alléluia. Le Christ ressuscité des morts, ne meurt
plus ; la mort, sur lui, n’a plus d’empire. Alléluia
».
Tous ces « alléluia » mettent l’âme
dans la joie. Tous ces textes en donnent la raison.
Et de fait, vous remarquerez que le premier mot
qui commence l’Introït est un mot de joie : « Cantate
Dominum, canticum novum. Alléluia », « Chantez
au Seigneur un cantique nouveau ». Je constate que, généralement,
le thème de la messe du dimanche se trouve exprimé
dans l’Introït.
Et la raison de la joie est, à chaque fois,
répétée. Ici, dans l’Introït, il
est dit : « Quia mirabilia fecit Dominum, Alléluia
». « Parce que le Seigneur a fait des merveilles »
ou encore : « quia «revelavit justitiam suam ».
« Parce qu’il révéla sa justice ».
Dans l’Alleluia, il est dit : « quia
Christus resurgens ex mortuis… Mors illi ultra non dominabitur.
» C’est la victoire sur la mort par le Christ qui est
source de joie.
Vous le voyez, dans tous ces textes, ce sont les
motifs de la joie chrétienne que l’Eglise nous enseigne.
C’est ce qu’elle a fait durant les trois dimanches que
nous venons de vivre
Ainsi, l’âme chrétienne, qui
goûte les choses de Dieu, sait se réjouir de la contemplation
du mystère de la Résurrection, de la justice divine
qui s’exerce en ce mystère, par l’exaltation
de son Christ à la Droite du Père.
Mais, dans cette messe du 4ème dimanche après
Pâques, l’Eglise nous donne un autre motif de joie :
c’est celui qui vient de la connaissance de la grâce
de Dieu, de la connaissance de ce que Dieu a fait pour nous, de
la connaissance de ce don de la grâce, c’est-à-dire
de l’habitation de Dieu dans notre âme.
C’est le sens du chant de l’Offertoire
:
« Jubilate Deo - Vous remarquerez que c’est encore un
verbe de joie « jubilate » - Acclamez Dieu, tout l’univers.
Chantez la gloire de son nom, dites des psaumes en son nom, «
psalmum dicite nomini eius ». « Venez, écoutez,
je vous raconterai, vous tous qui craignez Dieu, tout ce que le
Seigneur a fait pour mon âme ». « Quanta fecit
Dominus animae meae ».
Et qu’a-t-il fait ?
Il a fait de mon âme son Temple, son habitation.
Voilà la merveille : une grâce de choix, un don parfait
qui vient du Père, par son Fils Jésus-Christ, le don
du Saint Esprit. C’est l’enseignement de l’Evangile.
: « Il vous est bon que je m’en aille. Car si je ne
m’en vais pas, le consolateur ne viendra point à vous
; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai….Quand
le Consolateur, l’Esprit de Vérité sera venu,
il vous guidera dans toute la vérité ». C’est
l’habitation du Saint Esprit qui est ici, annoncée.
Il n’est peut-être, pas de vérité
plus fréquemment rappelée dans l’Evangile et
dans les Epîtres de Saint Paul que celle de l’inhabitation
des personnes divines dans les âmes justes.
Il faut reprendre le texte de ce jour : «
Je vous dis la vérité, il vous est bon que je m’en
aille, car si je m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas
à vous, mais si je m’en vais, je vous l ’enverrai
» (Jn 16 7)
Ou encore, dans Saint Jean, toujours : « Quand
sera venu le paraclet que je vous enverrai du Père, L’Esprit
de Vérité qui procède du Père, Il vous
rendra témoignage de moi et vous aussi vous me rendrez témoignage
car vous êtes avec moi dès la commencement «
(Jn 15 26-27)
Il leur disait aussi : « Si vous m’aimez,
gardez mes commandements et, à ma prière, le Père
vous donnera un autre Paraclet, pour qu’Il demeure éternellement
avec vous, l’Esprit de Vérité que le monde ne
eut recevoir parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît
pas. Mais vous, vous le connaissez parce qu’il sera en vous
et y fixera son séjour. Je ne vous laisserai pas orphelins,
je viendrai à vous » Jn 14 15-18)
Ce nouveau consolateur que Jésus-Christ promet
ici n ‘est autre que le Saint Esprit, l’Esprit de Vérité,
comme il l’appelle, c’est-à-dire l’esprit
du Fils qui est lui-même la vérité substantielle
: « Ego sum veritas ».
