Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Semaine du 15 au 21 novembre 2004

Ier dimanche de l’Avent.

 

 

Homélie

 

Une belle définition du chrétien

 

Voilà une nouvelle année liturgique. Elle commence par le temps de l’Avent qui, en quatre dimanches, va nous conduire à la belle fête de Noël. Ces quatre dimanches doivent préparer nos cœurs à bien accueillir le Sauveur.

Réfléchissons sur l’épître de cette messe qui est prise de l’Epître de Saint Paul aux Romains, le chapitre 13, les versets 11-14.

Lisons d’abord le texte proposé à notre méditation dominicale :

« Frères, sachez le, voici l’heure de nous réveiller de notre sommeil. Car le salut est maintenant plus près de nous qu’au moment où nous sommes venus à la foi. La nuit s’avance, le jour est proche. Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons les armes de la lumière. Comme on fait en plein jour, marchons avec dignité, sans orgies ni beuverie, sans débauches ni impureté, sans dispute ni jalousie. Au contraire, revêtez le Seigneur Jésus-Christ ». (Rm 13 11-14)

« Sachez le, voici l’heure de nous réveiller de notre sommeil »
« Scientes quia hora est iam nos de somno surgere »

C’est là une belle définition du catholique : « ce lui qui sait qu’il ne doit pas dormir, qu’il ne peut dormir. Il en sait la raison.
Voilà les deux considérations que nous ferons aujourd’hui.

Le catholique est celui qui sait qu’il ne doit pas dormir. « Surgere ». C’est celui qui se lève. C’est celui qui se dresse. Qui est donc dans l’attente. Qui guette. Il est celui qui veille comme le guetteur, comme la sentinelle, au premier « bruit », il fait face…

A cette veille, est attribuée la béatitude.

C’est le Proverbe qui le dit : « Beatus qui vigilat ad fores meas quotidie ». « Bienheureux qui veille à mes portes chaque jour ».

C’est aussi l’Apocalyspe : « Beatus qui vigilat et custodit vestimenta sua », « Bienheureux qui veille et garde ses vêtement » pour être prêt. C’est un ordre.

L’Apocalypse dit encore : « Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur et tu ne sais pas à quelle heure, je viendrai te surprendre ».

C’est Dieu qui s’adresse à l’Eglise de Sardes : « Je connais tes œuvres : tu as le nom de vivant, mais tu es mort. Sois vigilant et affermis le reste qui est prés de mourir. Car je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu. Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu la parole. Garde là et fais pénitence. Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur et tu ne sais pas à quelle heure je viendrai te surprendre ».

C’est le conseil que donne Saint Paul à Timothée : « tu vero vigila, in omnibus labora, opus fac evangelistae ».

C’est le conseil de NSJC : « Vigilate ergo quia nescitis qua hora…

C’est un conseil sans cesse répété : « Vigilate itaque quia nescitis diem neque horam.

C’est le conseil de NSJC aux disciples assistant à son agonie : « Sustinete hic et vigilate » ou encore : « Vigilate et orate » de peur que vous ne tombiez en tentation.

C’est le conseil de NSJC à ses disciples lorsqu’il leur annonce la destruction de Jérusalem, pour les événements annonciateurs de son retour en gloire : « Quand vous verrez ces choses arrivées, sachez que le Fils de l’Homme est proche qu’il est à la porte ». Alors il conclut, en Saint Marc ce grand passage par ces paroles : « Prenez garde, veillez, car vous ne savez quand ce sera le moment. Il en est du Fils de l’Homme comme d’un Homme qui ayant laissé sa maison pour aller à ses serviteurs et assigné chacun à sa tache, commande au portier de veiller. Veillez donc car vous ne savez quand viendra le maître de la maison si ce sera le soir ou au milieu de la nuit ou au chant du coq ou le matin. Craignez que, arrivant tout à coup, il ne vous trouve endormis. Ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez ».

C’est le reproche qu’il fit à Saint Pierre, lors de son agonie : « dicit Jesus Petro : « sic non potuistis una hora vigilare mecum ».

C’est donc la belle attitude du chrétien. Il est une sentinelle, un serviteur attentif.

Il est donc important d’en connaître le comportement.

Saint Luc nous le décrit : « Ayez aux reins la ceinture et dans vos mains la lampe allumée. Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur Maître revienne des noces afin que, dès qu’il arrivera et frappera à la porte, ils lui ouvrent aussitôt. Heureux ces serviteurs que le Maître, à son retour trouvera veillant. Je vous le dis en vérité, il se ceindra, il les fera mettre à table et s’approchera pour les servir ».

Le chrétien est comparé, dans le même passage, aussi à un père de famille qui veille à ne pas laisser entrer le voleur .

Et NSJC est terrible, lui si clément, pour ces serviteurs qui ne veillent pas.

« Mais si ce serviteur dit en lui-même : Mon Maître tarde à venir et qu’il se mette…à manger, à boire et à s’enivrer, le Maître de ce serviteur viendra au jour où il ne l’attend pas et à l’heure qu’il ne sait pas, et il le fera couper en morceaux et lui assignera sa part avec les infidèles ».
Alors - attention à la suite - : « Le serviteur qui aura connu la volonté de son Maître et qui n’aura rien tenu prêt ni agi selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups. »

Et voilà la raison de la veille ! « Nunc enim proprior est nostra salus quam cum credidimus » « Maintenant en effet le salut est plus proche de nous qu’au temps où nous avons embrassé la foi ».

La raison, ici, de la veille, est la proximité du salut. C’est la proximité du retour en gloire du Christ, le Fils de l’Homme. C’est la proximité de notre délivrance. « Redressez-vous, relevez la tête car votre délivran,ce est proche ».

