Le cardinal Castrillon Hoyos dans la « bataille » de la messe.

Un regard théologique sur les conversations récentes avec Rome !

 

 

Tous, nous avons suivi les récentes discussions entre Rome et le Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Les uns avec inquiétude, les autres avec enthousiasme mais tous avec intérêt. Ce qui est, somme toute, une richesse.

Elles se sont déroulées de Décembre 2000 à Mai 2001. Le cardinal Castrillon Hoyos – Préfet de la Congrégation – fut au cœur de ces nouveaux contacts.

Commencées à l’initiative du Saint-Siège, elles se sont arrêtées, provisoirement sans doute, aussi à l’initiative du Saint-Siège. Le Vatican n’ayant pu, ni voulu, semble-t-il, accepter la condition posée d’une façon claire par la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X : que tout prêtre ait le droit de célébrer librement dans l’Eglise romaine, cette messe latine et grégorienne, dite de saint Pie V.

Dans un premier temps, assez ouvert à cette demande sans en être pourtant convaincu – s’ils l’étaient, les cardinaux reprendraient, eux aussi, la célébration de cette messe de toujours – le Vatican, au fil de ces contacts et par suite de l’intervention de l’épiscopat français et particulièrement du cardinal Lustiger, du cardinal Eyt et du cardinal Billé, a peu à peu changé de ton et fait savoir qu’il lui était finalement difficile de répondre favorablement à cette demande.

Le cardinal Castrillon Hoyos le fit savoir d’abord par téléphone à Monsieur l’abbé Simoulin, le 13 ou 14 Avril, puis par lettre à Mgr Fellay, le 7 Mai, à l’issue de la réunion des Préfets des congrégations romaines.

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Dans l’échange téléphonique, il insista sur l’impossibilité de donner droit à notre demande. Ce serait « désavouer l’œuvre du Concile », l’œuvre du pape Paul VI.

Là, il nous demande de cesser de déclarer la messe nouvelle mauvaise : cela n’est pas possible pour la bonne et simple raison « qu’elle est une œuvre étudiée avec soin et voulue par les Papes ».

Tout en reconnaissant le droit de faire des remarques théologiques sur des points particuliers, il nous demanda de « cesser de condamner et de refuser tout ce qu’a fait l’Eglise depuis le Concile ».

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Il confirma tout cela le 7 mai 2001 dans sa lettre à Mgr Fellay.

Dans cette lettre, il écrivait :

« En ce qui concerne la première condition : la liberté pour tous de la Messe de saint Pie V, un certain nombre de cardinaux, évêques et fidèles jugent qu’une telle permission ne doit pas être concédée. Ce n’est pas que le rite sacré précédent ne mérite pas tout le respect ou qu’on méconnaisse sa solidité théologique, ni sa beauté et son apport à la sanctification pendant des siècles et dans l’Eglise mais parce que cette permission pourrait créer une confusion dans les esprits de beaucoup de personnes qui la comprendraient comme une dépréciation de la valeur de la Sainte Messe que célèbre l’Eglise aujourd’hui.

Il est clair que, dans les statuts de votre réinsertion, on offre toutes les garanties pour que les membres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et tous ceux qui ont un attrait spécial pour cette noble tradition liturgique puissent la célébrer librement dans vos églises et lieux de culte. On peut également la célébrer dans les autres églises avec la permission des ordinaires diocésains ».

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Telles sont les raisons que le Vatican adresse pour justifier son refus de faire droit à notre demande.

Ces raisons, pour Rome, seraient de nature à nous faire cesser nos critiques, à nous faire – enfin – rentrer dans le rang, à déposer « les armes », à cesser d’agiter l’Eglise en cette affaire liturgique.

Vous n’y pouvez rien ! Votre combat est mal fondé. Vous avez contre vous « le Pape et les évêques unis à lui », « le magistère vivant de l’Eglise ».

Insistons.

Parce que le Novus ordo Missae serait « la messe du Concile », la messe voulue par les Pères conciliaires ;

Parce qu’elle serait l’œuvre du pape Paul VI et l’expression de sa volonté, elle ne peut, elle ne pourrait être refusée, ni combattue, ni déclarée mauvaise ;

Parce que la nouvelle messe est la messe que célèbre l’Eglise d’aujourd’hui, elle ne peut être, elle ne pourrait être que bonne et ne devrait pas être refusée ;

Parce que donner droit à l’ancienne messe – après surtout tant d’années d’opposition de la hiérarchie, surtout depuis le consistoire du 24 Mai 1976 – ce serait risquer de compromettre la valeur de la messe nouvelle auprès du peuple…

Pour toutes ces raisons dites… et peut-être mille autres encore, non dites.

Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons pas vous concéder – nous dit le Cardinal – la condition demandée : la célébration libre et généreuse de la Messe de toujours, d         ans toutes les églises catholiques du monde entier, pour chaque prêtre.

Cela ne convient pas, ne conviendrait pas.

Votre préalable à toute conversation, est impossible.

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Comment ! Notre préalable ne serait pas possible, ni légitime ?

Vous reconnaissez, vous même, Eminence, que le rite ancien - « le rite sacré précédent » comme vous dites – mérite « le respect », qu’il est d’une « solidité théologique remarquable », qu’il est « beau », qu’il fut un apport important à la sanctification pendant des siècles à l’Eglise…

Malgré ces raisons importantes – les valeurs de ce rite – que vous-même reconnaissez, vous ne voulez pas déclarer et professer son droit, sa légitimité pleine et entière dans l’Eglise, sa place nécessaire pour le bien de l’Eglise…

Mais alors, pour vous, qu’est-ce que le respect dont vous parlez, que l’on porte à une chose, à un souvenir, à une personne ? Le respect ne serait-ce pas l’honneur dû à un être humain en raison de son excellence et ne se traduirait-il pas par un culte, une déférence. Ce que l’on respecte est généralement mis à l’honneur.

Non, ce rite est digne de respect, un point, c’est tout ! Ce respect ne doit pas se manifester, s’extérioriser.

Vous reconnaissez que cette messe « ancienne » est « une noble tradition liturgique de l’Eglise ». Vous dites « noble » ! Et pourtant, elle n’aurait aucun droit dans l’Eglise !

Mais quel sens ont les mots pour vous ? Seraient-ils écrit seulement pour nous faire plaisir, une sorte de « captatio bene volentiae » ? N’auraient-ils nullement une valeur ontologique ; ne diraient-ils rien de l’être, n’engendreraient-ils pas un agir, une action, un style,  un devoir vis-à-vis de la chose exprimée, nommée, vénérée ? Les mots – pour vous – n’auraient-ils finalement aucun sens ? Seraient-ils seulement des sons, un « flatus vocis » ?

Peu importe finalement que la messe ancienne soit « une noble tradition liturgique », elle est ou serait tout juste bonne à être tolérée, acceptée, célébrée en « catimini » dans les églises, « nos églises », plus souvent des hangars que des églises dignes du culte divin.

Peu importe finalement que la messe ancienne soit « une noble tradition liturgique » et qu’elle soit même une coutume ancestrale, immémoriale et parce qu’immémoriale, inamovible, elle doit céder le pas aux caprices de l’évêque, de l’ordinaire du lieu et de sa permission. C’est à croire que l’évêque – dans l’Eglise – aurait une autorité discrétionnaire…

Tout cela ne me paraît pas très raisonnable, Eminence !

Et pourtant, vous nous demandez d’obéir ! Vous nous laissez entendre qu’aller contre votre avis, ce serait, finalement, s’opposer au magistère vivant de l’Eglise.