Tant qu’Il était au milieu des disciples,
le Maître consolait lui-même ses disciples. Mais son
départ devant les laisser exposés à de nombreuses
tribulations, il leur promet un autre Consolateur, l’Esprit-Saint,
qu’il leur enverra d’auprès de son Père.
Et attention !
Ce n’est pas l’apanage des seuls apôtres
de Notre Seigneur Jésus-Christ. Non ! C’est le don
promis à tous ceux qui, par la grâce, deviennent enfants
de Dieu.
En effet Saint Paul est formel. Ce don vaut pour
tout enfant de Dieu. Aux Galates, Saint Paul écrit : «
Parce que vous êtes ses enfants, Dieu a envoyé dans
vos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Père
» (Gal 4 6)
Ou encore aux Romains, Saint Paul écrit :
« En effet, vous n’avez pas reçu un Esprit de
servitude pour être encore dans la crainte ; mais vous avez
reçu un Esprit d’adoption, en qui nous crions : Abba
! Père ? Cette esprit lui-même rend témoignage
à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » (Rm
8 15)
Ou encore : « La charité de Dieu a
été répandue dans nos cœurs par le Saint
Esprit qui nous a été donné ».
Voilà la réalité merveilleuse.
Voilà les « mirabilia Dei ». Et voilà
pourquoi, au chant de l’Offertoire, l’Eglise, nous fait
chanter : « Jubilate Deo, universa terra. Psalmum dicite nomini
eius. Venite et audite …quanta fecit Dominus animae meae.
Alleluia ».
Et ce n’est pas seulement l’Esprit Saint
qui nous est envoyé et donné par la grâce du
Seigneur et avec la grâce. Mais c’est la Trinité
toute entière. Elle vient habiter notre âme et y faire
sa demeure. Notre Seigneur le dit formellement dans l’Evangile
de Saint Jean : « Si quelqu’un m’aime, il gardera
ma parole et mon Père l’aimera et nous viendrons à
lui et nous établirons en lui notre demeure. « (Jn
14 23)
Dès lors nous sommes le Temple de Dieu.
« Ne savez vous pas que vous êtes le
Temple de Dieu et que l’Esprit Saint habite en vous. Si quelqu’un
viole ce Temple, Dieu le perdra car le Temple de Dieu est saint
et c’est vous même qui êtes ce Temple »
(1 Cor 3 16-17)
Voilà la réalité surnaturelle,
plus belle que toute autre réalité.
Voilà ce que Dieu a fait pour nous.
Il veut être en nous dans un rapport nouveau, dans un rapport
d’appartenance et de possession. Il devient notre bien, notre
ami, notre époux, l’objet de connaissance et d’amour.
C’est ce qu’on appelle l’ « inhabitation
de Dieu en l’âme juste ».
Avec quel amour, reconnaissance, admiration, nous
devons embrasser cette consolante et précieuse vérité.
Avec quelle foi, nous devons la confesser, y penser, la respecter.
Oui ! Avec quelle foi, nous pouvons la méditer.
La vie chrétienne est ainsi le début
de la vie de la gloire. Elle en est l’ébauche. On dit,
à juste titre, que la grâce est la semence de la gloire.
Elle inaugure ici-bas, quoique d’une manière imparfaite,
la vie qui nous est réservée dans le Ciel.
Or la vie éternelle consiste dans la connaissance
du seul Dieu véritable et de son envoyé, Jésus-Christ.
« Haec est vita aeterna ut cognoscant te solum Deum verum
et quem misisti Jesum-Christum. ». Elle consiste dans la connaissance
intime, directe, immédiate, dans la contemplation claire,
facile, intuitive de la divine essence.