« Redemptio vestra ». Redimere qui veut dire « racheter », « acheter », mais aussi « sauver », « dé »livrer. En ce sens on parlera de « rdimere captos e servitute » : « délivrer les captifs de la servitude ».

C’est donc la proximité du Royaume de Dieu qui est la raison de notre veille. « Rendez-vous compte que le royaume de Dieu est proche ».

Saint Paul poursuit : « la nui est avancée », « le jour est proche ». Nous avons une redondance qui insiste sur la toute proximité du jour.

Il y a une certaine poésie dans cette expression. Le prédicateur ne doit pas la négliger, non plus.

Alors, s’il en est ainsi, : « soyons vigilant », nous dit Saint Paul. « Soyons de grâce dans l’attitude du veilleur qui attend son Maître et s’applique à sa volonté. Alors point d’œuvre ténébreuses, point d’orgie, point de beuveries, point de luxure, point de débauche, point de querelle, de jalousie. Tout cela, par évidence, nuit à l’attitude du guetteur, qui est vif et prompt.

Mais surtout « induimini Dominum Jesum Christum », « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ ». Saint Paul vous dira ailleurs : « Abjiciamus ergo opera tenebrarum et induamur arma lucis ».

Aux Ephésiens, il vous dira encore : « Tenez donc ferme, ayant à vos reins la vérité pour ceinture, ayant revêtu la cuirasse de la justice et mis pour chaussure à vos pieds, le zèle qui donne l’Evangile de la paix. Par dessus tout cela, prenez le bouclier de la foi, avec lequel vous pouvez éteindre tous les traits enflammés du Malin. Prenez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit qui est la parole de Dieu ».

Voilà la panoplie du guetteur, du veilleur, du chrétien. Nous !

 

 

II- Année eucharistique.

Pour parler de cette année eucharistique, nous aurons le seul commentaire de l’article 6 du sacrement de l’Eucharistie de la Somme de Saint Thomas. Cet article est superbe. N’y passez pas à côté.

A– commentaire de l’article 6 de la question 73 de la III pars : le sacrement de l’Eucharistie.

L’article 6 : « Si l’agneau pascal fut la principale figure du sacrement de l’Eucharistie ».

a- Introduction : Le sacrement de l’Eucharistie, dans sa raison propre de sacrement du corps et du sang de Jésus-Christ, rendant présents d’une présence sacramentelle, le corps et le sang de Jésus-Christ dans leur état de séparation ou d’immolation qui devait être et qui fut le leur sur le Calvaire, ne pouvait exister, bien sûr, qu’après l’Incarnation et devait être institué à la veille de la Passion et de la mort du Christ. Nous en avons vu les raisons de convenance dans l’article V, la semaine dernière. Mais, avant sa réalisation, dans le Nouveau Testament, ce sacrement avait du être figuré par d’autres rites sacramentels dans l’Ancien Testament. Puisque l’on sait que l’Ancien Testament est une préparation, une préfiguration du Nouveau. C’est sa raison essentielle. Ces rites de l’Ancien Testament préfigurant le sacrement de l’Eucharistie sont nombreux. Saint Thomas les résume à quatre : le rite de Melchisédech, grand prêtre offrant le pain et le vin. La manne, après le passage de la mer rouge par le peuple hébreu, figure excellemment l’Eucharistie, pain de vie ; le sacrifice d’expiation avec l’immolation de deux boucs, dont le bouc émissaire, mais aussi l’agneau pascal. Et Saint Thomas va démontrer qu’ il en est un dont le rapprochement avec l’Eucharistie s’impose à un titre spécial. C’est le rite de l’agneau pascal.

Saint Thomas se demande si nous devons le tenir comme la figure par excellence du sacrement de l’Eucharistie. C’est l’objet de cet article VI.

La question, nous allons le voir, présente un intérêt très vif.

Voyons cela.

1- Les « figures de l’Ancien Testament »

Et tout d’abord, sans y insister longuement, donnons quelques indications sur ces quatre figures de l’Ancien Testament annonçant et préfigurant l’Eucharistie ? Ces quatre figures se retrouvent très souvent dans nos églises sur nos autels. Ces signes sont très importants. Ils nous donnent la signification de ce qu’est l’autel et ce qui s’y réalise. Ces figures peuvent être ainsi l’objet de belles méditations du fidèle dans l’attente de la célébration du sacrifice eucharistique .

b- La première figure qui figure l’Eucharistie est le sacrifice offert par Melchisédec. Melchisédec, prêtre, représente le sacrifice du Christ en offrant le pain et le vin (Gene 14 18) Voilà pourquoi le Christ est dit « prêtre selon l’ordre de Melchisédec.

Voici le récit de la Génèse : Abram, apprenant que Lot son « frère » , de fait son neveu, avait été conduit en exil après la victoire du Roi Chodorlahomor et ses alliés, partit à son secours…Voici le texte : « Dès qu’Abram apprit que son « frère » avait été emmené captif, il mit sur pied ses gens les mieux éprouvés, nés dans sa maison, au nombre de trois cent dix-huit, et il poursuivit les rois jusqu’à Dan. Là, ayant partagé sa troupe pour les attaquer la nuit, lui et ses serviteurs, il les bâtit et les poursuivit jusqu’à Hoba, qui est à gauche de Dams. Il ramena tous les biens ; il ramena aussi Lot, son frère et ses biens, ainsi que les femmes et les gens. Comme Abram revenait vainqueur de Chodorlahomor et des rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome sortit à sa rencontre dans la vallée de Savé ; c’est la vallée du Roi.
Melchisédec, roi de Salem, apporta du pain et du vin ; il était prêtre de Dieu Très –Haut. Il bénit Abram et dit : « Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut, qui a crée le ciel et la terre ! Béni soit le Dieu Très-Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains : » Et Abram lui donna la dême de tout » (Gen 14 13-20) Première figure.

