Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

Membre de la FSSPX

06 80 71 71 01

 

 

Semaine du 29 février 2004 au 6 mars 2004

Premier Dimanche de Carême

 

 

 

 

Sommaire

 

« En ce premier dimanche de Carême, l’Eglise propose à notre méditation ce merveilleux passage de la deuxième Epître de Saint Paul aux Corinthiens :

« Nous ne donnons à personne aucune occasion de chute, pour que notre ministère ne soit pas décrié. Au contraire, nous nous comportons en tout comme il convient à des ministres de Dieu : avec une grande endurance dans les calamités, les détresses, les angoisses, dans les coups, les prisons, les émeutes, dans les fatigues, les veilles, les jeûnes ; avec intégrité, intelligence, patience, affabilité ; dans l’Esprit-Saint, la charité sincère, dans la Parole de vérité, dans la puissance de Dieu ; avec les armes de la justice pour attaquer et nous défendre ; à travers gloire et déshonneur, à travers blâmes et éloges ; on nous prend pour des imposteurs quand nous sommes véridiques ; pour des inconnus, quand nous sommes bien connus ; pour des mourants, et voilà que nous vivons ; pour des gens qu’on châtie, et nous échappons à la mort ; pour des gens tristes, quand nous sommes toujours joyeux ; pour des pauvres, quand nous faisons tant de riches ; pour des gens qui n’ont rien, quand nous possédons tout. » ( 2 Cor 2 3-10)

Merveilleux passage de la deuxième Epître de Saint Paul aux Corinthiens qui nous permet, encore ce dimanche, de mieux connaître cet Apôtre et d’apprécier sa foi, sa force, son courage, son intrépidité dans l’annonce de l’Evangile. Saint Paul lui-même nous fait connaître son âme, son ardeur « comme ministre de Dieu », sa « constance » dans les épreuves, dans les détresses, sa « résolution » au milieu des angoisses, « sous les coups, dans les prisons », sa « patience », sa « bénignité » au milieu des épreuves, dans les relations sociales, sa « franchise, sa droiture », « une charité sans feinte » dans la vie publique, sa « passion » pour la paroles de vérité, son « habileté » dans l’Apostolat, dans la polémique, dans la défense de la Vérité, tantôt attaquant, tantôt défendant sans se soucier des honneurs ou des humiliations, dégagé totalement de sa propre personne , de son « moi », des préoccupations de sa réputation, sans considérer le « quand-dira-t-on », « tenu pour imposteur et pourtant véridique ». Il va son chemin droitement sans se préoccuper des uns et des autres et des jugements si divers que l’on peut porter sur lui, « tenu pour imposteur et pourtant véridique ». J’en arrive, enfin à la qualité qui me plait, en lui, suprêmement : il va son chemin dans sa prédication enrichissant de l’espérance chrétienne ceux qui l’écoutent. Il va son chemin toujours joyeux « semper autem gaudentes ».

« Semper gaudentes ».

C’est certainement la disposition fondamentale de Saint Paul. La joie. Toujours joyeux.
Parcourez ses épîtres, il ne cesse de parler de la joie, d’appeler ses disciples à la joie.
Action de grâces et joie sont comme les deux principes de la spiritualité de Saint Paul.

Aux Corinthiens, il écrit : « je vous parle en toute franchise, j’ai grand sujet de me glorifier de vous. Je suis rempli de consolations. Je surabonde de joie au milieu de toutes mes tribulations ». Aussi ne faut-il pas s’étonner de voir qu’en conclusion de sa lettre, il les enjoint « d’être dans la joie » : « Du reste , mes frères, soyez dans la joie ».

Et lorsqu’il parle avec enthousiasme des fruits de l’Esprit Saint ; il n’omet pas de citer la joie : « Je dis donc : marchez selon l’Esprit Saint et vous n’accomplirez pas les convoitises de la chair…Les œuvres de chair sont manifestes. Ce sont l’impudicité, l’impureté….les contentions, les jalousies. Les fruits de l’Esprit, au contraire, sont la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité… »

Ne sentez-vous pas aussi jaillir la joie dans cette acclamation en l’honneur de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ : « Béni soit Dieu le Père de NSJC qui nous a bénis dans le Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles ».

Et encore aux Philippiens, il fait toujours éclater sa joie : « Paul et Timothée, serviteurs du Christ-Jésus, à tous les Saints dans le Christ qui sont à Philippes…Je rends grâce à mon Dieu toutes les fois que je me souviens de vous et dans toutes mes prières pour vous tous, c’est avec joie que je lui adresse ma prière à cause de votre concours unanime pour le progrès de l’Evangile ».

