Paroisse catholique Saint Michel

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 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 19 juin au 25 juin

Cinquiéme Dimanche après la Pentecôte

 

Sommaire

 

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1- De la Conception du Christ, Verbe incarné, et de sa perfection.
Méditation.

La semaine dernière, nous avons médité la réponse de Notre Dame à l’Ange Gabriel : « Qu’il me soit fait selon votre parole », « Fiat mihi secundum verbum tuum ».
Dès cet instant, dès que l’humble Vierge Marie prononça son « Fiat », « le Verbe s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie, par le Saint-Esprit, et il s’est fait homme » comme le dit le saint Concile de Constantinople. Voilà notre foi. C’est également de cette manière que saint Jean l’Evangéliste a expliqué ce profond mystère : « Au commencement était le verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu », il termine par ceux-ci : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ».
Voilà ce que nous devons aujourd’hui contempler : contempler le mystère de l’Incarnation. C’est le troisième article de notre « Credo » : « Qui a été conçu du Saint Esprit et né de la Vierge Marie ».
Nous ne parlerons cette semaine que de la Conception du Christ. «Qui a été conçu du Saint Esprit ».
Nous suivrons, comme de coutume, l’enseignement du Catéchisme du Concile de Trente que nous compléterons par l’enseignement de la Somme de Saint Thomas, le Catéchisme étant le résumé – résumé parfait - de la Somme.
Voici comment s’exprime le catéchisme sur le mystère de la Conception. Vous trouvez cet enseignement à la page 42-46 de l’édition d’Itinéraires.

A- de la conception du Christ : « Qui a été conçu du Saint Esprit ».