c- La deuxième figure c’est la manne. Voici le récit de l’Exode où il est dit que Dieu, ayant entendu le murmure du peuple hébreux dans le désert, donna dans sa miséricorde, la « manne », cette nourriture céleste qui est venu du ciel pour la subsistance du peuple hébreux :

« Toute l’assemblée des enfants d’Israël murmura dans le désert contre Moïse et Aaron. Les enfants d’Israël leur dirent : « Que ne sommes-nous morts par la main de Yahweh dans le pays d’Egypte, quand nous étions assis devant les pots de viande, que nous mangions du pain à satiété ? Car nous vous nous avez amenés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude ».
« Yahweh dit à Moïse : « Voici, je vais faire pleuvoir pour vous du pain du haut du ciel. Le peuple sortira et en ramassera jour par jour la provision nécessaire, afin que je le mette à l’épreuve, pour voir s’il marchera ou non, dans ma loi. Le sixième jour, ils prépareront ce qu’ils auront rapporté et il y aura le double de ce qu’ils en ramassent chaque jour » ;
« Moïse et Aaron dirent à tous les enfants d’Israël : « Ce soir, vous reconnaîtrez que c’est Yahweh qui vous a fait sortir du pays d’Egypte ; et, au matin vous verrez la gloire de Yahweh, car Il a entendu vos murmures qui sont contre Yahweh ; nous, que sommes nous pour que vous murmuriez contre nous ? Moïse dit : « Ce sera quand Yahweh vous donnera ce soir de la viande à manger et au matin, du pain à satiété ; car Yahweh a entendu les murmures que vous avez proférés contre lui. Nous, qui sommes-nous ? Ce n’est pas contre nous que sont vos murmures, c’est contre Yahweh »…Pendant qu’Aaron parlait à toute l’assemblée des enfants d’Israël, ils se tournèrent du côté du désert et voici que la gloire de Yahweh apparut dans la nuée. Yahweh parla à Moïse en ces termes : « J’ai entendu les murmures des enfants d’Israël. Dis-leur : Entre les deux soirs, vous mangerez de la viande, et au matin vous vous rassasierez de pain et vous saurez que je suis Yahweh, votre Dieu ».
« Le soir on vit monter des cailles qui couvrirent le camp, et le matin il y avait une couche de rosée autour du camp. Quand cette rosée fut dissipée, voici qu’il y avait à la surface du désert quelque chose de menu, de granuleux, de menu comme le givre sur le sol. Les enfants d’Israël le virent, et ils se dirent les uns aux autres ; « Qu’est-ce que cela ? car ils ne savaient pas ce que c’était ».
« Moïse leur dit : « C’est le pain que Yahweh vous donne pour nourriture… » (Ex 16 2-14)

Or Notre Seigneur, dans l’Evangile de Saint Jean, alors qu’il parle de son corps et de son sang comme vraie nourriture spirituelle, fait une claire allusion à la manne des hébreux comme figure de la Saint Eucharistie. Souvenez-vous de ce beau texte sur la Sainte Eucharistie :

« Quels sont vos œuvres ? lui demandent les juifs. Nos pères ont mangé la manne dans le désert, ainsi qu’il est écrit : « Il leur a donné à manger le pain du ciel ». Jésus, leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent donc : « Seigneur donnez-nous toujours de ce pain. Jésus leur répondit : « je suis le pain de vie : celui qui vient à moi, n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif….Les Juifs murmurèrent contre lui, parce qu’il avait dit : « Je suis le pain vivant qui est descendu du Ciel » Jésus répondit « ..Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. Voici le pain descendu du Ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel….C’est là le pain qui est descendu du ciel : il n’en est point comme de vos pères qui ont mangé la manne et sont mort : celui qui mange de ce pain vivra éternellement. (Jn 6) Il y a un bien une relation « symbolique » entre la manne et le don de l’Eucharistie, « pain de vie descendu du ciel, comme la manne dans le désert fut le don de Yahweh.

d- La troisième figure : c’est le sacrifice du « bouc émissaire le jour de la fête de l’Expiation.
Voici comment le chanoine Augustin Lemann, dans son livre « Histoire complète de l’idée messianique », raconte cette fête de l’Ancien Testament particulièrement solennelle.

« Le bouc émissaire : « Le grand prêtre, mettant les deux mains sur la tête du bouc vivant, confessera toutes les iniquités des enfants d’Israël, toutes leurs offenses et tous leurs péchés ; il en chargera avec imprécation la tête de ce bouc, et l’enverra au désert par un homme destiné à cela. » (Lev 16 21)
Tout cela constituait en partie une fête, désignée sous le nom de fête de l’Expiation, appelée en hébreux Yom Kippour.
Cinq jours avant la fête des Tabernacles, le 10 de juillet, tout le peuple d’Israël était obligé de se confesser coupable en commun et en particulier, en son nom et en celui de ses pères, en remontant jusqu’à l’origine du monde ; et c’était un crime digne de mort que de n’être pas ce jours là dans l’affliction et dans les larmes. Depuis 9 heures au soir jusqu’au 10 heures au soir, il était interdit de travailler et de manger ; c’était le jour du grand jeune, l’unique qui fut prescrit par la loi. Le grand prêtre officiait seul dans cette solennité. Après s’être lavé le corps, il laissait de côté ses riches ornements, appelés « vêtements d’or », prenait un costume plus simple…il accomplissait les cérémonies
Entre les sacrifices qui étaient ordonnés pour accompagner cette pénitence publique et universelle, il y en avait un d’une espèce singulière et qui ne s’observait que ce jour. Le peuple offrait deux boucs pour être les victimes de ses iniquités et pour tenir sa place. Le grand prêtre présentait devant le Seigneur les deux boucs à l’entrée du tabernacle du témoignage et jetait le sort sur eux, l’un pour être immolé au Seigneur, l’autre, pour être bouc émissaire.
Le bouc destiné à l’immolation ayant été égorgé, le grand prêtre en portait le sang dans le Saint des saints au dedans du voile et il en faisait sept fois l’aspersion vers le propitiatoire du côté de l’Orient. C’était le seul jour dans l’année où il lui était donné d’entrer ainsi dans le Saint des saints.
Cela fait, il venait au dehors imposer les mains, au nom de tout le peuple, sur le bouc émissaire. Les tenants étendues sur la tête de l’animal, il confessait publiquement tous les crimes et toutes les iniquités d’Israël, demandait à Dieu qu’il les imputât à la victime destinée à sa colère et à sa justice et l’abandonnait ensuite à un homme préparé pour ce ministère, qui le conduisait jusqu’à une certaine distance dans le désert, et revenait le soir pour se purifier, sans pouvoir dire de quelle manière il avait plu à Dieu de traiter le Bouc Emissaire .
Tel était le sacrifice principal de cette fête de l’Expiation, les deux boucs ne formant qu’une seule et même victime, bien qu’ils fussent sacrifiés de différentes manières.

