Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Semaine du 29 au 5 décembre 2004

deuxiéme dimanche de l’Avent.

 

 

I - Les textes de la messe du 2é dimanche de l’Avent.

 

L’Eglise nous propose en ce deuxième dimanche de l’Avent de très beaux textes que j’aurai la joie et le plaisir de vous présenter dans l’Homélie. Ne serait-ce que pour cela, il fait bon d’être « curé ». On va et vient au milieu des choses divines, comme le dit la postcommunion, on vit dans l’ « amour des choses du ciel ». Et cela est source et cause d’une vraie joie, d’une douceur et d’une intensité formidable. C’est cette joie qu’il faut entretenir dans vos cœurs tout le temps de l’Avent… et après.

Introït, tiré d’Isaïe 30,30 :

« Peuple de Sion, le Seigneur va venir pour sauver les Nations ; le Seigneur va faire éclater la majesté de sa voix, pour la joie de votre cœur. V/ Prête l’oreille, pasteur d’Israël, toi qui conduis Joseph comme un troupeau. V/ Gloire au Père ».

Collecte

« Stimulez nos cœurs, Seigneur, à préparer les voies de votre Fils unique, afin que sa venue nous donne de vous servir d’une âme purifiée. Lui, qui étant Dieu, vit et règne avec vous ».

L’Epître, tiré de la lettre de Saint Paul aux Romains 15, 4-13.

Frères, tout ce qui est écrit précédemment fut écrit pour notre instruction, afin que, par la prévenance, et par le réconfort des Ecritures, nous possédions l’espérance. Que le Dieu de l’espérance et du réconfort vous donne d’être d’accord entre vous selon le Christ Jésus, pour que, d’un même cœur, d’une seule bouche, vous rendiez gloire au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Accueillez-vous donc les uns les autres comme le Christ vous accueillis, pour la gloire de Dieu. Car, je le dis, le Christ a été le serviteur des circoncis, à cause de la vérité de Dieu, pour confirmer les promesses faites à leurs pères ; mais les nations, c’est à cause de la miséricorde qu’elles rendront gloire à Dieu, selon qu’il est écrit : « Aussi, je te louerai parmi les nations, Seigneur ! je chanterai pour ton Nom. » L’Ecriture dit encore : « Exultez, nations, avec son peuple ! » Et encore : « Louez le Seigneur, toutes les nations ; fêtez-le, tous les peuples ! » Et Isaïe dit encore : « Il viendra le rejeton de Jessé, celui qui se lèvera pour régir les nations ; en lui, les nations mettront leur espérance ». Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et toute paix en votre foi, pour que vous soyez riches d’espérance par la puissance de l’Esprit-Saint ».

Merveilleux !

Graduel tiré du Psaume 49

« De Sion, beauté parfaite, Dieu va se manifester. V/ Rassemblez-lui ses fidèles qui ont fait alliance avec lui par un sacrifice ».

Alleluia, tiré du Psaume 121

« Alleluia, Alleluia. V/ J’ai été dans la joie quand on m’a dit : « Allons à la maison du Seigneur . Alléluia ».

Evangile selon Saint Mathieu 11 2-10

« En ce temps-là, Jean, dans sa prison, entendit parler des œuvres du Christ, et il envoya deux de ses disciples lui demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient et les estropiés marchent ; les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent ; les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Et heureux qui n’aura pas en moi une occasion de chute ! ». Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules au sujet de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? …Alors, qu’êtes-vous allés voir ? Un homme aux habits somptueux ? Mais ceux qui portent des habits somptueux, sont dans les palais des rois ! Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis et mieux qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : « Voici que j’envoie mon messager devant ta face pour qu’il prépare la route devant toi ».

Offertoire tiré du Psaume 84

« C’est toi Seigneur, qui nous rendras la vie, et ton peuple se réjouira en toi. Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde, accorde-nous ton salut. »

Secrète

« Laissez-vous fléchir, Seigneur, par nos humbles prières et par nos offrandes et puisque nous n’avons aucun mérite qui puisse plaider pour nous , venez vous même à notre secours ».

Merveilleux ! L’humilité est le seul motif de notre appel divin !

Communion

« Debout, Jérusalem, tiens-toi sur la hauteur et vois la joie qui vient de ton Dieu »

Postcommunion

« Rassasiées par cet aliment spirituel, nous vous supplions de nous apprendre, Seigneur, dans la participation à ce mystère, l’oubli des choses de la terre et l’amour des choses du ciel ».


II - Homélie.

 

« Tout ce qui a été écrit jadis, l’a été pour votre instruction afin que, par la persévérance et la consolation que donnent les Ecritures nous possédions l’Espérance ».

Dans ce temps de l’Avent, dans ce dimanche, l’Eglise nous rappelle deux choses capitales :
-et le salut du genre humain réalisé par le Messie, le Fils de Dieu
-et son universalité. A savoir que les fils de la « circoncision », du « pacte divin » et les enfants des « nations », la gentilité, tous, sont l’objet du salut par la seule bienveillance divine, sa miséricorde. Et c’est cette universalité du salut, enseignée par l’Ecriture Sainte, qui fonde l’espérance chrétienne et qui est source de paix et d’union entre les peuples.

Tel est l’objet de l’enseignement de ce dimanche.

Vous en voyez la profondeur et les conséquences religieuses et même politiques. Politique ! Oui ! au milieu des difficultés de relations entre les nations, n’oublie pas, o Politique ! que toutes les nations font l’objet de la miséricorde de Dieu et qu’elles sont unies, dans la foi, en une même espérance eschatologique.

Examinons le problème du salut des « circoncis », « des fils de la promesse ».

Mais tout d’abord, voyons en Notre Seigneur, le Christ-Jésus, l’auteur de cette œuvre salvifique. C’est lui qui l’accomplit.