« Le pasteur aura soin d’enseigner que si nous disons que le Fils de Dieu a été conçu du Saint-Esprit, nous ne prétendons pas dire pour cela que cette Personne de la Sainte Trinité ait seule opéré le mystère de l’Incarnation. Il est vrai que le Fils seul a pris la nature humaine, mais les trois Personnes divines, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ont eu part à ce Mystère.
C’est en effet une règle absolue de la Foi chrétienne que dans les choses que Dieu fait hors de Lui, tout est commun aux trois Personnes ; que l’une n’agit point sans l’autre. La seule chose qui ne soit pas commune aux trois Personnes divines, et qui ne puisse pas l’être, c’est le mode de procession. En effet, le Fils n’est engendré que du Père, tandis que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Mais dans tout ce qu’elles produisent hors d’elles, les trois Personnes agissent également et sans aucune différence. Et ceci s’applique précisément au mystère de l’Incarnation.
Il n’en est pas moins vrai que parmi les choses qui sont communes aux trois Personnes, c’est un usage dans nos Saints Livres, d’attribuer les unes à telle Personne, les autres à telle autre, par exemple au Père la souveraine Puissance, au Fils la Sagesse, et l’Amour au Saint-Esprit. Et comme le Mystère de l’Incarnation est la preuve sans réplique de l’amour immense et particulier que Dieu a pour nous, c’est pour cela que nous l’attribuons spécialement au Saint–Esprit ».
Voilà un bel exposé de notre foi.
C’est l’enseignement même de Saint Thomas.
Saint Thomas expose ce donné de la foi : « Qu’il a été conçu du Saint Esprit » dans la question 32 de la 3a Pars de la Somme.
A cette question, il y consacre quatre articles.
Ce sont les deux premiers articles qui, ici, nous intéressent. L’article 1 est ainsi formulé : « Si d’être le principe efficient de la conception du Christ doit être attribué à l’Esprit-Saint ». L’article 2 « Si le Christ doit être dit conçu du Saint-Esprit ».
Voyons l’enseignement de Saint Thomas dans son article 1. Nous retrouverons l’enseignement du Catéchisme du Concile de Trente.
Article 1 « Si d’être le principe efficient de la conception du Christ doit être attribué à l’Esprit-Saint ».
Saint Thomas répond que « la conception du corps du Christ a été l’œuvre de la Trinité tout entière : mais cependant elle est attribuée spécialement à l’Esprit-Saint pour une triple raison ». « Dicendum quod conceptionem corporis Christi tota trinitas est operata : attribuitur tamen hoc Spiritui Sancto, triplici ratione ».
« Tout d’abord, parce que cela convient à la cause de l’Incarnation qui se considère du côté de Dieu. L’Esprit-Saint, en effet, est l’Amour du Père et du Fils. Or c’est du plus grand amour de Dieu qu’il est provenu que le Fils de Dieu prît en Lui la chair dans le sein virginal. C’est en effet ce que nous lisons dans Saint Jean : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ».(Jn 3 16)
Secondement, cela convient à la cause de l’Incarnation, du côté de la nature prise. Par là, en effet, il est donné à entendre que la nature humaine a été prise par le Fils de Dieu dans l’unité de Personne, non en raison de certains mérites, mais par pure grâce ; car la grâce est attribuée à l’Esprit-Saint, selon cette parole de Saint Paul : « Il y a diversité de grâces, mais l’Esprit est le même » (1 Cor 12 4)
Troisièmement, cela convient au terme de l’Incarnation. L’Incarnation, en effet, s’est terminée à cela que cet homme qui était conçu fût saint et Fils de Dieu. Or l’une et l’autre de ces deux choses sont attribuées à l’Esprit-Saint. C’est par Lui, en effet, que les hommes sont faits enfants de Dieu, selon cette parole de l’Epître aux Galates : « Parce que vous êtes fils de Dieu, Dieu a mis l’Esprit de son Fils dans vos cœurs, qui crie : Abba , Père » (Gal 4 6). De même donc que les autres, par l’Esprit-Saint, sont sanctifié spirituellement pour qu’ils soient les fils de Dieu adoptifs ; de même, le Christ, par l’Esprit-Saint, a été conçu dans la sainteté pour qu’Il fût le Fils de Dieu par nature. Aussi bien, l’Ange lui-même, au jour de l’annonciation, de ce qu’il avait déjà dit : « L’Esprit Saint descendra en vous », conclut : « à cause de cela, le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu ».
Ainsi, pour Saint Thomas, si l’Incarnation est l’œuvre de la Trinité toute entière, elle est attribuée cependant d’une manière particulière au Saint -Esprit et cela pour trois raisons essentielles :
Parce que l’Incarnation est l’œuvre d’amour par excellence, et qu’en Dieu l’Amour est l’Esprit-Saint, elle est attribuée plus particulièrement au Saint-Esprit.
Parce que l’Incarnation est une œuvre de grâce, elle est attribué au Saint-Esprit pare que en Dieu, c’est l’Esprit-Saint qui est l’auteur de la grâce.
Parce que l’Incarnation est une œuvre de sanctification, elle est également attribuée à l’Esprit-Saint puisque, en Dieu, c’est l’Esprit-Saint qui est le principe de la sanctification.
Vous voyez que le catéchisme de Trente retient la première raison de Saint Thomas.
«C’est en effet une règle absolue de la Foi chrétienne que dans les choses que Dieu fait hors de Lui, tout est commun aux trois Personnes ; que l’une n’agit point sans l’autre. La seule chose qui ne soit pas commune aux trois Personnes divines, et qui ne puisse pas l’être, c’est le mode de procession. En effet, le Fils n’est engendré que du Père, tandis que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Mais dans tout ce qu’elles produisent hors d’elles, les trois Personnes agissent également et sans aucune différence. Et ceci s’applique précisément au mystère de l’Incarnation.
Il n’en est pas moins vrai que parmi les choses qui sont communes aux trois Personnes, c’est un usage dans nos Saints Livres, d’attribuer les unes à telle Personne, les autres à telle autre, par exemple au Père la souveraine Puissance, au Fils la Sagesse, et l’Amour au Saint-Esprit. Et comme le Mystère de l’Incarnation est la preuve sans réplique de l’amour immense et particulier que Dieu a pour nous, c’est pour cela que nous l’attribuons spécialement au Saint -Esprit».

B – de la conception du Christ, en le sein de la Vierge Marie, sa Mère

Le catéchisme du Concile de Trente continue ses réflexions sur le mystère de la conception du Christ en le sein de la Vierge Marie, par ces paroles :
« Au reste, il convient de remarquer que dans ce mystère certaines choses sont au-dessus de la nature, tandis que d’autres lui sont entièrement conformes. Ainsi nous croyons que le corps de Jésus-Christ a été formé du sang très pur de la Vierge, sa mère. Et nous ne voyons en cela qu’une œuvre purement naturelle, car c’est le propre de tout corps humain d’être formé du sang de la mère. Mais ce qui dépasse l’ordre naturel et même l’intelligence de l’homme, c’est que la Bienheureuse Vierge n’eut pas plus tôt donné son consentement aux paroles de l’Ange en disant : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole », que sur le champs, le corps très saint de Jésus-Christ fut formé en elle, qu’une âme jouissant pleinement de la raison fut unie à ce corps et que dans un seul et même instant Il fut Dieu parfait et homme parfait. Or personne ne saurait douter que cet effet si extraordinaire et si admirable ne soit l’œuvre du Saint-Esprit. Car selon les lois ordinaires de la nature, l’âme raisonnable ne vient s’unir au corps qu’après un temps déterminé ». (p. 44)

