Le
Miracle de Cana.
Evangile selon Saint Jean :
« En ce temps là, il
y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère
de Jésus était là. Jésus aussi fut invité
aux noces, ainsi que ses disciples. Le vin des noces venant à
manquer, la mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont
plus de vin. » Jésus lui répondit : «
Femme, qu’y a-t-il entre toi et moi ? Mon heure n’est
pas encore venue ». Sa mère dit aux serviteurs : «
Faites tout ce qu’il vous dira ». Or il y avait là
six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs,
et contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux
serviteurs : « Remplissez d’eau les jarres. Et ils les
remplirent jusqu’en haut. Il leur dit : « Puisez maintenant,
et portez en au maître du repas ». Ils lui en portèrent.
Le maître du repas goûta l’eau changée
en vin, et il ne savait pas d’où venait ce vin, mais
les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l’eau.
Il appelle donc l’époux et lui dit : « tout le
monde sert en premier le bon vin, puis, quand on est enivré,
le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à
maintenant ! » Tel fut le premier signe que Jésus accomplit
; il le fit à Cana de Galilée ; il manifesta sa gloire
et ses disciples crurent en lui ». (Jn 2,1-11)
Vous venez de lire une bien étonnante
réponse de la part de Notre Seigneur Jésus-Christ
à sa Mère : « Femme qu’y a-t-il entre
Toi et Moi ».
Il est invité à des
noces, à Cana, en Galilée. « La mère
de Jésus y était. Le vin vint à manquer. La
mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont plus
de vin ». Et Jésus, de lui dire : « Femme, qu’y
a-t-il entre Toi et Moi » « Quid mihi et tibi est mulier
».
Etonnante réponse ! Non !
Enfin ! Tout de même ! Elle
est sa mère. Saint Jean le dit explicitement et à
deux reprises. « La mère de Jésus y était
» et « la mère de Jésus lui dit…
».
Vous ne pouvez nier le « dire
» de l’Evangéliste. Marie est bien la mère
de Jésus. Il dit bien la vérité. Alors, entendre
Jésus lui répondre : « Femme qu’y a-t-il
entre Toi et Moi »… Cela surprend.
Comme vous y allez ! Imaginez, Mesdames,
que votre fils, un jour, vous dise cela : « Femme, qu’y
a-t-il entre vous et moi » ? Imaginez !
Pardit ! Qui t’a mis au monde
? Qui t’a nourri ? Qui t’a élevé ? Qui
t’a appris à marcher ? Qui t’a porté.
Qui t’a éduqué ? Qui t’a donné
le sein ? Qui t’a soigné ? Rien entre vous et moi ?
Alors, si l’enfant avait l’age : « petit impertinent
» ! Allez au coin. Rien entre vous et moi !Allez au coin !
Demandez pardon !
Et bien sur, nous explique Saint
Augustin, sur ce passage de l’évangile : les hérétiques
en ont profité pour nier l’humanité, la véritable
humanité de NJSC. Elle ne peut pas être sa mère,
celle à qui il a dit : « Mulier » « qu’y
a-t-il entre Vous et moi » ? Ce ne sont pas, là, des
paroles d’un fils à sa mère. Ergo. Le Christ
n’a pas eu une véritable chair. Sa chair n’est
qu’apparence.
Ce sont les docètes, les
manichéens qui soutenaient cela.
Cette déclaration de Jésus
« Femme, qu’y a-t-il entre Toi et Moi » empêche
d’ajouter foi , de croire, aux ascendants terrestres qu’on
voulait lui prêter. Que le Christ ait eu une chair véritable,
ce n’était au contraire qu’apparence. Mais si
la chair du Christ était fausse, alors fausse sa mort. Fausses,
les plaies de la Passion. Alors fausses, les cicatrices de sa Résurrection.
Alors Le Christ ne s’est manifesté
aux hommes, avec une chair, seulement apparente. Et s’il a
pu nous parler, c’est de la même manière que
les anges qui se sont fréquemment montrés sous des
apparences humaines. Mais rien de réel dans son humanité.