Ou encore, aux mêmes Philippiens, il dit sa joie de voir l’évangile annoncé : « De quelque manière qu’on le fasse, que ce soit avec des arrières pensées ou sincèrement, le Christ est annoncé : je m’en réjouis et m’en réjouirais encore » ;

Aux Philippiens encore, il parle de « la joie dans la foi » : « J’ai le désir de partir et d’être avec le Christ, ce qui est beaucoup le meilleur. Mais il est plus nécessaire que je demeure dans la chair à cause de vous. Et je le sais et j’en ai l’assurance, je demeurerai et je resterai avec vous tous, pour l’avancement et pour la joie de votre foi ».

Il les exhorte à la sainteté, à l’unité, à l’amour de Dieu, surtout à l’humilité les encourageant à imiter l’humilité du Christ « pour qu’ils rendent sa joie parfaite ».

Il leur envoie Epaphrodite, son frère, le compagnon de ses travaux et de ses combats pour que les Philippiens soient « dans la joie » : « J’ai mis plus d’empressement à vous l’envoyer afin que la joie vous revînt en le voyant…Recevez-le donc dans le Seigneur avec une joie entière ». « Du reste, Mes frères, poursuit-il immédiatement -c’est la chapitre 3 des Philippiens – réjouissez-vous dans le Seigneur ». Et de là un magnifique élan d’amour en l’honneur de NJSC , qu’il veut saisir de toutes ses forces pour être avec Lui, toujours dans le Ciel à chanter sa Gloire.

Et sa conclusion est pleine de joie : « C’est pourquoi, mes chers et bien aimés frères, ma joie et ma couronne, tenez fermes dans le
Seigneur, mes bien-aimés ».

Ainsi que son exhortation finale : « Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps. Je le répète, réjouissez-vous ».

Et encore quelques versets plus loin : « J’ai éprouvé une grande joie dans le Seigneur de ce que votre sollicitude dans le Seigneur a porté enfin de nouveaux fruits ».

Voyez encore son adresse et sa salutation aux Colosssiens : le joie , toujours la joie et l’action de grâce. : « C’est pourquoi…nous ne cessons de prier Dieu pour vous et de demander que vous ayez la pleine connaissance de sa volonté…pour marcher d’une manière digne du Seigneur…faisant des progrès dans la connaissance de Dieu… fortifiés… par sa puissance glorieuse, pour tout supporter avec patience et avec joie rendant grâces à Dieu le Père qui nous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière ».
….Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous et ce qui manque aux souffrances du Christ, je l’achève en ma chair pour son Corps qui est l’Eglise ».

Aux Théssaloniciens, nous trouvons le même éloge des fidèles et toujours la même joie exprimée : « Quelles actions de grâces en effet nous pouvons rendre à Dieu à votre sujet pour toute la joie que nous éprouvons à cause de vous devant Dieu ».
Et de nouveau en conclusion, nous avons une exhortation à la joie : « Priez sans cesse. Rendez grâces en toutes choses. Soyez toujours joyeux ».

On peut encore citer l’épître à Philémon : « Nous avons ressenti beaucoup de joie et de consolations au sujet de ta charité car les cœurs des saints ont été ranimés par toi, frère ».

Voilà quelques passages des Epîtres de Saint Paul où il nous parle de sa joie. « Il faut être joyeux dans le Seigneur ». C’est là une disposition foncière de l’âme de Saint Paul. C’est là l’attitude normale du chrétien.

L’Eglise veut entretenir cette joie dans l’âme des fidèles. C’est une note de l’Evangile.

Et c’est pourquoi, Saint Bernard, dans son commentaire du « Cantique des cantiques » fait écho à Saint Paul et nous donne la raison théologique de cette joie toute surnaturelle.

C’est tout son magnifique chapitre XI de son commentaire, intitulé « de la rédemption du genre humain » (Toutes les citations sont tirées de ce chapitre. Je le mettrai un jour prochain sur « la Paroisse virtuelle Saint Michel).

En effet Saint Bernard parle lui-aussi de la joie, « du bonheur de louer Dieu ». Il parle de l’allégresse de louer Dieu qui est « l’état des habitants du Ciel ».L’Ecriture dit bien : « Heureux ceux qui habitent ta demeure ».