Ainsi, on comprend que l’union de tous avec
Dieu, en Dieu, soit le vœu suprême du cœur de Jésus.
Il sera pleinement réalisé dans la gloire, mais reçoit
déjà, dans cette vie, par l’ « inhabitation
de l’Esprit Saint », dans notre âme par la foi,
par la grâce et la charité, un premier accomplissement.
Nous possédons déjà en germe, d’une façon
initiale ce qui constituera un jour notre béatitude. C’est
donc un début de jouissance de Dieu, de connaissance intime
du Dieu de Charité. Or la jouissance et la connaissance supposent
la présence effective de l’objet aimé.
Voilà la Vie Eternelle : la vision de Dieu
face à face, ouvertement , intuitivement, sans intermédiaire,
tel qu’Il est dans l’unité de son essence et
la Trinité des Personnes. C’est la vision de gloire.
C’est la lumière de gloire, nécessaire à
la vision glorieuse et qui se conclut dans l’unité,
l’union parfaite tel que Notre Seigneur Jésus-Christ
nous l’indique dans sa prière sacerdotale : «
Père Saint, gardez en votre nom ceux que vous m’avez
donnés, afin qu’ils soient un comme nous…Qu’ils
soient tous un, O Père, comme vous êtes en moi et moi
en vous. Qu’eux aussi soient un en vous, afin que le monde
voit que vous m’avez envoyé. Et je leur ai communiqué
la gloire que vous m’avez donnée, afin qu’ils
soient un comme nous. Moi en eux et vous en moi qu’ils soient
consommés dans l’unité ».
Voilà ce dont vivaient intensément
les saints. Un Saint François d’Assise, un Saint Dominique,
un Saint Jean de la Croix, une Sainte Thérèse de l’Enfant
Jésus. Ecoutez là vivre et exprimer ce mystère
dans son très beau cantique : « Vivre d’amour
» Ah ! fasse le Ciel que nous goûtions ce langage. Bien
des difficultés, tout à fait secondaires, disparaîtraient
de notre vie. La vie prendrait une autre dimension, un autre noblesse,
un autre sens. La joie serait sur les visages car elle serait d’abord
dans les cœurs .
Lisez
« Au soir d’amour, parlant sans parabole,
Jésus disait : « Si quelqu’un veut m’aimer,
Fidèlement qu’il garde ma parole,
Mon Père et moi viendront le visiter ;
Et, de son cœur, faisant notre demeure,
Notre palais, notre vivant séjour,
Rempli de paix, nous voulons qu’il demeure
En notre amour ».
Vivre d’amour, c’est te garder toi-même,
Verbe incarné ! Parole de mon Dieu !
Ah ! tu le sais, divin Jésus, je t’aime !
L’Esprit d’amour m’embrasse de son feu.
C’est en t’aimant que j’attire le Père,
Mon faible cœur le garde sans retour ;
O Trinité ! vous êtes prisonnière
De mon amour.
Vivre d’amour, c’est vivre de ta vie,
Roi glorieux, délices des élus !
Tu vis pour moi caché dans une hostie…
Je veux pour toi me cacher, Ô Jésus !
A des amants il faut la solitude,
Un cœur à cœur qui dure nuit et jour ;
Ton seul regard fait ma béatitude,
Je vis d’amour !
….
Vivre d’amour, c’est bannir toute crainte,
Tout souvenir des fautes du passé.
De mes péchés je ne vois nulle empreinte,
Au feu divin chacun s’est effacé.
Flamme sacrée, ô très douce fournaise,
En ton foyer je fixe mon séjour ;
Jésus, c’est là que je chante à mon aise
:
Je vis d’amour !
Vivre d’amour, c’est garder en soi-même
Un grand trésor en un vase mortel.
Mon bien-aimé ! ma faiblesse est extrême !
Ah ! je suis loin d’être un ange du ciel.
Mais, si je tombe à chaque heure qui passe,
Me relevant tour à tour,
Tu viens à moi, tu me donnes ta grâce,
Je vis d’amour !
(Vivre d’amour).