Il fut annoncé dans les Ecritures

Toutes les Ecritures, sont pleines de la venue du Christ, du Messie. Toutes les Ecritures parlent de lui, l’annoncent, le décrivent même. Avant qu’il ne soit né, son histoire est écrite et sous ce rapport, connue.
Et c’est pour cela que l’Eglise nous propose aujourd’hui, cet Epître de Saint Paul aux Romains et plus particulièrement ce verset :« Tout ce qui a été écrit jadis, l’a été pour votre instruction… »

Et du reste, Jésus, pour se faire reconnaître de son peuple, ici, des disciples de Saint Jean Baptiste, leur rappelle précisément ce qu’on annonçait les Ecritures.

Il est dit que le Messie sera un « thaumaturge ». Jésus alors dit aux disciples : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent. La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ».

Mais c’est, de fait, le prophète Isaïe qui l’annonce au chapitre 35 5-6 de son œuvre : « Prenez courage, ne craignez point. Voici votre Dieu. La vengeance vient, une revanche divine. Il vient lui-même et vous sauvera. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles. Alors s’ouvriront les oreilles des sourds. Le boiteux bondira comme un cerf et la langue du muet éclatera de joie »

Oui ! L’Ecriture est pleine de récits sur le Messie et son œuvre rédemptrice.

On voit pourquoi Saint Paul insiste en son Epître aux Romains : « Tout ce qui a été écrit jadis, l’a été pour votre instruction afin que par la persévérance et la consolation que donnent les Ecritures, nous possédions l’espérance ».

Les Ecritures nous enseignent que le Messie, le Christ, aura un précurseur.

C’est Isaïe que l’enseigne dans son chapitre 40 2-11

Ecoutez :

« Une voix crie : Frayez dans le désert le chemin de Yahweh. Aplanissez dans la steppe une route pour notre Dieu. Que toute vallée soit relevée. Toutes montagnes et toutes collines abaissées. Que la hauteur devienne une plaine et les rochers escarpés un vallon ».

Mais ce sont là les paroles mêmes de Saint Jean Baptiste que nous rapportent Saint Luc dans son Evangile au chapitre 3 verset 4. Saint Jean Baptiste est le précurseur du Christ.

L’Ecriture nous dit qu’il doit naître « enfant ». « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, l’empire a été posée sur sers épaules et on lui donne pour nom : conseiller, admirable. Dieu-fort. Père éternel. Prince de la paix.

Et c’est le chant des anges la nuit de Noël qui reprend ce chant sur la crèche même du Sauveur, venant appeler les bergers à glorifier leur Maître. « Un enfant nous est né ». « Ne craignez point car je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple une grande joie. Il vous est né aujourd’hui dans la ville de David, un sauveur qui est le Christ. Et voici ce qui vous servira de signe : Vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche ».

L’Ecriture nous annonce qu’il doit naître d’une vierge, dans la ville de Bethléem, qu’il doit descendre d’Abraham, sortir de la tribu de Judas, de la famille de David. Qu’il paraîtra quand Judas aura perdu le sceptre de l’autorité et que les soixante dix semaines fixées par David seront écoulées. C’est fait. Il est écrit aussi qu’il annoncera le royaume de Dieu aux pauvres et aux petits. Qu’il ouvrira les yeux aux aveugles et rendra la santé aux infirmes. Qu’il enseignera la voix parfaite. Qu’il sera le précepteur des gentils, qu’il les convertira.

C’est toute l’annonce du prophète Isaïe au chapitre 55 qu’il me plait, ici, de vous rappeler plus précisément : « O vous qui avez soif, venez aux eaux. Vous mêmes qui n’avez pas d’argent, venez acheter du blé et mangez. Venez acheter sans argent et sans rien donner en échange, du vin et du lait. Pourquoi dépenser de l’argent pour ce qui n’est pas du pain, votre travail pour ce qui ne rassasie pas ? Ecoutez-moi donc et mangez ce qui est bon. Et que votre âme se délecte de mets succulents. Prêtez l’oreille et venez à moi. Ecoutez et que votre âme vive et je conclurai avec vous un pacte éternel vous accordant les grâces assurées à David »

C’est le peuple des promesses qui est ici annoncé et c’est le Christ qui accomplira les promesses, aux bénéfices des hébreux, des « fils d’Abraham et de David » : il réalisera « le pacte éternel » avec son peuple. Il les comblera, de fait, de grâces et de bénédictions.

Et c’est ce que veut dire Saint Paul : « J’affirme en effet que le Christ s’est fait le serviteur des « circoncis » pour faire honneur à la véracité divine », à la parole de Dieu, en accomplissant les promesses faites aux Pères des circoncis, « circoncis » comme signe du pacte conclu entre Dieu et Abraham et sans cesse renouvelé avec Isaac et Jacob.

Et Isaïe poursuit, dans son même chapitre : « Voici que je l’ai établi témoin auprès des peuples, des nations, prince et dominateur des peuples et des nations ». « Voici que tu appelleras la nation que tu ne connaissais pas et les nations qui ne te connaissaient pas, accourront à toi, à cause de Yahweh, ton Dieu et du saint d’Israël, parce qu’il t’a glorifié ».

Ainsi le Christ, l’ « oint de Dieu » ne fera pas miséricorde aux gentils, « aux nations », en raison de pacte divin, en raison des Ecritures, pour en accomplir la vérité, « en raison des promesses faites aux Pères », mais essentiellement par « pur miséricorde », par pure bienveillance. « Quant aux païens, dit Saint Paul, c’est par sa miséricorde qu’ils glorifient Dieu »
Oui !Eux sont sauvés par pure miséricorde, sans pacte préalablement conclu.

Mais finalement, peu importe le motif, la raison du salut, peu importe que ce soit en raison des « promesses », que ce soit par la seule miséricorde divine, tous « glorifient Dieu », doivent glorifier Dieu de son salut offert et réalisé dans le Christ et son sacrifice.

Dès lors le salut de Dieu réalisé en son Christ est la raison et de la joie des élus et de la paix des élus. La raison de leurs actions de grâces. De la paix des élus avec Dieu. De la paix des élus entre eux. Entre toutes les nations. Juifs et Gentils, en Notre Seigneur Jésus-Christ, ne font qu’un, un seul peuple qui doit chanter la gloire du Maître pour sa bonté. « C’est pourquoi Seigneur je te louerai parmi les nations ». C’est pourquoi je chanterai à la gloire de ton nom.
C’est pourquoi je me réjouirai, nations, avec son peuple. C’est pourquoi je te louerai éternellement et te célébrerai. C’est pourquoi j’aimerai ce sacrifice perpétué dans le temps, dans cette belle messe romaine. En toi, Seigneur, je mets mon espérance, en ce seul sacrifice.