C’est un désir clairement exprimé par Saint Bernard. C’est même la première phrase de ce chapitre : « Je l’ai dit à la fin de mon dernier sermon, et je veux le répéter aujourd’hui : je désire vous voir tous participer à cette grâce qui permet à la piété de s’élever à la louange des bienfaits divins et aux joies de la gratitude »

Il demande à ses disciples de se « détourner parfois du souvenir pénible » de leur péchés pour « suivre l’itinéraire moins ardu où la mémoire apaisée n’évoque plus que les bienfaits divins ». Il le conseille expressément : « Quitte parfois la tristesse », conséquence de tes péchés « pour te réjouir dans la mémoire, dans le souvenir des bienfaits divins ».. « Sans doute, dit-il, il est bon de s’affliger de ses péchés mais à condition que ce ne soit pas à tous les instants de la vie. Il faut faire alterner, avec ce souvenir, la mémoire plus heureuse des bontés de Dieu. Car la tristesse continuelle endurcit le cœur et risque de le jeter au mortel désespoir… ». Dieu dit à l’âme : « je te rendrai confiance en te faisant chanter mes louanges ».
Et le juste, dit Saint Bernard, après avoir subi dans ses propres voies l’accablement de la contrition, trouve le bonheur dans les voies de la loi divine ». Et alors, on arrive à ce passage sublime où Saint Bernard demande, à l’exemple du juste : « Ayez de vous-même une conscience humiliée, mais de Dieu une connaissance joyeuse, heureuse ».

La joie est bien un sentiment cher au cœur de Saint Bernard : « de Dieu, ayez une connaissance joyeuse ».

Ainsi la source de la joie est Dieu. Si on pose à Saint Bernard cette question : mais où trouver cette joie ? Il vous répondra : vous trouverez cette joie en Dieu, dans la méditation des bienfaits divins, dans la méditation de sa générosité, dans son amour, dans sa bonté.

C’est-à-dire que Dieu est tel qu’il engendre dans une âme la joie. Dieu, son mystère, son plan salvifique maintenant connu, sa charité goûté, son salut aimé, son Christ contemplé, la Vierge Marie, son Eglise et ses sacrements… tout, de Dieu, engendre dans une âme la joie.
Retenez bien cette phrase de Saint Bernard : « Ayez de vous-même une conscience humiliée, mais de Dieu une connaissance heureuse ».

Cette phrase peut faire tout le thème de votre Carême.

C’est facile de méditer sur une telle phrase. C’est facile d’avoir l’un et l’autre :
- une conscience humiliée : il suffit de faire un bon examen de conscience,
- une connaissance heureuse de Dieu : il suffit de méditer, de contempler Dieu, son Christ, son salut.

Saint Bernard le dit lui-même : « C’est une chose facile à qui pratique la fréquente et même la continuelle remémoration de la générosité divine ». « Gardez la mémoire des bienfaits du Seigneur et des merveilles qui nous a révélées et surtout que l’œuvre de notre Rédemption ne quitte jamais la mémoire des hommes rachetés ».

Et alors Saint Bernard de méditer de cette rédemption et son mode et son fruit.

Le mode de la rédemption : c’est l’anéantissement de Dieu.
Le fruit de la rédemption c’est notre âme remplie de Dieu.

Et c’est pourquoi je me réjouis tant de la diffusion prochaine sur les écrans du monde entier du film de Mel Gibson. : « La Passion du Christ ». Il va faire un immense bien. Les hommes, tous les hommes, sont à la recherche du bonheur, de la joie. C’est le grand « leitmotiv » de tous les gens, c’est le mobile de toutes les actions . Les hommes sont à la quête du bonheur. Ils vont avoir ainsi la Passion du Christ sous les yeux. « C’est comme c’était » a dit le Pape Jean Paul II. Les gens vont voir l’anéantissement du Seigneur « pour nous » : c’est le mode de la rédemption de nos âmes.

Et Saint Bernard de dire que la méditation du mode, - la méditation, c’est-à-dire tout simplement la vue du mode - « est le foyer où s’allume l’incendie du plus grand amour ». Il dit aussi que la méditation du fruit de la rédemption est « le germe de la sainte Espérance ».

Et ces deux choses considérées, le mode et le fruit, mettent nécessairement l’âme dans la joie, dans la joie de posséder Dieu, dans la joie de l’amour de Dieu.

