Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Semaine du 18 au 24 octobre 2004

Vingt et unième Dimanche après la Pentecôte

 

Sommaire

 

 

 

Homélie de la toute puissance de Dieu

 

Les textes de cette messe du 21e dimanche après la Pentecôte sont un délice. D’une richesse formidable. Vraiment notre « Missel Romain » est d’une beauté sublime ! Profitez du temps dominical pour les lire et les goûter avec votre propre Missel. Il faut en avoir un. C’est le livre par excellence du fidèle!

Quant à moi, ma pensée s’est arrêtée à l’Introït. Je n’irai pas plus loin aujourd’hui, tant son objet me suffit.

Voyez ce beau texte. Il est tiré du livre d’Esther. Il chante la toute-puissance de Dieu. Il fera l’objet de notre méditation de ce dimanche.

« Seigneur, tout est en votre pouvoir, et nul ne peut résister à votre volonté ; car c’est vous qui avez fait toutes choses, le ciel et la terre, et tout ce qui existe sous la voûte des cieux ; Vous êtes le maître de l’univers »

Oh ! Quel bel Introït ! Il affirme la Toute Puissance de Dieu

« Tout est en votre puissance, Seigneur ». « Omnia ». « Universa ». Tout. L’univers. Rien de ce qui est, échappe à sa Puissance. « Universa sunt posita ». Vous avez tout créé. « Tu fecisti omnia ». Vous avez tout fait. Ex nihilo. De rien. Rien n’était. Tout fut fait par vous et par votre toute puissance.

Tout. Le ciel et la terre Et tout ce qui se trouve sous la voûte céleste. « Universa quae caeli ambitu continentur ». Vous êtes vraiment le Dieu de l’Univers. « Dominus universorum tu es ».

Voilà, il est vrai, de belles affirmations sur Dieu et sa Toute-Puissance.

C’est un article de notre Credo

C’est là un des articles de notre Credo, de notre Foi. « Je crois en Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre ».

Il faut souvent méditer sur la toute puissance de Dieu.

Le Catéchisme du Concile de Trente nous fait l’obligation, à nous prêtres, de prêcher cette vérité première.

La Toute Puissance est une perfection de Dieu. Elle est même la perfection qui lui est le plus souvent attribuée dans les Ecritures. Il faut reconnaître que, en cette qualité, toutes les autres sont contenues.

Parlant de Lui-même, Dieu dit : « Je suis le Dieu tout puissant » (Gen 17 1)

Jacob, envoyant ses fils vers Joseph faisait cette prière : « Puisse mon Dieu Tout Puissant le fléchir à votre égard ».

Dans l’Apocalypse, il est écrit : « Le Seigneur Tout-Puissant qui est, qui était et qui vient ».
Ailleurs, le grand jour est appelé « le jour du Dieu Tout-Puissant »

L’Ecriture confesse souvent que : « Rien n’est impossible à Dieu ». C’est l’affirmation de l’Ange lors de l’Annonciation : « Déjà Elisabeth votre parente a conçu elle aussi un fils en sa vieillesse - et c’est ici le sixième mois - de celle qui était appelée stérile : car rien n’est impossible à Dieu ».

Oui ! Il est le Tout Puissant. A savoir, qu’il a tout fait ; qu’il n’existe rien que Dieu ne puisse réaliser. Et le monde . Et tout ce qu’il porte. Et le ciel.. Et tout ce qu’il contient. L’infiniment grand. L’infiniment petit. Tout est pensé par Dieu. Tout a été fait par la puissance de Dieu, par la parole de Dieu, par sa Parole, le Verbe de Dieu.
« Au commencement était le Verbe - La parole -, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu. Toutes choses ont été faites par Lui et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans Lui ». (Jn 1)

« Au commencement Dieu créa le ciel et la terre », nous dit le récit de la Genèse.
Et Dieu dit : « Que la lumière soit et la lumière fut »
Et Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament entre les eaux et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux. Et cela fut ainsi
Et Dieu dit .. : et que le sec apparaisse…Dieu appela sec la terre
Puis Dieu dit : « Que la terre fasse pousser du gazon et des herbes portant semence, des arbres à fruit produisant selon leur espèce, du fruit ayant en soi sa semence sur la terre. Et cela fut ainsi….