Dans le premier paragraphe de cet excellent passage, le Catéchisme du Concile de Trente parle du rôle de Notre Dame dans la conception du Christ. Il écrit : « nous croyons que le corps de Jésus-Christ a été formé du sang très pur de la Vierge, sa mère ». Et c’est bien logique. Après avoir parlé du rôle de la Trinité dans la Conception du Christ et plus particulièrement du rôle du Saint-Esprit, il convient de parler du rôle de notre Dame. Et là, dans cette conception, nous dit le catéchisme, les choses se sont passées d’une manière « conforme à la nature » : « c’est la propre de tout corps humain d’être formé du sang de la mère ». C’est pourquoi « nous croyons que le corps de Jésus-Christ a été formé du sang très pur de la Vierge, sa mère ».
C’est l’enseignement de saint Thomas.

II parle de cette question dans l’article 5 de la 31e question de la Somme : « Si la chair du Christ a été conçue du très pur sang de la Vierge ? ».
Et il répond de la façon suivante : « Il commence par rappeler que « comme il a été dit plus haut, à l’article précédent, dans la conception du Christ, il fut selon la condition de la nature qu’il est né d’une femme ; mais au dessus de la condition de la nature, qu’il est né d’une vierge. Or la condition naturelle a ceci, que, dans la génération du vivant, la femme fournit la matière, tandis que du côté du mâle se trouve le principe actif de la génération ; comme le prouve Aristote, au livre de la « Génération des animaux ». D’autre part, la femme qui conçoit par l’action de l’homme n’est point vierge. Il suit de là qu’il appartient au mode surnaturel de la génération du Christ que le principe actif dans cette génération aura été la vertu surnaturelle divine ; mais au mode naturel de sa génération, il appartient que la matière dont le corps du Christ a été conçu soit conforme à la matière que les autres femmes fournissent dans la génération de l’enfant. Cette matière, selon Aristote, au livre de la « Génération des animaux », est le sang de la femme, non pris d’une façon quelconque, mais amené à une certaine perfection plus achevée par la vertu génératrice de la mère, de façon à être la matière apte pour le fruit à concevoir. Par conséquent, c’est d’une telle manière que le corps du Christ a été conçu ».
Et voilà pourquoi, il est juste de dire que la Vierge Marie est vraiment la « mère » du Christ. Elle est « sa » mère. Vraiment comme toute mère l’est du fils qu’elle engendre.