Voilà une belle figure de l’Ancien Testament annonçant le sacrifice du Christ… La meilleure preuve c’était le signe de la Croix sur la tête du Bouc Emissaire : « Au sortir du saints des saints, dit Lemann, aspergé par lui du sang du premier bouc immolé, le grand prêtre se rendait hors du sanctuaire, auprès du Bouc Emissaire pour le charger de tous les péchés d’Israël. Or c’était avec les deux mains placées en forme de croix sur la tête de cette seconde victime que les malédictions devaient être prononcées par lui ». (p. 116) NB de ce rite de l’Ancien Testament, il reste dans notre belle messe grégorienne le signe des deux mains étendue sur le calice au « Hanc Igitur ». Quel merveilleux symbole !

C’est surtout saint Paul dans son Epître aux Hébreux qui donne la signification de cette « expiation » : « mais le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, il a traversé le tabernacle plus grand et plus parfait, qui n’est pas construit de main d’homme, c’est-à-dire qui n’appartient pas à cette création terrestre, et il est entré une fois pour toutes dans le saint des saints, non avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang et il a obtenu une rédemption éternelle. Car si le sang des boucs et des taureaux, si la cendre d’une vache, dont on asperge ceux qui sont souillés, sanctifient de manière à procurer la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour que nous servions le Dieu vivan,t ». (Hb 9 11-14)

e- La quatrième figure : l’agneau pascal

Voici le commandement fait par le Seigneur à Moïse au livre de l’Exode 12

« Ce mois-ci (mois d’avril) sera pour vous le commencement des mois ; ce sera le premier des mois de l’année. Parlez à toute l’assemblée des enfants d’Israël, et dites-leur : qu’au dixième jour de ce mois, chacun prenne un agneau pour s famille et pour sa maison. Que s’il n’y a pas dans la maison assez de personnes pour pouvoir manger l’agneau, il en prendra de chez son voisin dont la maison tient à la sienne, autant qu’il en faut pour pouvoir manger l’agneau. Cet agneau sera sans tache ; ce sera un mâle, et il n’aura qu’un an. Vous pourrez aussi prendre un chevreau qui ait ces mêmes conditions. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour de ce mois et toute la multitude des enfants d’Israël l’immolera au soir. Ils prendront de son sang, et ils en mettront sur l’un et l’autre poteau et sur le haut des portes des maisons où ils le mangeront. Et cette même nuit ils en mangeront la chair au feu, et des pains sans levain avec des laitues sauvages. Vous n’en mangerez rien qui soit cru ou qui ait été cuit dans l’eau, mais il sera rôti au feu…Je passerai cette nuit-là par l’Egypte ; je frapperai dans le pays des Egyptiens tous les premiers-nés, depuis l’homme jusqu’aux bêtes, moi qui suis le Seigneur. Or le sang dont seront marquées les maisons où vous demeurerez servira de signe à votre égard. Je verrai ce sang et je passerai vos maisons et la plaie de mort ne vous touchera point lorsque je frapperai toute l’Egypte. Ce jour vous sera un mémorial, et vous le célébrerez de race en race, par un culte perpétuel, comme une fête solennelle à la gloire de Dieu » (Ex 12 1-4)

Le Père Lémann fait ce commentaire : « les Hébreux comprirent que c’était au sang de l’agneau immolé que leur vie était attachée , et que c’était à son mérite et non au leur qu’ils devaient attribuer leur sûreté et leur liberté. « Je verrai ce sang et la plaie de mort ne vous touchera point. La différence que Dieu mettait entre eux et les Egyptiens n’était-elle pas uniquement fondée sur ce que les portes de leurs maisons étaient teintes de ce sang ? Or Saint Paul nous apprend que ce fut par la foi que Moïse célébra la Pâque, et qu’il fit l’aspersion du sang de l’agneau, afin que l’Ange qui tuait tous les premiers-nés, ne touchât point aux israélites » (Hb 2 28)
Il crut fermement et sans hésiter que ce sang, qui, par lui-même, avait si peu de rapport avec le prodige de préservation annoncée par Dieu, ne tirait son efficacité que de l’auguste mystère du sacrifice du Christ caché dans cette cérémonie religieuse…Ce qui est hors de doute, c’est qu’il fit comprendre au peuple que, pour être préservé de l’extermination, il devait croire que l’apposition du sang de l’agneau immolé se rapportait au Messie.