Rien de ce qui est, n’existe qui n’ait été préalablement pensé et qui n’ait été fait par le Verbe. .
Toutefois malgré sa toute puissance, Dieu ne peut ni mentir, ni tromper, ni pécher, ni périr ni ignorer quoi que ce soit. Ce ne sont pas des limites de sa toute puissance. Ce sont des choses imparfaites qui ne peuvent se rencontrer que dans des êtres dont l’action est imparfaite, limitée, par exemple en l’homme, créature imparfaite.
Cela pourtant ne limite point la toute puissance de Dieu. Mentir et tromper et pécher et périr et ignorer sont en effet des effets de la faiblesse et non de la toute puissance, et non d’un pouvoir souverain et illimité tel que Dieu le possède.

Ainsi donc nous croyons que Dieu est le tout puissant mais nous ajoutons avec le Catéchisme du Concile de Trente, : « en ayant grand soin, dans notre pensée d’écarter loin de lui tout ce qui ne serait pas en harmonie et en rapport avec la perfection suprême de sa nature ».

Ainsi donc l’Eglise, en ce 21e Dimanche après la Pentecôte, propose à notre foi aujourd’hui, le reconnaissance de la Toute Puissance de Dieu. L’Eglise nous fait confesser que Dieu a la science de tout
Que tout est soumis à son empire et à sa volonté
Qu’à Dieu, rien n’est impossible.

Voilà ce que je dois croire quand je pense à la Toute Puissance de Dieu.

Et quel riche enseignement !

Cette affirmation que rien n’est impossible à Dieu, affermit notre foi et notre espérance.

La toute puissance de Dieu est la force de ma foi

Notre foi, d’abord . Car tout ce qu’on nous propose ensuite à croire, les choses les plus grandes, les plus incompréhensibles, les plus élevées, dès lors que notre intelligence sait que Dieu est le Tout-Puissant, elle les admettra facilement et sans hésitation aucune. Rappelons-nous que le motif formel de la foi, c’est-à-dire la raison pour laquelle je crois, est l’autorité de Dieu se révélant.

Ainsi on peut dire que tout notre Credo repose sur cette vérité première : la toute puissance de Dieu.

On me parlera de la Nativité de NSJC. Je le croirai facilement parce que je crois à la Toute-puissance de Dieu. Je crois que Dieu peut venir « chez les siens » par des voies miraculeuses, en respectant la Virginité de Notre Dame, avant, pendant et après la nativité…parce qu’il est le Tout-Puissant.

On me parlera de la Sainte Eucharistie. On me parlera de la Transsubstantiation….Je le croirai facilement parce que je sais que Dieu est le tout puissant.
On me parlera de miracles, de la Résurrection…Je le croirai parce que je sais que Dieu est le Tout Puissant. Il peut changer l’eau en vin, celui par qui tout a été fait. Il peut ressusciter. Il est le maître de la vie. Il peut dans sa Passion vaincre Satan, Lui qui a crée tous les purs esprits. Il peut dans sa Passion vaincre la mort, Lui qui est la Vie par essence.

Oui ! Vraiment, je peux admettre facilement les mystères chrétiens proposés à ma foi parce que je crois à la Toute Puissance de Dieu.

La toute Puissance divine fonde mon espérance.

Notre Espérance. La toute Puissance divine fonde mon espérance.

Je peux espérer en la Vie éternelle puisque celui qui me promet la Vie Eternelle est la toute puissance même.
Jamais la grandeur de l’objet promis à mes désirs ne rebutera ma confiance. Car Celui qui promet est le Tout Puissant

C’est ainsi, par exemple qu’Abraham crut contre toute espérance…Il s’en était remis à la Toute Puissance divine.

Voici Dieu qui lui promet de faire de lui un grand peuple : « Va-t-en de ton pays, de ta famille. Je ferai de toi une grande Nation. Je te bénirai et je rendrai grand ton nom…Toutes les familles de la Terre seront bénies en toi ».

Bougre !

Abraham partit.

Et le temps passa et voilà qu’il était toujours sans héritier, né de lui

Faudra-t-il qu’Eliezer de Damas soit son héritier ? Abraham, dans sa prière, le pensait. « Seigneur, voici que je m’en vais sans enfant et l’héritier de ma maison, c’est Eliezer de Damas »

Et le Seigneur de lui répondre : « Ce n’est pas lui qui sera ton héritier, mais celui qui sortira de tes entrailles sera ton héritier ».