C. De la sainte humanité du Christ.

Dans la deuxième partie du paragraphe analysé, le catéchisme du Concile de Trente parle de la sainte humanité du Christ : « Mais ce qui dépasse l’ordre naturel et même l’intelligence de l’homme, c’est que la Bienheureuse Vierge n’eut pas plus tôt donné son consentement aux paroles de l’Ange en disant : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole », que sur le champs, le corps très saint de Jésus-Christ fut formé en elle, qu’une âme jouissant pleinement de la raison fut unie à ce corps et que dans un seul et même instant Il fut Dieu parfait et homme parfait. Or personne ne saurait douter que cet effet si extraordinaire et si admirable ne soit l’œuvre du Saint-Esprit. Car selon les lois ordinaires de la nature, l’âme raisonnable ne vient s’unir au corps qu’après un temps déterminé ». (NB. On sait aujourd’hui que l’animation du corps est immédiate)
Saint Thomas parle de tout cela dans la magnifique question 34 de la Somme. En quatre articles, il explique la foi de l’Eglise. Il se demande tour à tour
« Si, dans le premier instant de la conception, le Christ a été sanctifié par la grâce ?
« Si, dans le même instant, Il a eu l’usage du libre arbitre
« Si, dans le même instant, Il a pu mériter ?
« Si, dans le même instant, Il a été pleinement dans le terme de la vision béatifique » ?
Il est important de connaître ses réponses.
Article 1 : « Si, dans le premier instant de la conception, le Christ a été sanctifié par la grâce ? »
Saint Thomas rappelle que « l’abondance de la grâce qui sanctifie l’âme du Christ dérive de l’union même du Verbe, selon cette parole de Saint Jean : « Nous avons vu sa gloire comme celle du Fils unique venant du Père, plein de grâce et de vérité » (Jn 1 14). D’autre part, dès le premier instant de la conception, le corps du Christ fut animé et pris par le Verbe de Dieu. Il s’ensuit donc que dans le premier instant de la conception le Christ eut la plénitude de la grâce sanctifiant son âme et son corps ».
Ainsi le Christ a été sanctifié dès le premier instant de son être. Il a eu dès ce premier instant, dans sa nature humaine, toute la plénitude de grâce. C’est là le privilège de la nature humaine en raison de la Personne du Verbe qui se l’est unie hypostatiquement.
Mais pouvons-nous dire et devons-nous dire que, dès ce premier instant, le Christ a eu aussi l’agir moral qui correspond à cette plénitude de grâce : « A-t-il pu, dès ce premier instant, jouir de l’usage du libre arbitre ? A-t-il pu, dès ce premier instant, mériter d’un mérite parfait ?
C’est ce que considère Saint Thomas dans les deux articles suivants :
Article 2 : Si la Christ, en tant qu’homme, a eu l’usage du libre arbitre dès le premier instant de sa conception ? »
Saint Thomas déclare que « à la nature humaine que prit le Christ convient la perfection, qu’Il n’a pas atteinte progressivement mais qu’Il a eue tout de suite dès le commencement. (cf art. précédent) Or la perfection dernière ne consiste pas dans la puissance ou dans l’habitus, mais dans l’opération ; et de là vient qu’au livre 2 de l’ « Ame », il est dit que l’opération est l’acte second. Il suit de là que nous devons dire que le Christ, dès le premier instant de sa conception, a eu cette opération de l’âme qui peut être instantanément. Et, précisément, telle est l’opération de la volonté et de l’intelligence dans laquelle consiste l’usage du libre arbitre. C’est, en effet subitement et en un instant que s’achève l’opération de l’intelligence et de la volonté, beaucoup plus que la vision corporelle ; par cette raison que l’acte d’entendre, de vouloir, de sentir n’est pas un mouvement qui soit l’acte d’un sujet imparfait, qui se parfait successivement, mais l’acte d’un sujet déjà parfait, comme il est dit au livre de l’ « Ame ». Et donc il faut dire que le Christ, dans le premier instant de sa conception, a eu l’usage du libre arbitre ».