Dans la joie de posséder Dieu : « Nous serons rassasiés des biens de ta maison », grâce à la Rédemption accomplie et crue. Ce ne sont point « le blé, le vin, l’huile, l’or et l’argent, les pierres précieuses, nous dit Saint Bernard, qui mettent l’âme en joie, c’est Dieu lui-même : « Lui-même sera tout en tous ». La plénitude que nous attendons de Dieu ne sera autre que la plénitude de Dieu lui-même possédé. « Dieu sera tout en tous ». Dieu ! Mais Dieu c’est « la Vérité, la Charité, l’Eternité ». en nous. Dès lors quand mon âme sera en Dieu, « la crainte, la souffrance, l’erreur », ces imperfections seront remplacées par
une autre trilogie : « la douceur de posséder Dieu, la vérité de con-
naître Dieu, la félicité d’être sûr d’être toujours en Dieu ». « Dieu sera tout en tous ». La raison sera éclairée par la lumière qui ne s’éteint pas. La volonté s’établira dans la paix immuable. La mémoire s’alimentera à la source éternellement intarissable.

Et ne dites pas que la mémoire de tout cela n’est pas capable de mettre l’âme dans la joie ; n’est pas de nature à souffler la joie, de « spirer » la joie dans une âme et de nourrir l’espérance. « Ayez de Dieu une connaissance heureuse ».

Et si je considère maintenant la mode de la Rédemption : l’anéantissement de NSJC, - que va nous permettre de contempler la Passion du Christ de Gibson, enfin un film véridique sur l’Evangile –
Je dois dire avec Saint Bernard que ce mode ne fut « ni simple ni médiocre » : « Dieu s’est anéanti lui-même jusqu’à la chair, à la mort, à la croix ».
« Mesurez, je vous prie, poursuit Saint Bernard, à sa valeur, l’humilité, la bonté, la condescendance du Dieu de majesté qui accepte de revêtir notre chair, d’être mis à mort et de subir l’infamie de la croix ».

Il pouvait certes nous sauver sans aller jusque là. Oui. Il est Dieu. Le tout puissant. Mais il a été jusque là.

Pourquoi ?

Mesurez l’argument de Saint Bernard.

Pour ôter à l’homme, l’occasion de commettre, outre ses autres péchés, le pire, le plus odieux de tous, celui de l’ingratitude.
« Il a pris sur lui la plus lourde peine afin que l’homme lui fut redevable du plus grand amour ». « Il est manifeste que Dieu a payé pour l’homme un prix énorme. Maître, il s’est fait esclave. Riche, il est devenu pauvre. Verbe (Parole), il s’est fait chair. Souvenez-vous que vous n’avez pas été rachetés de rien. L’ignominie de la croix, l’horreur de la mort sont venues s’ajouter aux servitudes de la chair et aux tentations de l’Ennemi. Il le fallait. C’est ainsi Seigneur que tu as sauvé les hommes en multipliant ta propre miséricorde ».


« Traité de l’amour de Dieu »
de Saint Bernard

Chapitre VI :
Bref résumé de ce qui précède

16 . Considérez d’abord dans quelle mesure Dieu a mérité notre amour, ou plutôt combien il mérite d’être aimé sans mesure. En effet – pour rappeler en peu de mots ce que j’ai dit jusqu’ici – il nous a aimés le premier ; lui si grand, nous si misérablement petits, il nous a aimés d’un amour infini et gratuit. Voilà pourquoi je disais au commencement, que la mesure d’aimer Dieu, c’est de l’aimer sans mesure. D’ailleurs puisque l’amour qui tend à Dieu tend à l’immense, à l’infini – car Dieu est infini et immense – quelle fin, quelle mesure pourrait-il y avoir, je vous le demande, à notre amour ?
Et n’oublions pas que notre amour n’est pas donné gratuitement, mais pour acquitter une dette. C’est donc l’immensité qui aime, et l’éternité, et la charité suréminente de la science. C’est Dieu qui aime, lui dont la grandeur n’a pas de fin, dont la sagesse est sans limite, dont la paix surpasse toute intelligence.
Et en échange, nous allons offrir un amour mesuré ?