Cette messe nouvelle engagerait le magistère de l’Eglise. Nul ne peut, ne pourrait raisonnablement s’y opposer. Le magistère est sacro-saint dans l’Eglise. C’est la parole de Notre Seigneur Jésus-Christ : « Qui vous écoute, m’écoute ». Il a donné à l’Eglise son autorité. Qui peut oser se dresser contre ?

Les propos du cardinal Castrillon Hoyos lève contre nous la notion du magistère, la notion de la Tradition vivante. Et il nous dit : soumettez-vous ; obéissez, vous le devez.

Vous avez contre vous le magistère : « le Pape et les évêques unis à lui ». Soumettez-vous.

Le Magistère, la Tradition vivante. C’est en son nom, au nom de la Tradition vivante que Mgr Lefebvre fut condamné en 1988. Le texte du pape Jean Paul II Ecclesia dei adflicta le dit expressément.

« A la racine de cet acte schismatique, on trouve une notion incomplète et contradictoire de la Tradition. Incomplète parce qu’elle ne tient pas suffisamment compte du caractère vivant de la Tradition…

« Mais surtout est contradictoire une notion de la Tradition qui s’oppose au Magistère universel de l’Eglise dont sont détenteurs l’évêques de Rome et le corps des évêques. On ne peut rester fidèle à la Tradition tout en rompant le lien ecclésial avec celui à qui le Seigneur lui-même, en la personne de l’apôtre Pierre, a confié le ministère de l’unité dans son Eglise ».

Le cardinal Castrillon Hoyos nous dit la même chose – aujourd’hui – encore.

Aussi est-ce cela qu’il faut principalement réfuter.

C’est l’argument  ultime.

Ils n’en n’ont pas d’autres. C’est cela qu’il faut démolir respectueusement.

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Généralement, dans les périodes normales de l’Eglise, il est vrai, la vérité, la morale vient au peuple par la hiérarchie catholique.

Mais lorsque des temps troublés arrivent, ce peut-être au fidèle lui-même à se défendre tout d’abord. Il a, au titre de son baptême, les connaissances nécessaires et la garde obligée de la vérité, des sacrements, de la Tradition.

C’est l’affirmation même de Dom Guéranger :

« Il est dans le trésor de la Révélation des points essentiels dont tout chrétien a la connaissance et la garde obligée… Les vrais fidèles sont les hommes qui puisent dans leur baptême – en période d’hérésie – l’inspiration d’une ligne de conduite ; non les pusillanimes qui sous le prétexte spécieux de la soumission aux pouvoirs établis, attendent pour courir à l’ennemi ou s’opposer à ses entreprises,  un programme qui n’est pas nécessaire et qu’on ne doit point leur donner ».

Or, c’est précisément le cas aujourd’hui.

La situation de l’Eglise est telle.

C’est un siècle d’hérésie.

C’est le siècle du modernisme – cet égout collecteur de toutes les hérésies – qui règne caché dans le sein de l’Eglise.

Et c’est en raison de cette situation que Mgr Lefebvre a fait sa fameuse déclaration du 21 Novembre 1974. Là, il déclare sa foi en l’Eglise catholique, éternelle mais tout également son opposition farouche à l’Eglise moderniste et à toutes ses réformes.

Cette déclaration doit être sans cesse sous nos yeux. Elle est majeure.

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La situation de l’Eglise est telle que j’ai l’audace de dire : non, le Nouvel Ordo Missae n’est même pas l’œuvre du Concile en ce sens que jamais les Pères du Concile, en votant la constitution « Sacrosanctum Concilium », n’auraient imaginé un tel bouleversement liturgique. C’est l’affirmation du cardinal Stickler dans sa conférence donnée en 1997 et intitulée « Souvenirs et expériences d’un expert de la Commission conciliaire ».

« Vous pouvez également comprendre ma stupéfaction lorsque prenant connaissance de l’édition définitive du nouveau Missel Romain, je fus bien obligé de constater que, sur bien des points, son contenu ne correspondait pas aux textes conciliaires qui m’étaient si familiers, que beaucoup de choses avaient été changées ou élargies ou allaient même directement au rebours des instructions données par le Concile » (Témoignage d’un expert au Concile – CIEL – p. 33).

La situation de l’Eglise est telle que j’ai l’audace de dire que cette réforme liturgique n’engage pas le magistère ordinaire et universel de l’Eglise. Cette phrase du cardinal Stickler  en est déjà une preuve.

Là, en cette affaire liturgique, en cette affaire de la messe, il n’y aura jamais prescription, prescription trentenaire ; on commence à entendre cet argument (Dom Gérard – Yves Chiron…).  Car la présence dans l’Eglise de cette nouvelle messe, même si elle peut revendiquer maintenant trente ans d’existence, ne fut jamais une présence paisible. Au contraire, elle a déclenché « la guerre », les hostilités, les divisions des familles. Elle a mis l’agitation, nullement la paix. Elle a divisé l’Eglise, continue de diviser l’Eglise et cette division est un véritable péril pour l’Eglise.

Et sous ce rapport, elle ne peut-être, non plus, l’œuvre de l’Eglise.

Par contre, si elle n’est pas l’œuvre de l’Eglise, une, sainte apostolique et romaine, elle est bel et bien l’œuvre de Mgr Bugnini, l’œuvre d’un franc-maçon – l’œuvre de la F \M \- que l’on a dû expédier, quam primum, lorsque cela fut connu – comme nonce à Téhéran… pour éviter le scandale.

Oui, au Vatican jusqu’en 1975, l’animateur principal de la réforme liturgique fut une franc-maçon. Qu’on y réfléchisse tout de même ! « L’animateur », le metteur en scène des nouveaux rites, le rédacteur en chef de la nouvelle messe fut un franc-maçon !

Mgr Lefebvre pouvait écrire : « Lorsqu’on apprend à Rome que celui qui a été l’âme de la réforme liturgique est un franc-maçon (on peut penser qu’il n’était pas le seul), le voile qui couvre la plus grande mystification dont les clercs et les fidèles ont été l’objet, commence, sans doute, à se déchirer » (Lettre aux amis et bienfaiteurs, n° 10).

Eh bien, déchirons le, disait Monsieur Madiran.

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La Franc-Maçonnerie a horreur de l’Eglise. Elle a horreur des trésors de l’Eglise, des paroles sacrées de Notre Seigneur Jésus Christ, de son culte hiérarchique, de son dogme. Elle n’admet, comme toute la philosophie protestante, rien d’autre que le « libre examen », la liberté de conscience, la liberté religieuse. C’est le seul dogme qu’elle puisse admettre, comme le libre penseur n’admet rien d’autre que sa propre liberté. La F\ M\ a horreur de l’enseignement de l’Eglise, du dogme du péché originel et de ses conséquences. Elle a horreur, par suite, du dogme de la Rédemption. Elle a horreur de la notion de sacrifice propitiatoire, elle a horreur de la notion de réparation, de la rançon à payer comme dette due au péché originel. Elle a horreur de la justice, de la satisfaction. En conséquence, elle refuse de voir en Notre Seigneur Jésus-Christ, celui que saint Jean-Baptiste désigna du doigt : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde ».

La F \M \ a horreur de cela. Elle n’en  veut pas.

Etonnez-vous alors de voir disparaître de notre messe, la notion de sacrifice. La F \ M\ a horreur de cela.

Et c’est pourquoi elle abomine l’œuvre merveilleuse, claire, lumineuse du Concile de Trente.