Jésus n’a pas eu de femme pour mère. Comment
aurait-il pu dire autrement : « Femme qu’y a-t-il entre
Toi et Moi ».
Et de fait, il ne serait pas digne,
pensaient les docètes, que Dieu soit né d’un
sein de femme. Une telle naissance représenterait trop de
honte, trop d’indignité, pas assez de noblesse. «
Natum ex femina turpiter ». Par l’horreur de la chair,
les voilà dans les pièges du Démon, l’auteur
du mensonge : dans l’erreur.
Et pourtant, cette phrase : «
Quid mihi et tibi est mulier », semble donner quelques raisons
à cette hérésie. N’avait-il pas dit aussi
« qu’il n’était pas de ce monde »
(Jn 8 23). Même « qu’il procédait de Dieu,
le Père (Jn 8 2). « Qu’il était descendu
du Ciel » (Jn 6 42). « Qu’il n’avait pour
mère et pour père que ceux qui font la volonté
de son Père qui est dans les cieux ». Toutes ces phrases
de Jésus, jointes à cette dernière phrase de
ce récit évangélique de ce dimanche, peuvent
donner l’impression que le manichéisme et le docétisme
sont doctrines véridiques et qu’elles procèdent
du vrai.
Qu’en est-il ? Que faut-il
répondre ? Qu’elle est le sens de cette phrase ?
« Femme qu’y a-t-il
entre Toi et Moi ».
Avoir bonne intelligence de cette
phrase n’est pas sans intérêt pour résister
à l’hérésie et confesser la vraie foi
en NSJC, vrai Dieu et vrai Homme.
Car c’est cela précisément
que nous révèle cette phrase étonnante : la
véritable divinité de notre Seigneur et sa véritable
humanité. C’est l’interprétation des pères
de l’Eglise, de Saint Augustin, en particulier.
Suivez le raisonnement de Saint
Augustin.
Et tout d’abord : l’affirmation
de la foi de Saint Augustin contre Faustre, l’auteur de l’hérésie
manichéenne.
« En le Christ, tu dois tout
considérer comme vrai. Vrai Verbe : Dieu égal au Père.
Mais aussi vraie âme, vraie chair, vrai Homme, vrai Dieu,
vraie naissance, vraie passion, vraie mort, vraie résurrection….
Si tu déclares faux un seul de ces points, la pourriture
s’infiltre en toi, et du venin du serpent naissent les vers
des mensonges et rien ne demeurera intact ». Ce n’est
pas tendre ! En période œcuménique…c’est
à lire !
Cette foi étant affirmée
en la vraie humanité, en la vraie divinité, Saint
Augustin cherche la signification de cette parole du Christ : que
signifie cette parole du Seigneur : « Femme qu’y a-t-il
entre Toi et Moi » ?
Il est claire, nous dit Saint Augustin,
qu’elle confond l’hérésie. L’hérétique
dit : « Jésus n’a pas eu de femme pour mère…
parce qu’il a dit : « Femme qu’y a-t-il entre
Toi et Moi » ?
Qui l’a dit ? Jean l’Evangéliste.
Bien ! Mais Jean l’Evangéliste a dit aussi, le même
: « la Mère de Jésus était là
». Voici son récit : « le jour suivant, il se
fit des noces à Cana de Galilée et la mère
de Jésus était là ».
Nous tenons ainsi deux affirmations
provenant de l’Evangéliste : « la mère
de Jésus était là », c’est l’Evangéliste
qui le dit et ce que Jésus répondit à sa mère,
c’est le même Evangéliste qui le dit.
Remarquez bien comment Saint Jean
note que c’est à sa mère que Jésus a
répondu : car il écrit d’abord : « sa
mère lui dit ». Donc au témoignage du même
Evangéliste, il est écrit : « la mère
de Jésus était là » et « sa mère
lui dit ». De qui est ce récit ? De Jean l’Evangéliste.