C’est pourquoi la plus belle qualification de Dieu que je trouve dans l’Ecriture est l’espérance. Il est le « Dieu de l’espérance ». Et comme le dit joliment Saint Paul : le « Christ, en nous, l’espérance de la gloire ». Il est le Dieu qui fait naître en le cœur humain l’espérance. Car il a envoyé son Fils, seul sauveur, son Fils, seul rédempteur.

Alors on comprend l’exclamation de Saint Paul : « Que le Dieu de l’espérance vous donne toute la plénitude de la joie et de la paix dans la foi pour que vous soyez riches d’espérance par la vertu de l’Esprit-Saint ».

Et si donc le Christ nous fit tel accueil par bonté et miséricorde : « accueillez-vous les uns les autres comme le Christ lui-même vous a accueillis pour la gloire de Dieu ».

Et le salut n’est pas seulement notre glorification, mais aussi la glorification de Dieu. Notre glorification est aussi et d’abord la gloire de Dieu.

III – L’année eucharistique.

 

Nous avons fini la semaine dernière la question 73 de la IIIa pars consacrée à l’Eucharistie en général. Cette Eucharistie nous la vénérons plus particulièrement cette année puisque cette année est consacrée, selon le vouloir du Souverain Pontife, à honorer l’ Eucharistie. Comment la mieux honorer, en effet, qu’en étudiant le traité de Saint Thomas. Nous abordons cette semaine la question 74, toute consacrée à la « matière de ce sacrement : le pain et le vin ». Elle comprend huit articles
1° : Si le pain et le vin sont la matière de ce sacrement ?
2° : Si pour la matière de ce sacrement est requise une quantité déterminée ?
3° : Si la matière de ce sacrement est le pain de froment ?
4° : Si c’est la pain azyme ou le pain fermenté ?
5° : Si la matière de ce sacrement est le vin de vigne ?
6° : Si l’on doit y mélanger de l’eau ?
7° : Si l’eau est de nécessité pour ce sacrement ?
8° : De la quantité d’eau a y ajouter ?

Commençons par le premier article.

Article Premier :« Si la matière de ce sacrement est le pain et le vin ?


En un mot, disons que ni le « sang des animaux », malgré son symbolisme évident avec la Passion du Christ qui est contenue dans ce sacrement, ni le « pain et le fromage », comme le voulaient certains hérétiques, ni le « sang et la farine » mélangés comme le voulaient d’autres hérétiques, ni la « seule eau » comme le voulaient encore d’autres hérétiques invoquant la sobriété évangélique, ou d’autres choses encore, comme le riz, comme aujourd’hui certains le voudraient, ne sont la vraie matière de ce sacrement.

Toutes ces choses ou autres choses semblables sont exclues, nous dit Saint Thomas, parce que NSJC a institué ce sacrement sous les espèces du pain et du vin selon l’Evangile de saint Mathieu au chapitre 26 26 et suiv. : « Pendant le repas, Jésus prit le pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le donna à ses disciples, en disant : « Prenez et mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe, et, ayant rendu grâces, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous : car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour un grand nombre en rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père ».
Il faut donc affirmer que le pain et le vin sont la matière du sacrement de l’Eucharistie. C’est ainsi qu’Il l’institua.

De cette conclusion inéluctable, que le pain et le vin sont la matière du sacrement de l’Eucharistie, la seule qui convienne et dans laquelle le sacrement puisse être célébré, Saint Thomas, dans la deuxième partie de son article, va en montrer la haute convenance. Il y a entre cette matière et la nature du sacrement de l’Eucharistie une belle harmonie: « Unde panis et vinum sunt materia conveniens huius sacramenti. Et hoc rationabiliter ».

Il va nous donner quatre raisons.

La première raison de cette haute convenance ou harmonie, Saint Thomas la tire de l’usage de ce sacrement qui est, nous l’avons vu, une « manducation spirituelle». Or le pain et le vin sont le plus communément utilisés pour toute « réfection corporelle ». Dès lors, l’Eucharistie dont la nature est d’être une « refectio spiritualis », devait être instituée avec du « pain et du vin ».
Pour mieux montrer cette harmonie entre cette matière - le pain et le vin – et le sacrement de l’Eucharistie, Saint Thomas établit la comparaison entre l’eau et le baptême. Le baptême est une ablution spirituelle. Or l’eau est l’élément nécessaire pour tout ablution. Il y a donc une belle convenance à ce que l’eau soit la matière du sacrement de baptême. De même pour le pain et le vin. Ce sont là des éléments nécessaires à toute bonne réfection corporelle. Or l’Eucharistie est « réfection spirituelle ». Il y avait donc une haute convenance à ce que NSJC institua ce sacrement avec le pain et le vin comme matière

La seconde raison a trait à la Passion du Christ au cours de la quelle le sang fut séparé du corps. Or ce sacrement est le « mémorial de la passion du Seigneur », « est memoriale Dominicae passionis ». C’est pourquoi on prend séparément le pain comme sacrement du corps et le vin comme sacrement du sang.

Cette considération de Saint Thomas est à retenir. « On remarquera, dit le Père Pègues, le rapport établi par Saint Thomas entre les deux espèces séparées et la séparation du corps et du sang du Christ sur la croix. . Il faut donc dire que pour Saint Thomas, c’est par ce rapport que l’Eucharistie a raison de sacrement de la Passion du Christ ; et, par suite, de sacrifice commémoratif ou représentatif du sacrifice de la Croix que constitue cette même Passion dans laquelle le corps et le sang du Christ furent séparés. Quand nous aurons à traiter de la raison ou du caractère d’immolation, et, partant, de sacrifice, dans l’Eucharistie, nous n’aurons pas à la chercher ailleurs que dans cette séparation sacramentelle du corps et du sang du Christ sous les espèces séparées du pain et du vin ».(p37)

Aussi retenons la formulation de cette seconde raison. Elle est importante : « secundo, quantum ad passionem Christi, in qua sanguis a corpore est separatus. Et ideo in hoc sacramento, quod est memoriale Dominicae passionis, seorsum sumitur panis ut sacramentum corporis et vinum ut sacramentum sanguinis ».