L’homme n’a pas besoin de Sauveur, ni de Roi. Il est son propre sauveur, il est son propre roi : « Nous ne voulons pas qu’Il règne sur nous, ni sur nos enfants ». Il est sa propre loi. Il est son propre décalogue : « Vous serez comme des dieux ». Voilà son langage originel. La F \M \ est donc contre toute soumission, contre toute docilité à la parole de Dieu. « Faites ceci en mémoire de moi ». Elle ignore ce langage. Face à Dieu, à sa Loi, à son Amour, elle dresse, elle adresse au Ciel son « non serviam ». Elle est pour l’égalité, l’insubordination, l’indocilité, l’irrévérence, pour la révolte. Elle est pour un régime d’assemblée qui délibère dans un relativisme doctrinal, moral parfait, à son gré, à sa fantaisie. C’est pourquoi elle veut – ou inspire – un culte d’assemblée dans l’Eglise, un culte démocratique, calqué sur les assemblées des peuples.

Et c’est notre fameux article 7 voulu par Mgr Bugnini, signé par le pape Paul VI, signé puis refusé, puis mis au pilori mais cependant rien ne fut changé au rite élaboré dans cette lumière. « La Cène dominicale est la synaxe sacrée ou le rassemblement du peuple de Dieu se réunissant sous le présidence du prêtre pour célébrer le mémorial du Seigneur ».

Cet article définit bien la messe comme l’assemblée du peuple de Dieu réuni, le prêtre assurant la fonction de présidence. Une assemblée pour faire mémoire, une assemblée tournée sur, vers elle-même.

A l’opposé du culte divin céleste.

A l’opposé de la cour céleste n’ayant de voix, de joie, d’acclamations que pour la Trinité Sainte et l’Agneau pascal.

« Je vis et j’entendis autour du Trône, autour des animaux et des vieillards, la voix d’une multitude d’anges et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers. Ils disaient d’une voix forte : l’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange » (Apoc.)

Mais la liturgie terrestre doit-être – pour avoir un sens - le reflet de la liturgie céleste.

Or, il n’en est plus ainsi dans la liturgie nouvelle de l’Eglise. Oh, quel drame !

Et de fait, l’autel et son prêtre – aujourd’hui président – sont tournés vers l’assemblée.

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La F \M \plus que quiconque – il est vrai – a le culte de l’Homme. Elle a le culte de l’égalité, de la liberté, de la fraternité. D’où l’accent mis dans la nouvelle liturgie sur une célébration collective, commune : la Messe est une œuvre collective de l’assemblée et du prêtre et du peuple de Dieu. Ils ne font qu’un. Elles n’est plus l’œuvre essentielles du prêtre qui offre ce sacrifice pour les vivants et les morts, en rémission de ses propres péchés et ceux du peuple. Elle n’est plus l’œuvre hiérarchique. Elle n’est plus l’œuvre spécifique du prêtre, sacrificateur et victime. Elle n’est plus l’acte ordonné à la gloire de Dieu, à l’action de grâce. Elles est, au contraire, toute repliée sur elle-même. Elle est l’œuvre du peuple – présidé par le prêtre – qui se fête lui-même.

Le culte nouveau dont la pensée est toute autre et pour cause – un franc-maçon en est l’auteur – est accepté, aimé de la F \M \ Il est conforme à son idéologie, à l’esprit du monde. Elle n’est plus la pensée de l’Eglise, elle n’exprime plus la pensée de l’Eglise. Elle ne nourrit plus la foi traditionnelle du peuple.

A la hiérarchie, alors, je lui dis : Cessez de protéger cette messe. Cessez de l’imposer à la Chrétienté. C’est sa ruine. Redonnez nous la messe de toujours, la messe latine et grégorienne.

Nous serons tous à Lisieux le 13 Octobre pour le dire haut et fort…

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Mais le cardinal Castrillon Hoyos nous dit : Vous ne pouvez pas dire cela. On veut bien vous laisser l’ancienne messe, « le rite sacré précédent », mais vous devez aussi accepter la nouvelle messe et vous unir « à la pratique universelle de l’Eglise telle qu’elle est reçue actuellement ». Vous devez vous y conformer sachant que « la nouvelle messe a valeur norminative suprême qui s’impose à tous » à vous comme à tout fidèle.

Nous refusons pareil argument.

Nous ne voyons pas dans cette pratique liturgique actuelle et même universelle de la liturgie nouvelle, une règle de foi, une norme certaine.

En effet : à ces deux critères d’universalité (spatiale) et de consentement unanime (quasi unanime hors le petit reste…), il y faudrait ajouter celui de la continuité.

Tel est, de fait, l’enseignement de saint Vincent de Lérins depuis longtemps assumé par l’Eglise :

« Curandum est et id teneamus quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est » - « Il faut veiller à tenir ce qui a été cru partout, toujours et par tous. C’est cela qui est catholique au sens propre et véritable ».

Dès lors, retenez bien cela, Chers lecteurs, l’universalité d’une pratique liturgique – ici, la nouvelle messe – et le consentement unanime dont elle jouit – nous le reconnaissons nous-mêmes, aujourd’hui…avec douleur – ne sont d’aucune valeur contraignante,  théologale s’il n’y a pas aussi l’enracinement dans la Tradition et à travers elle, dans la Révélation apostolique, enracinement qui ne peut être affirmé sans le critère de l’antiquité, de la continuité (d’après la pensée du Père Joseph de Sainte-Marie, dans L’Eucharistie, salut du Monde, 1981).

Non point que nous refusions toute nouveauté. Que non pas !

Avec le cardinal Ratzinger, nous admettons bien évidemment le développement liturgique comme le développement doctrinal mais faut-il encore que l’un et l’autre soit un développement homogène à la foi de toujours, à l’antiquité.

Or, c’est précisément le problème de la réforme liturgique conciliaire.

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Notez bien que c’est notre critique, la seule vraiment fondamentale.

Cette idée est sous-jacente à toute la pensée de Mgr Lefebvre, à tout son « combat ». Sans cesse, il avançait la notion de fidélité à la Tradition – le « quod semper » est un élément nécessaire de la catholicité. « Teneamus quod ubique, quod semper, quod ob omnibus creditum est ». C’est cela qui est catholique. Il faut les trois notes : l’ « ubique », l’ « omnibus » mais aussi le « semper ».

Or, je vous dis que c’est le « semper » qui fait défaut à cette réforme liturgique. C’est ce que dit le cardinal Ratzinger lui-même :

« Ce qui s’est passé après le Concile signifie tout autre chose : à la place de la liturgie, fruit du développement continue, on a mis une liturgie fabriquée. On est sorti du processus vivant de croissance et de devenir pour entrer dans la fabrication. On n’a plus voulu continuer le devenir et la maturation organique du vivant à travers les siècles et on les a remplacés – à la manière de la production technique – par une fabrication, produit banal de l’instant » (La Réforme liturgique en question, préface, p. 8).