Soit ! pensa Abraham.
Dieu l’amène dehors, lui fit voir les étoiles et lui dit : « Lève ton regard vers le ciel et compte les étoiles si tu peux les compter. Et il lui dit : « Telle sera ta postérité ».

Abraham eut foi en Dieu et à sa toute puissance. Et cela lui fut imputé à justice, nous dit l’Ecriture, saint Paul aux Hébreux.

Mais le temps passait et Abraham était toujours sans descendance. Et il avançait en âge ainsi que Sara, sa femme. Le siècle approchait et pour lui et pour Sara…Et ils étaient toujours sans héritier.

Finalement, comme vous le savez, Sara donna à Abraham un fils : Isaac. Ce fut son héritier.

Et voilà que Dieu lui demande de la sacrifier : « Abraham prend ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac et va-t-en au pays de Moria et là offre le en holocauste sur l’une des montagnes que je t’indiquerai ».

Ordre terrible ! « Offre celui que tu aimes ». Et même contradictoire : « Isaac, ton « unique » !

Abraham, nous dit l’Ecriture, se leva, même de bon matin, scella son âne, prit avec lui deux de ses serviteurs, et son fils Isaac, il fendit le bois de l’holocauste et partit pour aller au lieu que Dieu lui avait dit. Arrivés proche du Mont, il laissa ses serviteurs. Il prit le bois de l’holocauste et le mit sur Isaac, son fils, lui même portait en sa main et le feu et le couteau. Isaac s’inquiète de la victime. « Voici le feu et le bois. Mais où est l’agneau pour l’holocauste ? »

Abraham lui répondit : « Dieu verra où trouver l’agneau pour l’holocauste, mon fils ».

Et ils allaient tous deux ensemble.

Isaac était l’héritier d’Abraham. Celui sur qui reposait la promesse de Dieu à Abraham. Le lui offrir en holocauste c’était la fin de la postérité d’Abraham. La fin des promesses faites par Dieu à Abraham. Abraham s’en remettait à Dieu et en sa toute puissance. Dieu n’est-il pas capable de ces pierres, dira un jour NSJC, d’en susciter une descendance à Abraham.

Au sommet, il s’apprête à offrir en holocauste son fils unique, celui qu’il aime, comme Dieu le lui demandait.

Là, alors, l’ange intervient : « Abraham ! Abraham ! ne porte pas la main sur l’enfant et ne lui fait rien. Car je sais maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ».

La promesse est alors confirmée : « En ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre, parce que tu as obéi à ma voix ».

Et saint Paul, dans l’Epître aux Hébreux, fait éclater la beauté de l’acte héroïque d’Abraham :

« C’est grâce à la foi en la Toute puissance de Dieu qu’Abraham put offrir en holocauste celui sur qui reposait les promesses de l’Alliance. Car il pensait que Dieu avait le pouvoir même de ressusciter les morts ». Si donc il est le Tout puissant, il peut ressusciter les morts !

Son espérance en l’Alliance de Dieu !
Son espérance en une postérité aussi nombreuse que les étoiles de la terre avait pour fondement sa foi en la toute puissance de Dieu. « C’est par la foi qu’Abraham, étant mis à l’épreuve, offrit Isaac en sacrifice ; ainsi celui qui avait reçu les promesses et à qui il avait été dit : c’est la postérité d’Isaac qui sera dite ta postérité », offrit son fils unique. Il estimait que Dieu a le pouvoir même de ressusciter les morts » (Hb 11 17)

Ainsi nous pouvons, nous devons même agrandir nos désirs et nos espérances en nous rappelant souvent que rien n’est impossible à Dieu.

La toute puissance de Dieu. La Vie spirituelle

Et cette foi et cette espérance en la Toute Puissance divine sont très utiles à notre vie spirituelle.

Elles nous soutiennent lorsque nous avons une œuvre difficile à faire. Rien n’est impossible à Dieu.

Elles nous forment admirablement à la modestie et à l’humilité : « Humiliez-vous sous la main puissante de Dieu ».