La troisième raison porte sur l’effet du sacrement « considéré en chacun de ceux qui le reçoivent ». Il en est la protection. Or l’homme est fait d’un corps et d’une âme. C’est pourquoi dans ce sacrement la chair du Christ , sous l’espèce du pain, est offerte pour le salut du corps, et, sous l’espèce du vin, le sang pour le salut de l’âme, selon qu’il est dit dans le Lévitique que l’âme de l’animal est dans le sang (Lev 17 14)

La quatrième raison a trait encore à l’effet du sacrement mais non plus considéré « en chacun de ceux qui le reçoivent séparément et en lui-même », mais « par rapport à l’Eglise dans sa totalité. « Quarto, quantum ad effectum respectu totius Ecclesiae ». Sous ce rapport, on sait que l’Eglise est constituée de divers fidèles, comme le pain est fait de divers grains et le vin de divers grappes de raisin. Il y a donc bien une belle harmonie entre le pain et le vin et le sacrement de l’Eucharistie considéré dans son effet, en tant que ce sacrement est cause de l’unité de l’Eglise.

Il faut noter la réflexion de Saint Thomas dans le « ad secundum ». Il dit que si par aventure il manquait une des deux matières, il ne faudrait pas consacrer l’une sans l’autre « quia non esset perfectum sacrificium », parce qu’il n’y aurait pas de sacrifice.. Cette réflexion est importante. Elle veut dire que dans l’Eucharistie, le sacrement et la sacrifice s’identifient dans la réalité, le sacrifice consistant dans la célébration même du sacrement, c’est-à-dire dans l’acte qui fait être sous l’espèce du pain le corps du Christ, et sous l’espèce du vin , le sang du Christ, séparées l’un de l’autre sacramentellement comme ils furent séparés réellement au Calvaire.

La semaine prochaine nous étudierons les qualités requises pour le pain comme matière du sacrement. Nous verrons que le pain doit être de pur froment, qu’il doit être sans levain, ce qu’on appelle un pain azyme. Ce sont les articles 3 et 4 de la 74e question.


IV - Fatima …suite.

 

La semaine dernière, je vous ai présenté l’article et la pensée d’Yves Chiron, exprimé dans sa lettre « Aletheia », sur les derniers événements concernant le sanctuaire de Fatima et les risques que l’on peut craindre sur une éventuelle transformation du sanctuaire en centre inter-religieux. Yves Chiron se voulait très rassurant, apaisant même. Aucun danger réel n’était à craindre pour le sanctuaire de Fatima. Les déclarations du recteur du sanctuaire, le P. Guerra «était suffisamment claires ». Et penser le contraire serait même la preuve d’une mauvaise intention. C’était sous-entendu…

Peu convaincu du bien fondé de ce « jugement », je me permettais de rappeler l’étrange Congrès qui s’était tenu à Fatima en octobre 2003 ? Pourquoi Fatima ? Le choix de cette ville pour une telle manifestation est-il fortuit ? Ce point me paraît très important. Ce Congrès est la véritable origine et raison de l’inquiétude de beaucoup de fidèles dévots de Notre Dame de Fatima.

Je me permettais également de rappeler l’analyser que j’avais faite dans le dossier « Fatima » de l’article de Jeanne Smits dans Présent ainsi que de l’article du Père Guerra, recteur du sanctuaire que l’ « Homme Nouveau » avait publié, comme dossier, dans son numéro 1330 du 19 septembre 2004.

Faut-il vraiment ne plus craindre, comme nous y encourage Yves Chiron dans son « Alethia » du 21 novembre 2004 ? . Faut-il, en conséquence, annuler le pèlerinage annoncé par la FSSPX pour les 22 et 23 août prochain, en réparation, sinon l’annuler, du moins ne s’y point rendre ?

Certes, Rome est intervenue pour apaiser toute crainte. Le nom donné à la nouvelle basilique, « la Sainte Trinité » n’a rien, avouez-le, d’œcuménique. Je l’avoue. L’envoi d’une « pierre prélevée dans le rocher du tombeau de saint Pierre sous la basilique vaticane »…non plus. Je l’avoue aussi. Tout cela ne sonne pas vraiment en faveur de l’inter religion ! Apaisez-vous donc !

M’est avis, toutefois, qu’il faut rester vigilant.

C’est ma position exprimée en commentaire de l’article d’Yves Chiron.

Redisons-le ! Certains propos du recteur, pour moi, reste équivoques. La phrase même du recteur qui semble apaiser Yves Chiron, suscite, encore, en mon âme, une crainte.

« Nous n’avons pas et n’avons jamais eu l’intention de réaliser dans l’église en construction des célébrations qui ne soient pas prévues par les directives de l’Eglise catholique ».

« Les directives de l’Eglise catholique »…Cela reste bien vague…N’y a-t-il pas eu déjà des « directives de l’Eglise catholique » en faveur de réunions inter-religieuses. Souvenez-vous d’Assises, du sanctuaire d’Assise, ou du moins du parvis. Et cela n’a pas eu lieu seulement une fois, mais deux fois et même à Rome, là, sur le parvis de saint Pierre, non pas dans le dos du pape, à la « sauvette », sans qu’il le sache, mais bien en présence du pape, tel que le pape le voulait, tel qu’il en avait donné les « directives ». Non ! cette phrase, pour moi, n’est pas une nette déclaration. Elle reste « incertaine », peut-être même est-ce une déclaration « rusée ». Suis-je mal intentionné ?