Dans son livre de souvenirs « Ma vie, souvenirs », le cardinal Ratzinger revient sur cette importante idée. Il écrit vers la fin de son ouvrage :

« Le décret d’interdiction de ce missel (le missel de saint Pie V) qui n’avait cessé d’évoluer au cours des siècles depuis les sacramentaires de l’Eglise de toujours, a opéré une rupture dans l’histoire liturgique dont les conséquences ne pouvaient qu’être tragiques (…) On démolit le vieil édifice pour en construire un autre, certes en utilisant largement le matériau et les plans de l’ancienne construction (…) Mais de l’avoir opposé en tant que construction nouvelle à l’histoire telle qu’elle s’était développée, d’avoir interdit cette dernière, faisant ainsi passer la liturgie non plus comme un organisme vivant mais comme le produit de travaux érudits et de compétences juridiques, voilà ce qui a porté un énorme préjudice. Car on eut l’impression que la liturgie était « fabriquée » sans rien de pré-établie et dépendait de notre décision. Il est donc logique que l’on ne reconnaisse pas les spécialistes ou une instance centrale comme seuls habilités à décider, mais que chaque « communauté » finisse pas se donner, à elle –même, sa propre liturgie. Or, lorsque la liturgie est notre œuvre à nous, elle ne nous offre plus ce qu’elle devrait précisément nous donner : la rencontre avec le mystère qui n’est pas notre « œuvre » mais notre origine et la source de notre vie (…) Je suis convaincu que la crise de l’Eglise que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie » (Ma vie, souvenirs, p. 133-134)

Je vous prie d’excuser cette longue citation mais elle est capitale. Nous sommes en communion avec ce texte. Elle exprime bien le drame : « voilà ce qui nous a porté – et porte encore – un énorme préjudice ».

S’il en est ainsi, notre supplique, notre volonté de maintenir l’ancien rite – « le rite sacré précédent » - est bien légitime et je m’étonne que le cardinal Ratzinger ne prenne pas pareille résolution.

Eminences, et je m’adresse autant au cardinal Ratzinger qu’au cardinal Castrillon Hoyos, cessez de protéger une telle œuvre, elle est ni infaillible, ni nécessaire, ni même conciliaire, vous le dites vous-même.

Et à voir un tel maintien - et avec quelle ténacité - d’une liturgie en rupture avec la Tradition, qui porte un énorme préjudice à l’Eglise, au peuple, aux prêtres – au jugement même des cardinaux – on se demande qui dirige l’Eglise ? N’y a-t-il pas une main cachée qui occupe le pouvoir ? L’Eglise serait-elle occupée au point que les plus clairvoyants ne fassent rien et laissent se maintenir une œuvre destructive ?

Je conclus,

et confirme,

et insiste,

et demande aux fidèles de lire et de retenir l’argumentation.

La réforme liturgique de la messe pour licite qu’elle soit – et encore !… - n’est pas nécessaire, elle n’engage pas l’infaillibilité de l’Eglise. Elle n’est donc pas contraignante précisément parce qu’il manque la note de constance, d’antiquité, de continuité. Le cardinal Ratzinger le reconnaît lui-même, s’en plaint et veut changer les choses.

En effet, le magistère ordinaire et universel de l’Eglise – celui qui avec le magistère dit « ex cathedra » nous oblige en conscience – implique, lui, que l’enseignement soit, et constant, et le même dans l’espace et dans le temps. Le magistère dit ordinaire et universel est l’enseignement de la quasi totalité des évêques de tous les temps. Il faut qu’il soit constant pour obliger.

C’est le critère de saint Vincent de Lérins : « Il faut veiller à tenir ce qui a été cru partout, toujours et par tous. C’est cela qui est catholique au sens propre et véritable ».

Si l’on fait abstraction, dans l’enseignement de l’Eglise, de l’antiquité, de la continuité dans le temps, si l’on définit l’infaillibilité uniquement parce qu’il est enseigné « par le Pape et l’ensemble du corps épiscopal uni à lui », sans critère du temps, du toujours, on risque de tomber dans le discrétionnaire, dans l’arbitraire, dans l’obéissance servile. On en vient nécessairement à « canoniser l’actualité » et à désarmer, par conséquent, la légitimité de toute réaction. A désarmer les fidèles dans leur lutte contre des innovations inadmissibles qui se réclameraient d’une telle infaillibilité.

Le magistère ordinaire et universel ne peut être que constant : son infaillibilité est celle de ce qui a été cru « partout, toujours et par tous ».

Alors, sans peur et sans reproche, le 13 Octobre 2001, nous serons tous à Lisieux, à la Basilique, dans la Basilique pour célébrer les saints mystères dans le rite aimé : celui de l’Eglise Catholique Romaine,

Une et Sainte

et de toujours.

 


 

Chronologie

1984-1986
Les années capitales de guerre religieuse contre la messe traditionelle

1984

Juin

 

12 juin 1984: Décès de Mgr Ducaud-Bourget (24 novembre 1897-12 juin 1984) A cet illustre défenseur de la Messe, Mgr Lefebvre rendait ce témoignage : «... son grand mérite est d'avoir, malgré la persécution, maintenu fermement la liturgie traditionnelle et ainsi d'avoir procuré à des milliers d'âmes les grâces qui en découlent. Le succès de son apostolat a été tel que la Providence lui a procuré l'admirable Eglise de Saint-Nicolas du Chardonnet désormais célèbre dans le monde entier.» (dans Fideliter n° 40).

 

Décembre

 

Les 7, 8 et 9 décembre, consécration de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X au Cœur douloureux et immaculé de la Vierge Marie et grand rassemblement catholique à Martigny (Valais) pour la défense de la Sainte Messe.

 

Dans son homélie du 8 décembre 1984, à lOh00, Mgr Lefebvre déclare : «Avons-nous le droit d'être persécuté de cette manière ? Avons-nous le droit d'être poursuivis par cette inimitié ?... Si notre Messe n'est pas d'Eglise. alors il n'y a jamais eu d'Eglise catholique !... Nous sommes obligés de convenir que ceux qui nous persécutent de cette manière n'ont plus l'esprit catholique, parce qu'ils persécutent non pas nous-même, mais tout ce que nous représentons. Or, nous représentons une Tradition sainte de vingt siècles, vingt siècles de chrétienté, de sanctification des âmes. Ceux qui critiquent vingt siècles d'Eglise n'ont plus l'esprit catholique.» (Fideliter n° 43).

 

Jean Madiran publie dans Itinéraires (Décembre 1984 - n° 288) une traduction française, avec annotations critiques, de la circulaire romaine du 3 octobre, couramment, mais abusivement nommé «indult» (elle n'est pas un indult : elle donne aux évêques la faculté d'autoriser par indult - c'est-à-dire par un indult qu'ils décrètent eux-mêmes s'ils le veulent - la célébration de la Messe traditionnelle).

 

Dans ce même numéro d'Itinéraires, on trouve trois éditoriaux : un de Jean Madiran appelé : « La Messe revient », que vous connaissez, un d'Alexis Curvers : « Les vandales et la messe » et un de Dom Gérard : « Dom Gérard invoque le témoignage de convertis », de quatre convertis : celui du Père Bryan Houghton, de Monsieur le Curé Montgomery-Wright, curé du Chamblac, celui de Monsieur l'abbé Christian Wyler qui, par la suite, intégra la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, et enfin celui de Madame Patricia Douglas Viscomte, qui demeure au Puy, femme de qualité. Madiran qui présentait ce texte de Dom Gérard écrivait : « Oui, nous « mettons en doute », oui, nous contestons que la messe de Paul VI soit bonne. Nous constatons qu'elle est mauvaise ». C'était une présentation ou un résumé de la pensée de Dom Gérard en décembre 1984. Puis suivait le texte de Dom Gérard. Ce dernier écrivait : « Ce qu'il y a d'exceptionnel chez les convertis, c'est leur instinct, leur sûreté de jugement : ils distinguent souvent mieux que nous ce qui est catholique de ce qui ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que la plupart du temps, c'est au prix de grandes souffrances et de grands arrachements qu'ils ont conquis les vérités de la foi sur la déroute de leurs propres erreurs ils saisissent alors dans un regard et la vérité et l'hérésie qui s'y oppose ; d'où leur intransigeance, leur loyauté absolue et la place de choix qui leur revient dans le combat spirituel. Ce sont des confesseurs de la foi. Puissent-ils nous réveiller de cette mortelle accoutumance dont parle saint Augustin: « A force de tout voir, on finit par tout accepter, à force de tout accepter, on finit par tout approuver » (sans rire...).