Le Christ, revêtu de grâce dès le premier instant de son être a eu, dès ce premier instant, l’usage parfait du libre arbitre. A-t-il pu mériter, dès ce premier instant ? Tel est l’objet de l’article 3
Article 3 : « Si le Christ, dans le premier instant de sa conception a pu mériter ? »
Saint Thomas répond que « le Christ, dans le premier instant de sa conception, a été sanctifié par la grâce (voir art. I). or il est une double sanctification : l’une est celle des adultes qui sont sanctifiés par leur acte propre », en ce sens que l’acte de leur libre arbitre intervient dans leur justification ; « l’autre est celle des enfants qui ne sont pas sanctifiés selon leur acte propre de foi, mais selon la foi des parents ou de l’Eglise. La première de ces deux sanctification est plus parfaite que la seconde ; comme l’acte est plus parfait que l’habitus ; et ce qui est par soi, plus parfait que ce qui est par un autre. Puis donc que la sanctification du Christ a été la plus parfaite, car Il a été sanctifié de telle sorte qu’Il fût la sanctification des autres, il s’ensuit qu’Il aura été sanctifié selon le mouvement propre de son libre arbitre vers Dieu. Et, parce que ce mouvement du libre arbitre est méritoire, il s’ensuit que dans le premier instant de sa conception la Christ a mérité ».
Un dernier point nous reste à considérer, au sujet de la perfection de l’Enfant conçu. Il a trait à la parfaite vision de la gloire qui est le propre des bienheureux. Nous allons l’étudier à l’article qui suit.
Article 3 : « Si, le Christ eut la parfaite vision des bienheureux dans le premier instant de sa conception ? »
Saint Thomas déclare que « comme on le voit par ce qui é été dit à l’article 2, il ne convenait pas que le Christ, dans sa conception, reçut la grâce seulement habituelle sans ses actes. Et Il a reçu la grâce non mesurée ou limitée (Jn 3 34) D’autre part, la grâce de ceux qui sont dans la voie de la vie présente, parce qu’elle est en deçà ou en défaut par rapport à la grâce des bienheureux qui sont au terme, a une mesure ou un degré moindre que celle des bienheureux. Il est donc manifeste que le Christ, dans le premier instant de sa conception, a reçu non pas seulement une grâce comme celle que les bienheureux ont dans le ciel, mais encore plus grande que celle de tous les bienheureux » anges ou hommes réunis. « Et parce que cette grâce n’a pas été sans acte » qui est celui du terme ou de la vision, « il s’ensuit que le Christ a été dans l’acte du terme, voyant Dieu par son essence plus clairement que les autres chrétiens ».
Ainsi donc, la souveraine dignité de la nature humaine dans la Personne du Verbe demandait que le Christ, en tant qu’homme, dès le premier instant de son être et au moment même de sa conception dans le sein de Marie, quand l’humble Vierge prononça son sublime « fiat », eût toutes les perfections dans l’ordre de la science infuse et divine et dans l’ordre de la grâce et de la gloire du côté de l’âme : de telle sorte que, dès ce premier instant, l’Enfant, dans le sein de sa Mère, « voyait Dieu par son essence, plus clairement que toutes les autres créatures ». C’est la une conclusion éblouissante de clarté à la lumière de la grande raison théologique. Et quelle splendeur ne projette-t-elle pas sur l’ineffable merveille que fût dès le premier instant le fruit béni du sein de la Très Sainte Vierge, sur le chef-d’œuvre d’infinie perfection produit par Dieu en un instant, à la parole de Marie : « fiat secundum tuum », « Qu’il me soit fait selon votre parole »
Le catéchisme du Concile de Trente conclut le commentaire de cet article 3 du Symbole de Nicée, -notre Credo – par ces mots magnifiques : « De même que le corps de Jésus-Christ fut formé, comme nous venons de le dire, du plus pur sang de la plus pur des Vierges, et cela n on humainement, mais par la vertu du Saint-Esprit ; de même aussi son âme, dès le premier instant de sa conception, reçut la plénitude de l’Esprit de Dieu, avec l’abondance de tous ses dons. Car selon le témoignage de Saint Jean «Dieu ne Lui donna pas son esprit avec mesure » (Jn 3 34), comme Il fait pour les autres hommes qu’Il veut bien enrichir et sanctifier par sa grâce, mais Il versa dans son âme une telle abondance de grâces qu’il nous est possible à tous de recevoir de sa plénitude » (Jn 116)
Telles sont les explications que nous avons cru devoir donner sur l’admirable Mystère de la conception du Fils de Dieu.
Et si les fidèles veulent en retirer des fruits salutaires, ils doivent se rappeler souvent et méditer dans leur cœur, ces vérités si importantes : que Celui qui a pris notre chair est Dieu, qu’Il s’est fait homme d’une manière si surnaturelle que notre esprit ne peut comprendre ce mystère et encore moins l’expliquer ; qu’enfin Il a voulu se faire homme, pour nous faire redevenir enfants de Dieu. Et après avoir bien réfléchi, et avec attention sur les mystères renfermés dans cet article, qu’ils s’appliquent à les croire et à les adorer d’un cœur humble et soumis, sans chercher à les scruter e à les pénétrer. ». (p. 45)


2- les méditations du Mercredi à Rome de Benoît XVI : sur Ps 112
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Voici le texte intégral de la catéchèse de Benoît XVI traduit de l’ italien, sur le Psaume 122, lors de l’audience générale du mercredi matin, 15 juin 2005, place Saint-Pierre.

a- Lecture: Ps 122, 1-4
« J’élève mes yeux vers toi, O toi qui sièges dans les cieux !
Comme l’œil du serviteur est fixé sur la main de son Maître, et l’œil de la servante sur la main de sa Maîtresse, ainsi nos yeux sont fixés sur Yahweh, notre Dieu, jusqu’à ce qu’Il est pitié de nous.
Aie pitié, Yahweh, aie pitié de nous car nous n’avons été que trop rassasiés d’opprobres.
Notre âme n’ a été que trop rassasiée de la moquerie des superbes, du mépris des orgueilleux. »

b- Commentaire

1.Chers frères et sœurs,

Dans l'Evangile, Jésus affirme de façon très incisive que l'œil est un symbole expressif du moi profond, il est un reflet de l'âme (cf. Mt 6, 22-23). A ce propos, le Psaume 122, qui vient d'être proclamé, est entièrement contenu dans un échange de regards: le fidèle lève les yeux vers le Seigneur et attend une réaction divine, pour y saisir un geste d'amour, un regard de bienveillance. Nous aussi, nous levons les yeux et attendons un geste de bienveillance du Seigneur.