Toujours est-il que Jeanne Smits, elle même, conclut son article de Présent en remarquant que sur la maquette elle-même, elle a vu qu’un lieu était réservé pour les réunions inter-religieuses…Alors, vraiment le recteur n’a-t-il jamais eu l’intention de voir de telles cérémonies se déroulaient dans le sanctuaire ? Il est difficile, me semble-t-il, d’être totalement convaincu, étant donné, d’une part les déclarations qu’il fit dans et à la suite à la tenue du Congrès inter-religieux, devant l’attitude qu’il eut dans la présence des hindous dans la « cappelina », et dans la suite de leur « cérémonie ».

Je ne suis pas le seul à rester sur une interrogation, dans l’inquiétude, malgré l’article d’Yves Chiron.
Le rédacteur en chef de l’Homme Nouveau, le très sympathique Philippe Maxence, crut devoir m’adresser une lettre que je porte à votre connaissance. Cette lettre est prudente. Mais elle ne condamne nullement mes craintes. Bien au contraire. (Document A)

De plus, suite à une plainte d’un lecteur, plainte publiée dans l’Homme Nouveau le 19 septembre,,- vous la trouverez ci-dessous – (Document B), le rédacteur en chef a permis un droit de réponse de l’auteur, Mr l’abbé Charles Tinotti. Cette réponse parfaitement argumentée fut publiée dans le numéro du 3 octobre de l’Homme Nouveau, dans la rubrique « Courrier des lecteurs »
Cette réponse aurait du être prise en compte par Yves Chiron s’il voulait vraiment faire une étude exhaustive de la question au 21 novembre 2004.Tout comme moi, Monsieur l’abbé Charles Tinotti, malgré les dires du P Guerra , continue d’exprimer ses craintes. Il n’est nullement déjugé par son rédacteur en chef. (Document C)

Tous ces documents me paraissent importants. Ils vous intéresseront, j’en suis sur, au plus haut point.

Ma conclusion reste claire : Il n’est pas encore temps de baisser la garde. Il n’est pas encore temps de renoncer à votre voyage à Fatima, pour, avec la FSSPX, venir prier notre Dame et réparer, de fait, pour la cérémonie hindouiste qui eut lieu, le 5 mai dernier , à la grande satisfaction du recteur et de l’évêque. Les photos sont là, pour le prouver…

Document A : la lettre du rédacteur en Chef de « l’Homme Nouveau », Philippe Maxence


Cher Monsieur l'abbé,


J'ai lu avec intérêt vos propos sur l'affaire de Fatima.
. Je voudrais apporter quelques précisions concernant l'Homme Nouveau dans cette affaire.
Nous avons effectivement d'abord publié un article de l'abbé Tinotti en date du 5 septembre. À la suite de cette parution, un proche de Mgr Guerra nous a fait part de son étonnement et nous a fait parvenir un article du Mgr Guerra, publié dans La voix de Fatima en date du 29 juin 2004. Ce texte, comme l'indique également, avec précision Yves Chiron, a été publié comme un « Document », une pièce au dossier, pour nourrir le débat. Ce n'est ni l'article de Jeanne Smit dans Présent, ni la lecture d'Alethia qui a conduit à la parution de ce Document, mais simplement le fait qu'il nous a été fourni comme une pièce contradictoire, par un proche du recteur du sanctuaire.
Simplement – et je voulais juste apporter cette précision – l'affaire ne s'est pas terminée ainsi dans L'Homme Nouveau. Nous avons reçu beaucoup de courrier de lecteurs sur le sujet – en grande majorité inquiet par l'évolution du sanctuaire. Dans le n°1330, un lecteur critique la position de l'abbé Tinotti. Celui-ci a répondu dans le numéro suivant (toujours dans le courrier des lecteurs) par une longue réponse, en continuant de poser la question : « On peut quand même se demander si le chant d'une prière hindoue par un prêtre hindou, les mains jointes à l'endroit habituel du célébrant catholique pendant le canon, n'est pas une forme de rituel. Sinon, ce serait quoi ? »
Voilà où en est la question dans l'Homme Nouveau.
Avec mon meilleur souvenir.
Philippe Maxence


Document B : La lettre de B.L.(49) publiée dans l’Homme Nouveau du 19 septembre :

H.N. : Dans l’Homme Nouveau du 5 septembre dernier(page 5), l’abbé Tinotti a publié un article sur le sanctuaire de Fatima et fait part de son inquiétude quant à son évolution. La lettre ci-dessous apporte un point de vue différent. Nous publions en page 3, à titre de pièce au dossier, un texte du recteur du Sanctuaire de Fatima, paru dans la voix de Fatima, en juin dernier. C’est l’occasion de réaffirmer que notre vocation consiste bien à rechercher la vérité en toute chose.

La lettre : « Les lecteurs de l’Homme Nouveau seront certainement sensibles à cette information qui a échappé à l’abbé Tinotti : la première pierre de cette nouvelle église de la Trinité a été offerte spécialement par Jean-Paul II au recteur du sanctuaire le 8 mars 2004 et, pour mieux signifier son soutien à la démarche pastorale engagée par les responsables du sanctuaire et par les évêques, le pape a demandé à ce que cette première pierre soit prélevée dans le rocher du tombeau de saint Pierre sous la basilique vaticane.(…)
L’abbé Tinotti évoque en date du 5 mai le déroulement d’un service religieux hindou dans la chapelle des apparitions ; dans la réalité ce « service » s’est limité à l’expression à haute voix par le « prêtre » hindou d’une prière exprimant l’intention de la paix dans le monde. Le reste ne fut qu’un moment de silence respectueux. Quant au châle rituel déposé sur l’épaule du recteur, on peut penser que l’abbé Tinotti n’a pas prêté attention à tous les « accoutrements » dont on a revêtu Jean-Paul II au cours de ses voyages, un certain humour évangélique et une marque de politesse envers un hôte, sont aussi de mise dans notre Eglise » B.L (49)

Document C : la réponse de Monsieur l’abbé Tinotti, publiée dans le numéro du 3 octobre de l’Homme Nouveau.