Elle nous apprennent à ne pas trembler là où n’existe aucun sujet d’effroi et à ne craindre que Dieu seul qui nous tient en son pouvoir, nous et tous nos biens. C’est peut-être là la raison du choix du texte du chant de l’Offertoire de cette messe. Elle nous présente le saint Homme Job, perdant tous ses biens et s’en remettant à la toute puissance de Dieu : « Il y avait au pays d’Hus un homme appelé Job. Cet homme était intègre, droit, craignant Dieu. Satan demanda de le tenter, et pouvoir lui fut donné par le Seigneur sur ses biens et sur son corps. Il lui fit perdre tous ses biens et ses enfants, et il ravagea sa chair elle-même d’un horrible ulcère ». Il mit sa confiance en le Seigneur. Parce qu’il crut à sa toute puissance. Je ne vois pas d’autres raisons pour expliquer la présence de ce texte en l’offertoire de cette messe.

NSJC, lui-même, n’a-t-il pas dit : « je vous montrerai qui devez-vous craindre : craignez celui qui après avoir tué le corps peut nous précipiter dans l’enfer »

Enfin cette même foi, cette espérance en la toutes puissance, me sert à me rappeler et à célébrer avec reconnaissance les immenses bienfaits de Dieu envers nous. C’est la prière même de Notre Dame : « le tout puissant a fait pour moi de grandes choses ».


La pratique de la perfection chrétienne

A – Commentaire du chapitre V.

Le titre de ce chapitre est assez bien trouvé : « Qu’un des signes les plus certains que nous sommes en grâce avec Dieu, c’est d’avoir un désir ardent de notre avancement spirituel ». Il en exprime parfaitement l’objet.

Notre auteur exprimera cette idée de différentes manières. Par exemple, il dira : « cette soif (de votre perfection ou des choses spirituelles) est la plus grande preuve que vous puissiez avoir de l’union de votre âme avec Dieu ». Elle est une preuve « morale » de notre état de grâce, ou de notre amitié avec Dieu ou de la présence de Dieu en notre âme. Je dis « morale » parce que nous ne pouvons pas savoir avec certitude si nous sommes ou non en état de grâce. La grâce ne tombe pas sous les sens. Mais toutefois nous pouvons en avoir une preuve qu’on dira « morale »
Et le RP Alphonse Rodriguez - c’est un des intérêts de ce chapitre - vous en donne la raison. Il nous dit - je résume - : « Nous brûlons du désir de Dieu et du désir de sainteté et de pensées pieuses et du désir du ciel… Mais c’est Dieu qui, en notre âme, nous souffle de tels sentiments. Il est en notre demeure. « C’est lui, c’est le souffle de sa sagesse, écrit Rodriguez, qui excite en vous ce besoin ardent, ce désir passionné et insatiable des biens éternels » Ergo !

Mais a contrario, si, pour Dieu, nous ne ressentons qu’indifférence ou oubli, prenons garde ! Le père Rodriguez ne nous cache pas la vérité. Il nous parle clairement : « Dieu, quand il réside en vous, appelle à lui toutes les affections de votre âme, et, si vous n’avez pas soif et faim de lui, prenez garde, il est grandement à craindre qu’il ne soit absent de votre âme ».

En conséquence, et ce sera la deuxième idée développée en ce chapitre, s’il en est ainsi, si la ferveur d’une âme est le signe de l’état de grâce, il est très important de cultiver cette ferveur. Car rien n’est plus important que de se savoir aimer de Dieu.

Autrement dit que doit-on faire pour gagner plus sûrement la vie éternelle ? Le père Rodriguez, s’inspirant des Pères de l’Eglise et plus particulièrement de Saint Bernard, vous dit : cultivez donc la piété, l’amour de Dieu. Entretenez dans votre âme l’amour de la perfection. « Cette considération est certes assez puissante pour nous porter, à elle seule, à nourrir toujours en nous une vive affection pour les choses spirituelles ; et nous devons faire tous nos efforts pour obtenir un gage aussi important du bon état de notre conscience, un témoignage aussi rassurant pour notre avenir éternel ».

B– Pratique de la Perfection Chrétienne par le RP Alphonso Rodrigues

Première Partie


Premier traité


De l’estime et de l’affection que mérite de notre part tout ce qui se rapporte à notre avancement spirituel et des différents moyens qui peuvent nous aider à y travailler avec fruit.


Chapitre V

Qu’un des signes les plus certains que nous sommes en grâce avec Dieu, c’est d’avoir un désir ardent de notre avancement spirituel.