Ce ne sera qu’avec le christianisme, après l’immolation du Christ, le véritable Agneau, qu’on découvrira que l’agneau pascal fut vraiment sa figure, non seulement parce que Jésus nous aura délivrés de la servitude du péché et de la mort éternelle par l’effusion de son sang, mais encore parce qu’il aura rempli exactement et parfaitement toutes les circonstances extérieures ordonnées par Dieu pour l’immolation de l’agneau pascal. Jésus, en faisant son entrée publique à Jérusalem, se sera offert aux juifs volontairement, comme leur victime pascale, le dixième jour de Nisan, et son immolation aura été accomplie le quatorzième jour entre les deux soirs. Il aura été immolé dans la ville même où il était prescrit de célébrer la Pâque après la construction de Temple, savoir, Jérusalem. Son sang aura été répandu, mais aucun de ses os n’aura été brisé. Car après qu’on eut rompu les jambes aux deux voleurs qui étaient crucifiés à ses côtés, comme on vit qu’il était mort, on ne lui rompit point les jambes, afin que cette parole de l’Ecriture fût accomplie. Vous ne romprez aucun de ses os.(Jn 19 36)
Il aura été descendu de la croix et enseveli le jour même de sa mort, parce qu’on ne pouvait rien conserver de l’agneau pascal pour le lendemain. Il aura été l’agneau sans tache et sans défaut, qui n’a commis aucun péché, et de la bouche duquel il n’est jamais sorti aucune parole trompeuse. (1 Petr 1 19 ; 2 22)

Voilà ce qu’on découvrira plus tard ; mais actuellement, ce que la masse du peuple, revenu de la captivité, ne connaît qu’exactement, c’est que l’agneau pascal se rapporte au Christ qui, mieux que lui, sera le Sauveur et le libérateur de son peuple. (Voir I II 102 5 ad 2)

Aussi cette espérance du Christ, sous l’emblème de l’agneau, a-t-elle toujours été chère à l’ancienne Synagogue. Le prophète Isaïe n’a-t-il pas été l’interprète de ces sentiments dans le cri qu’il jeta vers le ciel : « Envoyez Seigneur, l’agneau qui exercera sa domination sur la terre. ( Is 16 1 )… Dans les desseins miséricordieux du Seigneur, c’est à l’empire aimable d’un agneau que la terre entière devra être soumise. C’est à la vie d’un agneau que rassemblera, en effet, celle de Jésus. « Il ne criera pas, il ne discutera pas » (Is 42 2) Que ses enseignements seront suaves ! « Heureux ceux qui sont doux ; heureux ceux qui ont le cœur pur ; heureux ceux qui souffrent pour la justice » Mt 5 7-10) Et quel joug bienfaisant sera le sien ! Mon joug est doux, dira-t-il et mon fardeau est léger (Mt 11 30) Hélas ! sa mansuétude et sa bonté ne désarmeront pas ses ennemis. On l’entraînera au sacrifice : il demeurera muet devant ses bourreaux, comme l’agneau devant celui qui le tond (Is 53 7). Son sang coulera avec abondance, il effacera les péchés du monde. Alors sera réalisé l’annonce de Jean-Baptiste, son Précurseur, qui l’aura montré du doigt, en disant à la foule : « Voici l’agneau de Dieu, voici Celui qui efface les péchés du monde » (Jn 1 29). Le symbole de l’Agneau pascal aura reçu son accomplissement. ( id. p 109-113)

Après ces quelques précisions données sur les figures de l’Ancient Testament, annonçant le sacrement de l’Eucharistie, voyons l’explication de Saint Thomas.


2- L’explication de Saint Thomas


Dans le corps de l’article, Saint Thomas commence d’abord par expliquer que dans le sacrement de l’Eucharistie, comme dans tout sacrement, il faut distinguer trois choses. Il veut dire que nous pouvons examiner le sacrement sous un triple rapport. Je peux le considérer comme simple signe. Tout sacrement en effet est « un signe sensible institué par Notre Seigneur Jésus-Christ… ». Saint Thomas parle alors de « sacramentum tantum ». Je considère l’Eucharistie sous le rapport du signe. Donc le signe de l’Eucharistie c’est le pain et le vin . « In hoc sacramebtum tria considerare possumus: scilicet id quod est sacramentum tantum, scilicet panis et vinum ». C’est le pain et le vin. Comme le « sacramenbtum tantum du baptême c’est l’eau.

Mais je peux aussi considérer l’Eucharistie sous un autre aspect. Je peux le considérer dans sa « réalité », dans ce qu’il est in se. Saint Thomas appelle cet aspect le « res et sacramentum ». c’est « le corps vrai du Christ ». C’est la présence réelle : « et id quod est res et sacramentum, scilicet corpus Christi verum »

Mais je peux encore considérer l’Eucharistie dans ses effets. Saint Thomas appelle cet aspect du sacrement : la « res tantum », c’est l’effet de ce sacrement.

Voilà donc les trois aspects sous lesquels je peux considérer un sacrement ; le sacrement de l’Eucharistie en particulier.
Et alors je peux comprendre que telle figure convient mieux au sacrement de l’Eucharistie selon tel ou tel l’aspect que je considère. Voilà comment Saint Thomas va répondre à sa question : « Si l’agneau pascal fut la principale figure de ce sacrement ». Et il fera remarquer que la figure de l’agneau pascal correspond parfaitement au trois aspects à la fois, ce que ne satisfont pas les autres figures qui correspondent bien à tel aspect mais pas à l’ensemble des trois aspects à la fois.