« A propos du courrier de B.L (49) dans HN 1330 du 19/09/04

Aucune des informations que vous citez ne m’a échappé. Mais il faut éviter de se précipiter dans leur interprétation. Rien n’oblige à affirmer gratuitement que la bénédiction par le St Père et son envoi à Fatima de la première pierre du nouveau lieu de culte, signifie « son soutien à la démarche pastorale engagée ». Ces gestes non prévus au départ ont eu lieu après les échos du congrès de l’automne 2003 et lorsqu’on connaît un tant soit peu les manières ecclésiastiques, notamment romaines, rien n’empêche d’y voir une « volonté de rectifier la démarche pastorale engagée ». Mais faute d’autres éléments déterminants, je ne me hasarderai pas comme B.L. à conclure dans un sens ou l’autre.

B.L. ensuite affirme que le ‘service’ du prêtre hindou s’est limité à une prière pour la paix suivie d’un silence. La question n’est pas là : elle est que ce prêtre hindou a fait ses prières derrière l’autel, juste à l’endroit où se place habituellement le prêtre catholique pendant le canon, ce qu’un journaliste canadien, John Vennari, a photographié et ensuite publié.

Le Communiqué du 29 juin du Sanctuaire de Fatima, loin de nier les faits, préfère les décrire lui-même ainsi au §6 : « aucun geste ni rituel sur ou en dehors de l’autel ». On peut quand même se demander si le chant d’une prière hindoue par un prêtre hindou les mains jointes à l’endroit habituel du célébrant catholique pendant le canon, n’est pas une forme de rituel, sinon, ce serait quoi ?

Quand « aux accoutrements dont on a revêtu Jean Paul II au cours de ses voyages », les esprits superficiels y verront de l’ « humour évangélique » et une « politesse mondaine » ; les médias un coup « démagogique » ; les diplomates, une « avancée vers la paix mondiale » ; des théologiens, « le symbole d’une église ouverte »…

Quant à ceux qui aiment la Sainte Eglise, loin des oies blanches de la romanité qui confondent le dogme de l’infaillibilité de foi définie avec l’inerrance en toute chose, ils fortifieront tout simplement leur sens et leur amour du Pape et de l’Eglise en relisant en entier Mortalium Animos de Pie XI qui cite en finale St Cyprien : « L'Epouse du Christ ne peut commettre un adultère : elle est intacte et pure. Elle ne connaît qu'une seule demeure; par sa chaste pudeur, elle garde l'inviolabilité d'un seul foyer ».

Abbé Charles Tinotti.


V -La FSSPX en Nouvelle Calédonie.

Le vaillant Monsieur l’abbé Laisney. Vrai fils de Mgr Lefebvre.

D’Australie, où il réside habituellement, Monsieur l’abbé Laisney, très régulièrement va visiter nos amis de Nouvelle Calédonie. Son ministère semble fructueux puisqu’en union avec les fidèles de Nouméa, il vient d’acheter un beau terrain de huit hectares pour y construire, demain, église, prieuré, école. Cela a suffi pour émouvoir l’île et son clergé catholique et Mgr Michel Calvet, archevêque de Nouméa.

Immédiatement, le « père Thierry Lawson, curé de Paîta, a cru devoir mettre en garde ses « paroissiens » contre une telle audace. La « mise en garde » est « pénible » à lire et certaines affirmations sont « terribles ».

Monsieur l’abbé Laisney a cru, à bon droit, répondre, avec élégance, fermeté et clairvoyance. C’est même un bel exposé, bien construit, à la théologie précise.

Il me plait de porter tout cela à votre connaissance. Vous trouverez d’abord le texte de Monsieur le Curé (Document A) et la réponse de Monsieur l’abbé Laisney : « La Mission Saint Pie V. Un rameau vivant de l’Église Catholique ». Voilà une belle joute. » (Document B)

Document A : La lettre de mise en garde du Père Thiérry Lawson.

« Le mot du Père,

Ensemble, construisons notre paroisse…notre Eglise… Que dois-je faire pour mon Eglise ? Comment je vois mon Eglise ? Le constat que je fais aujourd’hui remet la foi de certains en question ? Pourquoi ne pas construire d’abord sa paroisse ? pourquoi la laisser et aller ailleurs sous le prétexte de la coutume ? Pourquoi l’hypocrisie, l’orgueil, le racisme ? Ne sommes nous pas tous frères par notre baptême ? En Jésus-Christ, Dieu a voulu tout réconcilier dans l’unité (Ep 1 10). Le Christ est celui qui fait tomber les murs de la séparation (Ep 2 14). De ce qui est divisé, il fait l’unité. Grâce à lui, ceux qui étaient loin sont devenus proches (Ep 2 13). Tous ensemble, nous formons une construction nouvelle dont il est la pierre maîtresse (Ep 2 20). C’est l’éloge de l’unité dans la diversité, chacun étant à sa place pour construire ensemble le Corps du Christ. Le Pape a raison quand il parle de nouvelle évangélisation. Par nos manières de faire, nous détruisons petit à petit notre foi dans un mélange d’actions qui l’étouffent. Revoyons notre façon de vivre notre foi. Je. Je ne dis pas que tout est mauvais, qu’il n’y a que du mal, mais j’attire votre attention sur la nécessité de construire ensemble notre paroisse, et notre Eglise. Il nous faut revêtir l’homme nouveau, avoir entre nous des relations dignes de membres du Corps du Christ (Ep 4 2 et 25). Il faut vivre en enfant de lumière (Ep 5 8) et tout peut se faire par le dialogue dans l’honnêteté.
En nous éloignant de notre Eglise, nous creusons un abîme entre Dieu et nous, et non pas entre le prêtre et nous. En acceptant d’écouter et de suivre une personne schismatique ( qui s’est séparé de l’Eglise, nous vivons séparés de Dieu. Aujourd’hui des « prêtres » traditionalistes, s’étant séparés de l’Eglise Catholique romaine et du pape viennent offrir leurs services. Soyons vigilants pour ne pas sombrer à notre tour. Il est écrit : quand tu voies ton frère ou ta sœur dans l’erreur, aide-le à s’en sortir. Soyons forts et courageux quand il le faut, pour vivre en enfants de Dieu, en faisant des actions très simples, bonnes et efficaces. L’unité de notre paroisse ne se fera pas toute seule : nous en sommes les artisans. Après avoir vécu une bonne semaine missionnaire, nous avons repris du souffle. Oui, ensemble, bâtissons notre communauté, une communauté vraiment fraternelle ». Père Thiérry Lawson