Dans le Psautier, il n'est pas rare que l'on parle du regard du Très-Haut qui « des cieux se penche vers les fils d'Adam pour voir s'il en est un de sensé, un qui cherche Dieu » (Ps 13, 2). Le Psalmiste, comme nous l'avons entendu, a recours à une image, celle du serviteur et de l'esclave qui sont tournés vers leur maître dans l'attente d'une décision libératrice.

Même si la scène est liée au monde antique et à ses structures sociales, l'idée est claire et significative: cette image reprise du monde de l'Orient antique désire exalter l'adhésion du pauvre, l'espérance de l'opprimé et la disponibilité du juste à l'égard du Seigneur.

2. L'orant est dans l'attente que les mains divines bougent, car celles-ci agiront selon la justice, détruisant le mal. C'est pourquoi dans le Psautier, l'orant lève souvent son regard plein d'espérance vers le Seigneur: « Mes yeux sont fixés sur le Seigneur, car il tire mes pieds du filet » (Ps 24, 15), alors que « mes yeux sont consumés d'attendre mon Dieu » (Ps 68, 4).

Le Psaume 122 est une supplication dans laquelle la voix d'un fidèle s'unit à celle de la communauté tout entière: en effet, le Psaume passe de la première personne du singulier – « j'ai les yeux levés » – à celle du pluriel – « nos yeux » et « qu'il nous prenne en pitié » (cf. vv. 1-3). On exprime l'espérance que les mains du Seigneur s'ouvrent pour dispenser des dons de justice et de liberté. Le juste attend que le regard de Dieu se révèle dans toute sa tendresse et sa bonté, comme on le lit dans l'antique bénédiction sacerdotale du Livre des Nombres: « Que le Seigneur fasse pour toi rayonner son visage et te fasse grâce! Que le Seigneur te découvre sa face et t'apporte la paix » (Nb 6, 25-26).

3. L'importance du regard plein d'amour de Dieu est révélée dans la deuxième partie du Psaume, caractérisée par l'invocation: « Pitié pour nous, Seigneur, pitié pour nous » (Ps 122, 3). Celle-ci se place en continuité avec le final de la première partie, où l'on réaffirme l'attente confiante « tant qu'il [le Seigneur] nous prenne en pitié » (v. 2).

Les fidèles ont besoin d'une intervention de Dieu car ils se trouvent dans une situation pénible de mépris et de moqueries de la part de personnes orgueilleuses. L'image que le Psalmiste utilise à présent est celle de la satiété: « trop de mépris nous rassasie; notre âme est par trop rassasiée des sarcasmes des satisfaits! Du mépris des orgueilleux » (vv. 3-4).

A la traditionnelle satiété biblique de nourriture et d'années, considérée comme un signe de la bénédiction divine, s'oppose à présent une intolérable satiété constituée par un poids d'humiliations exorbitant. Et nous savons qu'aujourd'hui, de nombreuses nations, de nombreuses personnes sont réellement accablées par les humiliations, trop lasses des humiliations des satisfaits, du mépris des orgueilleux. Prions pour elles et aidons nos frères humiliés.

C'est pourquoi les justes ont confié leur cause au Seigneur et celui-ci ne reste pas indifférent devant ces yeux implorants, il n'ignore pas leur invocation ni la nôtre, il ne déçoit pas leur espérance.

4. Pour finir, laissons place à la voix de saint Ambroise, le grand Archevêque de Milan, qui, dans l'esprit du Psalmiste, décrit de manière poétique l'œuvre de Dieu qui nous atteint en Jésus Sauveur: « Le Christ est tout pour nous. Si tu veux soigner une blessure, il est le médecin; si tu brûles de fièvre, il est une fontaine; si tu es opprimé par l'injustice, il est justice; si tu as besoin d'aide, il est force; si tu crains la mort, il est la vie; si tu désires le ciel, il est la voie; si tu fuis les ténèbres, il est la lumière; si tu cherches la nourriture, il est un aliment » (Sur la virginité, 99: SAEMO, XIV/2, Milan-Rome 1989, p. 81).

[Texte original : italien – traduction réalisée par ZENIT]