 

1985

 

Janvier

 

Lancement de la pétition au Saint Père, de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et de son Supérieur

général demandant respectueusement et filialement trois choses

1. Que soit reconnue à tout prêtre la liberté d'utiliser le Missel Romain et les livres liturgiques en vigueur en 1962.

2. Qu'à cet effet cesse, pour son Excellence Monseigneur Lefebvre et ses prêtres, l'injuste

       situation dans laquelle on les a placés.

3. Que la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X soit reconnue dans l'Eglise comme société de droit pontifical et prélature personnelle. (Fideliter n° 43).

 

Février

 

La revue Itinéraires dénonce à nouveau l'odieux « nullam partem » de la circulaire romaine dite «indult» du 3 octobre 1984. Madiran publie un texte appelé : « Nullam partem, c'est l'apartheid ».. Dans le même numéro: «Lettre sur la messe» par Dom Gérard.

 

Mars

 

Pétition déposée par Monsieur l'Abbé Schmidberger dans les mains du Cardinal Ratzinger le 26 mars 1985 (129 850 si natures furent récoltées) (Fideliter n° 45 - voir le texte et les chiffres sur Internet).

 

 

Mai

 

Publication d'un numéro spécial d'Itinéraires intitulé «Comment va la Messe», enquête après la circulaire romaine du 3 octobre 1984. Là on trouve une postface importante de Jean Madiran. Il explique la position d'Itinéraires sur le problème de la crise de la Messe. (voir le texte sur Internet).

 

Publication dans Fideliter (n° 45) de la lettre du Cardinal Ratzinger du 20 juillet 1983 en réponse à la lettre de Mgr Lefebvre du 5 avril 1983. La réponse du Cardinal Ratzinger ne fut rendue publique qu'en mai 1985. Ce fut un inédit. Voici cette lettre accompagnée d'un commentaire de la revue Fideliter

 

Publication aux Editions Albin Michel du livre de Mgr Lefebvre : « Lettre ouverte aux catholique perplexes » avec en 4ème de couverture cette présentation : « Depuis vingt ans, le libéralisme a gagné aussi l'Eglise et c'est pourquoi les catholiques sont perplexes. Nouvelle messe, nouvelle théologie des sacrements, nouveau catéchisme, nouveau droit canon... Est-ce une nouvelle religion qui s'installe ? Monseigneur Lefebvre répond à cette question avec une logique sans défaut et en s'appuyant sur l'enseignement constant de l'Eglise, qui n'appartient pas au passé et qui n'est pas périmé, car : « Il n'y a ni passé, ni présent, ni avenir, la Vérité est de tous les temps, elle est éternelle ».

 

Juillet-Août

 

Le face à face entre le Vatican et Mgr Lefebvre se poursuit. En juillet 1985, Mgr Lefebvre fait publier dans Fideliter n° 46 sa lettre du 17 avril 1985 au Cardinal Ratzinger ainsi que sa réponse en date du 29 mai 1985.

 

31 août

 

Solennelle mise en garde de Mgr Lefebvre et de Mgr de Castro Mayer au pape Jean-Paul II (Fideliter n° 49 -Janvier-Février 1986)

 

Septembre -octobre

 

Publication de la correspondance Congar-Madiran sur Vatican II et sur la crise de l'Eglise dans le numéro 296 d'Itinéraires de septembre-octobre, appelé « Le Concile en question». Numéro capital qui publie entre autres la position des catholiques de Tradition sur le Concile et son application.

 

Octobre

 

Tenue en novembre et décembre 1985 à Rome, l'objet de l'Assemblée synodale porte sur l'application du Concile Vatican II. On y étudiera entre autres les mesures à prendre pour mettre en «valeur» et (contourner) les orientations selon l'esprit et la lettre de Vatican II. Sur cette assemblée synodale, Mgr Lefebvre le 31 octobre, de passage à Rome, fait une déclaration communiquée à la presse et donne une importante conférence à Ecône, le 27 octobre 1985, en la fête du Christ-Roi ( cf. Fideliter n° 86 – p. 9/19)

 

6 novembre

 

Mgr Lefebvre remet le 6 novembre 1985 à la Sacrée congrégation pour la doctrine de la foi à Rome, 39 neufs «dubia» (i.e. des doutes) sur la déclaration conciliaire sur la liberté religieuse. Tout se tient. (cf. Fideliter n° 49 - Janvier-Février 1986 - réédité par Clovis).

 

La révolution, qu'elle soit conciliaire ou non est un tout. La nouvelle doctrine sur la liberté religieuse explique l’œcuménisme. L’œcuménisme explique, pour une part, la réforme liturgique de la Messe et la « crise de la Messe » (Cf. le livre de G. Celier « La dimension oecuménique de la réforme liturgique » (aux Editions Fideliter) - livre chaudement approuvé par Mgr Lefebvre)

 

1986

Une année « charnière »

dans le combat de la foi.

 

25 janvier

en la fête de la Conversion de saint Paul

 

Le 25 janvier 1986, Jean-Paul II, au cours de son homélie en la basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs, à Rome, lance une solennelle invitation à toutes les religions « en cette année 1986, choisie par l’O.N.U. comme année de la paix, pour promouvoir une réunion spéciale de prières pour la paix, en la cité d’Assise, lieu que la séraphique figure de saint François a transformé en une centre de fraternité universelle » (O.R., 27-28 janvier 1986).

Il propose pour date : le 27 octobre 1986.

 

5 février  à Madras (Indes)

 

Une femme impose à Jean-Paul II les cendres sacrées. Nous précisons qu’il ne s’agissait pas du « tilac », pastille de couleur rouge que l’on porte sur le front et que Jean-Paul II avait reçu d’une jeune fille le 2 février sur le stade de Delhi. Non ! Il s’agit de l’imposition des cendres sacrées, rite religieux hindou.

 

13 avril

 

Le dimanche 13 avril 1986, le pape Jean-Paul II effectue une visite à la synagogue de Rome et tient - à l’endroit des juifs et de la religion juive – des propos pour le moins « trompeurs », un langage équivoque qui frise l’hérésie.

Le supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, Monsieur l’abbé Schmidberger, réagit fortement en publiant le communiqué de presse suivant :

 

C'est avec douleur et affliction que les catholiques fidèles ont suivi la visite du Saint Père à ceux qui jusqu'à ce jour rejettent le Dieu fait Homme et de ce fait le crucifient toujours.

Cet événement unique en 2000 ans d'histoire de l'Eglise, outre le péril imminent qu'il annonce de l'établissement d'une religion universelle maçonnique, est pour eux un grave scandale.

Ils demandent pardon à tous les chrétiens pour ce déshonneur infligé au divin fondateur de leur religion et à son Epouse mystique, l'Eglise, une sainte, catholique et apostolique.

La foi seule et non des motifs ethniques, les font prier ces jours-ci d'une manière spéciale le Dieu Trinité, qu'Il daigne ôter du cœur des juifs incrédules le voile qui le recouvre, afin qu'eux aussi reconnaissent et adorent Notre Seigneur Jésus-Christ.