Ce qui doit être pour nous le sujet d’une grande consolation et nous exciter puissamment à désirer de plus en plus notre avancement spirituel, à savoir une soif et une faim toujours croissantes de grandir dans la vertu, de nous rendre agréable à Dieu, et à mettre tout notre zèle à réaliser ces vœux de notre âme, c’est que cette disposition morale est un des signes les plus certains que l’esprit de Dieu habite avec nous : « Il n’est pas de marque plus infaillible, dit saint Bernard, de la présence de Dieu dans une âme, que le désir d’obtenir de plus grandes grâces » (serm 2 de S.Andr.) Et il le prouve par ces paroles que nous avons déjà citées : « Ceux qui me mangent auront encore faim, et ceux qui me boivent auront encore soif. » O vous donc, qui avait soif des choses spirituelles, réjouissez-vous ! Réjouissez-vous, parce que cette soif est la plus grande preuve que vous puissiez avoir de l’union de votre âme avec Dieu. C’est lui, c’est le souffle de sa sagesse qui excite en vous ce besoin ardent, ce désir passionné et insatiable des biens éternels. Vous avez trouvé la veine du trésor divin, puisque vous en suivez si bien les filons précieux. Ainsi que le chien de chasse qui s’en va, d’un pas lent et paresseux, tant qu’il n’a pas flairé le gibier, mais qui, aussitôt qu’il l’a senti, s’élance, joyeux et rapide, cherchant de tout côté la proie qu’il convoite, et ne s’arrête plus qu’il ne l’ait découverte ; le cœur qui a une fois respiré le parfum céleste de la vérité, la suavité inexprimable de ses émanations divines, court et vole sans cesse après l’odeur de ce parfum spirituel (Cant 1 3) Dieu, quand il réside en vous, appelle à lui toutes les affections de votre âme, et, si vous n’avez pas soif et faim de lui, prenez garde, il est grandement à craindre qu’il ne soit absent de votre âme ; car, ainsi que le dit saint Grégoire, c’est le propre des choses spirituelles d’être désirées et aimées de ceux qui les possèdent, et de n’inspirer qu’une profonde indifférence à ceux qui n’ont pas le même bonheur.

Saint Bernard disait qu’il ne pouvait entendre sans trembler et sentir ses cheveux se hérisser sur sa tête ces paroles de l’Esprit-Saint : « Nul ne sait s’il est digne d’amour ou de haine. Or si ce doute terrible a fait trembler des hommes d’une sainteté si éclatante et qui étaient comme les colonnes de l’Eglise, quelle frayeur ne devra-t-il pas nous inspirer, à nous, à nous qui avons tant de motifs de trembler, et qui « portons en nous-mêmes une réponse de mort ». Chacun de nous peut se dire : « Je suis certain d’avoir offensé Dieu, mais je ne sais pas certainement si Dieu m’a pardonné ». Qui ne serait saisi d’effroi ? O ! que ne donnerait-on pas pour avoir quelque gage, quelque assurance, dans une question d’une si grande importance ! Quel est celui qui ne s’écrie : « O ! si je savais que le Seigneur m’a pardonné mes péchés » ! Oh ! si je savais que je suis en grâce avec Dieu !… Eh bien quoique ce soit une vérité de foi que, dans cette vie, nous ne pouvons avoir la certitude infaillible d’être en grâce avec Dieu, de posséder son amitié, sauf une révélation particulière d’en haut, il nous est donné cependant d’acquérir à cet égard une sorte de probabilité morale. L’indice le plus sûr auquel nous puissions reconnaître que nous sommes en paix avec le Seigneur, c’est cet amour de la vertu, cette faim et soif de la perfection, qui doivent embraser toutes les âmes chrétiennes. Cette considération est certes assez puissante pour nous porter, à elle seule, à nourrir toujours en nous une vive affection pour les choses spirituelles ; et nous devons faire tous nos efforts pour obtenir un gage aussi important du bon état de notre conscience, un témoignage aussi rassurant pour notre avenir éternel. Quelle ineffable consolation pour notre âme que de se savoir en grâce avec Dieu ! C’est là, assurément, une des plus grandes joies ou plutôt la seule joie que nous puissions goûter en ce monde.