a- Voyons le premier aspect , le « scramentum tantum », donc le sacrement de l’eucharistie en tant qu’il est « seulement signe », à savoir le pain et le vin.
Sous ce rapport, nul doute que la principale figure, la « potissima figura »,de ce sacrement - sous le rapport du signe – fut l’oblation de Melchisédec qui offrit le « pain et le vin ». « Quantum igitur ad id quod est sacrmentum tantum, potissima figura fuit huius sacramenti oblatio Melchisedec qui obtulit panem et vinum ». Retenons ce verbe : « obtulit, obtulere » utilisé par Saint Thomas pour définir l’acte, le sacrifice de Melchisedec. Souvenons-nous de ce terme « oblatio pour définir le sacrifice de Melchisedec. Les mots ont leur importance.

b- Voyons le deuxième aspect du sacrement de l’Eucharistie : quelle figure peut-elle bien convenir sous cet aspect de l’Eucharistie, c’est-à-dire sous l ‘aspect du « res er sacramentum » : « le corpus Christi verum ». Et ici Saint Thomas précise, c’est très important, sous l’aspect du « Christ Lui-même dans sa mort que ce sacrement contient ». « Quantum autem ad ipsum Christum passum, qui continetur in hoc sacramento… » ? Ce sont, bien évidemment, tous les sacrifices de l’Ancien Testament, mais surtout « le sacrifice de l’expiation » qui, nous l’avons vu, est de tous le plus important. « Quantum autem ad ipsum Christum passum qui continetur in hoc sacramento, figurae eius fuerunt omnia sacrificia veteris Testamenti; et praecipue sacrificium expiationis, quoid erat solemnissimum ».

c- Quant au troisième aspect sous lequel je peux considérer l’Eucharistie, à savoir sous l’aspect de la « res tantum », à savoir « l’effet du sacrement », la principale figure fut la manne, qui avait en elle le goût de toutes les saveurs, comme il est dit au livre de la Sagesse (16 –20) et qui fortifia le peuple hébreux au désert. Et Saint Thomas écrit : « sicut huius sacramenti quantum ad omnia refecit mentem ». Voilà au passage, une belle définition de l’effet du sacrement de l’Eucharistie. Retenons, là aussi, le verbe utilisé : « reficere » qui se traduit en français par « refaire, réparer, réconforter ». Telles sont les effets de l’Eucharistie comme le fut, dans l’Ancien Testament, la manne, belle figure de l’Eucharistie. N’oublions pas le bel article 2 où Saint Thomas d’Aquin parle aussi de l’Eucharistie en tant « refectio spiritualis ». destinée, en tant que repas, à refaire l’âme dans la vie spirituelle. On retrouve là le même verbe : « reficere ».
d-Quant est-il alors de l’agneau pascal ?
Saint Thomas poursuit son argumentation : « Sed », « Mais » Mais l’agneau pascal est la plus belle et parfaite des figures car elle réunit en elle les trois aspects du même sacrement eucharistique.
e-« Quantum ad primum », quant au « signum tantum », c’est-à-dire « quant au pain », signe du sacrement de l’Eucharistie : l’agneau pascal est une belle figure de l’Eucharistie, parce qu’il était mangé, nous l’avons vu, avec des pains azymes, selon cette parole de l’Exode : « ils mangeront les chairs et les pains azymes (Ex 12 8)
f-« Quantum ad secundum », quant à la « res et sacramentum », c’est-à-dire au « Christ présent dans sa mort que ce sacrement contient » : là aussi l’agneau pascal est la plus belle des figures du sacrifice eucharistique.. Il était immolé pour toute la multitude des enfants d’Israël, au quatorzième jour de la lune et qu’il figurait merveilleusement l’innocence du Christ en sa Passion. Voilà, du reste, pourquoi il fut appelé lui-même « agneau » (Jn 1 36 Apoc 5 6)
g-Pareillement quant à l’effet : Je ferais remarquer que, comme effet, ici Saint Thomas retient non plus la « réfection spirituelle », mais la libération causée par la passion du Christ, à l’instar, ou mieux tel que figurée par le sang de l’agneau pascal protégeant les enfants d’Israël contre l’ange dévastateur, leur permettant de quitter l’Egypte et de sortir de la servitude du Pharaon. « Quantum ad effectum, quia per sanguinem agni paschalis protecti sunt filii Israël a devastante angelo et educti de Aegyptiaca servitute ».
Ainsi, conclut Saint Thomas, l’agneau pascal est vraiment considéré comme la figure « praecipua » « principale » du sacrement de l’Eucharistie parce qu’il le représente « representat » -c’est le mot de Saint Thomas- « quant à tout ce qui est de lui ».
C’est un très bel article, parfaitement bien construit. Je retiendrai, entre autres choses, les considérations de Saint Thomas sur le « res et sacramentum » du sacrement de l’eucharistie. « Quantum autem ad ipsum Christum passum qui continetur in hoc sacramento, figurae eius fuerunt omnia sacrificia veteris Testamenti; et praecipue sacrificium expiationis, quoid erat solemnissimum ».
A cette lumière, je peux me poser raisonnablement la question, comme je le faisais dans le commentaire de l’article précédent, l’article 5 : que faut-il penser de la nouvelle doctrine sur la messe apparue avec le Concile Vatican II et le « Novus Ordo Missae » reprise dans le n° 14 de l’encyclique du pape « Ecclesia de Eucharistia »: « le sacrifice eucharistique rend présent non seulement le mystère de la passion, et de la mort du Sauveur, mais aussi le mystère de la résurrection dans lequel le sacrifice trouve son couronnement » ? .

 

III - Quelques informations religieuses


A- « Regards sur le monde » du 28 novembre 2004.

Je ne peux que vous encourager à prendre connaissance de « mon dernier regard sur le monde », n° 19. Là, je donne mes appréciations sur le cours du temps dans le monde de la Tradition. Cliquez ici.

B – Un texte de l’association « Sensus Fidei »

L’association « sensus fidei » dirigé par Monsieur Amiot dont on connaît la sagesse et la mesure, publie un texte important que je livre à votre réflexion.