Je t’aimerai, Seigneur, toi qui es ma force, mon appui, mon refuge, mon libérateur et tout ce qui peut se dire de désirable et d’adorable. Mon Dieu, mon secours, je t’aimerai pour tes dons, et à ma mesure, qui sera certes bien au-dessous de la juste mesure, mais pas inférieure à mon pouvoir d’aimer. Car bien que je ne puisse donner autant que je dois, je ne saurais aller au-delà de mon pouvoir. Sans doute serai-je capable d’aimer davantage lorsque tu daigneras m’apporter plus d’amour, et pourtant je ne t’aimerai jamais à proportion de ce que tu mérites. Tes yeux ont vu mon imperfection, mais dans ton livre seront inscrits ceux qui font tout ce qu’ils peuvent, même s’ils ne peuvent faire tout ce qu’ils doivent.
J’ai assez montré, me semble-t-il, dans quelle mesure il faut aimer Dieu, et à cause de quels mérites à notre égard. De quels mérites, dis-je. Mais l’immensité de ces mérites, qui la connaît ? Qui pourrait l’exprimer ? Qui prétendrait la comprendre ?

Quelques mots d’explication

Voilà la première partie de l’exposé de Saint Bernard sur l’amour de Dieu qui arrive à sa conclusion.
Cette première partie, nous l’avons vu, est toute centrée sur l’amour de Dieu pour nous, sur les mérites que Dieu a d’être aimé de nous. En
effet Dieu a mérité notre amour.
Saint Bernard l’a démontré en exposant principalement deux idées : que l’on peut résumer ainsi :
- on doit aimer Dieu au titre de la création. C’est l’idée exprimée dans son fameux chapitre 2. Dieu est l’auteur de tant de bienfaits « naturels ». A ce titre là, il doit être aimé en retour.
- on doit l’aimer, aussi, en raison du mystère de la rédemption réalisée. C’est l’objet des chapitres 1 et 3, 4 et 5. Là, dans ce mystère de la rédemption, Dieu a montré surabondamment son amour. Il rappelle ici la « priorité » de cet amour divin, sa gratuité, son infinité, son immensité.
Et la conclusion revient toujours inlassablement, sans cesse répétée par Saint Bernard : s’il en est ainsi, Dieu doit être aimé, de nous, d’une manière immense. « Combien il mérite d’être aimé sans mesure ». C’est une affaire de justice : « Et n’oublions pas, dit Saint Bernard, que notre amour à nous n’est pas donné gratuitement, mais pour acquitter une dette ». Devant l’immensité du mystère divin, immensité qui est la raison de notre amour, il n’est pas question de donner un amour « mesuré ».

Et Saint Bernard termine par une magnifique prière qui peut nourrir bien des oraisons. Là il insiste sur l’immensité de son amour pour Dieu en exprimant l’immensité de son désir d’aimer Dieu, immensité de ce désir qui, pour réel qu’il soit, sera toujours inférieur à ce qui devrait être eu égard à l’immensité de l’être divin, et à la faiblesse des simples facultés humaines. Cette prière exprime, avec beauté, le réalisme humain, le réalisme du cœur humain dans sa finitude et son infinité tout à la fois. Finitude « ontologique ». Infinité « intentionnelle ».

« Je t’aimerai Seigneur, toi qui est ma force, mon appui, mon refuge, mon libérateur et tout ce qui peut se dire de désirable et d’adorable. Mon Dieu, mon secours, je t’aimerai pour tes dons, et à ma mesure, qui sera certes bien au dessous de la juste mesure, mais non pas inférieure à mon pouvoir d’aimer. Car bien que je puisse donner autant que je dois, je ne saurais aller au-delà de mon pouvoir. Sans doute serai-je capable d’aimer davantage lorsque tu daigneras m’apporter plus d’amour, et pourtant je ne t’aimerai jamais à proportion de ce que tu mérites. Tes yeux ont vu mon imperfection, mais dans ton livre seront inscrits ceux qui font tout ce qu’ils peuvent, même s’ils ne peuvent faire tout ce qu’ils doivent ».(Saint Bernard).

Quelques informations de la semaine

 

 

On peut lire dans Présent du 21 février 2004, un excellent article de Jean Madiran sur ce sujet. Je vous le retranscris dans sa presque totalité. Il l’a intitulé : « Les heures sombres de la théophobie ».