« La voie des justes est comme le soleil levant, qui croît toujours en chaleur et en lumière jusqu’à ce qu’il arrive au point de sa plus haute élévation ». (Prov. 4 18) Plus ils avancent, plus ils croissent en vertu. « Le juste, dit Saint Bernard, ne croit jamais avoir accompli sa tâche, jamais il ne dit : « C’est assez » ; mais il est toujours altéré et affamé de la justice, de sorte que, s’il mourrait pas, il tendrait éternellement de tout son pouvoir à devenir plus parfait, éternellement il emploierait toute son énergie à se rendre de plus en plus digne de l’amitié de Dieu ».. C’est de lui, en effet, qu’il est écrit : « Ils marcheront de vertu en vertu jusqu’au sommet de la perfection ». Mais la voie des chrétiens imparfaits, tièdes et méchants, est comme la lumière du soir, qui va déclinant et s’obscurcissant toujours jusqu’à ce qu’elle s’éteigne complètement dans les ténèbres de la pleine nuit : « La voie des impies est ténébreuse, ils ne savent où ils se précipitent » (Prov 4 19). D’aveuglement en aveuglement, ils arrivent à un tel état de cécité, qu’ils ne voient plus les faux pas qu’ils font et n’ont plus le sentiment des fautes qu’ils commettent ; leur conscience est tranquille et ne leur fait aucun reproche. Que dis-je ? leurs actions coupables leur paraissent innocentes, ou bien, quand peut-être ils pèchent mortellement, ils croient avoir commis qu’une faute légère. »


Pour vivre en union avec le Souverain Pontife

« l’année eucharistique »

 

Vous le savez, le pape Jean Paul II a annoncé, pour toute l’Eglise, « une année eucharistique ». Elle a débuté le 17 octobre 2004 et se terminera, avec le Synode ordinaire des évêques, à la fin octobre 2005.

Elle fut annoncée par le pape dans sa Lettre Apostolique « Mane nobiscum Domine ». Vous en trouverez et le texte intégrale et le commentaire sur le site ITEM, dans ma chronique « Regards sur le monde… », N° 13 du 17 octobre 2004 (http://item.snoozland.com)

Vous trouverez également le sermon que le Souverain Pontife a prononcé, dimanche dernier, à Rome, sur le parvis de la Basilique Saint Pierre, sur le site ITEM dans la rubrique « Chronique Romaine ».

Le Pape « invite les fidèles à participer nombreux à cet important événement ecclésial, pour rendre tous ensemble hommage au Christ, Lumière et Vie du nouveau millénaire ».

Nous avons entendu cet appel. Vous aussi, fidèles de « la paroisse saint Michel », vous aurez à cœur, au cours de cette année, de vous unir au désir du Souverain Pontife et de rendre votre action de grâce à NSJC dans la Sainte Eucharistie.

Comment y participerons nous.

Par la prière et par l’étude.

Par la prière : je vous convie, tous, à vous unir par la pensée et la prière, tous les vendredi de I8h00 à 18h30, pour la récitation du chapelet, les mystères douloureux. Nous serons unis ensemble et ensemble nous ferons monter au ciel notre adoration. Je serai dans mon petit oratoire, à Vichy. Vous serez chez vous, dans une église…Peu importe. Avec Notre Dame, nous aimerons notre divin Sauveur. Nous terminerons cette prière par la récitation du « Lauda Sion » et je célébrerai la sainte Messe aux intentions du Souverain Pontife, pour vous tous et pour la réussite de cette année eucharistique. Je ne pourrai oublier, non plus, cette pensée qui nous est cher : Que le droit de dire la messe « dite de Saint Pie V » soit non seulement reconnu - la chose est entendue et sous ce rapport les choses dans l’Eglise ont changé, je le faisais remarquer encore à Mgr Williamson, mercredi dernier, le 13 octobre 2004, la date a son importance ! sur le quai de la gare de Lyon à Paris - mais aussi et surtout rendu possible pratiquement par tout l’univers catholique et plus particulièrement par l’épiscopat français en France. Et là, il semble qu’il faudrait prier intensément…

Par l’étude : chaque semaine, nous étudierons la pensée de Saint Thomas d’Aquin sur le sacrement de la Sainte Eucharistie, en suivant l’exposé de la Somme de Saint Thomas dans le commentaire qu’en fait le Père Pégues. Mieux connaître pour mieux adorer. Tel sera notre but.

Et sans retard, au travail.