Document B : la réponse de Monsieur l’abbé laisney

La Mission Saint Pie V
Un rameau vivant de l’Église Catholique

Vivre du Christ
Dieu est Le Vivant (Apoc 4:10). Alors que nous étions morts par le péché (Eph 2:1), Il a envoyé son Fils Unique, afin que nous ayons la vie : « Je suis venu afin qu’ils aient la Vie, et l’aient en abondance » (Jn 10:10). Vivre de la Vie de Dieu, c’est ce pour quoi Il nous a créés, c’est le but de notre vie ici-bas, ce sera parfait au Ciel lorsque nous Le verrons tel qu’Il est, c’est commencé ici-bas par la vie de la grâce, c’est-à-dire une vie de Foi, d’Espérance et de Charité : « Le juste vit de la foi » (Rom 1:17). Cette vie éternelle c’est seulement par le Christ, avec le Christ et dans le Christ qu’on peut l’avoir (Rom 6:23) : « vous êtes morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom 6:11). Vivre dans le Christ, ce n’est rien d’autre que de vivre comme membre de son Corps Mystique qui est l’Église, la Sainte Église Catholique, l’unique qu’Il a fondée Lui-même sur Pierre. Nul ne peut vivre du Christ si ce n’est dans Son Église. Nul rameau ne peut vivre si ce n’est dans le Cep, qui est le Christ. Dans l’Église, il y a des rameaux morts ; mais il n’y a pas de rameaux vivants hors de l’Église ; tous les Saints Pères enseignent que « hors de l’Église Catholique, point de salut. »
L’unité de l’Église
C’est essentiellement l’unité de la vie du Christ : le lien entre tous ceux qui vivent du Christ. La dimension intérieure de cette unité, c’est l’unité de foi, d’espérance et de charité (St. Thomas d’Aquin IIIa qu. 8). St. Paul lui-même nous dit que « la charité est le lien de la perfection » (Col 3:14). Mais l’homme n’étant pas un ange, cette unité se manifeste extérieurement comme unité de profession de la même Foi, unité de culte commencée par le Baptême et parfaite par le Sacrifice eucharistique, et unité de gouvernement sous la houlette de Pierre (St. Robert Bellarmin). Selon St. Paul (Rom 10:10) il n’est pas suffisant de croire de cœur, il faut encore professer de bouche la Foi qui nous vient inchangée des Apôtres ; l’espérance se manifeste par la prière et le culte ; la charité requiert l’obéissance (Jn 14:21,23-24). L’autorité elle-même n’a pas été laissée à l’arbitraire des évêques, mais a été donnée aux Apôtres et à leurs successeurs, « non pour la destruction, mais pour l’édification » (2 Cor 13:10), « non pour enseigner une doctrine nouvelle, mais pour garder saintement et exposer fidèlement le dépôt de la Foi » (Concile Vatican I).
Ce qui édifie l’Église
Ces grandes vérités ayant été rappelées, on voit clairement que cela édifie l’Église qui défend et promeut la vraie Foi catholique ; cela au contraire mine l’unité de l’Église qui dissout la vraie foi. La Mission Saint Pie V distribue et enseigne le catéchisme catholique des anciens missionnaires, exactement tel que l’enseignait Mgr Bresson ; par là elle s’efforce de bien apprendre la Foi aux enfants. Mais les nouveaux « parcours catéchétiques » n’enseignent plus rien ; il suffit de demander aux enfants à la fin de leur cours les questions élémentaires pour s’en rendre compte. La Mission Saint Pie V enseigne la doctrine morale de l’Église sur les questions importantes de la vie et de la famille (avortement, contraception, euthanasie, homosexualité, etc.) telle que l’Église l’a toujours enseignée et telle que le Pape Jean Paul II la défend encore, mais combien de prêtres aujourd’hui la défendent vraiment sans compromis ? Par exemple, combien de prêtres aujourd’hui n’acceptent plus la doctrine immuable de l’Église sur le célibat sacerdotal ? Les nouvelles doctrines divisent l’Église.
De même, cela édifie l’Église qui promeut le vrai culte, le culte tel que l’Église l’a reçu des Apôtres et l’a transmis au cours des siècles dans sa pureté et sa sainteté ; cela au contraire mine l’unité de l’Église qui dissout le vrai culte. Cela est particulièrement visible dans le rite de la Messe. Le rite antique et traditionnel, codifié non inventé par St Pie V, a été un instrument magnifique de l’unité de l’Église spécialement dans son rit romain, et a permis à toutes les nations de prier vraiment d’une même voix et d’un même cœur, avec les mêmes prières que les Saints ont utilisées pendant des siècles et des siècles : ainsi les prêtres de la Mission Saint Pie V utilisent exactement le même rite que St Pierre Chanel. Le nouveau rite, fabriqué par une commission d’experts avec la participation de six pasteurs protestants, ouvert aux expérimentations et interprétations, a tellement diversifié le culte que d’un pays à l’autre, et même souvent d’une paroisse à l’autre on ne retrouve plus le même culte. Dans certains pays tels que les Indes ou la Nouvelle Guinée on y trouve même des éléments païens introduits au nom de « l’inculturation ». Tous les Vieux se souviennent de la Messe des anciens missionnaires, avant les réformes, et sont témoins que la Messe à la Mission St Pie V est la même, en unité avec l’Église de toujours.
Enfin cela édifie l’Église qui promeut la vraie obéissance, et cela mine l’unité de l’Église qui dissout la vraie obéissance. En termes évangéliques, l’obéissance consiste à « ne pas faire notre volonté propre, mais celle de celui qui nous a envoyés » (Jn 6:38). Cela est requis à tous les niveaux : si un officier subalterne désobéit à son supérieur, alors la vraie obéissance requiert la résistance à l’officier subalterne par obéissance au supérieur ; St Pierre lui-même nous dit qu’« il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Act 5:29). Ainsi lorsque des nouveautés sont introduites dans le culte et l’enseignement que n’ont pas connues nos pères dans la foi, alors la vraie obéissance consiste à maintenir ce que l’Église nous a transmis : manifestement, celui-là suit sa volonté propre qui introduit les nouveautés, et celui-là obéit vraiment qui fait ce que l’Église a toujours fait.