Et quelle fut la réponse de Jésus à sa mère
: « Femme qu’y a-t-il entre Toi et Moi » ?
Qui nous rapporte cette réponse
? Toujours le même Jean Evangéliste.
Mais pourquoi n’a-t-il pas
dit plutôt : « Marie était là »
et « Marie lui dit ». Mais il rapporte l’un et
l’autre : « Sa mère lui dit » et Jésus
lui répondit : « Femme qu’y a-t-il entre Toi
et Moi ».
Pourquoi cela ? Sinon parce que
l’un et l’autre sont vraie ? Et que Marie est la mère
de Jésus et que Jésus a vraiment dit : « Femme
qu’y a-t-il entre Toi et Moi » ?
Les hérétiques, au
contraire, eux, veulent bien croire l’Evangéliste quand
il dit que Jésus dit à sa mère : « Femme
qu’y a-t-il entre toi et moi » ? Mais ils refusent de
croire le même évangéliste quand il dit : «
la mère de Jésus était là » et
« sa mère lui dit ».
Ce n’est pas raisonnable.
Où je nie le tout. Où je crois le tout. Je crois autant
à la phrase : « la mère de Jésus était
là » qu’à la phrase de Jésus à
sa mère : « Femme qui y a-t-il entre Toi et Moi »
?
Pourquoi ?
Je vous interroge.
La mère de Jésus était-elle
là ? Vous répondez : elle y était.
Comment le savez-vous ? Vous répondez
: C’est l’Evangile qui le dit.
Comment Jésus a-t-il répondu
à sa mère ?
Vous répondez : « Femme
qu’y a-t-il entre toi et moi ? »
Comment le savez vous : C’est
l’Evangile qui le dit.
Alors les hérétiques
sont pris à défaut. Si nous leur demandons : comment
savez-vous que le Christ a dit : « Femme qu’y a-t-il
entre toi et moi » ? ils s’en rapportent à l’Evangile.
Pourquoi alors ne croient-ils pas l’évangéliste
qui déclare de la même manière : « La
mère de Jésus était là » et encore
« sa mère lui dit ». Comment peuvent-ils croire
que Jésus a dit : « Femme qu’y a-t-il entre toi
et moi » ?
Ou je nie le tout ou je crois le
tout. Je ne peux pas trier entre ce qui me plait et ce qui ne me
plait pas. Ou j’accepte le témoignage de Jean ou je
le nie. Mais je ne peux pas accepter une phrase et rejeter l’autre.
Le témoignage est formel et il m’oblige à croire
que le Seigneur a ainsi répondu non pas à une étrangère
mais à sa mère. Car si ce n’est pas à
sa mère que Jésus a ainsi répondu, il accuse
de mensonge l’évangéliste lui-même, d’après
lequel, toutefois, il croit que le Christ a ainsi répondu.
Ceci m’oblige à chercher
pourquoi, cependant, Jésus a ainsi répondu à
sa mère.
Cette réponse, il est vrai,
est surprenante.
Voilà encore la réponse
de Saint Augustin.
Pourquoi NSJC a fait cette réponse
à sa mère ?
Voilà le mystère éclairé.
« Par un privilège
unique, il est né du Père sans avoir de mère
et né de sa mère sans avoir de père : Dieu
sans mère. Homme sans père ».
Sans mère, avant tous les temps. Sans père, à
la fin des temps Notre Seigneur est à la fois Dieu et Homme.
Selon qu’il était Dieu, il n’avait pas de mère.
Selon qu’il était Homme, il en avait une. Elle était
donc la mère de sa chair, la mère de son humanité,
la mère de cette faiblesse humaine qu’il avait prise
(d’elle) à cause de nous (l’unité de «
personne » dans le Christ ne supprime pas la distinction des
natures. C’est l’unique « personne » qui
agit, mais chaque nature garde ses opérations propres. Saint
Augustin s’exprime ici par rapport aux natures et c’est
pourquoi il attribue à chacune ses opérations respectives).