Le traité de l’Eucharistie que l’on trouve dans la « tertia pars » de la Somme de Saint Thomas comprend onze questions : de la question 73 à 83. Les 7 premières questions s’occupent du sacrement lui-même ; dans sa nature d’abord ; et puis dans son « effet » (q.79) : - dans sa nature : en général, ou du « sacrement lui-même » (q.73) ; et en particulier : - d’abord, de sa « matière » (q. 74-77) ; puis de sa « forme » : « Ceci est mon corps », « Ceci est mon sang » (q. 78) . – Les questions 80 et 81 traiteront de l’usage ou de la réception de ce sacrement, « de ceux qui le reçoivent » ; la question 82, du « ministre » ; la question 83, du « rite » de ce sacrement. Vous le voyez, nous avons du travail. Il nous faudra bien l’année. Nous devons examiner 81 articles de la Somme.

Est-il besoin de faire remarquer que Saint Thomas, dans son traité de l’Eucharistie, ne parle de l’Eucharistie que comme sacrement et qu’il ne dit pas un mot explicite de l’Eucharistie comme sacrifice. Non point certes qu’il ait eu la pensée de mettre en doute que l’Eucharistie ne soit un sacrifice, le sacrifice de la Nouvelle Loi ; ou qu’il y ait eu un oubli. C’est qu’à vrai dire, et nous le verrons à chaque pas de notre étude de sa pensée, il n’y a pas lieu de séparer, dans l’Eucharistie, la raison de sacrement et la raison de sacrifice, bien que ces deux raisons soient parfaitement distinctes. Je veux dire que, pour Saint Thomas, le sacrement et le sacrifice sont inséparables dans l’Eucharistie. L’Eucharistie n’est sacrifice que parce qu’on y trouve réellement présente, bien que sous un mode sacramentel, la Victime Sainte, immolée sur la Calvaire. Et de fait, c’est même par la manière dont sera constitué ce sacrement, dans l’acte qui le fera être lui-même, par la consécration et du pain puis du vin, que consiste, nous le verrons, toute la raison du sacrifice. La Victime est présente dans la matière et dans la forme du sacrement ; et elle est immolée par le fait même qu’elle est rendue présente, selon le mode que nous verrons, dans cette matière et dans cette forme du sacrement. Comment dès lors faire une étude scientifique sur l’Eucharistie en séparant ce qu’on appelle le sacrifice de ce qu’on appelle la sacrement. S’il faut distinguer, il ne faut séparer. C’est tellement un. Toutefois, comment parler de l’Eucharistie comme sacrifice sans parler, d’abord, de l’Eucharistie comme sacrement. Il n’y a de Victime et donc de sacrifice que s’il y a présence réelle de NSJC dans ce sacrement de l’Eucharistie. Dans la réalité , tout est un. Mais, dans l’exposé didactique, il faut un ordre, ce qui correspond à notre mode d’appréhender la réalité.

Voilà pourquoi il faut d’abord parler de l’Eucharistie comme sacrement.

Donc nous parlerons du sacrement de l’Eucharistie.

Cette question comprend six articles :


1- Si l’Eucharistie est un sacrement ?
2- Si ce sacrement est un ou plusieurs ?
3- S’il est de nécessité de salut ?
4- De ses noms.
5- De son institution
6- De ses figures.

Chaque semaine nous aborderons une ou plusieurs de ces questions et ainsi de suite.

Article premier : « Si l’Eucharistie est un sacrement » ? ( III 73 1)

Démonstration de Saint Thomas dans le corps de l’article.

Saint Thomas rappelle que « discendum quod sacamenta Ecclesiae ordinantur ad subveniendum homini in vita spirituali ». « Les sacrements de l’Eglise sont ordonnés à subvenir à l’homme dans la vie spirituelle ». C’est la définition même du sacrement. C’est le principe qui commande tout dans l’ordre des sacrements. Leur raison d’être est bien de subvenir à l’homme, après la chute originelle pour le rétablir dans toute la perfection de sa vie surnaturelle restaurée. Le Catéchisme du Concile de Trente dit bien que « les sacrements sont nécessaires pour obtenir la Justice et le salut » (p. 138), donc notre sanctification. C’est la définition même donnée par Saint Augustin et reprise par toute la Théologie : « Un sacrement est le signe visible d’une Grâce invisible, institué pour notre sanctification ». Il ne faut jamais oublier ce principe : le sacrement est le signe d’une chose sacrée, à savoir la grâce « dont le propre est de consacrer et d’unir notre âme à Dieu ». C’est cela notre sanctification. C’est cela le principe de notre « vie spirituelle ».