DECLARATION DE FIDELITE A LA TRADITION CATHOLIQUE


Nous, fidèles catholiques attachés à la Tradition de notre religion et au message de Mgr Marcel Lefebvre, proclamons que le lien qui nous unit est l’attachement à la foi de nos pères telle que l’Eglise l’a transmise jusqu’au funeste concile de Vatican II. Cette foi est gravement attaquée par les erreurs conciliaires et plus généralement par un monde qui n’a jamais été aussi éloigné de Dieu. Sa défense est urgente et doit mobiliser toutes les énergies.

La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X joue un rôle central dans la transmission de cette foi en raison du nombre de ses membres et de l’étendue de son ministère. Nous voulons saluer ici publiquement le travail admirable de ses prêtres et les en remercier de tout cœur. Où en serait aujourd’hui la Tradition catholique sans le dévouement des membres de la FSSPX ?

Pourtant nous croyons devoir rappeler que la Fraternité Saint-Pie X n’est pas seule à avoir conservé la foi catholique et à distribuer validement les sacrements. Parce qu’elle est le devoir de tous, la défense de la foi catholique n’est donc le monopole de personne. Elle doit s’exercer dans la plus parfaite charité entre tous.

Face à certains évènements qui ont agité récemment la Tradition, nous déclarons publiquement notre inquiétude.

Nous regrettons l’énergie mise dernièrement dans des controverses philosophiques obscures, quand nous constatons trop souvent peu de zèle pour faire avancer le royaume de Dieu. Nous sommes excédés des prédications centrées sur des observances mineures de notre religion et qui semblent la réduire à un moralisme. Force est de constater que l’esprit de conquête de Mgr Lefebvre semble loin et que l’on se replie sur soi.

Nous sommes choqués par le renvoi expéditif de séminaristes sans histoires ou de prêtres qui se sont illustrés par leur dévouement au service des fidèles. Nous sommes étonnés que les procédures prévues par le code de droit canonique traditionnel n’aient pas été observées pour des mesures aussi radicales. Nous recevons de multiples confidences de prêtres malheureux, mais qui se taisent par crainte de sanctions.

Nous sommes scandalisés par les actes agressifs, les déclarations acides, les mises en demeure et plus généralement l’absence de charité entre les membres du clergé. La défense d’un soi-disant « Principe d’Autorité » ne peut justifier l’affligeant spectacle auquel nous assistons depuis l’été. L’Eglise ne peut être régie avec une discipline militaire. La seule vraie règle entre ses membres est celle de la charité selon la devise de Mgr Lefebvre : credidimus caritati, « nous avons cru à la charité ».

Alors que presque tous les clercs fidèles à la Tradition catholique exercent leur ministère par une juridiction de suppléance justifiée par le délabrement de l’Eglise depuis le Concile, nous ne pouvons comprendre à quel titre la FSSPX s’arrogerait le droit d’« excommunier » en quelque sorte ceux avec lesquels elle serait en conflit. Ainsi le communiqué du Secrétaire Général de la FSSPX du 21 octobre déclarant « illicite » le ministère des Abbés Laguérie et Héry à l’église Saint-Eloi de Bordeaux est dénué de sens et marque une dérive que nous ne pouvons que rejeter vigoureusement.

De même nous ne pouvons accepter que, sous prétexte d’exclusion de la FSSPX, des prêtres catholiques soient empêchés de dire leur messe dans les églises que nous avons occupées avec peine (comme Saint-Nicolas-du- Chardonnet qui appartient à tous les traditionalistes) ou dans les prieurés que nous avons financés de nos deniers (pour la transmission de la foi et non le sectarisme de certains titulaires). Chaque prêtre catholique doit pouvoir accéder à tous les autels catholiques de la résistance. Tous doivent concentrer leurs efforts non à se déchirer mais à lutter contre les erreurs conciliaires qui détruisent l’Eglise.

Nous appelons donc les prêtres à nous montrer l’exemple de la charité et de la miséricorde et nous les exhortons à la réconciliation. Dieu veuille nous en faire la grâce !

 

N B Si cette déclaration correspond à vos inquiétudes, signez-la et renvoyez-la à l’association Sensus Fidei, 2 rue Narcisse Diaz, 75016 Paris. Les déclarations dont les signataires l’auront souhaité seront transmises à Mgr Bernard Fellay. Les autres seront conservées au siège de l’association.

C- Fatima.

Yves Chiron, dans son dernier Aletheia du 21 novembre 2004, revient sur les derniers évènements qui touche le sanctuaire aimé de Fatima.

On connaît la réunion œcuménique qui a eu lieu à Fatima, il y a maintenant deux ans .

On a appris également la présence de bouddhistes au sanctuaire, à la capellina même, cette été.

Ces deux événements ont fort « remués le milieu de la Tradition. A tel point qu’un pèlerinage de la Tradition est annoncé en réparation pour les 20 et 22 août prochain.

L’article d’Yves Chiron se veut apaisant et nous encourage à nous « reposer sur nos deux oreilles ».

Voici son article. Je le ferai suivre de mes réflexions en vous renvoyant à mon site ITEM et au dossier sur Fatima.

a- Article de Yves Chiron sous le titre « mises au point sur Fatima »

« La transformation du sanctuaire de Fatima en un centre inter-religieux a été annoncée comme un projet avéré et certain, mis en œuvre par les autorités actuelles du sanctuaire de Fatima et avec l’approbation du Saint6Siège. Un premier pas de cette « évolution » du grand sanctuaire marial aurait été « un service religieux hindou » qui se serait déroulé dans la chapelle même des Apparitions le 5 mai dernier.
Cette double information a fait l’objet de plusieurs articles dans des publications catholiques qui s’en scandalisent. Il y aurait, de fait, matière à scandale si le projet était bien celui que l’on annonce. le site fatima.be a lancé « une Pétition contre le projet de construction d’un sanctuaire interconfessionnel à Fatima », pétition « à envoyer au Saint-Père ». La FSSPX annonce un pèlerinage à Fatima, sous forme de « Journée de réparation » du 20 au 22 août 2005.