Le plus grand obstacle à la vraie unité de l’Église aujourd’hui, c’est l’œcuménisme, qui met sur le même pied la vraie Religion et les fausses religions, la vraie Foi et les fausses doctrines (ex. à Assise), qui ne cherche plus la conversion et le retour à l’Église des dissidents, et qui cherche au contraire une apparence d’union extérieure sans être basée sur la vraie Foi (cardinal Kasper).
Les nouveautés introduites depuis près de 40 ans ont eu des conséquences catastrophiques bien opposées à la construction de l’Église : prêtres abandonnant leur vocation, souvent pour se lancer dans la politique ou pour questions de mœurs, religieux et religieuses abandonnant leurs vœux, fidèles abandonnant la foi et passant dans des sectes ou abandonnant toute pratique religieuse, baisse catastrophique des vocations qui ne permettent pas de remplacer les prêtres âgés qui meurent, etc. Si quelqu’un compare l’état de l’Église quand Mgr Bresson s’est retiré, et maintenant, peut-il dire honnêtement que les nouveautés ont « construit » l’Église ? Que de ruines ! Que de paroisses sans prêtre, chapelles abandonnées, tombant en ruines !
En revenant à ce que les missionnaires ont apporté, la même doctrine, la même liturgie, la même morale, la Mission Saint Pie V aura les mêmes fruits d’édification de l’Église.
Le Droit Canon
Un principe simple et indiscuté de Droit Canon est que les choses favorables doivent être entendues d’une manière ample, et « les choses défavorables doivent être entendues d’une manière stricte. » (CIC 18) Il est donc contraire au Droit de l’Église d’étendre censures et condamnations à ceux qui n’en sont pas l’objet. Or, aucun des prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, qui servent la Mission Saint Pie V, n’est l’objet d’une excommunication ; tous reconnaissent l’autorité du Pape et professent leur attachement à l’Église. Il est donc manifestement injuste et calomnieux de dire que ce sont des « prêtres traditionalistes s’étant séparés de l’Église catholique romaine et du Pape. »
La vérité est que la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X est une société religieuse fondée selon le droit canonique et approuvée le 1er novembre 1970 par Mgr Charrière, évêque de Fribourg en Suisse ; elle a toujours reconnu l’autorité du Pape et des évêques. Mais parce qu’elle a gardé fidèlement et la doctrine et la Messe et toute la liturgie telle que l’Église l’a enseignée et pratiquée pendant des siècles, elle a été « persécutée » par ceux qui ont voulu introduire une nouvelle doctrine (œcuménique) et une nouvelle liturgie. Mais St. Paul nous avait prévenus : « Oui, tous ceux qui veulent vivre dans le Christ avec piété seront persécutés » (2 Tim. 3:12). Les permissions normalement requises (ex. lettres dimissoriales) furent injustement refusées. La Fraternité s’est donc trouvée devant un dilemme: soit ne pas aider les âmes qui désiraient on ne peut plus légitimement garder la Foi et la liturgie de toujours, soit enfreindre par nécessité certains articles en soi secondaires du code, afin de pourvoir au « salut des âmes, qui doit être toujours dans l’Église la Loi suprême » (CIC 1752). Or le Droit Canon lui-même dit : « n’est punissable d’aucune peine la personne qui, lorsqu’elle a violé une loi ou un précepte… §4 a agi … poussée par la nécessité » (CIC 1323) ; le §7 de ce même canon ajoute qu’il est suffisant que la personne « ait cru, sans faute de sa part, que se présentait une de ces circonstances prévues aux §4 et §5. » Il faut donc conclure que la Fraternité n’est vraiment pas objet des peines dont on l’accuse.
Le Pape Saint Pie V avait donné un Indult à perpétuité permettant à tout prêtre de célébrer la Messe selon le rite qu’il codifia sans être jamais objet de censure pour cela. Allant contre ce saint Pape, beaucoup d’évêques ont pratiquement interdit à leurs prêtres d’offrir le Saint Sacrifice selon le rite codifié par Saint Pie V. Un certain nombre de prêtres eurent le courage de rester fidèles à ce grand trésor que leur avait transmit l’Église, le Saint Sacrifice de la Messe selon le rite antique et vénérable codifié par Saint Pie V, malgré ces interdictions épiscopales, sachant que les évêques n’avaient pas le droit d’interdire un rite aussi saint qu’un saint Pape avait permis à perpétuité. Alors la situation canonique de ces prêtres était certes irrégulière, mais la faute en était manifestement à leurs évêques, non à ces prêtres, qui demeurent des fils fidèles de la Sainte Église.
Cela est reconnu par le Cardinal Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation du Clergé, qui a été spécialement chargé par le Pape Jean Paul II en septembre 2000 de régler la situation canonique de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Il disait récemment à Mgr Fellay, supérieur général de la Fraternité, que notre situation « n’était pas schismatique, mais nécessitait une régularisation canonique. » Si cela prend du temps, c’est à cause de l’opposition de certains évêques. Mais par la grâce de Dieu, cela viendra bientôt, car dans la Sainte Église on ne peut pas condamner ceux qui n’ont autre désir que de rester fidèle à ce qu’Elle leur a transmis.

Conclusion :

Entre 1970 et 1986, à une époque où tant d’évêques fermaient leurs séminaires par manque de vocations, Mgr Lefebvre a ouvert six séminaires et fondé une société de vie apostolique qui compte maintenant plus de 460 prêtres dans plus de 150 prieurés dans les cinq continents, qui servent des dizaines de milliers de fidèles, tous attachés à la Foi Catholique et au successeur de Pierre, malgré les attaques injustes dont ils sont l’objet. C’est vraiment un rameau vivant bien attaché à la Sainte Église Catholique.
Nouméa, le 22 novembre 2004 . Abbé François Laisney
Mission St Pie V, B.P. 583, 98890 Païta. Tel. 92.81.86—43.17.02