(1)
Or le miracle qu’il allait
faire, poursuit Saint Augustin, il le ferait selon sa divinité
et non selon la faiblesse de sa nature humaine ; selon qu’il
était Dieu et non selon qu’il était né
dans cette faiblesse. Sa mère donc réclame un miracle.
Et Lui semble méconnaître les entrailles humaines au
moment où il va opérer une action divine.
Il semble lui dire : « Ce
qui, en Moi, fait le miracle, tu ne l’as pas enfanté,
tu n’es pas la mère de ma divinité. Mais parce
que tu as mis au monde ma faiblesse, je te reconnaîtrai lorsque
cette faiblesse sera pendue à la croix… Il la reconnut,
en effet, alors qu’Il mourait sur la croix, alors que mourait
ce qu’elle avait enfanté…Car ce qui mourait alors,
était ce qui avait été formé de Marie…Mourait
la faiblesse de la chair… qui venait d’ elle…
C’est pourquoi après avoir dit : « Femme qu’y
a-t-il entre Toi et Moi », il ajoute aussitôt, selon
l’Evangile, « mon heure n’est pas encore venue
», car, en cette heure, l’heure de la croix, c’est
la faiblesse de la chair, qui vient de sa mère Marie, qui
pâtira…
Dès lors, parce qu’elle
n’était point la mère de sa divinité
et parce qu’Il allait opérer par sa divinité,
le miracle qu’elle demandait, Il lui répondit : «
Femme qu’y a-t-il entre Toi et Moi ».
Mais pour ne pas te laisser croire
que Je te renie pour ma mère : « Mon heure n’est
pas encore venu, alors, en effet, je te reconnaîtrai dés
que cette faiblesse dont tu es la mère sera attaché
à la croix ».
Quand, en effet, le Seigneur subissait
sa Passion, ce même évangéliste qui connaissait
la mère du Seigneur et qui, même en ces noces nous
a montré la mère du Seigneur, raconte : la mère
de Jésus était là, auprès de la croix
et Jésus dit à sa mère : « Femme, voici
ton fils » et au disciple : « Voici ta mère ».
Il confie sa mère au disciple. Il confie sa mère,
Lui qui allait mourir avant sa mère et ressusciter avant
la mort de sa mère : c’est un Homme qui confie à
un homme (Saint Jean) cette fille des hommes. C’était
là ce que Marie avait enfanté. Alors était
venue cette heure dont il avait dit, à Cana : « Mon
heure n’est pas encore venue ».
Alors, tous, confessons la foi de
l’Eglise enseignée au Concile de Chalcédoine
:
« A la suite des saints Pères,
nous enseignons donc tous unanimement à confesser un seul
et même Fils, NSJC, le même parfait en divinité
et parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment
homme, composé d’une âme raisonnable et d’un
corps, consubstantiel au Père ( et non point comme l’Eglise
« conciliaire » continue à le faire dire : «
de même nature) selon la divinité, consubstantielle
à nous selon l’humanité, « en tout semblable
à nous sauf le péché »(Hb 4 15). Avant
les siècles, engendré du Père selon la divinité
consubstantielle, et, né en ces derniers jours, né
pour nous et pour notre salut, de Marie, la Vierge, mère
de Dieu, selon l’humanité. Un seul et même Christ
Seigneur, Fils unique, que nous devons reconnaître en deux
natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation.
La différence des natures n’est nullement supprimée
par leur union, mais plutôt les propriétés de
chacune sont sauvegardées et réunies en une seule
« personne » et une seule « hypostase ».
Il n’est ni partagé ni divisé en « deux
personnes », mais il est un seul et même Fils unique,
Dieu Verbe, Seigneur Jésus-Christ, comme autrefois les prophètes
nous l’ont enseigné de lui, comme lui-même Jésus-Christ
nous l’a enseigné, comme les Symboles des Pères
nous l’a fait connaître ».
Ce texte se lit à genoux
et dans l’adoration.