Or « la vie spirituelle se conforme à la vie corporelle ; en raison de ce que les choses corporelles portent en elles la similitudes des choses spirituelles ».
En latin : « Vita autem spiritualis vitae corporali conformatur : eo quod corporalia spiritualium similitudinem gerunt ».

Il y a une « similitude » entre la vie corporelle et la vie spirituelle. (cf III 65) Et nous mêmes nous ne pouvons nous élever aux choses spirituelles qu’en nous appuyant sur les choses corporelles. C’est ainsi évident pour la connaissance de Dieu. La connaissance de Dieu et de son existence, et de ses perfections est nécessairement inductif. Des créatures, on s’élève à Dieu et à son existence et à ses perfections.

S’il en est ainsi, « rien de plus sage, par conséquent, nous dit le père Pègues, rien de plus en harmonie avec notre nature et avec les desseins de Dieu dans sa conduite à notre endroit, que de chercher, dans les choses de notre vie corporelle, la similitude et la clef des harmonies instituées par Dieu dans l’économie de notre vie spirituelle » (T.17,p.185)

Or il est manifeste que , pour la vie corporelle, est requise et la génération par laquelle l’homme reçoit la vie, et la croissance qui conduit l’homme à la perfection de cette vie, et l’aliment par lequel l’homme est conservé dans cette même vie.

Ainsi, en raison de la similitude entre la vie corporelle et la vie spirituelle, il s’en suit que pour la vie spirituelle, il faut, tout également, le baptême qui est la génération spirituelle, la confirmation qui est la croissance spirituelle, et le sacrement de l’Eucharistie qui est l’aliment spirituel.

C’est ainsi que Saint Thomas justifie la présence d’un tel sacrement, le sacrement de l’Eucharistie, dans l’économie chrétienne des moyens de salut. Il a évidemment sa place dans l’économie des sacrement de la loi nouvelle, comme la nourriture a sa place dans la vie corporelle. Il y a similitude de l’une à l’autre. .

Saint Thomas termine son article par cette phrase : « ita oportuit esse sacramentum Eucharistiae quod est spirituale alimentum »

Ces deux mots doivent être retenus. Ils définissent excellemment la nature de l’Eucharistie. L’Eucharistie, dans l’économie surnaturelle des moyens de salut inaugurée par le Christ, est un aliment : un aliment spirituel, car il s’agit ici de vie spirituelle. Et puisqu’il doit être donné à l’homme déchu, cet aliment spirituel doit être quelque chose de corporel : il sera essentiellement attaché à un signe matériel et sensible. Il s’agira d’aliment, mais adapté, en ce qu’il a de spirituel, à l’aliment corporel qui nourrit l’homme dans la vie de son corps. Il s’agira d’un aliment spirituel, au sujet duquel on parlera du corps et du sang du Christ, devenus pour le chrétien, une vraie nourriture, un vrai breuvage, qui doivent alimenter sa vie spirituelle, surnaturelle. Saint Thomas précisera même dans son « ad primum » que l’Eucharistie est une « réfection spirituelle ». Ainsi si nous parlons d’aliment spirituel , c’est en vue ou en fonction de l’acte même de nourrir ou de refaire qui a son effet dans le vivant ou dans le sujet à nourrir, en raison de la présence réelle de NSJC dans le sacrement, sous les espèces du pain et du vin. Comme le dit Saint Thomas dans son « ad secundum » : les espèces du pain et du vin n’ont d’action spirituelle « que par la vertu du corps du Christ véritable » qu’elles renferment. « Species panis et vini non efficiunt aliquid nisi virtute corporis Christi veri ». (Ad secundum).

Concluons avec le père Pègues O.P. « l’Eucharistie est un sacrement, le sacrement du la nutrition spirituelle ; et elle est cela, elle est ce sacrement, parce que sous les espèces du pain et du vin, elle est pour nous, le mets spirituel par excellence ; savoir : le corps et le sang du Christ dans la vérité de leur substance ». ( T. 18 p 13).

Information.

Prenez le temps de lire l’homélie que Mgr Williamson prononça à Saint Nicolas du Chardonnet, le dimanche 17 octobre 2004. Il fait allusion à la pénible affaire de Bordeaux, « l’affaire Laguérie ». Il fait quelques bonnes considérations qui, si elles étaient écoutés et pratiquées, pourraient régler le problème dans la paix. Le seront-elles ? Vous trouvez cette homélie sur le site ITEM, dans la rubrique « Dernières Nouvelles », au 20 octobre 2004.