 

Rickenbach le 14 avril 1986 Pour la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X

Abbé Franz SCHMIDBERGER Supérieur Général

 

Et dans le même numéro de Fideliter, nous expliquons en quoi certaines affirmation du Pape sont trompeuses et frisent l’hérésie.

« …

S'appuyant sur la déclaration Nostra aetate sur les religions non chrétiennes, au n° 4 qui concerne les juifs, Jean-Paul II a donné à cet acte de Vatican II l'interprétation la pire qui soit, en répétant ou respectivement en précisant :

1. La religion juive n'est pas quelque chose d'extérieur, mais elle appartient dans une certaine mesure à l'intérieur de notre religion

 

Sans doute cela est vrai de la religion hébraïque d'avant Notre-Seigneur, dont toute la substance : la Bible avec la loi de Dieu et les prophètes, est passée à l'Eglise ; c'est faux de la religion judaïque actuelle dont les rites ne sont que superstition, et qui a perdu avec l'alliance les saintes Ecritures, n'en conservant que la lettre, sans en connaître le véritable sens.

Or le pape parle aux juifs actuels ; ses paroles sont donc, dans leur sens obvie, erronées. La religion juive actuelle est non seulement étrangère à la vraie religion, mais lui est farouchement opposée !

 

2.Vous êtes nos frères de prédilection et d'une certaine manière on pourrait dire nos frères aînés

 

Cela est vrai des juifs de l'Ancien Testament qui, avec leurs patriarches, Abraham en particulier, sont nos aînés et nos pères dans la foi : ils croyaient, au moins implicitement, au Christ à venir, et le moment venu, ceux d'entre eux qui furent fidèles surent reconnaître le Messie : tels les apôtres. Mais les juifs actuels non convertis ne sont ni nos aînés, ni nos frères dans la foi, puisqu'ils n'ont pas la foi ! Puisqu'ils nient explicitement le Dieu qu'adoraient implicitement leurs ancêtres selon la chair : Jésus-Christ. Loin d'être nos frères, ils sont nos ennemis, que nous aimons comme tels : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent (Lc. 6.27), enseigne celui qu'ils ont haï le premier !

 

3. Aux juifs comme peuple ne peut être imputée aucune faute atavique ou collective pour ce « qui s'est fait dans la Passion de Jésus (cf. Nostra aetate, ibid). Ni indistinctement aux juifs de ce temps, ni à ceux des temps postérieurs, ni à ceux d'aujourd'hui »

 

II est pourtant évident que les juifs d'aujourd'hui, qui persistent à rejeter Jésus-Christ, sont solidaires de leurs pères dans la responsabilité qu'ils revendiquaient pour eux et leurs descendants, lorsque tout le peuple dit: « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (Mt. 27. 25). Nous parlons de la faute objective des juifs actuels : ils continuent objectivement à crucifier le Fils de Dieu. Quant au degré de connaissance qu'ils ont de leur rejet du Messie et de leur déicide, il n'est pas certainement pas nul, étant donné les signes abondants qu'ils ont de la divine mission de l'Eglise, signes qu'ils ne peuvent ne pas voir sans un aveuglement coupable.

 

4. Les juifs « demeurent très chers à Dieu » , qui les a appelés par une vocation irrévocable

 

Dire cela des juifs actuels, n'est-ce pas les conforter dans leur incrédulité ? - Demeurez juifs, soyez de bons juifs vous répondez ainsi à l'amour de Dieu qui vous aime tels que vous êtes et à la vocation de votre peuple qu'Il ne révoque pas ! Du reste Jean-Paul II avait déjà (dixit le cardinal Willebrands), « présenté la réalité du peuple juif, avec une remarquable formule théologique, dans son allocution aux représentants de la communauté juive de l'Allemagne fédérale à Mayence, le 17 novembre 1980: ... le Peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance, qui n'a jamais été révoquée... ». Cette « remarque formule théologique » n'est qu'une abominable hérésie qui renie l'enseignement de saint Paul qui compare les deux alliances : l'ancienne alliance respectivement à la servante d'Abraham, Agar, qui enfante pour la servitude, qui « correspond à la Jérusalem actuelle, laquelle est esclave, elle et ses enfants » et dont l'Ecriture dit : chasse l'esclave et son fils, car le fils de l'esclave ne saurait hériter avec le fils de la femme libre ; et d'autre part la nouvelle alliance, à cette femme libre, Sara, qui symbolise la Jérusalem d'en-haut... Notre mère, qui de stérile qu'elle était est devenue plus féconde encore que l'esclave, et dont les enfants symbolisés par Isaac, sont désormais enfants de la promesse. (Gal. 4. 21-31).

L'Ancienne Alliance est donc soustraite à l'Israël selon la chair, et Dieu a conclu l'Alliance nouvelle et éternelle avec l'Israël selon l'esprit, l'Eglise catholique.

Saint Paul dit bien que les juifs eu égard au choix divin, sont aimés (de Dieu) à cause de leurs pères. Car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance (Rom 11. 28-29). Mais comme l'explique saint Thomas dans son commentaire, il s'agit de l'appel divin au « salut futur des juifs après leur incrédulité », en particulier de leur conversion finale avant la fin des temps, et nullement de leur état actuel d'incrédulité !

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Au lieu d'une parole de vérité, Jean-Paul II a eu quatre paroles de tromperie, qui entretiennent dans l'esprit des juifs comme des chrétiens des erreurs graves contre la foi et sont donc autant de scandales au sens propre. La dernière n'est rien de moins qu'une apostasie implicite, puisqu'elle rend vaine la Nouvelle Alliance scellée dans le sang de l'Agneau de Dieu, et qui, nous libérant du joug de la loi hébraïque, nous a gratifiés de la liberté des enfants de Dieu.

Prions donc pour les malheureux juifs en employant les paroles admirables et sans équivoque du pape Pie XI dans sa CONSECRATION DU GENRE HUMAIN AU SACRE-COEUR DU CHRIST-ROI :

 

« Regardez enfin avec miséricorde les enfants de ce peuple qui fut jadis votre préféré, que sur eux aussi descende, mais aujourd'hui en baptême de vie et de rédemption, le Sang qu'autrefois ils appelaient sur leurs têtes ».

 

Mgr Lefebvre – lui-même – exprime sa vive inquiétude devant ces faits renouvelés d’œcuménisme dans une fameuse homélie qu’il prononça le jour de Pâques 1986 au séminaire d’Ecône.

 

6 septembre

 

Mgr Lefebvre s’adresse aux prêtres réunis en retraite spirituelle au séminaire d’Ecône, dans la première semaine de septembre 1986. Il résume vingt ans de combat. En conclusion, il condense sa pensée, celle de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, s’inspire de Louis Veuillot :

« Louis Veuillot disait : Deux puissances vivent et sont en lutte dans le monde : la Révélation et la Révolution ». Nous avons choisi de garder la Révélation tandis que la nouvelle église conciliaire a chois la Révolution. La raison de nos vingt années de combat est dans ce choix » (Fideliter n° 55, p. 18)

 

 

27 octobre

 

Ce qui fut annoncé le 25 janvier par le Pape à Saint-Paul-Hors-les-Murs : une invitation faite à toutes les religions à se rendre à Assise pour « une réunion spéciale de prières » dans le cadre de l’année de la paix décidée par l’O.N.U., s’est, de fait, réalisé le 17 octobre 1986 à Assise.

Ce sont réunis à cet effet, près de deux cents personnalités dont soixante trois chefs religieux venus d’une trentaine de pays.