« Personne, semble-t-il, personne n’a entendu la définition de la laïcité au nom de laquelle le groupe socialiste a voté la loi dite du voile à l’école ; personne n’en a pris acte, comme d’un fait significatif ; personne n’a discuté la clarification opérée par Jean Glavany :
« La loi, a-t-il dit, la loi sur l’application du principe de laïcité dans les écoles, collèges et lycées publics », « la loi est protectrice pour les enfants, dont les consciences doivent être protégées des influences religieuses. »
C’était au cours des explications de vote, le mardi 10 février à l’Assemblée nationale. Aucun journal n’en a parlé, sauf Présent du vendredi 13. (Je m’en suis fait personnellement l’echo NDLR.)
Comme le personnel de l’Education nationale, administratif et enseignant est très majoritairement socialiste, on peut être sûr que la loi sera appliquée dans le sens « protecteur » défini par le président Glavany : protéger des influences religieuses les consciences des enfants.
D’autant mieux que l’Education nationale le fait déjà.
On voit donc en quel sens la laïcité de la République peut promettre le même respect à toutes les religions : il s’agit de les tenir toutes à distance respectable ; et Dieu étant chassé de l’école, l’éducation des enfants de France sera de plus en plus jalousement une éducation sans Dieu. La République française vit ainsi ,les heures les plus sombres de sa Théophobie dominante.

Théophobie ? Le préfixe « théo », d’étymologie grecque, signifie : « Dieu ». Théologie, c’est la science du divin. Théologal, c’est ce qui concerne Dieu : les vertus théologales, foi, espérance, charité sont celles qui ont Dieu pour objet…
Quant aux phobies….elles signifient une contrainte, un dégoût, une horreur…
A partir du 21 février 2004, nous parlerons donc de théophobie pour désigner la volonté de chasser Dieu : le chasser de tout l’espace public, c’est-à-dire politique et social, y compris l’instruction publique et l’éducation nationale, toutes deux étatitiquement laïques et obligatoires. La Théophobie s’est installée sournoisement, peu à peu, pas à pas, sous le couvert d’un anti-cléricalisme et d’une laïcité dont elle a toujours été le cœur dissimulé. Aujourd’hui, les théophobes affichent insolemment leur pouvoir, le président Chirac en tête, faisant de la France la fille aînée de l’apostasie qui incite l’Europe à renier son christianisme originel. Mais qu’on ne s’y laisse pas tromper. L’intolérance de cette théophobie est une intolérance à éclipses, et à éclipses stratégiquement calculées. Elle vise Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme. Elle est plus tolérante pour un Dieu incapable de s’incarner, que ferait accepter par les catholiques le piège d’un « nous avons tous le même Dieu ». Jean Madiran ;

C’est très bien analysé.
On ne peut que s’unir à une telle analyse.
Et chercher à la diffuser pour éclairer les esprits et susciter une saine réaction, dès ces élections régionales de la fin du mois de mars.

Nos évêques, dans leur récent appel à voter, auraient pu s’élever à cette hauteur et à cette finesse d’analyse. Ils auraient ainsi contribué à former un jugement politique sain auprès de leurs ouailles. L’Eglise a aussi une doctrine politique, « la doctrine sociale de l’Eglise ». Il est bien rare qu’on en parle.

Cette laïcité animée aujourd’hui d’une telle théophobie, c’est-à-dire animée d’une telle volonté de chasser Dieu de tout l’espace public, explique amplement « la Réaction » que nous avons lancée, en la Paroisse Saint Michel. « Réaction » qui doit être d’abord une réaction doctrinale. Face à ceux qui ne veulent plus que Dieu règne sur le moindre espace de sa propre création, nous devons opposer principe à principe, et proposer à nos intelligences menacées d’apostasie, la doctrine catholique du « Règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ », à savoir la doctrine du Droit Public de l’Eglise. C’est ce que je vous proposais la semaine dernière. Voici le chapitre II de cette doctrine plus que jamais actuelle. Jugez-en vous-même.

 

« le Point de vue de Monsieur l’abbé Barthe » sur le document de la FSSPX sur l’œcuménisme, document publié au début du mois de février.

Monsieur l’abbé Barthe, membre du comité de rédaction de la revue Catholica, revue trimestrielle de sciences politiques et théologiques, vient de faire connaître son « point de vue » au sujet du document sur l’œcuménisme publié par FSSPX et adressé à tous les cardinaux. Vous en trouverez le texte sur le site ITEM, en exclusivité, dans la rubrique « actualités religieuses ». Prenez le temps de lire ce « point de vue ». Vous comprendrez la critique que l’on peut faire, que l’on doit faire, à cet œcuménisme conciliaire parfaitement mise en œuvre aujourd’hui par le cardinal Kasper…alors qu’il se trouve à Moscou.(Cliquez ici)