En s’en tenant aux seuls articles récents, on signalera trois protestations :
- un article de l’abbé Charles Tinotti, dans l’Homme Nouveau daté du 5 septembre 2004, intitulé : « Tempête et subversion. Les religions de Fatima ». Il y annonce que le « sanctuaire doit être reconverti en un centre pluri-confessionnel ». Il y évoque, pour s’en indigner, « un service religieux hindou (qui) s’est tenu dans la chapelle des apparitions ».
- La lettre du Supérieur Général de la FSSPX. Mgr Fellay déplore l’annonce de « la construction d’un nouvel édifice pluri- religieux » à Fatima et dénonce la « provocation » qu’a représenté la cérémonie hindouiste du 5 mai dernier.
- Une pleine page de l’hebdomadaire Rivarol, le 12 novembre dernier, sous la signature de Jérôme Bourbon. Sous le titre « Offense faite à la Vierge…et à l’Europe : Fatima livrée aux rabbins et aux gouroux ! » Jérôme Bourdon annonce que Fatima est appelé à devenir « un centre où toutes les religions du monde se rassembleront pour rendre hommage à leur(s) dieu(x) respectif(s) ». Il voit là un épisode de plus de l’apostasie « radicale » de « de la Rome moderniste et (de) l’Eglise conciliaire ».

Or, un article très important de Jeanne Smits, sur la transformation du sanctuaire, est paru le 28 août dans Présent. Je l’avais signalé alors (Aletheia, n° 61, 1.9.2004) car il apportait des éclaircissements et des rectifications convaincantes. Jeanne Smits avait enquêté sur place et avait établi que « tout est parti d’un unique article paru dans l’hebdomadaire Portugal news, journal anglophone édité dans l’Algarve (côté sud du Portugal). J.. Smits citait aussi les démentis apportés par le P. Luciano Guerra, recteur du sanctuaire, dans la revue officielle Voz de Fatima.
L’article de Jeanne Smits dans Présent aura donc échappé au dernier protestataire en date (J. Bourdon). En revanche, cet article de Jeanne Smits( et peut-être la recension qui en a été faite dans Aletheia) n’auront pas échappé, semble-t-il, à la rédaction de l’Homme Nouveau. En effet, le numéro suivant du bimensuel, daté du 19 septembre, contenait une sorte de rectificatif. Sans faire référence à l’article de Tinotti qui avait été publié à la même place dans le numéro précédent, était publié cette fois, un « document » important qui venait tout simplement le contredire. Il s’agit, sous le titre « semper idem », de la traduction d’un article du P. Guerra, publié dans Voz de Fatima, le 29 juin 2004. Le recteur du sanctuaire y fait de nouvelles mises au point. Mise au point sur le « pèlerinage » hindouiste du 5 mai et mise au point sur le futur sanctuaire : « Nous n’avons pas et n’avons jamais eu l’intention de réaliser dans l’église en construction des célébrations qui ne soient pas prévues par les directives de l’Eglise catholique ».
Le recteur du sanctuaire de Fatima aura donc fait trois mises au point en moins d’un an (13 janvier, 29 juin et 13 juillet 2004). S’il a dû les faire, c’est que certaines de ses déclarations ont été ou déformées ou mal comprises ou maladroite. Mais aussi, si une rectification n’a pas suffi, s’il a dû les répéter, c’est que les rumeurs et les fausses informations circulent plus vite et mieux que les éclaircissements et les démentis.
Rappelons encore que cette église en construction est dédiée à La très Sainte Trinité, - nom guère « inter religieux » ! – et que Jean-Paul II a offert « un petit morceau de marbre qui provient de la tombe de l’apôtre Saint-Pierre à Rome » comme première pierre de l’édifice. L’inauguration est prévue pour le 13 mai 2007 ».

Voilà l’article de Yves Chiron.

La conclusion de cet article pourrait être : « Peuples, dormez en paix ! Rien de « méchant » ne se prépare à Fatima ».

Je le souhaite vivement. Mais je n’en suis pas si sûr que notre auteur.

J’ai personnellement lu tous les articles dont parle Yves Chiron.
Je ferai remarquer, et c’est un point qui semble avoir échappé à l’attention d’Yves Chiron, que les « inquiétudes » n’ont nullement commencé avec les annonces du journal « Portugal News », mais bien avec la réunion œcuménique de l’été 2003, à Fatima même, réunion particulièrement scandaleuse et inquiétante.

Yves Chiron, qui dit se baser sur les seuls articles récents : « En s’en tenant aux seuls articles récents… » semble conclure à l’apaisement. Il s’en remets beaucoup au compte-rendu de Je anne Smits de Présent, qui elle même s’en remet beaucoup aux dires du recteur du sanctuaire. C’est également le point d ‘appui essentiel d’Yves Chiron. J’ai fait une lecture des propos du Père Guerra un peu différente de celle d’Yves Chiron et de Jeanne Smits. Je voudrais vous la rappeler et attirer l’attention d’Yves Chiron. Il lui a manqué de lire « mes remarques » sur le site ITEM. Ce n’est pas grave ! Mais si on veut être « exhaustif », alors…

b- voyez mes analyses dans le site Item dans la rubrique
- « Fatima deviendra-t-il un sanctuaire inter-religieux ». Cliquez ici.
- « du nouveau sur Fatima ». Voyez surtout le NDLR dans la déclaration du P Guerra, recteur du sanctuaire. Cliquez ici.