Une journée œcuménique. Une journée inter-religieuse avec une couverture médiatique exceptionnelle.

Progressivement quoi qu’il s’en défende, Jean-Paul II se place lui-même volontairement au même rang que les chefs des fausses religions et situe – de facto – la religion catholique au même plan que les religions hérétiques ou sataniques. Il réalise ce à quoi travaillent les F\ M\depuis leur origine (i.e.) la destruction de l’Eglise par l’instauration d’une religion syncrétique et mondialiste, « une O.N.U. des religions » grâce à la recherche d’une « dénominateur commun », d’un consensus. Le dieu ainsi honoré ne pouvant être que le Grand Architecte. C’est le rejet, ipsos facto, du seul vrai Dieu, Notre Seigneur Jésus Christ.

 

Pour essayer d’empêcher une telle réunion, Mgr Lefebvre adresse une lettre pathétique à plusieurs cardinaux, huit cardinaux.

 

 

Un article de Si si No no – du 18 octobre 1986 – rappela la doctrine catholique. Il affirme : La rencontre de prières (d’Assise) ne peut être considérée, à la lumière de la foi catholique, que comme :

1) une injure faite à Dieu,

2) une négation de la nécessité universelle de la Rédemption,

3) un manque de justice et de charité envers les infidèles,

4) un danger et un scandale pour les catholiques,

5) une trahison de la mission de l’Eglise et de saint Pierre.

 

Cet article est capital. Fideliter le publiait dans son numéro 54.

 

A cette occasion, Fideliter, donnait la chronologie des actes œcuméniques posés par Jean-Paul II au cours de son pontificat.

 

 

2 décembre

 

Déclaration de Mgr Lefebvre et de Mgr de Castro Mayer à la suite de la visite de Jean-Paul II à la Synagogue de Rome et au congrès des religions à Assise.

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Mais parallèlement à cette escalade dans l’œcuménisme – chose effroyable – une décision très importante en matière liturgique eut pu être prise par le Pape sans la pression très insistante de certains épiscopats.

Cette affaire est peu connue.

Elle est pourtant capitale dans l’affaire de la « guerre » contre la messe tridentine menée par « les puissances occupantes » dans l’Eglise.

En effet, en cette année 1986, fut créé, à la demande du pape Jean-Paul II, une commission romaine de neuf cardinaux chargée d’analyser la situation liturgique dans l’Eglise suite à la lettre appelée « Quattuor abhinc annos » du 3 octobre 1984.

Cette décision importante n’a été connue du courant traditionaliste que très tard, en juillet 1995.

C’est le cardinal Stickler qui l’apprit à des fidèles américains en 1995 lors d’une interview qu’il donna à l’association « The Latin Mass Society ». Cette nouvelle fut diffusée en France par La Nef dans le livre « Enquête sur la messe traditionnelle », 1998, mais surtout lors de la publication par le CIEL d’un petit follicule contenant les différentes interventions du Cardinal en cette affaire douloureuse de la Messe et diffusé en l’an 2000.

Par cette petite brochure, on sait que la cardinal Stickler donna une conférence le 20 Mai 1995 à Fort Lee (New Jersey, USA) à l’invitation de l’association « Christifideles ». Le thème de cette entretien était les bienfaits de la messe tridentine. A l’issue de cette intervention, le Cardinal accepta de répondre à certaines questions. Les réponses furent publiées dans « The Latin Mass » à l’été 1995.

On lui posa la question : Le pape Paul VI a-t-il véritablement interdit l’ancienne messe ?

 

Cardinal Stickler répondit :

 « En 1986, le pape Jean-Paul II a posé à une commission de neuf cardinaux deux questions. Premièrement, la célébration ordinaire de la messe tridentine aujourd'hui a-t­elle été juridiquement interdite par le pape Paul VI ou toute autre autorité compétente ? Non. Il a demandé explicitement à Benelli : « Paul VI a-t-il interdit l'ancienne messe ? ». Benelli n'a jamais répondu, ni oui, ni non.

 

Pourquoi ? II ne pouvait pas dire : « Oui, il l'a interdite », parce que Paul VI ne pouvait interdire une messe qui, depuis son origine, a été valide et qui a été la messe de milliers de saints et de fidèles. Pour lui, la difficulté tenait à ce qu'il ne pouvait l'interdire mais, en même temps, il voulait que la nou­velle messe fût célébrée, qu'elle fût acceptée. Et ainsi, tout ce qu'il a pu dire, c'est: « Je veux que la nouvelle messe soit dite. » C'est la réponse que tous les prélats ont donnée à la question posée. Ils ont dit : le Saint-Père voulait que tous sui­vent la nouvelle messe.

 

La réponse donnée par huit [des neuf] cardinaux en 1986 fut donc que, non, la messe de saint Pie V n'a jamais été interdite -j'étais moi-même l'un de ces cardinaux. Un seul était contre. Tous les autres étaient pour une libre autorisation, pour que tous puissent choisir l'ancienne messe. Je pense que le pape a accep­té cette réponse. Pourtant, là encore, lorsque certaines conféren­ces épiscopales se sont rendu compte du danger que représentait cette autorisation, leurs représentants sont venus voir le pape et lui ont dit : « II ne faut absolument pas que cela soit autorisé parce que cela sera l'occasion, et même la cause, de controver­ses entre les fidèles ». Aussi le pape s'est-il abstenu de signer cette autorisation, s'inclinant je pense devant cet argument. Et pourtant, pour ce qui est de la Commission - j'en parle par expérience personnelle -, la réponse de la grande majorité a été positive.

 

II y avait une autre question, très intéressante : « Un évêque, quel qu'il soit, peut-il interdire à un prêtre en règle avec les autorités de célébrer à nouveau la messe tridentine ? » À l 'wiani»aité, les neuf cardinaux ont admis qu'aucun évêque ne pouvait interdire à un prêtre catholique de dire la messe tridentine. Il n'y a pas d'interdiction officielle, et je pense que jamais le pape ne décréterait une interdiction officielle.

 

Non pas à cause de Pie V, quia dit que cette messe demeurerait à jamais. Ces mots de Pie V étaient habituels pour une décision importante prise par le pape. Il a toujours dit : « Sa validité demeurera à jamais » - mais ce décret du pape promulguant sa messe tridentine n'était ni une affirmation théologique ni une affirmation dogmatique. C'est pourquoi elle pouvait être modifiée par ses successeurs.

 

En italien, on dit qu'un pape promulgue la bulle et que l'autre retire la bulle - en d'autres termes que tout pape peut changer une disposition de son prédécesseur s'il ne s'agit pas d'une décision dogmatique. Si une décision a toujours été réaffirmée et quelle touche à la foi ou à la morale, alors il est quasiment impossible de la changer - parce qu'elle a toujours été réaffirmée. Et c'est la raison pour laquelle le pape Paul VI a changé d'avis à propos de la contraception, il était pour l'utilisation des moyens contraceptifs. Et puis il a changé d'avis, parce que la minorité a précisément prouvé que les conciles et les papes s'étaient toujours prononcés explicitement contre. C'est ainsi qu'il a dit : « Cette position est pratiquement (et non dogmatiquement) irréversible. » Donc, toutes ces choses importantes pourraient être changées mais, en pratique, elles ne le seront pas et ne pourront pas l'être. Ce n'est que lorsqu'il s'agit d'une claire affirmation dogmatique que le pape ne peut pas la changer.

 

Alors, pour en revenir à la possibilité qu'a un évêque d'interdire la messe pour un prêtre ou tout un diocèse, il faut bien voir que l'évêque est seul responsable de son diocèse.-. Les évêques n'ont aucune juridiction sur leurs collègues. Dans son diocèse, pour son diocèse et ses sujets, un évêque peut trouver des raisons de l'interdire. Il peut dire : « Cela trouble la paix du diocèse. »

 

I1 faut bien voir que ce privilège [de célébrer la messe traditionnelle en application de l'indult de 1984] est accordé aux évêques et non aux fidèles. En conséquence, l'évêque peut ou non faire usage de ce privilège ; s'il ne l'utilise pas, cela relève de sa responsabilité devant Dieu, et le pape souhaite qu'il en fasse usage ; mais il n'est pas permis à d'autres d'invoquer le devoir d'un évêque, car l'évêque n'est responsable que devant le pape et devant Dieu.

 

Bien entendu, un bon évêque devrait s'incliner - et il est même tenu de le faire - si le pape exprime la claire volonté que ce privilège soit utilisé. Pourtant, l'évêque est toujours libre de ne pas s'incliner...

 

Il y a aussi une réflexion d'ordre général que j'aimerais faire ici. Chaque pape a sa personnalité propre. Et chaque évêque a sa personnalité propre. Un homme qui devient évêque ou pape ne peut pas changer sa personnalité - seul Notre Seigneur le peut et, en général, il s'en abstient. II respecte la personnalité donnée à l’homme par la nature. On ne peut donc s'attendre à ce qu'un homme fort, devenu évêque, devienne un homme très faible. Et s'il était auparavant un homme très faible, il ne pourra pas être un homme fort.

 

Cela vaut aussi pour le pape. Et l'un des principes du pape actuel est le suivant : n'intervenir auprès des évêques, ne s'immiscer dans ce qui relève de leur compétence que si cela est nécessaire, s-il le juge nécessaire. S'il ne le juge pas nécessaire, il s'abstiendra de donner aux évêques des ordres directs. II conseille, il persuade, mais uniquement dans les cas où il considère qu'il s'agit d'une nécessité spirituelle qui met en jeu sa propre fonction de pape. [Un exemple en a été] la question de la commission Ecclesia Dei, lorsque les fidèles ont demandé que l'autorisation [de célébrer la messe traditionnelle] soit élargie. Alors le président [de la Commission] a demandé au pape s'il ne devait pas ordonner aux évêques de faire usage de ce privilège. Le pape a répondu qu'il ferait tout son possible pour les persuader... ajoutant qu'il ne fallait pas les contraindre... II veut convaincre et non contraindre.

 

Et, comme je l’ai dit précédemment, c'est une question qui relève du mystère du pouvoir donné par Dieu aux êtres humains avec toutes leurs difficultés, les erreurs qu'ils peuvent commettre, etc. Il faut tenir compte de cette situation dans 1’Église ; les supérieurs demeurent des êtres humains, même lorsqu"ils sont évêques, papes et autres représentants de Notre Seigneur.

 

Ces très importantes informations – connues très tard, répétons-le – en matière liturgique sont totalement nouvelles par rapport à la position du Vatican en 1976. Elles permettent, en particulier, de mesurer l’évolution de la hiérarchie en cette affaire. Elle furent, de plus, confirmées par Monsieur Eric de Saventhem, aujourd’hui président émérite d’UNA VOCE International, lors de la publication de sa correspondance (de mai 1994) avec Mgr Ré, à l’époque Substitut de la Secrétairerie d’Etat, dans « Enquête sur le messe traditionnelle » (La Nef).

« …

A notre vue, cette double exigence se trouve parfaitement respectée dans la formule proposée en 1986 par les huit membres de la Commission cardinalice constituée ad hoc pour examiner les résultats de l'« Indult » de 1984, à savoir : « Que pour chaque messe célébrée en langue latine avec ou sans fidèles présents - le célébrant ait le droit de choisir librement entre le missel de Paul VI et celui de Jean XXIII ». Nous avions donc rappelé cette proposition à Votre Excellence, en demandant qu'elle soit incorporée dans l'« Institutio Generalis » du missel réformé, lors de la rédaction de son « Editio Tertia », actuellement en cours. Vous nous aviez répondu que cette suggestion avait déjà été rejetée il y a quelques années. Mais vous ne nous donniez aucune raison pour que ce rejet soit toujours maintenu, même après le Motu proprio.

 (…)

C'était cela, précisément, qu'avaient proposé les « normae » élaborées par la Commission cardinalice. N'est-il pas grand temps, Excellence, que ces « normae » soient finalement rendues publiques ? Si, comme vous nous l'avez dit, leur publication dans les A.A.S. ne peut guère être envisagée après un si long laps de temps, il y a certainement d'autres organes officiels de la curie romaine où elles pourraient apparaître. A toutes fins utiles je joins à cette lettre un résumé de leur contenu. En le lisant, ne diriez-vous pas qu'elles pourraient contribuer efficacement à résoudre la soi-disant « querelle des rites » , source de misères et de déchirures tragiques depuis 25 ans ? »

 

Et surtout il donne un résumé des « recommandations » présentées par la commission au Pape, recommandations totalement différentes de l’esprit et de la lettre de « Quattuor ahbinc annos ». Voici ces recommandations telles que les a publié La Nef.

 LES < NORMES > DE 1986

 

En été 1986, une commission de huit cardinaux de curie fut constituée ad hoc pour contrôler si l'Indult de 1984 était susceptible de fonctionner. Elle trouva qu'en pratique il s'était montré « peu secourable » et présenta des recommandations détaillées pour une nouvelle réglementation pour toute l'Eglise. La teneur de ces recommandations peut se résumer de la façon suivante :

 

1. Dans les offices du rite romain l'honneur qui lui est dû (débita honor) doit être accordé à la langue latine. Les évêques doivent donc prendre soin que les dimanches et jours fériés soit célébrée au moins une messe en langue latine dans chaque localité importante de leur diocèse. Cependant les lectures pourront aussi être dites en vernaculaire.

2. Pour leurs messes privées tous les prêtres peuvent, en tous temps, employer la langue latine.

3. Pour chaque messe célébrée en langue latine - avec ou sans fidèles présents - le célébrant a le droit de choisir librement entre le missel de Paul VI (1970) et celui de Jean XXIII (1962).

4. Si le célébrant choisit le missel de Paul VI, il doit s'en tenir aux rubriques dudit missel.

5. Si le célébrant choisit le missel de Jean XXIll, il est tenu d'employer les rubriques dudit missel, mais il peut :

- employer soit la langue latine, soit la langue vulgaire pour les Lectures;

- puiser dans les Préfaces et les prières du Propre de la messe supplémentaires, contenues dans le missel de Paul VI, et introduire des «  preces universales » (intercessions).

6. Le calendrier liturgique pour les fêtes sera celui du missel choisi par le célébrant.

 

Les choses évoluaient grandement en faveur de la messe de toujours…grâce à la détermination des catholiques fidèles à l’Eglise éternelle… C’est à  prendre en compte.

Nous également fort loin des injonctions faites par le cardinal Ratzinger à Mgr Lefebvre dans sa lettre de 1983.

 

29 novembre

 

Sur le terrain, en France comme ailleurs, le combat en faveur de la messe tridentine continuait… Des fidèles catholiques poursuivaient leur pression.

Une banderole apparaît sur le fronton de l’église Saint Louis de Port-Marly (Yvelines) : « Les catholiques qui sont dans cette église, exigent le maintien du catéchisme et de la messe traditionnelle ».